Mythologies - Roland Barthes Editions du Seuil, 1957 Fiche de lecture - Décembr
Mythologies - Roland Barthes Editions du Seuil, 1957 Fiche de lecture - Décembre 2010 1 L’auteur Roland Barthes est un écrivain, professeur et sémiologue français. C’est le 12 novembre 1915 que cet orphelin de père né à Cherbourg. Il passe son enfance chez ses grands-parents à Bayonne avec sa mère et son demi-frère (Michel, né en 1927). Il s’installe avec sa famille à l’âge de 9 ans à Paris. Adolescent actif, Roland Barthes est très intéressé par la littérature, le théâtre et la musique. Il effectue des études secondaires au lycée Montaigne puis Louis Le Grand. C’est à 18 ans que l’écrivain publie son premier texte : En marge du citron. En réaction aux différents évènements européens et préoccupé par la situation politique, Roland Barthes s’engage et adhère l’année qui suit au DRAF, Défense Républicaine anti-fasciste. Nous sommes en 1934 et l’auteur souffre d’importantes faiblesses pulmonaires qui le conduisent à un repos forcé dans les Pyrénées. Suite à cette convalescence, Roland Barthes continue ses études avec une licence de lettres de 1935 à 1939 à l’Université de Paris où il contribue à la création d’un « Groupe de théâtre antique de la Sorbonne ». Réformé au vu de ses problèmes de santé, Roland Barthes devient enseignant comme délégué rectoral à Biarritz et Paris jusqu’en 1941. Parallèlement sous la direction de Paul Mazon, il prépare et obtient un diplôme d’études supérieures avec un mémoire sur la tragédie grecque et prend également des cours de chant auprès de Charles Panzéra. Une rechute de la tuberculose, contraint Roland Barthes à séjourner au sanatorium en France puis en Suisse où il réalise de nombreuses lectures telles que Michelet, Sarthe et Gide en particulier. Il publie ses premiers articles dans Existence, revue du sanatorium et fait également des rencontres comme celle de Georges Fournié qui l’initiera au marxisme. De retour à la capitale, Roland Barthes obtient un poste d’aide bibliothécaire puis, grâce à un certificat de grammaire, devient professeur à l’université de Bucarest. Il découvre ensuite à l'université d’Alexandrie, avec un poste de lecteur, Greimas et la linguistique. De 1950 à 1952, Roland Barthes travaille à la Direction générale des relations culturelles à Paris puis au ministère des Affaires étrangères. Il continue à publier un certain nombre d’articles portant autour de la mythologie dans des revues comme Esprit ou Les Lettres Nouvelles. Ces textes donnent un certaine notoriété à l’auteur qui sera assise en 1953 par son premier essai de 1953 : Le Degré zéro de l’écriture. 2 Jusqu’en 1960, Roland Barthes est au CNRS, d’abord en tant que stagiaire de recherche (en lexicologie) puis attaché de recherche (en sociologie). Il entre avec Michel Foucault dans le conseil de rédaction de la revue Critique et devient également directeur d’études de l’EHESS en 1962. Il sera également professeur invité à l’université de Genève et enseignant de haut rang en sémiologie au Collège de France jusqu’à sa mort accidentelle, le 26 mars 1980. Considéré comme l’initiateur d’une nouvelle critique, Roland Barthes fait l’objet de nombreuses publications posthumes et le Centre Pompidou à Paris lui a également consacré une exposition en 2002/2003. 3 L’ouvrage Résumé Rédigé entre 1954 et 1956, les textes de Rolland Barthes sont parus en 1957 sous le titre de Mythologies. L’ouvrage se présente en deux parties : une première qui est constituée d’une série d’analyse d’exemples de représentations de l’époque et une seconde, plus théorique, définissant le mythe et son fonctionnement. Ainsi, Roland Barthes procède à la fois à une critique idéologique, par rapport à la culture de masse, mais aussi à un démontage sémiologique du processus de mystification. L’auteur se base sur les représentations collectives qui forment des systèmes de signes à l’origine de la création de mythe. Sa réflexion est issue de son « impatience devant le naturel » et de son constat d’ « abus idéologique ». Au travers de cette démarche, Roland Barthes réussit à démontrer l’existence de mythes dans le quotidien. Ses exemples sont nombreux et font état d’une théorie par l’insistance et la répétition. En passant du catch, à l’Abbé Pierre par la cuisine et le théâtre ou encore le vin et le lait, l’auteur met en avant un regard original et critique de la société des années 50. Plus concrètement, Roland Barthes présente un modèle nouveau de la sémiologie, considérant l’existence d’une chaîne sémiotique et transpose le travail de Saussure à l’analyse mythologique. Le trio signifiant-signifié-signe est alors adapté au principe du mythe et finement décrypté pour une mise à nu du sens et de la structure. Le mythe est alors défini comme une parole, un système de