L’optimisme : de Leibniz à Voltaire INTRO : Dans son célèbre conte philosophiqu

L’optimisme : de Leibniz à Voltaire INTRO : Dans son célèbre conte philosophique, Candide ou l’Optimisme, Voltaire critique non seulement son époque en développant les idées des Lumières, mais aussi la philosophie de Leibniz. En effet, Pangloss, qui enseigne la « métaphysico-théologo-cosmolonigologie » à Candide représente la philosophie optimiste que l’on peut résumer dans la phrase « Tout est au mieux dans le meilleur des mondes. » Pour comprendre cette critique, nous devons d’abord définir l’optimisme et la philosophie défendue par Voltaire. Ainsi, nous allons tout d’abord vous présenter ces deux penseurs, puis expliquer la philosophie attaquée par Arouet et enfin, les méthodes de sa critique et ce sur quoi elle aboutit. I-/Biographies des philosophes Leibniz : • Gottfried Wilhelm Leibniz est né le 1er juillet 1646 à Leipzig en Allemagne et mort à Hanovre le 14 novembre 1716. • Il était, entre autres, philosophe, scientifique et diplomate. • Entre 1661 et 1667, il étudie dans les universités de Leipzig, d'Iéna et d'Altdorf et obtient des diplômes en philosophie et en droit. • Entre 1672 et 1676, il séjourne à Paris et voyage à Londres et à La Haye, rencontrant les scientifiques de son époque et s'initiant aux mathématiques. • En philosophie, Leibniz est, avec René Descartes et Baruch Spinoza, l'un des principaux représentants du rationalisme. • Le rationalisme dit que le réel ne serait connaissable qu'en vertu d'une explication par la raison déterminante, suffisante et nécessaire. Il s'agit de postuler que le raisonnement consiste à déterminer que certains effets résultent de certaines causes, uniquement à partir de principes logiques. • En concevant les pensées comme des combinaisons de concepts de base, il théorise la caractéristique universelle, une langue hypothétique qui permettrait d'exprimer la totalité des pensées humaines, et qui pourrait résoudre des problèmes par le calcul grâce au CALCULUS RATIOCINATOR, anticipant l'informatique de plus de trois siècles. • Il a aussi contribué à la création du système binaire qui est a la base de l’informatique. Voltaire : • Voltaire de son vrai nom François-Marie Arouet est né le 21 novembre 1694 à Paris et il y est mort le 30 mai 1778. • Il a été philosophe, conteur, historien, poète et dramaturge. • Tout au long de sa vie, Voltaire fréquente les Grands et courtise les monarques, sans dissimuler son dédain pour le peuple, mais il est aussi en butte aux interventions du pouvoir, qui l’embastille et le contraint à l’exil en Angleterre ou loin de Paris. Ainsi il a beaucoup voyagé en Prusse et en Suisse avant de revenir à Paris en 1778, ovationné par le peuple après une absence de près de vingt-huit ans. Il y meurt à 83 ans. • En 1733, il devient l’amant d’Émilie du Châtelet. Elle joue un rôle essentiel dans la métamorphose de l’homme de lettres en « philosophe ». • 1734 est l’année de la publication clandestine des Lettres philosophiques dans lesquelles Voltaire fait un éloge de la liberté et de la tolérance anglaise et qui est perçu à Paris comme une attaque contre le gouvernement et la religion. • Voltaire collabore aussi à l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Dans cet énorme ouvrage sont défendues la liberté de penser et d’écrire, la séparation des pouvoirs et s’ attaque la monarchie de droit divin. Voltaire y rédige une trentaine d’articles, mais il est en désaccord avec le prix que coûte l’Encyclopédie : « Je voudrais bien savoir quel mal peut faire un livre qui coûte cent écus. Jamais vingt volumes in-folio ne feront de révolution ; ce sont les petits livres portatifs à trente sous qui sont à craindre. » • Alors entre 1764-1768, il crée Le Dictionnaire portatif qui contrairement à L’Encyclopédie, est constitué de brochures de quelques pages qui se dissimulent bien plus simplement, et donc échappe aux perquisitions de la douane et de la police et se vend pour quelques sous. • De plus, un an avant la publication de Candide, L’Encyclopédie est interdite. Le conte de Voltaire devient alors un moyen de transmettre les idées des Lumières. Cet objectif est d’ailleurs largement atteint puisque l’oeuvre connaît un succès fou et touche non seulement les élites, mais aussi tous les lettrés. • La Révolution française le considère avec Rousseau comme un précurseur, si bien qu'il entre au Panthéon en 1791, le deuxième après Mirabeau. Il a nourri, au XIXème siècle, les passions antagonistes des adversaires et des défenseurs de la laïcité de