L’APPROCHE ÉPISTÉMOLOGIQUE L’APPROCHE ÉPISTÉMOLOGIQUE Ce cours est à orientatio
L’APPROCHE ÉPISTÉMOLOGIQUE L’APPROCHE ÉPISTÉMOLOGIQUE Ce cours est à orientation méthodologique. Etymologiquement, l’épistémologie est un discours sur le savoir, sur la connaissance. Dans le sens courant, c’est synonyme de « histoire des sciences ». C’est une notion d’origine philosophique, aujourd’hui couramment employée dans tout le champ scientifique. Elle a investi le champ des STAPS à la fin des années 70 et a introduit un nouveau champ de questionnement qui repose sur 2 niveaux : - interrogation sur la référence à un savoir élaboré des autres sciences - comment et pourquoi certains acteurs des pratiques corporelles émettent l’idée d’élaborer une science autonome ? L’approche épistémologique offre de nombreux avantages dans le monde des STAPS : - C’est un angle indispensable pour comprendre l’histoire de notre discipline - C’est le plus sûr moyen d’éclairer une question constitutive des STAPS : le rapport théorique/pratique - Elle apporte un regard critique par rapport au savoir que le cursus STAPS nous apporte - La réflexion épistémologique permet d’énoncer des problématiques très pertinentes. L’épistémologie sert à : - prouver que la notion de vérité scientifique est relative - prouver que de la théorie à la pratique il y a un grand fossé. 297642853.doc 1/14 I. QU’EST-CE QUE L’ÉPISTÉMOLOGIE ? Gaston BACHELARD (1884 - 1962) était un philosophe. Il a développé une théorie de la connaissance scientifique en opposition avec le positivisme d’Auguste COMTE (père de la sociologie moderne, il a élaboré un cours de sociologie positive). Auguste Comte décrit 3 étapes dans la connaissance : - état théologique ou fictif : on explique le réel par des éléments surnaturels - état métaphysique ou abstrait : on explique le réel par des éléments abstraits (ex : la nature) - état scientifique ou positif : on explique le réel par l’usage de l’observation et du raisonnement en essayant d’établir des lois. Positivisme = philosophie qui donne à la science le pouvoir d’éclairer le réel. Gaston Bachelard va proposer une théorie en totale opposition avec le positivisme. De la même manière que Comte, il va réfléchir sur la genèse de la connaissance scientifique mais dans des termes qui s’opposent à la vision de Comte. - Pour Bachelard, l’évolution de la connaissance ne se fait pas dans une continuité temporelle : il y a des phases de stagnation et même de régression. - L’évolution de la connaissance ne tend pas vers un but ultime. - Alors que pour Comte la connaissance évolue par accumulation, Bachelard pense que la connaissance évolue par rectification du savoir antérieur et élargissement du cadre de la connaissance. - Pour Bachelard, la connaissance scientifique n’est pas extérieure à la société dans laquelle elle émerge ; elle est complètement dépendante des conditions matérielles, sociales et techniques de son époque. Contrairement à ce que pense Comte, Bachelard affirme que la science n’est pas l’état terminal de l’évolution de l’esprit humain, mais que c’est une pratique intellectuelle fortement encrée dans le milieu culturel et déterminée par ce milieu culturel. Bachelard a fortement relativisé, déplacé la notion d’objectivité. Pour lui, la notion d’objectivité absolue est un mythe pour la simple raison que la science est fortement dépendante du contexte de l’époque. Il propose donc non pas de rechercher une objectivité absolue mais de mesurer la part d’objectivité, de bien circonscrire le cercle de la connaissance. La science est envisagée par Bachelard en tant que « construction humaine, institution progressivement élaborée, historiquement conditionnée et inséparable des autres institutions et activités humaines ». 297642853.doc 2/14 On ne considère plus la science comme détachée de la vie sociale. II.LA RÉFLEXION ÉPISTÉMOLOGIQUE ET LES PRATIQUES CORPORELLES Pierre PARLEBAS réfléchit à l’élaboration d’un champ de savoir autonome qui aurait l’action motrice pour objet : la praxéologie. Il tente de définir les conditions que devraient remplir les pratiques corporelles pour avoir ce statut. VIGARELLO est dans une orientation différente : il s’attache à déterminer les manières dont les pratiques corporelles font référence à la connaissance scientifique. A la fin des années 70, l’EPS est en pleine crise identitaire (les IO de 1967 font du sport l’outil privilégié de l’éducation physique) et sa référence scientifique a basculé des sciences biologiques vers les sciences humaines. Ce concept d’épistémologie est porteur d’une interrogation sur les rapports entre science et éducation physique et plus largement entre science et éducation. L’analyse épistémologique va s’orienter dans 2 axes principaux : - éclairer, définir la manière dont on utilise le savoir scientifique dans le champ des pratiques corporelles - réfléchir au statut scientifique en lui-même des pratiques corporelles. Définition : Epistémologie = « Etude de la constitution et du fonctionnement des savoirs