communication complexe pouvant être éphémère. Un ouvrage édifiant pour déchiffrer idéologiquement les multiples informations de la société des années 50, et pour certain encore, de la société contemporaine où la survivance des mythes est encore forte... Idéologie bourgeoise Dans les écrits de Roland Barthes, le monde de la bourgeoisie est un élément récurrent et central. Si le travail de l’auteur est bien celui de l’identification et de du décryptage des mythes, il n’en passe pas moins par la question de l’idéologie bourgeoise. En effet, l’analyse des mythes selon l’auteur est une étude des « idées en forme » et se trouve au croisement de la sémiologie et de l’idéologie. Au travers de cette considération, il est alors possible de comprendre l’importance de la société bourgeoise de l’époque par rapport à la mythologie où les systèmes de signes producteurs de mythes sont intrinsèquement liés à la classe dominante. Le phénomène ici mit en question est celui de « défection » du nom bourgeois, autrement dit l’absence de dénomination idéologique. C’est le processus dit « d’image renversée » et qui dans ce cas 4 constitue un renversement idéologique. Il se produit, de la même façon que pour le mythe, un retournement du réel où l’intention historique devient une pseudo-nature comme moyen de fonder une société éternelle, inaltérable. Il existe donc une analogie et même un rapport direct entre mythe et idéologie bourgeoise, celle-ci usant notamment du mythe comme processus de naturalisation de sa classe dominante. Mythe et parole quotidienne Parce qu’il est l’instrument le plus approprié au renversement idéologique, Roland Barthes expose la société des années 50 comme le lieu privilégié de l’expansion des mythes. En effet, un des faits les plus marquants et caractéristique du mythe est que tout peut l’être. De fait, le quotidien et les éléments pouvant apparaître comme insignifiants deviennent autant de signes et donc des mythes potentiels. Le mythe, présenté comme une parole, se multiplie à grande échelle à l’heure des débuts de la société des mass média. Pour construire un mythe, différentes conditions sont relevées par Roland Barthes. La première d’entre elle se trouve en la nécessité de l’investissement d’un « usage social » se rajoutant à la pure matière mythologique. La seconde s’arrête sur le fondement historique du mythe et le phénomène (déjà évoqué) de transformation de cette intention historique en fausse nature. Enfin, la troisième et dernière spécificité tient aux canaux, écrits comme oraux, pour cette parole mythique. Si la matière n’est pas indifférente à la conception du mythe, elle ne représente pas non plus une différence constitutive : la matière de l’objet mythologique est donc libre et c’est bien le sens donné aux représentations qui met en place le mythe contemporain. Finalement, les limites du mythe sont donc formelles, c’est-à-dire dans la nature du message et non substantielle. Le fondement d’un mythe ne tient donc pas de l’objet du message mais de la façon dont il est proféré. C’est pourquoi Roland Barthes définit « Le mythe, aujourd’hui » tel un système de communication, un mode de signification excluant la fatalité suggestive de mythes absolus. Sémiologie mythologique Ayant ainsi décrit le mythe comme langage, discours ou parole au sens large des termes, autrement dit toute unité ou synthèse significative, Roland Barthes amène la logique du traitement du mythe par la sémiologie en tant que science générale extensive à la linguistique, propre à la signification des choses. C’est alors que l’auteur propose de considérer le système sémiologique comme une chaîne présentant un premier maillon qu’est la linguistique en référence à Saussure et un deuxième stade qui serait lui celui de la parole mythologique. T out système sémiologique fait état du rapport entre signifiant, signifié et dont la corrélation donne un signe. Le mythe trouve son origine dans la sémiologie du langage où cet ensemble de signes linguistiques devient dans le champ mythologique le signifiant que 5 Barthes transpose en « forme ». Celle-ci est d’une part pleine de sens acquis par les signes du système linguistique mais à l’opposé également vidée en tant que signifiant du mythe. La forme est donc complice d’un concept dont l’alibi est le sens commun et permet une permutation des opérations de lecture. Le signifié devient cette notion de concept qui aliène mais ne supprime en aucun cas le sens : il s’y superpose et ainsi le déforme. Le rapport entre forme et concept du point de la quantité comme de la qualité suivent une proportion totalement inversée. En uploads/Philosophie/ fiche-mythologies-net.pdf
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- Publié le Dec 14, 2022
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