l’État et de l’école publique, et, au-delà, de l’esprit des Lumières ainsi, il fut à l’origine de certains fondements de la République française. Ils ont écrit des oeuvres majeures de la littérature telles que les Essais de théodicée et la Monadologie pour le premier et la Henriade et Candide pour le deuxième. II-/L’optimisme selon Leibniz : A. Les Monades : Leibniz tente de définir l’univers comme un ensemble cohérent et unifié. Dans cette optique, il cherche à définir la composition de l’univers et crée la monade, concept développé dans sa Monadologie (1714). Du grec ancien μονάς, qui signifie « unité », il s’agit d’une substance simple, sans parties, analogue à une âme, sur laquelle aucune activité extérieure ne peut agir. Ainsi, chaque être est soit une monade, soit un composé de monades. Elles sont caractérisées par la perception et par l’appétition. La perception est ici « la représentation du multiple dans l’unité », ce qui signifie que la perception de chaque être est unique et donc différente et est définie par sa situation dans l’espace : selon sa situation, une monade aura un point de vue différent sur l’univers. L‘appétition est le fait de désirer vivement quelque chose. On peut donc en conclure que « toute monade perçoit l’univers et tend à exercer une action », elle est douée de désir et est consciente de l’univers qui l’entoure. Par ailleurs, il existe plusieurs degrés de perception. Leibniz les divisent en deux catégories : les petites perceptions qui sont inconscientes et les grandes. C’est ce qui permet de hiérarchiser les monades : • Les monades simples ou « nues » ont seulement des petites perceptions, c’est-à-dire qu’elles perçoivent les choses qui l’entourent mais ne s’en rendent pas compte et n’en garde aucun souvenir, c’est ce qui caractérisent les végétaux. • Les monades animales, qui sont capables de perceptions plus claires et de mémoire, que Leibniz appelle « âmes ». • Les monades raisonnables, qui sont capables d’avoir une conscience réfléchie de leur perception, soit un esprit. Il s’agit des monades humaines. L’Homme est aussi capables de petites perceptions inaperçues qui nous lient au monde et au réel. Par exemple, lorsque nous dormons, nous percevons inconsciemment l’univers qui nous entoure, créant une unité, un lien entre le moment où nous nous endormons et celui où nous nous réveillons, une sorte d’accroche au réel dans l’inconscience. A. L’harmonie préétablie : Malgré tout, chaque monade est unique puisqu’elle a une perception et des désirs différents de ceux des autres. On peut alors se demander comment chaque monade peut coexister avec ses consoeurs. Leibniz développe alors la théorie d’harmonie préétablie qui veut que Dieu ait créé un ensemble cohérent et harmonieux dans lequel toutes les substances peuvent vivre dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, Dieu ayant organisé l’univers de la meilleure façon possible, il ne peut être responsable du Mal et doit être disculpé. Leibniz défend dans ses Essais de Théodicée (1710) l’idée selon laquelle c’est l’Homme, libre de ses choix, qui est à l’origine du Mal. Dans cette oeuvre, il tente aussi de prouver que malgré ou grâce au mal, l’Histoire a un sens et aboutira au bien. Cette idée l’amène à développer dans ce même ouvrage le principe philosophique de « raison suffisante » que Leibniz formule ainsi : « Jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon. » que l’on pourrait grossièrement traduire par « Tout arrive pour une raison. » B. L’optimisme : On peut donc qualifier Leibniz d’optimiste puisqu’il considère que nous vivons dans le « meilleur des mondes possibles », ce qui signifie que parmi une infinité d’univers parallèles que l’on pourrait hiérarchiser, le meilleur, puisqu’il a été créé et organisé par Dieu qui est bon, ne veut que l’harmonie entre les êtres et n’est pas responsable du mal, est le nôtre. Or, notre monde n’est pas parfait puisqu’il est corrompu par le Mal alors comment pouvons nous dire que nous sommes dans le meilleur des mondes ? Cette question nous amène à expliquer les fondements de l’optimisme de Leibniz. Il ne nie pas l’existence du Mal et blâme d’ailleurs l’Homme de l’avoir engendré, mais considère que le malheur est une condition sine qua non au bonheur et au plaisir. En effet, si le plaisir était quelque chose d’acquis, suivant un cours uniforme, il causerait l’ennui ; il provient d’une progression, d’un travail qui nous mènerait à une victoire sur nos uploads/Philosophie/ expos-leibniz-2.pdf

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