Carlos Lévy Cicero Academicus. Recherches sur les Académiques et sur la philoso

Carlos Lévy Cicero Academicus. Recherches sur les Académiques et sur la philosophie cicéronienne Rome : École Française de Rome, 1992, 712 p. (Publications de l'École française de Rome, 162) Résumé Le but du présent ouvrage est de mettre en évidence les différents aspects d'un texte d'une grande importance pour la philosophie occidentale, les Académiques de Cicéron, aujourd'hui trop souvent considérés comme traitant exclusivement du problème de la connaissance. L'auteur s'efforce, en effet, de les replacer dans la double perspective de la philosophie hellénistique et de l'itinéraire personnel de Cicéron, à la fois philosophe et homme politique. La complexité de l'élaboration de cette œuvre et la philosophie de la faillibilité humaine qu'elle défend sont interprétées comme exprimant la révolte de Cicéron contre le régime césarien. Une relecture des œuvres cicéroniennes d'éthique et de physique est proposée à la lumière des problèmes formulés dans les Académiques par l'intermédiaire de la doxographie. Dans le cas de la Nouvelle Académie, comme dans celui de Cicéron, le problème essentiel étudié ici est celui de la relation du philosophe à la tradition dans laquelle il affirme s'inscrire. Citer ce document / Cite this document : Lévy Carlos. Cicero Academicus. Recherches sur les Académiques et sur la philosophie cicéronienne. Rome : École Française de Rome, 1992, 712 p. (Publications de l'École française de Rome, 162) http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/monographie/efr_0000-0000_1992_ths_162_1 COLLECTION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME 162 CARLOS LEVY CICERO ACADEMICUS RECHERCHES SUR LES ACADÉMIQUES ET SUR LA PHILOSOPHIE CICERONIENNE Ouvrage publié avec le concours du C.N.R.S. et de l'Université de Paris XII - Val de Marne ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME PALAIS FARNESE 1992 © - École française de Rome - 1992 ISSN 0223-5099 ISBN 2-7283-0254-5 Diffusion en France : DIFFUSION DE BOCCARD 11 RUEDEMÉDICIS 75006 PARIS Diffusion en Italie : L't ERMA» DI BRETSCHNEIDER VIA CASSIODORO 19 00193 ROMA SCUOLA TIPOGRAFICA S. PIO X - VIA ETRUSCHI, 7-9 - ROMA L'homme qui présume de son sçavoir ne sait pas encore que c'est que sçavoir. Montaigne AVANT-PROPOS Ce livre reprend, avec quelques modifications, un doctorat d'Etat soutenu en Sorbonne le 3 décembre 1988. J'ai eu le privilège d'être guidé dans ce travail par M. Pierre Grimal, qui a bien voulu me confier un sujet réputé difficile, et qui a suivi l'élaboration de ma thèse avec une bienveillante attention. Son enseignement, sa rigueur, son exigence de clarté, ont été un modèle stimulant. La fides dont il m'a honoré me fut précieuse dans les moments de découragement et dans les circonstances difficiles. Je souhaite que M. Pierre Grimai consente à trouver ici l'expression de ma profon de gratitude et de mon respecteux attachement. Le jury comprenait encore MM. Jean-Marie André, Jacques Brunschwig, Marcello Gigante, et Alain Michel. Tous nous ont fait d'importantes remarques et suggestions dont je leur suis extrême ment reconnaissant, et grâce auxquelles ai pu améliorer mon texte. M. Marcello Gigante avait dû interrompre de lointaines obligations pour me faire l'honneur de sa présence. Je l'en remercie très vive ment. Ma reconnaissance va aussi à tous ceux qui, par leur conseils, leurs livres, et leur enseignement m'ont permis d'enrichir ma re cherche. M. Alain Michel, dont la lecture m'a fait découvrir la phi losophie cicéronienne, m'a prodigué à plusieurs reprises ses encou ragements et m'a montré à quel point les comparaisons entre Cicé- ron et Philon d'Alexandrie sont éclairantes. Mme Marguerite Harl et le regretté Valentin Nikiprowetzky ont dirigé mon premier tra vail de recherches et m'ont communiqué leur passion du monde hellénistique. Jacques Brunschwig m'a révélé ce que peut être l'his toire de la philosophie dans son expression la plus rigoureuse. Daniel Babut, François-Régis Chaumartin et Robert Jolivet ont relu mon texte et m'ont adressé de très utiles observations, tant de for me que de fond. Je n'aurai garde d'oublier mes deux maîtres de la khâgne d'Henri IV, Camille Marcoux, et André Bloch, récemment disparu, à qui ma formation doit tant. Comment ne pas ajouter que cette recherche a pu être menée à bien grâce aux excellentes conditions de travail qui ont été les X AVANT-PROPOS miennes, d'abord à l'Université de Haute-Normandie, puis à l'Uni versité de Paris- Val de Marne? M. Pierre Grimai et les membres du jury ont souhaité que cette thèse fût publiée. Le regretté Charles Pietri a bien voulu l'accueillir dans la Collection de l'Ecole française de Rome. C'est là le plus grand honneur qui pouvait être fait à ce travail. Tout au long de ma recherche ma famille m'a soutenu de son affection. Ce livre lui est bien