CHAPITRE 2. POUR UNE ÉTIOLOGIE APPROFONDIE DE L'ERREUR PHONÉTIQUE Du crible pho

CHAPITRE 2. POUR UNE ÉTIOLOGIE APPROFONDIE DE L'ERREUR PHONÉTIQUE Du crible phonologique au crible dialectique Pietro Intravaia in Raymond Renard , Apprentissage d'une langue étrangère/seconde Vol. 2 De Boeck Supérieur | Pédagogies en développement 2002 pages 217 à 242 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/apprentissage-d-une-langue-etrangere-seconde-2---page-217.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Intravaia Pietro, « Chapitre 2. Pour une étiologie approfondie de l'erreur phonétique » Du crible phonologique au crible dialectique, in Raymond Renard , Apprentissage d'une langue étrangère/seconde Vol. 2 De Boeck Supérieur « Pédagogies en développement », 2002 p. 217-242. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Supérieur. © De Boeck Supérieur. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. 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Le lecteur néophyte trouvera dans les ouvrages de R. Renard (1979 [a et b] ; 1993) une analyse approfondie des fondements théoriques et méthodologiques qui sous-tendent la problématique citée ci-dessus. Ceux-ci constituent des prérequis nécessaires pour une meilleure compréhension de ce qui va suivre. 1. DU CRIBLE PHONOLOGIQUE AU CRIBLE DIALECTIQUE On évoque habituellement le phénomène de soumission au référent maternel pour établir l’étiologie des blocages perceptivo-moteurs que l’on rencontre inévitablement dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Les travaux du cercle linguistique de Prague groupé autour de Trou- betzkoy nous avaient depuis longtemps familiarisés à l’existence du «crible phonologique» 1, qui conditionne tous les ressortissants d’une communauté linguistique à canaliser leurs facultés auditives dans le sens des entités abstrai- tes de leur code, les phonèmes, dont la distribution psychophonique déter- mine la perception et, partant, la reproduction des caractéristiques audio- phonatoires d’une autre langue. Lors de l’acquisition d’une langue étrangère, la subordination au crible de la langue maternelle donne naissance à des sys- tèmes d’erreurs quasiment identiques pour tous les ressortissants d’une même communauté et appelle des procédures de remédiation similaires. Quelques mots d’explication suffiront à établir la validité de la relation perception/reproduction fondée sur le déterminisme phonologique et à éva- cuer du même coup (mais est-ce encore nécessaire ?) des méthodes d’ensei- gnement de la phonétique comme la méthode articulatoire. Pour ce faire, il nous faut distinguer phonétique et phonologie, passage obligé, si l’on veut comprendre que l’apparition des systèmes d’erreurs chez l’apprenant relève d’une structuration conditionnée du cerveau qui «filtre» la réalité linguistique en fonction de la référence au système phonologique maternel, l’articulation erronée n’étant que la manifestation de cette imprégnation auditive préa- lable. 1. La thèse de la surdité phonologique a été développée pour la première fois par Evguéni Polivanov dans son article «La perception des sons d’une langue étrangère», Travaux du Cercle linguistique de Prague, 4, 1931. Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rouen - - 201.243.169.201 - 10/11/2013 00h21. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rouen - - 201.243.169.201 - 10/11/2013 00h21. © De Boeck Supérieur Pour une étiologie approfondie de l’erreur phonétique 219 La variété des réalisations phoniques qui parviennent à notre oreille est infinie. Cette grande diversité tient à la fois à la variabilité inter- et intra- individuelle. Cependant l’oreille ne perçoit pas toutes ces différences phoné- tiques. En un mot, elle ne les discrimine pas, car toutes ces différences ne gênent pas la compréhension et ne sont pas perçues par les sujets parlants. On est dès lors en droit de se demander pourquoi, malgré toutes ces réa- lisations diversifiées, on continue d’identifier les voyelles et les consonnes de son interlocuteur avec les siennes propres. Pourquoi reconnaissons-nous comme pareils le /i/ d’une femme et celui d’un homme malgré la différence de fondamental ; le [k] de qui et le [k] de cou malgré la différence de point d’articulation ? C’est parce que ces sons, tout en présentant des réalisations phonétiques différentes sont équivalents du point du vue phonologique, c’est-à-dire du point de vue de leur fonction linguistique. Au début, l’enfant est physiologiquement capable de discriminer et de reproduire un nombre considérable de stimuli acoustiques mais il ne conserve cette faculté de discrimination que dans la mesure où elle s’avère utile. En effet, s’il nous fallait discriminer un nombre d’unités infiniment variable, aucune communication ne serait possible. Tout contact entre les hommes suppose l’existence d’un système composé d’un nombre limité de symboles et d’un nombre restreint de traits qui les différencient les uns des autres. Les différences constantes entre les unités sont une condition nécessaire pour qu’un tel système puisse fonctionner comme moyen de communication. Nous venons de parler de système. Tout système linguistique est régi par une loi d’économie qui tend à réduire au minimum le nombre de symbo- les appelés phonèmes nécessaires à la communication. Pour produire du sens, nous utilisons un nombre limité de phonèmes que nous organisons en un système cohérent et équilibré. Pour ne citer que les exemples les plus évo- cateurs, le français possède 2 séries de voyelles palatales : les voyelles arron- dies /y/, /ø/, /œ/ et non-arrondies /i/, /e/, /ε/. La plupart des langues (italien, espagnol, mandarin, etc.) ne connaissent pas la série des voyelles arrondies, c’est-à-dire qu’elles n’utilisent pas la labialisation des voyelles anté- rieures comme trait distinctif (pertinent). D’où la difficulté éprouvée par beau- coup d’étrangers à reproduire les voyelles intermédiaires labialisées. Le système phonologique du français oppose la série des voyelles occlusives sourdes /p/, /t/, /k/ à la série correspondante de consonnes voisées /b/, /d/, /g/. Les Chinois ne possèdent que la seule série d’occlusives voisées /b/, /d/, /g/, ce qui explique leur difficulté à percevoir et reproduire la série d’occlusives sourdes /p/, /t/, /k/, qu’ils confondent systématiquement avec les occlusives voisées. Veut-on un autre exemple ? Le système phonologique du français se sert du voisement de la constrictive /s/ pour différencier des mots : le phonème /s/ de poisson s’oppose au phonème /z/ de poison. L’espagnol ne possède pas cette distinction dans son système phonologique. Ceci explique que les hispanophones rencontrent des difficultés à reproduire Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rouen - - 201.243.169.201 - 10/11/2013 00h21. © De Boeck Supérieur Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université de Rouen - - 201.243.169.201 - 10/11/2013 00h21. © De Boeck Supérieur 220 De l’oralité, c’est-à-dire des phonèmes et de leur réalisation /z/, qu’ils ramènent systématiquement au seul /s/ de leur système fonction- nel. Or, l’hispanophone connaît la différence phonétique entre [s] et [z] dans des mots comme mismo, desde, rasgo,... (où le phonème /s/ se sonorise par assimilation régressive de la consonne sonore) mais, n’utilisant pas le voi- sement de la constrictive /s/ dans son système phonologique, il ne distingue pas ce trait en français. Il ne peut donc reproduire uploads/Philosophie/ etiologie-de-lerreur-phonetique.pdf

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