Introduction : François de Curel affirme que : « L’intelligence a sa logique, e

Introduction : François de Curel affirme que : « L’intelligence a sa logique, et l’âme, ce je ne sais quoi…. ». Nous avons donc tendance à concevoir l’intelligence comme l’ensemble des capacités logiques d’un individu. L’intelligence est alors perçue comme quelque chose de mesurable, de quantifiable, dont on peut rendre compte à l’aide de tests précis. La mesure du QI est même ce qui permet d’établir si un individu se situe plutôt en deçà ou au-delà des normes. Mais cet angle d’attaque, qui permet certes d’évaluer le fonctionnement logique du cerveau, ignore totalement l’aspect émotionnel du vécu humain. L’homme, par- delà sa capacité de rendre compte du monde sous un angle logique est également cet être complexe, au vécu émotionnel dense, vécu dont on méconnaît trop l’importance et l’interaction avec l’ensemble des facultés humaines. Emprunté au latin intelligentia, « faculté de percevoir »et dérivée de intellegere, l’intelligence est scindée en deux parties : inter (entre) et legere (choisir) et elle consiste étymologiquement à faire un choix et de comprendre la nature des choses et la signification des faits. Quant à lui, le mot émotion est emprunté au latin motio qui signifie action de mouvoir, mouvement. Ainsi, Il est délicat de définir précisément l’intelligence émotionnelle. Certaines définitions peuvent se contredire. - Salovey et Mayer la définissent, en 1990, comme une forme d’intelligence qui suppose la capacité à contrôler ses sentiments et émotions et ceux des autres, à faire la distinction entre eux et à utiliser cette information pour orienter ses pensées et ses gestes - En 1997, ils en proposent une nouvelle, révisée : L’habilité à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres - Bar-On : L’intelligence décrit l'agrégation d'habilités, de capacités et de compétences. De nos jours, le recours à l’intelligence émotionnelle et à sa maitrise est devenu de plus en plus fréquent, vue son importance d’autant plus au niveau professionnel que personnel chez l’individu. Cette importance accordée à cette dernière ne peut avoir lieu qu’en vue de ses intérêts pour réaliser ses objectifs. Ainsi, Comment peut-on utiliser l’intelligence émotionnelle de manière efficace afin d’atteindre le succès ? Afin de répondre à cette problématique et d’amener le sujet, nous proposons un plan analytique. Les arguments proposés sont basés essentiellement sur la théorie de Daniel Goleman. Parler de l’intelligence émotionnelle sera vain avant de décortiquer l’importance des émotions et leur influence sur nos comportements quotidiens. Néanmoins, l’application de cette intelligence émotionnelle s’avère parfois difficile, cela est dû essentiellement à des causes émotionnelles qui entravent sa mise en œuvre. C’est pour cela que nous proposerons des solutions qui permettront de rendre l’intelligence émotionnelle un moyen efficace pour réaliser le succès ainsi que le développement personnel et professionnel. I)Le concept de l’émotion : Il existe actuellement quatre grandes approches théoriques de l’émotion : la théorie physiologique, la théorie darwinienne, la théorie cognitive et la théorie socioconstructiviste. La mise en perspective réciproque de ces quatre approches a permis de construire la définition suivante : 1) Définition des émotions : L’émotion est un état affectif accompagné de réactions physiologiques – comme le fait de rougir, l’accélération du rythme cardiaque, les tremblements et la transpiration qui est provoqué par des stimuli internes ou externes, et que l’on évalue par rapport à ses conséquences positives ou négatives sur notre bien-être . Les émotions sont en général de courte durée, elles ont une intensité – forte ou faible – et une valence – agréable ou désagréable. Certaines émotions, souvent de forte intensité comme la joie ou la peur, peuvent être reconnues par l’expression du visage, par les gestes et le ton de la voix, ainsi que par des signaux verbaux, Cette clarification du concept d’émotion nous permet à présent d’envisager les liens entre l’émotion et la prise de décision. 2) Prise de décision rationnelle et intuitive : La PDR constitue encore aujourd’hui le paradigme dominant dans le domaine de la prise de décision et elle se distingue de la PDI par quatre aspects principaux. Tout d’abord, la PDR repose sur un processus cognitif conscient et extensif, donc lent, alors que la PDI repose principalement sur des processus non conscients, donc plus rapide. Deuxièmement, alors que la PDR s’appuie sur des connaissances abstraites et explicites, des études sur des champions d’échecs, des musiciens virtuoses, des athlètes et des mathématiciens ont montré que la PDI est fondée sur l’expertise. Par la pratique et l’entraînement, durant lesquels ils reçoivent des « feed-back » extensifs, les experts développent une