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1 La réponse de François Favre se trouve en page 32 ************************************************************************************* JUNG ET LA PARAPSYCHOLOGIE (Etude réalisée en 2006 par un étudiant en psychologie, qui souhaite rester anonyme) Résumé Ce travail de recensement aborde les réflexions du psychiatre suisse C.G. Jung à propos de la parapsychologie, lesquelles se reflè- tent dans ses discussions et correspondances avec des parapsychologues. Il a élaboré un ensemble théorique pour soutenir sa prati- que clinique, dans lequel on peut également voir une théorie très large du psychisme humain. Cette théorie est influencée par les expériences personnelles de Jung en matière de "coïncidences significatives", et elle propose elle-même une sorte de paradigme de travail pour les parapsychologues. Je présente ce paradigme selon trois axes conceptuels propres à Jung : l’archétype, l'inconscient collectif et la synchronicité. C’est en dégageant une formulation cohérente de ce modèle qu’on se rend compte, une fois bien compris, qu'il recouvre totalement le champ de la recherche parapsychologique. Or, les élèves de Jung ne revendiquent pas toujours ce recoupement, sauf ceux pour qui prévaut le travail transdisciplinaire. De l’autre côté, la plupart des parapsychologues méconnaissent l’œuvre de Jung et tentent de bien distinguer leurs théories des siennes, principalement en créant une ligne de partage entre phénomènes psi et événements syn- chronistiques. Actuellement, des convergences semblent plutôt s'établir avec la biologie de l'évolution (morphogenèse expliquée par des interactions psycho-somatiques microscopiques) et la physique quantique relativiste (très forte analogie de ses propriétés avec celles du modèle jungien). Admettre la validité de l'approche jungienne du psi revient évidemment à associer très intimement psychologie des profondeurs et parapsychologie, et donc à appliquer cette intrication au niveau thérapeutique. SOMMAIRE Introduction p.2 1e PARTIE : LES PRINCIPAUX CONCEPTS DE JUNG p.3 A. L’archétype jungien p.5 B. L'inconscient collectif (Unus mundus ou Mundus archetypus) p.9 C. La synchronicité p.11 2e PARTIE : LES PISTES SUIVIES PAR SES ELEVES p.15 A. La transdisciplinarité p.15 B. Les différences entre la parapsychologie et l'approche jungienne p.18 C. La question de l’évolution : synchronicité et morphogenèse biologique p.22 D. Exploitation des idées jungiennes dans la physique contemporaine p.24 Conclusion p.28 Bibliographie p.30 2 INTRODUCTION Le Suisse Carl Gustav Jung (1875-1961) a fondé la psychologie analytique après sa rupture avec Freud. Son érudition l’a amené à côtoyer de nombreux champs du savoir. Sa pratique l’a conduit à s’interroger sur les phénomènes dits paranormaux (ou psi) et la possibilité de les étudier scientifiquement. Les travaux de Jung ont eu une influence majeure sur les théorisations psychogènes, les modèles psychophysiques en parapsychologie et les approches psychothérapeutiques. Ses théories ne sont pourtant pas toujours connues ou comprises des parapsychologues eux-mêmes, lesquels ne s’attachent qu’à une connaissance vulgarisée des concepts-clefs de « synchronicité », d’ « archétypes » ou d’ « inconscient collectif », sans profiter en arrière-plan de l’œuvre considérable de cet auteur 1. Mon travail de recensement restera lui aussi incomplet et ne dispensera donc pas de la lecture de Jung et de ses disciples. Je tenterai néanmoins de constituer un ensemble d'informations cohérentes et sans parti pris sur les conceptions de Jung propres au psi, ainsi que sur les travaux qui s’en inspirent. 1 Ainsi, dans une discussion suivant l’article de R. Morris (1987, p.159), les parapsychologues Stanford et Morris avouent finale- ment être handicapés par leur méconnaissance de l’œuvre de Jung et très déroutés par sa notion d’acausalité. 3 1e PARTIE : LES PRINCIPAUX CONCEPTS DE JUNG Les questionnements de Jung au sujet des phénomènes dits occultes prennent très tôt une place dans son œuvre : il consacre sa thèse de médecine, qui fera de lui un psychiatre, à « La psychopathologie des phé- nomènes dits occultes » (1902). Le gros de sa thèse est tiré de séances spirites décrites et commentées, avec une de ses jeunes cousines pour médium. Il décrit la personnalité seconde de sa cousine (visible dans cet état de médiumnité, dit hypnotique, hémi-somnambulique ou dissociatif) comme la future personnalité en train de s’élaborer. Etudiant, il donnait déjà de petites conférences, dont celle du 28 novembre 1896 où son premier exposé « Sur les limites des sciences exactes » était une attaque véhémente contre la science matérialiste contemporaine et un plaidoyer en faveur d’une étude objective de l’hypnotisme et du spiri- tisme. Au cours de la discussion, Jung affirma qu’il était possible de conduire une recherche selon les méthodes