La liberté commence par l’autonomie 6 Recherche radicale pour la transgression

La liberté commence par l’autonomie 6 Recherche radicale pour la transgression en design graphique et en écoles d’art 8 10 11 Pour des écoles d’art autonome Auttogestion & éducation Interludes transgressifs Exister ou subsiter ? Incursions Addenda Liberté Autonomie Communs Correspondances Bibliographie Remerciements Sommaire Avant-Propos Explorer les paradoxes Un mot, un acte : transgresser Dépasser les règles Franchir les cadres Traverser les limites Aller au-delà des pouvoirs Graphismes transgressifs Anthropologie d’une rébellion Désobeissance graphique Devenir transgressif 19 27 37 37 53 65 77 93 93 165 179 209 215 231 275 299 307 309 315 321 363 387 395 19 Avant-Propos 1. Ivan Illich, La convivialité page 116 20 21 d’art en France. Un constat actuel de nos écoles est donc présenté ici, et ce constat nous permet de tenter de proposer autre chose, autrement. J’assume pleinement le fait d’utiliser Wikipédia comme source.Wikipédia est une communauté plus qu’un site internet. Les ressources de cette communauté sont innombrables et passionnantes, leurs utilisations n’excluent en rien un approfondissement des sujets par le biais de publications plus spécifiques. Je consulte quotidiennement ces ressources et participe à son contenu de façon régulière. Cette participation s’inclut dans mon engagement envers la circulation des savoirs de façon libre et autonome. J’ai écrit ce mémoire avec l’aide précieuse de plusieurs acolytes. C’est un effort de groupe. Tous les textes compilés dans cette recherche radicale ont pour intention d’être un jour diffusés dans les écoles d’art et en dehors. J’aime à croire qu’un jour quelqu’un lira ce mémoire par hasard et qu’il lui apportera le soubresaut nécessaire pour pratiquer la transgression avec détermination. Je dédie mon mémoire à celles et ceux qui tiennent bon, à celles et ceux qui s’organisent. Le moment du diplôme représente un état des lieux d’une recherche théorique et plastique. Je le considère comme une étape et non comme une finalité, en ce sens les productions que je présenterais lors de mon DNSEP auront été élaborées dans le but d’expérimenter la transgression dans sa globalité, dans sa radicalité et non comme un support visuel à ce mémoire. Ces textes regroupés ici ont pour moi une fonction documentaire. Ils ont été écrits dans le but d’être lus, transmis, augmentés et débattus. Entre théories, histoires et expériences vécues, ce qui se trame ici est une tentative de compiler des informations, des connaissances possiblement nécessaires aux futures étudiant·e·s et enseignant·e·s en écoles supérieures d’art qui feraient face à la continuité des crises que nous traversons. C’est aussi une exploration du design graphique transgressif. Cette exploration se veut non- exhaustive, subjective et à destination des étudiant·e·s curieux de découvrir d’autres pratiques graphiques. Ceci n’est pas un manifeste mais une recherche radicale. « La recherche radicale poursuit aussi deux objectifs : d’une part fournir les critères qui permettent de déter­ miner quand un outil atteint un seuil de nocivité ; de l’autre inventer des outils qui optimisent l’équilibre de la vie, et donc maximisent la liberté de chacun.1 » Cette recherche s’appuie, certes, de lectures théoriques, universitaires, mais aussi sur des expériences person­ nelles ou individuelles, des discussions avec des étudiant·e·s, des enseignant·e·s du Havre et d’autres écoles ainsi que des correspondances entretenus pendant toute la durée de l’écriture de ce mémoire. Les origines multiples des questionnements portés dans cette recherche m’ont permis d’acquérir une vision que j’espère globale sur les écoles supérieures 22 23 24 25 27 Explorer les paradoxes 2. Michel Hastings, Loïc Nicolas, CédricPassard (dir.), Paradoxes de latransgression, [En ligne] http://lectures.revues.org/10237 3. Michel Foucault, Préface à la transgression, Revue Critique N°195-196 : Hommage à G.Bataille, août-septembre 1963 ;page 751-769. 5. ibid. 6. Comité Invisible, L’insurrection qui vient, page 19 4. Michel Hastings, Loïc Nicolas, CédricPassard (dir.), Paradoxes de latransgression, [En ligne] http://lectures.revues.org/10237 28 29 La transgression est l'action de transgresser, de ne pas respecter une obligation, une loi, un ordre, des règles. Selon le dictionnaire Larousse la transgression se définit par « l’action de transgresser une loi, un ordre, un interdit. » Wikipédia donne une définition plus large à la trans­ gression qui désignerait le fait de : → Ne pas se conformer à une attitude courante, naturelle. → Progresser aux dépens d'autre chose,d’empiéter sur quelque chose, d’envahir. → Dépasser une limite, ou ses limites. → D'aller contre ce qui semble naturel. L’étymologie du mot transgresser vient du latin transgredi qui signifie traverser, franchir,passer outre et dépasser. Transgredi vient de gradior qui définit marcher, avancer avec le préfixe trans qui lui donne le sens de passer d’ici à là, passer à