• « Comme tout se peut expliquer dans la Géométrie par le calcul des nombres et

• « Comme tout se peut expliquer dans la Géométrie par le calcul des nombres et aussi par l’analyse de la situation, mais que certains problèmes sont plus aisément résolus par l’une de ces voyes, et d’autres par l’autre, de même je trouve qu’il en est ainsi des phénomènes. Tout se peut expliquer par les efficientes et par les finales ; mais ce qui touche les [hommes] [esprits] [âmes raisonnables] substances raisonnables s’explique plus naturellement par la considération des fins, comme ce qui regarde les [corps] autres substances s’explique mieux par les efficientes » (Leibniz, OFI, p. 329). • « Le principe de Maupertuis aurait sans doute bientôt disparu de la scène, seulement Euler a utilisé l’incitation. L’homme vraiment important qu’il était a laissé au principe son nom, à Maupertuis la réputation de la l’invention, et a fait à partir de cela un nouveau principe réellement utilisable. Ce que Maupertuis avait en tête est difficile à expliquer tout à fait clairement. Ce qu’Euler veut dire, on peut le montrer facilement sur des exemples simples. Si un corps est contraint de rester sur une surface fixe, par exemple la surface de la terre, alors il se meut à la suite d’une impulsion d’une manière telle qu’il emprunte le chemin le plus court entre sa position initiale et sa position finale. Tout autre chemin que l’on lui prescrirait serait plus long et prendrait plus de temps. Le principe trouve une application dans la théorie des courants d’air et d’eau à la surface de la terre. Euler a conservé le point de vue théologique. Il s’exprime d’une façon qui signifie que l’on peut expliquer les phénomènes non pas seulement à partir des causes, mais également à partir de la fin. "Car, étant donné, que la facture du monde tout entier est la plus parfaite qui soit et qu’elle a été exécutée par le créateur le plus sage, il n’arrive absolument rien dans le monde, dans lequel ne se manifeste pas un certain procédé de maximum ou de minimum ; c’est pourquoi on ne peut pas douter que tous les effets du monde puissent être déduits aussi facilement des causes finales, au moyen de la méthode des maxima et des minima, que des causes efficientes elles-mêmes" (Leonard Euler, Methodus inveniendi lineas curvas maximi minimive proprietate gaudentes, Lausanne, 1744) » (Ernst Mach, Die Entwicklung der Mechanik historisch-kritisch dargestellt, Wissenschadtliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1988, p. 436). • « Pendant tout le 16ème et le 17ème siècle jusque vers la fin du 18ème siècle on était enclin à voir partout dans les lois physiques une disposition particulière du créateur. Mais une transformation progressive des conceptions ne peut pas échapper au regard de l’observateur attentif. Alors que chez Descartes et Leibniz la physique et la théologie sont encore mélangées de bien des façons, on voit se manifester par la suite un effort net non certes pour éliminer l’élément théologique, mais pour le dissocier de l’élément physique. L’aspect théologique est relégué au début ou à la fin d’une recherche physique. L’aspect théologique est concentré autant que possible sur la création, afin de gagner à partir de là de l’espace pour la physique. • Vers la fin du 18ème siècle il s’est produit une inflexion qui saute aux yeux extérieurement, qui a l’air de constituer une étape franchie d’un seul coup, mais qui au fond n’est qu’une conséquence nécessaire de l’évolution indiquée. Après que Lagrange a essayé dans un travail de jeunesse de fonder toute la mécanique sur le principe de moindre action d’Euler, il explique dans une réélaboration du même objet qu’il veut faire abstraction de toutes les spéculations théologiques et métaphysiques comme étant des choses très précaires et qui n’ont pas leur place dans les sciences. Il effectue une reconstruction de la mécanique sur d’autres fondements, et aucun lecteur compétent ne peut méconnaître ses avantages. Tous les scientifiques importants qui ont suivi se sont ralliés à la conception de Lagrange, et cela a déterminé pour l’essentiel ola position actuelle de la physique par rapport à la théologie. • Près de trois siècles ont donc été nécessaires pour que la conception selon laquelle la théologie et la science naturelle sont deux choses différentes se développe jusqu’à une clarté complète depuis son apparition chez Copernic jusqu’à Lagrange. Dans cette affaire, il ne faut pas méconnaître que pour les grands esprits comme Newton cette vérité a toujours été claire. Jamais Newton, en dépit de sa religiosité profonde, n’a impliqué la théologie dans les questions de science naturelle. Il est vrai qu’il, conclut aussi son "Optique", alors que dans les dernières pages encore brille la