THÈSE DE DOCTORAT de l’Université de recherche Paris Sciences et Lettres PSL Re

THÈSE DE DOCTORAT de l’Université de recherche Paris Sciences et Lettres PSL Research University Préparée à l’Ecole des hautes études en sciences sociales Georges Bataille et Alexandre Kojève : la blessure de l’Histoire COMPOSITION DU JURY : M. MONOD Jean-Claude École Normale Supérieure (Paris), Rapporteur Mme REVEL Judith Université Paris Ouest Nanterre (Paris 10), Rapporteur M. BRAHAMI Frédéric EHESS (Paris), Membre du jury Mme LALA Marie-Christine Université Sorbonne Nouvelle (Paris 3), Membre du jury M. SABOT Philippe Université de Lille, Co-directeur de thèse Mme SIMON-NAHUM Perrine École Normale Supérieure (Paris), Directrice de thèse Soutenue par Nicola APICELLA le 6 décembre 2018 h Ecole doctorale n°286 ECOLE DOCTORALE DE L’EHESS Spécialité Philosophie et sciences sociales (Histoire intellectuelle) Dirigée par Perrine SIMON- NAHUM (directrice) et Philippe SABOT (co-directeur) h Mais avant tout, je le répéterai sur tous les tons, le monde n'est habitable qu'à la condition que rien n'y soit respecté, le respect n'étant qu'un des modes d'une émasculation collective dont l'espèce humaine est l'idiote, la grotesque victime. Georges Bataille 2 REMERCIEMENTS Je tiens tout d’abord à exprimer mes remerciements et ma vive reconnaissance à ma di- rectrice de thèse, Madame Perrine Simon-Nahum, pour sa disponibilité, sa patience infinie, ses encouragements chaleureux, son travail de révision, ses conseils précieux et surtout pour le temps et le soutien qu’elle m’a généreusement accordés tout au long de cette aventure, me laissant en même temps une grande liberté de recherche. Je remercie également mon co- directeur de thèse, Monsieur Philippe Sabot, dont les travaux ont été pour moi extrêmement révélateurs de la richesse du lien entre Bataille et la philosophie et avec qui j’ai pu entretenir des échanges très féconds qui ont informé toute ma réflexion autour des sujets qui sont ici traités. Je remercie sincèrement Monsieur Frédéric Brahami, Madame Marie-Christine Lala, Mon- sieur Jean-Claude Monod et Madame Judith Revel qui ont accepté de prendre le temps de lire mon travail et qui me font l’honneur de siéger dans le jury. Mes remerciements vont également à celles et à ceux dont la présence, l’écoute et la parole ont accompagné ma vie pendant les années de rédaction de cette thèse et qui y ont contribué, activement ou passivement : Monika Marczuk, Chunming Wang et tout le Cercle Champ de Bataille ainsi que Madame Marina Galletti, dont les avis, les renseignements sur l’œuvre la- byrinthique de Bataille et la grande humanité ont enrichi d’une manière inouïe mon parcours intellectuel. Merci aussi à Giuseppe Bianco, sans lequel ce travail n’aurait pu être entamé, et à Messieurs Denis Hollier et Marco Filoni pour leur aide dans la reconstruction de certaines étapes de la pensée d’Alexandre Kojève. J’exprime, en outre, ma plus profonde gratitude à Monsieur Guillaume Fau, chef du service des manuscrits modernes et contemporains à la Bibliothèque nationale de France, et à Mesdames Julie Bataille et Nina Kousnetzoff qui m’ont permis d’avoir accès à des documents fondamentaux pour mener à bien cette thèse. Je souhaiterais, enfin, remercier les voix nocturnes qui ont inspiré mon écriture et l’an- goisse qui les a accueillies, laquelle seule peut rendre compte de l’agitation créatrice dans laquelle ce travail a été conçu et a pu se concrétiser. Je dédie tout ce qui suit à mes parents, qui ont toujours supporté mes choix au prix d’énormes sacrifices. 3 RÉSUMÉ ET MOTS-CLÉS Notre travail se propose d’interroger généalogiquement le pouvoir formateur que la philosophie de Hegel a exercé sur la pensée de Georges Bataille. À partir de la fin des années 1920, le système du Savoir Absolu n’a cessé de nourrir l’œuvre de cet intellectuel qu’on a souvent qualifié, trop hâtive- ment, d’anti-systématique, et pour qui la rencontre décisive d’Alexandre Kojève, l’un des premiers exégètes de Hegel en France, a joué un rôle exceptionnel dans la redéfinition des limites et des enjeux de la connaissance discursive quand elle se heurte à la souveraineté du « non-savoir ». Néanmoins, cette opération n’a pas été linéaire : depuis l’époque de la revue Documents et jusqu’à sa mort, Bataille a calibré son hégélianisme (ou anti-hégélianisme) de façon très différente selon les circonstances intellectuelles, en réagissant d’abord aux suggestions du surréalisme, puis à l’impulsion des nouvelles doctrines « bourgeoises » telles que la psychanalyse et la sociologie, et enfin à l’enseignement d’Alexandre Kojève. On a donc au moins trois trajectoires critiques qui traversent et bouleversent la doctrine hégélienne, laquelle sera progressivement rejetée, mais aussi récupérée avec des réserves et finalement réélaborée de façon originale. Trois étapes qui montrent un Bataille capable d’intégrer à sa pensée des modèles discursifs qui