Aristote et l' « aiôn » : enquête sur une critique récente: L'étymologie d' « a

Aristote et l' « aiôn » : enquête sur une critique récente: L'étymologie d' « aiôn » et l'article de M. E. Martineau Author(s): D. O'Brien Source: Revue de Métaphysique et de Morale, 85e Année, No. 1 (Janvier-Mars 1980), pp. 94- 108 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/40902011 Accessed: 18-03-2020 22:56 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue de Métaphysique et de Morale This content downloaded from 132.248.184.4 on Wed, 18 Mar 2020 22:56:40 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms ÉTUDES CRITIQUES Aristote et Y « aiôn » : enquête sur une critique récente L'étymologie d1 « aiôn » et l 'article de M. E. Martineau Au chapitre neuf du premier livre du traité Du ciel, Aristote prétend expliquer l'origine du terme aiôn par l'union du verbe einai et de l'ad- verbe aei ou bien aiei : Vaiôn signifierait le « toujours-étant »x. Le passage où se trouve cet essai d'étymologie est l'un des plus discutés dans l'œuvre d' Aristote. La Revue de Métaphysique et de Morale vient de faire paraître la dernière discussion en date sur le sujet : « Aiôn chez Aristote, De cado, I, 9 : théologie cosmique ou cosmo-théologie ? » par M. E. Martineau2. Cet article se fait remarquer, moins par la nouveauté des conclusions, que par l'abondance des critiques et par le style : les remarques sévères, voire les railleries, à l'adresse des commentateurs antérieurs qui ont essayé d'éclaircir ce passage, comptent en effet pour les deux tiers dans l'exposé3. Il n'est pas dans notre intention de reprendre ici tous les détails de cette singulière polémique. Dans la présente note critique, nous n'en 1. Du ciel, I 9, 279a 22-28, apo tou aiei (varia lectio aei) einai : c'est-à-dire ai-ôn = aiei (ou aei) -f on (le nominatif masculin singulier du participe présent). Aristote parait avoir raison en identifiant aiei ou aei et aiôn, mais il se trompe dans son analyse du suffixe : voir notamment E. Benveniste, « Expression indo-européenne de Féter- nité », in Bulletin de la Société linguistique de Paris 38 (1937), 103-112, E. Schwyzer, Griechische Grammatik. Band I. pp. 514, 521. 2. RMM (1979), p. 32-69. L'ensemble du passage: Du ciel 1 9, 279a Il-b3. Nous rons faire paraître prochainement une étude sur ce passage, qui s'intitulera « ' Le ne les fait pas vieillir ' : réflexions à propos du temps et de l'intemporalité dans traité Du ciel d' Aristote ». 3. M. Martineau s'en prend notamment à Paul Moraux, l'éditeur du traité Du ciel dans la collection Budé Í1965), (voir Martineau, pp. 33-45), et à Jean Pépin, Théologie cosmique et théologie chrétienne (Ambroise, Exam, i j, 1-4), dans la collection Biblio- thèque de philosophie contemporaine, histoire de la philosophie et philosophie générale (Paris, 1964), 161-170 ; cf. Idées grecques sur l'homme et sur dieu dans la Collection d'études anciennes (Paris, 1971), 209-216, (voir Martineau, pp. 46-55). 94 This content downloaded from 132.248.184.4 on Wed, 18 Mar 2020 22:56:40 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Sur une critique récente (TAristote voulons relever qu'un seul élément : Pétymologie proposée par Aristote du terme aiôn, et plus précisément encore la distinction qu'il peut y avoir entre les deux formes de l'adverbe aei et aiei. Nous espérons que les résultats de nos sondages sur ce point précis mettront en garde les lecteurs de la Reçue contre une acceptation trop rapide des critiques contenues dans l'article cité4. La divergence des manuscrits et Tétymologie d1 « aithêr » A deux reprises dans son article, M. Martineau reproche à M. P. Moraux et à M. J. Pépin d'avoir écrit aei, là où Aristote lui-même, nous dit-il, « écrit aiei »5. En faisant ce reproche, M. Martineau semble ne pas se rendre comp que la leçon aiei est conservée seulement dans l'un des deux groupes d manuscrits (EL) ; le second (JFHM) porte précisément aei. Cette d nière forme de l'adverbe se retrouve dans la citation de Simplici elle est retenue dans l'édition de Bekker, dont le texte est repris C. Prantl6. Il est exact que M. Moraux n'a pas retenu cette leçon, aei, dans son édition Budé. Il est donc légitime de faire remarquer la discordance existant, dans l'édition Budé, entre le texte grec, qui donne aiei, et la citation du