luminosité de l’esprit clair, par l’expression de la contrition portant sur le néant de toutes les choses terrestres. Seulement ses recherches optiques elles-mêmes ne contiennent, à la différence de celles de Leibniz, aucune trace de théologie. On peut dire la même chose de Galilée et Huyghens. Leurs écrits correspondent presque complètement au point de vue de Lagrange et peuvent être considérés dans cette orientation comme classiques. Mais la façon de voir et l’état d’esprit d’une époque ne peuvent pas être mesurés d’après les extrêmes, ils doivent l’être d’après le milieu » (Ernst Mach, Die Mechanik in ihrer Entwicklung historisch-kritisch dargestellt, Wissenschaftliche Buchgessellschaft, Darmstadt, 1988, p. 437-438). • « Dans l’hypothèse de formes substantielles, la prédication substantielle déterminant l’identité numérique, l’accident ne consistera que dans le rapport de compossibilité avec les autres individus de l’individu défini comme possible par la forme. La finalité qui résultera de cette vision globale des choses soumettra donc le tout de la création choisie par Dieu à un principe de maximum de perfection parmi les mondes intrinsèquement possibles. Les fins, au lieu de distinguer les dispositions individuelles réussies au sein de la réalité, s’identifieront à la réalité même. Sous sa forme la plus générale, le principe de finalité énonce alors que la différence entre l’acte et la puissance est toujours un minimum. Car c’est à cette seule condition que les êtres imparfaits et qui contiennent quelque puissance du fait qu’ils appartiennent à un tout qui les dépasse réduiront cette puissance autant qu’ils le peuvent. En d’autres termes, ils obéiront aux lois extrémales du calcul des variations. Mais le principe du mouvement (principe d’Hamilton) que ce calcul énonce permet de retrouver le principe causal du mouvement (loi de Newton). Loin que la finalité ainsi entendue s’oppose à la causalité déterministe, elle ne fait qu’exprimer en termes intégraux ce que celle-ci exprime en termes locaux. A la validité des universelles de l’accident fondée sur leur caractère stationnaire, on a reproché le revêtement théologique qu’on leur donne quand on les habille dans le langage de la finalité [cf. Mach]. Ces reproches, cependant, perdent leur apparence, dès qu’on oppose clairement cette finalité à celle dont on anime les efforts incertains des formes naturelles aux prises avec la matière pour lui assigner le seul rôle de détermination intégrale. Le départ fait entre Pangloss et le docteur Akakia, les lois extrémales retrouvent leur signification, qui consiste à ramener toujours les recherches à la considération du tout » (Jules Vuillemin, Nécessité ou contingence, p. 317-320). • „On peut soulever avec raison la question : si le point de vue théologique, qui a conduit à l’énonciation des principes de la mécanique, était un point de vue erroné, comment se fait-il que ces principes soient néanmoins pour l’essentiel corrects ? On peut répondre aisément à cela. Premièrement, la vision théologique n’a pas fourni le contenu des principes, mais seulement déterminé la coloration de l’expression, alors que le contenu a été obtenu par l’observation. C’est de la même façon qu’aurait agi une autre vision dominante, par exemple une vision mercantile qui a probablement exercé aussi une influence sur le mode de pensée de Stevin. Deuxièmement, la conception théologique de la nature elle-même doit son origine au désir d’adopter un point de vue plus englobant, donc à un désir qui est également propre à la science naturelle et qui se concilie tout à fait bien avec les buts de celle-ci. Si par conséquent la philosophie de la nature théologique doit être caractérisée comme une entreprise malheureuse, comme une retombée à un niveau culturel inférieur, nous n’avons tout de même pas besoin de rejeter la racine saine dont elle est sortie, qui n’est pas différente de celle de la vraie science naturelle. • Effectivement, la science de la nature ne peut parvenir à rien par la seule considération du détail si elle si elle ne dirige pas aussi de temps à autre son regard vers les grands ensembles. Les lois de la chute des corps galiléennes, le principe des forces vives de Huyghens, le principe des déplacements virtuels, le concept de masse lui-même n’ont, comme nous nous en souvenons, pu être obtenus que grâce à une façon de considérer les choses alternant entre le détail et le tout des processus naturels. On peut, lors de la reproduction des processus naturels mécaniques dans les pensées partir des masses individuelles (des lois élémentaires), et composer l’image du processus. Mais on peut également s’en tenir aux propriétés du système uploads/Philosophie/ l21.pdf

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