Aristote-David Lefebvre DAVID LEFEBVRE Aristote Cours de préparation à l’agréga
Aristote-David Lefebvre DAVID LEFEBVRE Aristote Cours de préparation à l’agrégation 2004, ENS [COURS N° 1 DU 8/10/03] (PRISE DE NOTES MULLER) < Bibliographie Textes d’Aristote : ordre de lecture et lectures minimales : 4 premiers livres Physique, 2 et 3 De l’âme, 1 Parties des animaux, Métaphysique en entier et Nicomaque en entier. Sinon, textes très difficiles à lire en entier et seul. Pour ce qui est des ouvrages d’introduction : Crubellier, Moreau, Bodeus, Morel, ils se valent en gros Pour les études : Leblond, ancien mais bon et d’accès facile (un des premiers à parler de la dialectique, voie d’exposition du savoir qui n’est pas le syllogisme scientifique) ; puis Mansion et les deux Aubenque1. INTRODUCTION Présentation générale Ce qu’il faut surtout faire, c’est apprendre à lire un texte, plus qu’avoir des éléments de connaissance sur un auteur. Il faut un savoir-lire, expliquer l’argumentation, justifier les perspectives, les raisonnements ; et non pas replacer des topos pris dans des cours. Une bonne explication est presque une paraphrase intelligente ; être intelligent, c’est montrer les limites du texte, montrer ce qu’il ne montre pas. Le fil conducteur sera la Métaphysique. Pourquoi la Métaphysique ? il n’est pas l’ouvrage le plus aisé, ni le plus original, mais celui à partir lequel on peut le mieux voir l’originalité. Comment se développe le projet d’Aristote dans la Métaphysique ? Il part du projet d’une science qui porterait sur les premiers principes et les premières causes. Ensuite, il énonce l’idée que cette science est aussi une science des principes de l’être en tant que être ; et au cours du livre gamma, cette science apparaît aussi, puisque l’être se dit de plusieurs façons, comme une science de la substance. Donc, d’abord pas d’objet, puis l’être, puis science de la substance. Bref, c’est une rédaction qu’on ne comprend pas tout de suite. Et que sont ces principes ? Le principe de non-contradiction est dit le plus XXX forme ; puis il dit que la forme est aussi principe de la substance ; mais il dit aussi que c’est un sens de la substance ; et au livre lambda il dit parler de la substance, mais par là il entend alors la cause elle-même. Au moyen de la procédure de dissociation des sens d’un terme, il peut dire XXX Substance = le toti en einai mais qu’il appelle aussi la substance séparée et immobile, ou premier moteur ou le dieu. Si on en reste à un niveau superficiel, le projet aristotélicien est simple. Mais quelle est l’unité, le principe qui permet de passer d’une formulation à une autre ? par conséquent, c’est la difficulté classique de l’unité. Mais si la distinction entre l’ontologie et la théologie, la métaphysica generalis et specialis (celle qui 1 La biblio de Morel n’est pas la même Page 1 sur 62 Aristote-David Lefebvre porte sur l’être en tant que être / celle qui porte sur l’être éminent, être séparé, substance) est éclairante, en fait la réalité de la recherche est plus complexe. Si l’on veut, le fait que l’ousia est à la fois première et polysémique, ces deux éléments font apparaître que la métaphysique est en plus tiraillée entre plusieurs sens de l’ontologie, et de même la théologie n’est pas seulement science de l’être éminent, mais apparaît aussi comme cosmologie. Si on essaie d’être attentif à l’unité du projet, on peut proposer une autre forme d’unité, au-delà de la perspective médiévale de la distinction entre théologie et ontologie. L’intérêt est aussi de voir, à partir de là, la place des autres sciences et autres traités ; ceux-ci s’articulent à l’entreprise métaphysique. La physique, philosophie seconde selon ari, serait philosophie première s’il n’était pas possible de montrer qu’il existe une substance séparée. C’est en ce sens une rivale de la métaphysique, porte sur les substance auto-motrices, et elle est tellement rivale qu’elle est ce qui précède apparent la métaphysique : le livre alpha de la métaphysique porte sur un recensement des 4 causes ; la métaphysique prend sa naissance dans recherche des causes de la corruption2 et de la génération, donc les causes de la substance naturelle, physique, vous moi un animal. Forme, matière, cause efficient et finale. Et quelle, de la substance naturelle, la premier cause, le premier principe ? point de départ est donc une réalité physique, et donc la Physique. Chez Aristote, l’éthique s’est émancipée d’une perspective ontologique, non pas comme chez Platon où les valeurs éthique dépendent toujours d’une dialectique, c’est-à-dire de la dialectique platonicienne3, le fin mot de