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Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Métaphysique et de Morale. http://www.jstor.org Actualité de Schelling Author(s): Xavier Tilliette Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 64e Année, No. 3 (Juillet-Septembre 1959), pp. 356- 369 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40900473 Accessed: 08-01-2016 23:45 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/page/ info/about/policies/terms.jsp JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. This content downloaded from 128.6.218.72 on Fri, 08 Jan 2016 23:45:37 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions ÉTUDE CRITIQUE Actualité de Schelling 1 II n'est pas excessif de parler d'un renouveau des études schellin- giennes. Pourtant - la copieuse bibliographie chronologique de Guido Schneeberger le montre - la philosophie de Schelling n'a jamais subi de grave éclipse. Mais il s'en faut qu'elle ait occupé la place qu'elle mérite, comme si elle ne parvenait pas à rompre dans sa vie posthume le mau- vais sort historique qui, au long de son destin terrestre, assigna à Schel- ling, dans le sillage de Fichte puis de Hegel, le rôle d'un brillant mai» éternel second. Schelling, en effet, s'est trouvé comme comprimé entre son maître et son ami, et les brouilles amères qui les ont désunis n'ont pas disjoint le schéma triadique Fichte-Schelling-Hegel, qui s'est imposé très tôt aux historiens. Cette conception « dynastique » donne à Schel- ling la moins bonne part, une tâche d'intermédiaire : à Fichte appar- tient l'audace des fondations, à Hegel la gloire des accomplissements. De plus, Schelling ne figure dans la trilogie que pour une courte phase de sa pensée, la philosophie de la Nature et de l'Identité, qui sert de 1. Karl Jaspers, Schelling. Grosse und Verhängnis. München, Piper Verlag, 1955, 346 p. Horst Fuhrmans, Schellings Philosophie der Weltalter. Schellings Philosophie in den Jahren 1806 1821. D isseldorf , L. Schwann Verlag, 1954, 470 p. Jürgen Habermas, Das Absolute und die Geschichte im Denken Schellings, Dis». Bonn, 1954, 330 p. Walter Schulz, Die Vollendung des deutschen Idealismus in der Spatphilosophie Schellings. Stuttgart, W. Kohlhammer Verlag, 1955, 306 p. Verhandlungen der Schelling-Tagung, Studia Philosophica, Jahrbuch der Schw ize- rischen Philosophischen Gesellschaft, Basel, Verlag für Recht und Gesellschaft, 1954, vol. XIV, 278 p... Rudolf Hablutzel, Dialektik und Einbildungskraft. F. W. J. Schellings Lehre von der menschlichen Erkenntnis. Basel, Verlag fur Recht und Gesellschaft, 1954, 138 p. Wolfgang Wieland, Schellings Lehre von der Zeit. Hsidelberg. Carl Winter, 1956 100 p. Giuseppe Semerari, Inter pretazione di Schelling. Vol. 1, Napoli, Libreria Scien- tifica Editrice, 1958, xxvm-294 p. Hermann Zeltner, Schelling. Stuttgart, Fr. Frommanns Verlag, 1954, xii-336 p. 356 This content downloaded from 128.6.218.72 on Fri, 08 Jan 2016 23:45:37 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Actualité de Schelling moyen terme entre l'idéalisme subjectif et le Savoir absolu. Enfin, l'au- dience de Schelling a été irrégulière, spasmodique, son influence res- treinte et sporadique : en France, par exemple, elle n'a laissé que d'éphé- mères traces 1. En somme, le renom de Schelling, fortement entamé de son vivant, à la mesure de grands espoirs déçus, s'est maintenu sta- tionnaire jusqu'à l'époque récente. Sur ce point, le compte bibliogra- phique ne doit pas nous abuser, car bien des ouvrages mentionnés émanent plus du labeur routinier des Universités allemandes que d'une véritable pression de l'ambiance intellectuelle. Le regain d'intérêt actuel, mieux la renaissance de la philosophie de Schelling, prend donc l'allure d'une réhabilitation. Cette réparation n'a pas coïncidé avec la célébration du centenaire (1954), elle était amorcée bien avant, et l'éclat de l'anniversaire a plutôt confirmé que déclenché le retour à Schelling. Échelonnés sur plusieurs décades, les travaux rivalisent en qualité et, brisant l'interprétation figée du siècle dernier, progressent dans des directions multiples. La destruction navrante du Münchener Nachlass, bien qu'elle portât aux chercheurs un préjudice irréparable, n'a pas découragé leur ardeur. Soucieux uniquement de faire le point, nous n'envisagerons que les plus caractéristiques parmi les nombreux livres et articles parus ces dernières années. On peut trouver plus d'une raison à cette revalorisation tardive des écrits de Schelling. Elle est due d'abord aux efforts de quelques érudits, qui peu à peu ont réussi à communiquer au public philosophique leur curiosité. Sans doute aussi à une certaine satiété vis-à-vis de Hegel, de sorte que l'attention se retourne spontanément vers le rival acharné et