et, par là, celle de leur démarche, dans une perspective visant tant à leur compréhension qu’à leur critique éventuelle » : (Vigarello, 1975 – « Une épistémologie, c’est-à-dire ? »). A. L’EPS PEUT-ELLE ÊTRE UNE SCIENCE ? Science = système de connaissances méthodiquement liées et se rapportant au même sujet. Dès son origine, et plus précisément dans le contexte positiviste de la fin du 19e siècle, l’éducation physique est ramenée à la science. Par exemple, Démeny, Tissié, Lagrange expriment explicitement le vœu de faire de l’exercice physique une science à part entière. D’autres théoriciens vont reprendre cette ambition : Le Boulch qui tente de créer une science du mouvement, Parlebas qui tente de jeter les bases de sa praxéologie. Au début des années 70, Parlebas réfléchit sur l’état contemporain de l’éducation physique, décrit « une EP en miettes » et affirme que l’éducation physique sera scientifique ou ne sera pas, ce qui l’amène à réfléchir dans 3 directions : 297642853.doc 3/14 - Il faut déterminer son objet et son champ d’investigation. - Il faut savoir quel type de connaissances elle autorise. - Il faut définir ses finalités, ses objectifs et vérifier qu’elle peut les atteindre. - Il faut vérifier la possibilité d’étude expérimentale et en déterminer les conditions. Ces critères déterminent pour Parlebas la scientificité potentielle de l’éducation physique. Il faut aussi mener une étude critique des différentes méthodes jusque-là utilisées (l’histoire éclaire le présent). Parlebas trouve qu’il y a un recours constant à un savoir scientifique. Parlebas affirme que l’éducation physique est basée sur des connaissances scientifiques ; la volonté de faire de l’éducation physique une science est donc constitutive de l’éducation. C’est là que se situe le problème : Parlebas passe de « utiliser une référence scientifique en éducation physique » à « faire de l’éducation physique une science ». Il faut élaborer une épistémologie génétique, étudier les différentes connaissances utilisées et/ou produites dans le champ de l’EPS. Parlebas veut garantir le caractère scientifique du nouveau domaine qu’il veut faire émerger. L’ambition de Parlebas est de créer une science autonome : la praxéologie. Définition de l’objet de cette nouvelle science : « On peut concevoir une science de l’action motrice qui possède son objet propre et sa pertinence » (introduction au numéro spécial de la revue « Etudes et recherches » - 1979) Questionnement et critique : La question que l’on peut se poser est la suivante : Est-il possible d’élaborer une méthode spécifique à l’activité motrice ? L’éducation physique a plus pour objet la transformation de la conduite motrice que la conduite motrice elle-même. Cette transformation, médiée par un enseignement pédagogique, semble extérieure à la science. Il est difficile d’envisager la conduite motrice selon une problématique spécifique, particulière, inédite puisqu’elle est entièrement déterminée par les éléments scientifiques qui sont exacts et immuables. 297642853.doc 4/14 « Un champ peut susciter une science mais à condition que s’y dessinent des lois particulières et que s’y exercent des méthodes spécifiques » (Georges Vigarello – « La science est la spécificité de l’éducation physique »). On peut utiliser des connaissances scientifiques pour guider une pratique. Ce n’est pas pour autant que cette pratique est une science. Toutes ces questions ont 2 buts : - poser des questions où régnait l’évidence - fissurer le mythe scientiste sur lequel a tendance à fonctionner le champ STAPS. B. L’IMPORTATION DE CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES EN EPS Depuis le 17e s., le fonctionnement du corps est expliqué, représenté par un modèle de machine. Il est intéressant d’étudier la succession de ces modèles machiniques. Chaque modèle machinique est basé sur une science dominante. On va voir successivement l’anatomie, la physiologie, les sciences humaines, puis les théories de l’information présider aux explications du fonctionnement corporel. Questions : Le socle épistémologique de l’éducation physique est pluridisciplinaire. Il est aussi importateur de connaissances voire de méthodes élaborées ailleurs. Comment ces données sont-elles transposées dans la pratique ? Est-il possible de sauvegarder de la cohérence avec un socle aussi disparate ? Sur chaque période, l’exercice physique est fondé et légitimé par le savoir dominant. Pourquoi ? Comment les modèles se succèdent-ils ? Pourquoi la référence scientifique glisse-t- elle ? Comment expliquer les décalages temporels de plusieurs années qui existent entre l’éclosion d’une connaissance dans un domaine et le moment où cette connaissance est assimilée dans les pratiques corporelles ? Selon quelle modalité se fait l’importation des concepts dans le champ des pratiques uploads/Philosophie/ l-x27-approche-epistemologique-chapitre-2.pdf
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- Publié le Jui 24, 2021
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