n’en diminuent pas la puissance mais qui, au contraire, en sortent enrichis d’un nouvel élan qui leur soustrait tout schématisme à la faveur d’une structure plus fluide qui en bouscule les points cardinaux. Dans ce travail d’histoire intellectuelle, il est donc apparu né- cessaire d’adopter une démarche diachronique plutôt que synchronique. La littérature secondaire qui s’est penchée sur l’apport de la philosophie de Hegel à la pensée bataillienne a souvent commis l’erreur de rapprocher des textes très éloignés dans le temps afin d’en tirer des analogies et des con- vergences qui, dans le but d’élucider une certaine cohérence interne à cette pensée elle-même, en banalise toutes les aspérités et les « fausses routes ». Ce qui en ressort est l’idée qu’il existe un bloc « Hegel-Bataille » ou « Kojève-Bataille » plus ou moins bien défini et difficilement questionnable. La faiblesse de cette approche ne saurait être plus flagrante : ne prenant pas en considération l’articula- tion très riche des enjeux que ces binômes mettent en place à des époques différentes, marquées par des exigences qui ne sont pas toujours superposables, elle sclérose un rapport intellectuel qui s’est fait et défait durant vingt ans environ. Ainsi, nous tâchons de suivre l’évolution structurelle d’une posture, celle de Bataille, qui fait de la fluidité et de l’hésitation son style argumentatif. C’est pour cette raison que nous nous sommes appuyés davantage sur ses textes, édités et inédits, que sur les références secondaires, cherchant à limiter les lectures croisées et les anachronismes pour com- prendre pourquoi, en 1950, Bataille avouait être de « formation hégélienne », lui qui depuis 1929 avait pris le parti de l’informe, et pourquoi Kojève lui témoignera un respect et une proximité intellectuelle toujours grandissants. Mots-clés : Georges Bataille, Kojève, Histoire, Hegel, Phénoménologie, Dialectique, Souveraineté 4 ABSTRACT AND KEYWORDS This thesis proposes to genealogically question the formative power that Hegel's philosophy ex- erted on Georges Bataille's thought. From the end of the 1920s, the system of Absolute Knowledge constantly nourished the work of this intellectual who is often described, too hastily, as anti-system- atic, and for whom the decisive meeting of Alexandre Kojeve, one of Hegel's first exegetes in France, played an exceptional role in redefining the limits and the stakes of discursive knowledge when con- fronted with the sovereignty of "non-knowing". Nevertheless, this operation was not linear: from the time of the review Documents and until his death, Bataille calibrated his Hegelianism (or anti- Hegelianism) very differently depending on the intellectual circumstances, by reacting first to the suggestions of surrealism, then to the impulse of new "bourgeois" doctrines such as psychoanalysis and sociology, and finally to the teaching of Alexandre Kojève. We therefore have at least three critical trajectories that cross and disrupt the Hegelian doctrine, which will emerge gradually as re- jected, then recovered with reservations and finally reworked in an original way. Three stages that show a Bataille capable of integrating into his thinking some discursive models that do not diminish its power but which, on the contrary, emerge enriched by a new impetus that removes any schema- tism from them towards a more fluid structure that shakes up their cardinal points. In this work of intellectual history, it has therefore been necessary to adopt a diachronic rather than a synchronic approach. The secondary literature that has focused on the contribution of Hegel's philosophy to Bataillian thought has often made the mistake of bringing together texts that are far removed in time in order to derive analogies and convergences that, with the aim of elucidating a certain internal coherence to this thought itself, trivialize all its asperities and "wrong turns". What stands out is the idea that there is a block "Hegel-Bataille" or "Kojeve-Bataille" more or less well defined and difficult to question. The weakness of this approach cannot be more blatant: not taking into consideration the very rich articulation of the issues that these pairs put in place at different times, marked by requirements that cannot always be staked, it paralyzes an intellectual relationship that was made and undone over the course of about twenty years. Thus, we try to follow the structural evolution of a posture, Bataille’s one, which makes of fluidity and hesitation its argumentative style. For this reason, we relied more on his texts, published and unpublished, than on the secondary references, seeking to limit cross readings and anachronisms to understand why, in 1950, Bataille confessed being an "Hegelian by training" (de « formation hégélienne ») – a confession coming from someone who uploads/Philosophie/ apicella-nicola-these-2018-pdf.pdf

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