malheureux. Plus profondément, on cherche à compléter la figure de l'Idéalisme allemand, en tirant de l'ombre les traits mal connus de Schelling. La conscience historique de ce temps, exaspérée notamment par la réflexion radicale de Heidegger, se sait dépendante de cette grande époque métaphysique, dont elle éprouve toujours la fascination. Paral- lèlement, le malheur de Vexistence conduit la pensée contemporaine déracinée à interroger un monde antérieur, précisément celui de Schel- ling, pour y trouver un écho nostalgique et peut-être un oracle. Fina- lement, le recours au concret, l'appel à des sources étrangères à la phi- losophie, le problème même de la possibilité de la philosophie, autant d'indices et d'expressions du désarroi de l'homme moderne, pourraient bien reconnaître leur préfiguration dans l'esprit inquiet de Schelling, dont la dernière philosophie remet au premier plan la liberté humaine, 1. On pourra consulter l'article d'A. Reymond dans les Verhandlungen de Bad Ragaz : « L'influence de Schelling en France et en Suisse Romande », p. 91-111. Pour des bilans plus complets ou plus détaillés de l'état présent des travaux schellingiens, cf. entre autres : E. Coreth, Die Ernte des Schelling Jahres (Zeitschrift fur katholische Theologie, Bd 78, 1956, Heft 3, p. 334-351) ; Hinrich Knittermeyer, Hundert Jahre nach Schellings Tode (Philosophische Rundschau, 1956, IV, n. 1 /2, p. 1-57) ; Valerio Verra, Rinascita schellinghiana ? (Il Pensiero, Vol. IV, n. 1, janvier-avril 1959, p. 70-89). 357 This content downloaded from 128.6.218.72 on Fri, 08 Jan 2016 23:45:37 UTC All use subject to JSTOR Terms and Conditions Xavier T Miette l'Histoire, la pensée mythique et la réalité religieuse. Il s'agirait donc moins de résurrection historique que de volonté de traverser, sous l'im- pulsion d'une redécouverte, les impasses du présent. La crispation sur l'existence, autant que l'harmonie des systèmes, arrête le mouvement de la pensée : avec sa longue quête infatigable, Schelling peut alors apparaître comme un guide et un « compagnon exaltant » (Gabriel Mar- cel) *. Mais en fait, ces justifications viennent après coup, et elles pré- sument de l'avenir. Car, en définitive, le renouveau schellingien, encore précaire, n'est peut-être qu'une de ces reprises provisoires, fréquentes dans l'histoire de la philosophie, un accident de l'Esprit objectif, aussi inexplicable que la désaffection passée. La réhabilitation de Schelling ne va d'ailleurs pas sans discordances ni hésitations. Ainsi Jaspers reconnaît la grandeur de Schelling, mais son jugement global est sévère : la fatalité l'a emporté sur la grandeur ; la philosophie de Schelling alterne de façon indissociable la raison et la magie, la réflexion exigeante et la gnose échevelée ; une attitude de parade et d'emphase, que résume le mot Gebärde, gâte l'expérience existentielle authentique. Les unes et les autres sont intimement soli- daires. C'est pourquoi « on ne peut pas épurer Schelling » (p. 332). Aussi le comportement de Jaspers à son égard est-il « si ambivalent que l'on peut remarquer selon le contexte une attirance, voire une séduction, et une répugnance, voire une répulsion » (ibid.). Schelling est « un grand ambigu » (ibid.). « II se tient dans les rangs des philosophes qui désignent aux limites la réalité et la vérité... - nous voudrions le suivre. Mais il fait briller des feux follets, il s'empêtre dans des objectivations... - nous devons nous défendre » (p. 339). Finalement le blâme domine l'éloge, et ce procès étonne, car les allusions éparses dans Philosophie ne lais- saient pas prévoir tant de restrictions et de griefs hostiles. Ici l'affron- tement loyal de l'explication tourne à l'incompatibilité et à l'aversion, et le livre nous instruit davantage sur Jaspers que sur Schelling. Du moins, si le verdict d'ensemble garde l'estampille de l'ancienne Fors- chung, Jaspers souligne-t-il fortement, en accord avec l'orientation nouvelle, l'unité fondamentale du philosopher de Schelling. Schelling, en effet, a passé longtemps pour le « Protée de l'Idéalisme », et cette épithète de nature fixait l'image d'un penseur brillant, cha- toyant, mais versatile et invertébré. On parlait moins volontiers de sa philosophie au singulier que de ses philosophies, ou de ses « époques » auxquelles chaque fois correspondait une inflexion distincte. Ce faisant, on négligeait la prétention maintes fois affirmée par lui à une continuité persistant sous les changements apparents. La seule rupture avouée par Schelling, à savoir la séparation de la philosophie négative et de la 1. Dans le très bel article sur le livre de Schulz, « Schelling fut-il un précurseur de la philosophie de l'existence ? uploads/Philosophie/ actualite.pdf

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