travers, passer outre, être au-delà.On peut considérer que la transgression dans sa dimension conceptuelle signifie traverser la limite pour atteindre l’illimité. La transgression ne s’oppose pas à une limite, mais elle franchit toutes les limites dans leur principe, c’est-à-dire qu’elle affirme la possibilité de vivre de façon illimité. C’est l’acte de dépasser toutes limites. « L’épreuve de la transgression est donc d’abord un défi à l’obéissance, celle qu’imposent les autorités les plus absolues (divinités, princes, principes moraux et dogmes religieux) dont la survie repose sur la sacralité.2» Transgresser, c’est en quelque sorte franchir le Rubicon éthique ou moral, ne pas respecter une loi,ne pas se conformer à des règles considérées comme acquises, intégrées et acceptées de tous, franchir une limite, une ligne interdite, le plus souvent sciemment, en remettant en question de manièrevirulente et parfois ironique, la ou les règles que l’on bafoue ainsi ostensiblement. « La limite et la transgression se doivent l’une à l’autre la densité de leur être : inexistence d’une limite qui ne pourrait absolument pas être franchis ;vanité en retour de la transgression qui ne franchiraient qu’une limite d’illusion ou d’ombre. »3 En effet, la transgression a souvent un côté ostentatoire : on transgresse aussi pour se faire remarquer, l’on enfreint une loi pour être vu et identifié comme un élément réfractaire, voire rebelle ou dissident, pour se situer par rapport à un système de valeurs et par rapportà une éthique, un ensemble de règles de comportement. Par ailleurs, transgression et système de valeur vont de pair et ne se conçoivent pas l’un sans l’autre : lorsqu’on transgresse, c’est toujours par rapport à un système de valeur donné, que l’on tend alors à dépasser ponctuellement et auquel, par là même, l’on est amené à se référer. L’acte transgressif affirme donc l’existence de ces principes moraux et de ces règles de conduite qu’il désire remettre en question (si la règle disparaissait, la transgression n’aurait plus de raison d’être et disparaîtrait à son tour). La transgression est un paradoxe. Pour transgresser il faut d’abord s’employer « à vérifier ses savoirs collectifs, à réciter ses connaissances communes, à tester les solidités de ses agences de socialisation […].4»en ce sens les transgresseurs se doivent d’avoir un pied dans les espaces qu’ils désirent dépasser. 30 31 32 33 Ils se doivent d’y être et de les comprendre avec efficacité. Identifier clairement les limites imposées, les considérer comme ne répondant pas/plus à leurs visions et donc les transgresser par des actes choisis avec soin. Établi ainsi, nous pourrions extraire que les acteurs de la transgression construisent en amont leurs réflexions sur le renouvellement à apporter dans ces espaces. Cependant, la transgression est aussi à considérer comme un moyen pour déployer une pensée critique. « Elle (la transgression) ouvre en effet sur des temporalités multiples et croisées : à côté du temps court de l’indignation bruyante et de l’urgence des réponses à apporter, l’épreuve de la transgression se métamorphose à travers des processus lents et patients de « digestion sociale » 5 […] » La transgression n’est pas une fin en soi, elle ouvre des champs de réflexions, collectives ou individuelles. Après l’acte transgressif (qu’il ait été impulsif ou prémédité) vient toujours un temps de réflexions sur l’action menée. Puisque la transgression n’est qu’un moment de dépassement, la pensée transgressive se construit dans les espaces qu’elle veut dépasser. La transgression naît, se compose, se déroule, se réinventedans un paradoxe mais se choisit, se vit,s’expérimente libre. La liberté que pourrait apporter la transgression relève du mythe. Bien qu’elle puisse donner la sensation de liberté, la transgression n’est qu’un moment instantané dans un contexte précis, elle ne peut être établie comme un principe applicable par toutes circonstances. Les formes, les gestes, les actes transgressifs diffèrent selon les contextes et donc la liberté qu’ils peuvent apporter sont tout aussi relatifs. Pendant l’occupation d’un bâtiment, acte transgressif identifiable, la sensation d’avoir toute liberté est toujours présente. Bien qu’en réalité nous ne sommes libres que pendant ce temps d’occupation. Et encore cette liberté n’est pas illimitée, puisque nous faisons communauté (bien qu’elle soit transgressive), nous élaborons des règles à tenir, à respecter. Si la liberté et l’autonomie que nous pouvons obtenir grâce aux actes transgressifs ne sont que pure utopie, quel serait donc l’intérêt de pratiquer la transgression ? Il semblerait que la transgression soit de l’ordre de l’expérience. Qu’elle se décide consciemment ou inconsciemment, la transgression mène des actes, des pensées qui permettent une progression, un avancement. Cet avancement permet de se renouveler, et c’est sous cet angle que la transgression uploads/Philosophie/ la-liberte-commence-par-l-x27-autonomie.pdf

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