des sciences exactes dans le domaine de la métaphysique 2. Il suivait pas à pas les résultats de la parapsychologie, menant ses propres travaux sur des thèmes voisins : sur le gnosticisme et l’alchimie, sur la psychologie et la religion, sur la méthode divinatoire chinoise du Yi King, sur le Yoga ou encore sur les mandalas, et a aussi bâti une théorie de la synchronicité conjointement avec le prix Nobel de physique Wolfgang Pauli (1952) 3. En 1958, il est un des premiers intellectuels à élaborer une réflexion sur le phé- nomène ovni dans son livre Un mythe moderne. Dans sa correspondance, on constate aussi que Jung s’est exprimé sur les guérisons psi 4, les psychokinèses 5 et les ectoplasmes observés dans les séances auxquel- les l’a convié le psychiatre Albert von Schrenk-Notzing 6. L’opinion de Jung au sujet des matérialisations est plus que favorable : il tient une extension de la réalité psychique sur la matière pour possible et de- mande aux scientifiques de créer une nouvelle science de la parapsychologie pour résoudre ces problèmes 7. Il a tenu des correspondances avec de nombreux parapsychologues, créant ainsi une filiation intellec- tuelle importante. Certes, Jung s’est occupé de parapsychologie ; mais cela fait-il de lui un parapsychologue ? Jung a investi et fécondé tellement de domaines qu’on pourrait très simplement dire de son approche de la parap- sychologie qu’elle est une ex-cursion, témoignant d’érudition, mais sans conséquences sur ses idées concernant les autres domaines. Emprunter cette opinion, c’est méconnaître la vie même de Jung et les nombreux phénomènes paranor- maux qui s’y inscrivent et dont il parle abondamment dans son autobiographie Ma vie, co-rédigée par Aniela Jaffée. Il aurait ainsi vécu plusieurs phénomènes de poltergeist (‘Spuk’ en allemand) : à 23 ans, il fit l’expérience d’un couteau brisé en quatre morceaux, sans que l’artisan à qui il soumit l’objet à l’analyse eut pu déterminer la cause et le moyen de la brisure. Il enverra des photographies du couteau à Rhine 8. En 1909, après une vive discussion entre Jung et Freud, la bibliothèque de ce dernier craque très bruyamment, à deux reprises, sans autre explication. C’est pour Jung « un phénomène catalytique d’extériorisation » 9. Il rencontrera encore pendant plusieurs jours de 1916 une autre atmosphère plus qu’étrange qui précipitera l’écriture des Sept sermons aux morts 10. En 1920, son séjour en Angleterre l’amène sur le terrain d’une maison hantée 11 : « Jung passait de nombreux week-ends dans une maison 2 H.F. Ellenberger, Histoire de la découverte de l’inconscient, Fayard, Paris, 1974, p.706. 3 Il est intéressant de noter que le travail complémentaire de Pauli et de Jung dans Naturerklärung und Psyche, Zurich, 1952, est considéré maintenant en Allemagne comme un nouveau paradigme (cf. Der Pauli-Jung-Dialog und seine Bedeutung für die mo- derne Wissenschaft, H. Atmanspacher & H. Primas, Springer, Heidelberg 1995), alors qu'il a été traduit en français dans deux volumes séparés : Synchronicité et Paracelsica (Paris, Albin Michel, 1988) pour le texte de Jung et Le Cas Kepler (Paris, Albin Michel, 2002) pour le texte de Pauli. 4 Lettre au Dr Wilhelm Bitter, Stuttgart, 17 avril 1959, in Le divin dans l’homme, p.483-485. 5 Lettre à Walter Schaffner, 16 février 1961, Briefe zur Parapsychologie II. 6 Lettre au Pr Fritz Blanke, Zurich, 10 novembre 1948, in Le divin dans l’homme, p. 482-483. 7 Voir lettres à C. Bendit du 12 novembre 1945 (Correspondance II, p.129 sq.) et à G. Frei du 17 janvier 1949 (Correspondance II, p.287). Citées dans M.-L. von Franz, Matière et psyché, p.333. 8 C’est Rhine qui avait d'abord contacté Jung (lettre du 14 novembre 1934), sur les conseils de McDougall. Ils eurent une corres- pondance sporadique durant les deux décades suivantes, échangeant leurs plus récents livres et exprimant fréquemment leur admira- tion réciproque (cf. Mansfield, The Rhine-Jung letters). 9 C. G. Jung, « Ma vie », souvenirs, rêves et pensées, Edition Folio, pp 183. 10 Voir à ce sujet : Christine Maillard, Les sept sermons aux morts (« de Carl Gustav Jung »), Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 1993. Gregory Bateson s’étonnait beaucoup de ce texte et de la condition de son écriture, mais y a puisé les notions gnosti- ques de Creatura et Pleroma, qui ont assis son dualisme épistémologique dépassant le dualisme ontologique « cartésien » : cf. G. et M.-C. Bateson, La peur des anges, Seuil, Paris, 1989. 11 Ces événements sont rapportés par Jung dans sa préface au livre majeur de F. Moser, Spuk, 1950 ; et par Aniela Jaffé dans The Psychic World of C.G.Jung, “Tomorrow”, Spring, 1961. 4 de campagne qu’un ami avait loué. Durant les nuits, il expérimenta de nombreux phénomènes de hantise de plus en plus violents, uploads/Philosophie/ approche-jungienne 1 .pdf

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