grec, intercalée dans la traduction française de M. Moraux, où se trouve justement aei. Mais comment se fait-il qu'en soulignant ce désaccord M. Martineau semble ignorer la divergence entre les manuscrits ? Examinons de plus près l'édition Budé. M. Moraux n'a pas cité dans son apparat la source de la leçon qu'il a donnée dans son texte (aiei). Bien plus, la distinction signalée en tête d'édition entre les manuscrits qui « ne sont cités que rarement » (a rarius tantum memorantur » FLW rece.) et les autres manuscrits mentionnés (EJH), donne facilement à supposer que, dans cette édition, sont citées toutes les variantes de ces derniers manuscrits. Il s'ensuit que l'absence, dans l'apparat, de toute indication relative au terme aiei risque de faire croire au lecteur mal in- formé qu'aucune variante de ce terme n'apparaît dans ces manuscrits. 4. Nous tenons à exprimer nos plus vifs remerciements à Mme K. M. Burnett, à Mme Marie-Odile Goulet et à M. Luc Brisson qui ont bien voulu revoir le texte de notre article. 5. Martineau, pp. 36-37 et 50 ; voir Moraux, éd. Budé 37 ; Pépin, Théologie cosmique, 164 n. 1. 6. Pour la divergence des manuscrits, voir l'édition de D. J. Allan, dans la collect Oxford classical texts (en abrégé OCT) (1936 ; dernière impression corrigée, 1965). Simplicius, éd. I. L. Heiberg, dans la collection Commentario in Aristotelem graeca VII (Berlin, 1894), 288.18. I. Bekker, Aristotelis opera (Berolini, 1831). Cari Prantl, Aristotelis De coelo et De generatione et corruptione, dans la collection Bibliotheca Teubne- riana (en abrégé BT) (1881), 25. Voir aussi, Aristoteles* vier Bücher über das Himmels- gebäude und zwei Bücher über Entstehen und Vergehen,, griechisch und deutsch..., dans une collection des œuvres d' Aristote, Aristoteles* Werke, griechisch und deutsch mit sacherklärenden Anmerkungen, Band II (Leipzig, 1857), 74. 95 This content downloaded from 132.248.184.4 on Wed, 18 Mar 2020 22:56:40 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms D. O'Brien Ainsi s'expliquerait l'absence de toute réserve dans les pages où M. Mar- tineau affirme qu'Aristote « écrit aiei, non aei » (p. 36), et que le texte du De caelo I 9 « porte aiei, et non pa,s (...) aei » (p. 50). Si notre auteur n'a consulté que la seule édition Budé, il a pu penser en effet que le terme aiei est une leçon unanime, ou bien de tous les manuscrits, ou bien des manus- crits principaux (EJH). En réalité, comme nous l'avons vu, les trois manuscrits de l'édition Budé sont partagés : l'un seul (E) donne aiei, les autres (JH) aei7. ♦ * Comment donc choisir entre les deux leçons si antérieures de ce texte, aiei (EL) et aei (JFHM) ? D'après D. J. Allan, l'éditeur du traité dans les manuscrits se répartissent en deux familles, d les plus dignes de foi seraient un manuscrit de de Paris (Parisinus graecus 1853 = E) et un m dobonensis phil. graec. 100 = J) ; de ces deux m conférerait au Stagirite un langage rude, remarq cité d'origine, tandis que le second (J) le dotera où l'on peut subodorer des corrections, voire des Cette répartition des manuscrits peut faire aiei (EL), plutôt que pour la leçon aei (JFHM), ce tant d'ailleurs de rapprocher la première syllab syllabe d'a£-e¿. M. Martineau fait état de ce rapprochement, n 7. Nous n'avons pas consulté nous-même les manuscrits ; les informations que nous donnons ici se fondent sur l'édition d'Oxford, dont les précisions sur ce point coïncident avec celles de l'édition d'Oddone Longo, Aritotele, De caelo, introduzione, testo critico, traduzione e note di O.L., dans la collection Classici greci e latini, con testo a fronte, seconda serie... Opera di Aristotele, sotto la direzione e con la collaborazione di Carlo Diano (Firenze, 1961). Longo écrit en effet, dans son apparat p. 74 : « octet a [p. Lxxii : « consensus codicum EL »] : àei b [p. lxxii : « consensus ceterorum codicum, vel omnium vel magnae partis »J Se [« Simplicii citatio »] ». Constatons toutefois que M. Moraux, dans l'édition Budé, affirme avoir signalé « toutes les leçons de J » dans son apparat (p. glxxix). Il affirme d'ailleurs, du ms. H, pp. cLxxx-CLXxxi : « D.J. Allan n'en a pas exécuté de collation nouvelle, si bien que son apparat renferme, pour le seul H, uploads/Philosophie/ aristoteles-de-caelo-i-9-b.pdf

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