évidemment dédié. INTRODUCTION Les Academica sont un carrefour où s'entrecroisent les voies multiples de la philosophie grecque et l'itinéraire personnel de Cicéron, mais leur place dans la recherche actuelle n'incite guère à les considérer comme une œuvre majeure. Les spécialistes de Cicé ron les ont, à d'heureuses exceptions près1, considérés comme trop ardus, trop théoriques, et ont préféré les laisser aux historiens de la philosophie2. Ceux-ci les ont beaucoup lus, mais comme ils lisent généralement les textes cicéroniens, c'est-à-dire comme d'uti les témoignages beaucoup plus que comme de véritables livres. Il n'est donc pas inutile de dire ce qui fait selon nous l'exceptionnel intérêt de ces dialogues. D'un point de vue philosophique, ils sont précieux parce qu'ils nous permettent de reconstituer les différentes phases de ce débat, si important pour l'histoire de la pensée occidentale, qui, commenc é par Arcésilas et Zenon, ne s'acheva qu'avec la mort de Philon de Larissa, maître de Cicéron et dernier successeur de Platon. Pour quoi Stoïciens et Académiciens se sont-ils affrontés de manière à la fois si âpre et si durable? Pourquoi les scholarques qui avaient alors en charge l'école platonicienne ont-ils jugé nécessaire de don ner une présentation si surprenante de la pensée de Platon que l'on en vint à parler de «Nouvelle» Académie3? Y a-t-il eu véritabl ement rupture, ou simplement adaptation à des circonstances histo riques particulières? Quiconque veut apporter un début de réponse à ces questions n'a d'autre choix que de scruter le corps philoso phique cicéronien et tout particulièrement les Académiques. On a voulu tout récemment encore dévaluer ce témoignage au profit d'autres, bien plus tardifs et qui ne sont plus rigoureux qu'en appar ence4. Une telle démarche est à notre sens injustifiable, tant il est vrai que, si Sextus Empiricus ou Diogene Laërce peuvent éclairer 1 Nous pensons, en particulier, aux travaux d'A. Michel et de M. Ruch que nous aurons l'occasion d'évoquer plusieurs fois dans ce travail. 2 Sur la bibliographie cicéronienne, cf. infra, p. 59-74. 3 Sur ce point, cf. infra, p. 9-14. 4 Cf. H. Tarrant, Scepticism or Platonism?, Cambridge, 1985, p. 1-2. 2 INTRODUCTION ou compléter utilement de nombreux aspects du texte cicéronien, on ne saurait préférer un matériau réélaboré, détourné de son contexte initial, à ce qui nous vient, pour reprendre une expression de l'Arpinate, e media Academia, du cœur même de l'Académie 5. Mais en quoi importe-t-il tellement, se demandera-t-on peut-être, de connaître ce qu'ont pensé et dit des philosophes qui n'ont laissé aucune œuvre écrite et à propos desquels nous savons fort peu de chose? A supposer même que Camèade ait été un second Socrate, il n'eut d'autre Platon que Clitomaque, et de surcroît il ne nous res te plus que quelques lignes de celui-ci! L'un des paradoxes de la Nouvelle Académie est précisément dans ce décalage entre notre grande ignorance de ce que furent réellement ces penseurs et leur omniprésence dans les textes philosophiques les plus importants. S'interroger sur Arcésilas et sur Camèade expose assurément à beaucoup d'incertitudes et de déceptions. Cependant il suffit de lire Plutarque ou Philon d'Alexandrie, Plotin ou Sextus Empiricus, Montaigne ou Hume, pour percevoir, sous des formes diverses, leur influence. Or les Académiques sont à la fois un regard jeté sur le passé et une porte ouverte sur l'avenir : Cicéron nous transmet ce qu'il sait de la Nouvelle Académie, non pas en un exposé froide ment historique, mais déjà dans la richesse des exégèses divergent es, nées dans les milieux platoniciens eux-mêmes. Cette situation privilégiée est symbolisée par la présence des deux maîtres de l'Ar pinate : Philon, celui qui tout en modifiant sur certains points la pensée de Camèade, prétendit rester fidèle à son inspiration et Antiochus d'Ascalon, celui qui voulut rompre avec cette tradition et dont on a fait, à tort ou à raison, l'inspirateur du moyen-platonis me. Il ne convient pas d'entrer ici dans le détail de ces problèmes, mais qu'il nous soit permis de faire état, comme préalable à leur étude, d'une expérience personnelle : nous ne soupçonnions pas en commençant ce travail à quel point la réflexion de la Nouvelle Aca démie sur les concepts fondamentaux, ceux de nature, de connais sance, de liberté, fut dense et féconde. Si nous envisageons maintenant l'œuvre elle-même, elle a une double fonction dans l'ensemble philosophique cicéronien. Elle constitue l'étude d'une des trois parties de la philosophie, la logi que, et nous aurons l'occasion de voir quel rôle considérable cette tripartition jouait dans la philosophie hellénistique6. Mais la réfu tation de la théorie stoïcienne de la connaissance est suivie dans uploads/Philosophie/ article-efr-0000-0000-1992-ths-162-1-4508.pdf

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