l’éthique. Ce qui apparaît chez Aristote, c’est la volonté de dire que l’éthique a un domaine propre, parce qu’il est faux de dire que le bien se dit en un seul sens, comme le disait Platon. Donc l’éthique ne porte pas sur le bien univoque, mais sur le bien pour l’homme, et donc aussi sur le bonheur, qui n’est pas le bien comme tel. Mais cette rupture est faite dans la Métaphysique : pour dire que l’étude du bonheur ne relève pas de la dialectique platonicienne, il faut montrer qu’il se dit en plusieurs sens, ce qui relève de la métaphysique, pas de l’éthique dont ce n’est pas l’objet. Ce qui rend compte de la polysémie du bien, c’est la Métaphysique et les Topiques, mais il faut en parler dans l’éthique à Nicomaque pour parler du bonheur sans se référer au bien en soi, à l’idée de bien. Mais en même temps, dans la Métaphysique au livre lambda, il dit que la substance séparée, c’est le bien (même si elle est aussi déterminée comme intelligible), ce qui lui permet de jouer le rôle de pôle final. Et il dit aussi que le bien existe à la fois de manière séparée et comme ordre dans la nature, transcendante et immanente à la nature. Donc certes Aristote dit que pour être vertueux, il est nécessaire sinon suffisant de se fixer sur la conduite de l’homme prudent, donc alors la norme est immanente et politique ; et cette conduite montre bien que de fait, Aristote a mis un terme à l’entreprise faisant dépendre la réussite de la contemplation du bien. Mais en substituant une norme au bien au soi, la recherche du bonheur humain à la contemplation du bien en soi, Aristote ne renonce pas au bien, ce qui est frappant : d’un côté, dans la philosophie des choses humaines, il faut prêter attention à spécificité du bien humain, mais aussi dans métaphysique, il faut conserver la causalité du bien pour le monde. En cela, il y a chez Aristote quelque chose de très loin de nous, et non seulement sa modernité : le bien existe quoi qu’on fasse dans monde, parce que le bien est aussi principe à quoi toute la nature est suspendue. Et cela, ça apparaît dans la métaphysique, pas dans l’éthique. bref, l’unité et la réalité du bien ne sont pas dépassées. 2 attention aux connotations des traductions : corruption, c’est en grec phtora. Ça s’oppose à génésis. On pourrait traduire par déclin, diminution, etc. cf. sur cette opposition le début de ..\Heidegger\Franck, Heidegger et le christianisme.doc 3 qui est, cf. infra (deuxième cours), connaissance des premiers principes anhypothétiques de l’être, science suprême. Page 2 sur 62 Aristote-David Lefebvre Chez Aristote plus que chez Platon, il y a une difficulté qui tient à l’existence de tensions, balancements. La plus structurantes, c’est celle entre le platonicien et l’asclépiade cf. Gomperz, qui permet de fédérer certaines difficulté, de nommer la distinction entre l’idéaliste, l’amour des formes, qui maintient primauté et séparation de la substance d’un côté, et de l’autre celui qui, fils de médecin, s’intéresse aux données empiriques, collecte les phénomènes, écrit plus sur la physique, parties des animaux et leurs causes que sur la métaphysique et la substance séparée. Tension entre idéaliste et empiriste, entre attachement à idée que la forme est première, substance séparée et à la description, aux phénomènes, à la pluralité de l’empirie. cette distinction est utile, et donne lieu à deux livres, celui de Werner Jaeger en 1923, et Düring en 1966. Cette opposition a été utilisée de manière inverse par ses deux auteurs : Jaeger introduit cette opposition dans la vie d’Aristote : il aurait d’abord été tributaire de son maître pour s’en éloigner. Jaeger replace alors, selon un ordre logique, les différents traités. C’est intéressant parce qu’il est le seul à donner une bio d’Aristote et une exposition des conditions d’écriture d’Aristote, avec le contexte historique. Mais ses thèses sont aujourd’hui abandonnées. During, lui, se dit qu’au contraire, Aristote aurait d’abord fait une résistance à son Père, puis serait redevenu platonicien. Cela montre en tout cas la volonté d’inscrire dans une perspective génétique une tension qui est réelle, elle, même si la reconstruction chronologique est fausse. Cf. « Le dilemme d’Aristote », article. En fait, il est plus important de maintenir cette tension, en fait. Aristote ne cesse de passer de la mise en valeur de la polysémie d’un terme à la position d’un sens premier, dominant : Aristote est le premier à uploads/Philosophie/ davidlefebvre-aristote-agreg 1 .pdf
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- Publié le Jui 21, 2021
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