connaissance tacite spécifique, liée à une ou plusieurs tâches précises, qui leur permet de prendre des décisions rapides et précises dans un domaine d’activité particulier, de façon quasi magique. De façon générale, la plupart des chercheurs s’accordent sur le fait que la PDI repose sur l’expérience passée, c’est-à-dire la somme des événements constitutifs de la vie d’un individu. Troisièmement, la PDR est un processus séquentiel qui repose sur des relations causales bien définies, alors que la PDI est un processus holistique qui repose sur des associations libres. Quatrièmement, l’émotion n’entre pas dans le processus de PDR et elle a longtemps été considérée comme susceptible de le biaiser, alors que la plupart des chercheurs considèrent l’émotion comme une caractéristique essentielle de la PDI. -Prise de décision intuitive : La PDI, phénomène par nature intangible et difficile à cerner, a fait l’objet de plusieurs tentatives de définitions dont nous donnons ici quelques exemples définissent la PDI comme un processus qui implique « le sentiment de savoir avec certitude, sur la base d’informations incomplètes et sans réflexion rationnelle consciente ». Pour Burke Miller (1999 : 92), il s’agit d’« un processus cognitif fondé sur les expériences passées et les données émotionnelles du décideur ». Sinclair & Ashkanasy définissent la PDI comme un mode de traitement non-séquentiel de l’information, composé à la fois d’éléments cognitifs et affectifs, qui aboutit à un savoir direct, sans qu’il soit fait recours à un raisonnement conscient. Enfin, dans leur revue de la littérature, Dane & Pratt définissent la PDI comme un processus rapide et non conscient qui produit des jugements chargés affectivement sur la base d’associations holistiques. Cette définition, que nous utiliserons dans cet article, met en évidence l’importance de l’émotion dans la PDI. 3)influence des émotions sur la prise de décision: Les chercheurs adoptant une approche cognitive de l’émotion furent les premiers à mettre en évidence un lien positif entre émotion et prise de décision. Ils développèrent la théorie de l’évaluation cognitive, connue sous le nom d’Appraisal Theory. Selon cette théorie, l’émotion est un processus cognitif qui permet à un individu d’évaluer la signification des stimuli internes ou externes, au regard de ses préoccupations et de ses objectifs. Selon la valence de l’émotion, l’individu va modifier son approche de l’action et prendre la décision qui maximisera au mieux son bien-être. Schwarz & Clore démontrent notamment qu’un état émotionnel positif ou négatif influence la manière dont les individus jugent le monde extérieur ; ils se fondent ainsi sur leurs sentiments présents, de façon heuristique, pour guider leur jugement et prendre des décisions dans des situations complexes. Plus récemment, Lerner & Keltner ont affiné ce résultat en montrant que des émotions de même valence, comme la peur et la colère, ont des effets différents sur le jugement : sous l’influence de la peur l’individu a tendance à juger les événements à venir de façon pessimiste, tandis que sous l’influence de la colère il a tendance à les juger de façon optimiste Dans le contexte organisationnel, Isen a étudié l’impact d’un état émotionnel positif sur les décisions risquées et complexes. Elle a démontré de façon expérimentale que les personnes se trouvant dans un état émotionnel positif sont plus averses au risque que celles qui sont d’humeur négative ou neutre (Isen & Patrick, 1983). Il semble également qu’un état émotionnel positif facilite la prise de décision complexe en réduisant la confusion et en augmentant la capacité d’assimilation de l’information. Par exemple, les sujets chez qui l’on a induit un état émotionnel positif obtiennent des résultats meilleurs et plus rapides que les autres lorsqu’ils prennent une décision complexe comme acheter une voiture ou prendre une décision médicale. Dans une autre étude, des étudiants de MBA mis dans un état d’humeur positif sont apparus plus performants que les autres lors d’un exercice de simulation managériale ont construit un modèle théorique sur l’influence de l’affect sur la prise de décision, appelé Affective Infusion Model. Ils font ainsi l’hypothèse que l’humeur influe sur le contenu de la prise de décision car elle pousse les décideurs à ne sélectionner dans leur mémoire que les informations qui sont congruentes avec leur humeur présente. Cette sélection par l’affect s’opérerait d’ailleurs plus fréquemment lorsque le processus de traitement de l’information est complexe. Enfin, la recherche en neurosciences a elle aussi confirmé le lien physiologique entre émotion et prise de décision. Damasio (1998) a démontré que les individus ne peuvent pas prendre de décisions lorsque les régions de uploads/Philosophie/ intelligence-emotionnelle.pdf

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