Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris L'ÂME ET LA MOELLE: Les conditions p

Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris L'ÂME ET LA MOELLE: Les conditions psychiques et physiologiques de l'anthropologie dans le Timée de Platon Author(s): Jean-François PRADEAU Source: Archives de Philosophie, Vol. 61, No. 3 (JUILLET-SEPTEMBRE 1998), pp. 489-518 Published by: Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris Stable URL: http://www.jstor.org/stable/43037688 Accessed: 23-04-2018 13:52 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de Philosophie This content downloaded from 193.54.110.56 on Mon, 23 Apr 2018 13:52:33 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Archives de Philosophie 61, 1998, 489-518 L'ÂME ET LA MOELLE Les conditions psychiques et physiologiques de l'anthropologie dans le Timée de Platon par Jean-François PRADEAU Université de Bordeaux III « Mais on rencontre encore ce trait étrange dans l'argument qu'on vient de discuter et la grande majorité de ceux qui roulent sur l'âme, c'est qu'ils attachent l'âme au corps et l'y rapportent, sans avoir, au préalable, déterminé en vertu de quel motif, ni de quelle disposition du corps. » Aristote, De Anima , 407b 13- 17 1 RÉSUMÉ : Les chapitres que le Timée de Platon consacre à la constitution comme aux fonctions de l'âme, celle du monde et celle des vivants terrestres, soutiennent deux hypothèses : l'âme conserve son unité en dépit de l'exercice conjoint de ses trois différentes fonctions, et elle meut un corps qui doit en- tretenir avec elle une certaine parenté . De telle sorte que la psychologie pla- tonicienne ne propose aucunement qu'il existe des « parties » de l'âme, et qu'elle fait de la moelle le principe constitutif du corps. MOTS-CLES : Ame. Corps. Moelle. Physiologie et mouvement. ABSTRACT : In Plato's Timaeus, the chapters that are dedicated to the compo- sition and functions of the soul, both of the world and of living beings, sup- port two hypotheses : 1) despite the exercise of its three distinct functions, the soul conserves its unity, and 2) the soul animates a body, which in turn must maintain with it a certain parentage or relationship. Platonic psychology in no way proposes the existence of« parts » of the soul. Furthermore, it consi- ders the constitutive principle of the body to be the marrow. KEY WORDS : Soul. Body. Marrow. Physiology and Movement. 1. Traduit par R. Bodéíis, Gamier Flammarion, 1993. This content downloaded from 193.54.110.56 on Mon, 23 Apr 2018 13:52:33 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 490 J. -F. PRADEAU Le chapitre du Timée consacré à l'expli humain présente deux difficultés princi de l'âme humaine, dont la particularité lange qui a permis la fabrication de l'âm même temps une double « partie » mort 0')|iôç et l'é7Ci0D|iia). La seconde tient à dont le détail comme les conséquence plexes que l'âme des vivants mortels se ces deux difficultés, nous montrerons co fier l'ordre de l'humain (ce qui autorise platonicienne), tout en maintenant l'affi quelle l'homme est une partie du monde en valeur de la moelle comme principe c l'on renonce à l'opinion selon laquelle il nicienne des « parties » de l'âme. Le commentateur qui entreprend d'e l'homme dans le Timée s'attache d'abord l'âme humaine. Et cela soit parce qu'i parce qu'il reconnaît la primauté logiqu le corps2. Mais ce commencement ne l'âme est plusieurs fois rappelée par Tim les trois espèces de l'âme, puis leur lia déjà expliqué comment le démiurge con immortelle de l'âme humaine. Ainsi, au adresse pour leur donner ses instruction vants mortels : « Et, quant à la part d même nom que les immortels, celle q mande chez ceux d'entre eux qui touj suivre la justice, celle-ci, l'ayant semé vous la confier » (41c5-9)3. Ce que le dé c'est l'âme immortelle (c'est-à-dire divin monde dans son ensemble (34a-40d), seule nuance introduite à ce point du di mélange psychique : pur et parfaitement fabriquer l'âme du monde, ses ingréd qu'avant, mais de deuxième ou de tro 2. C'est le cas, qu'ils soient anciens, modernes o taires que j'ai pu consulter. Le dernier en date, Le logique du Timée de Platon de L. Brisson, Klin 1995 2, dont le cours est pourtant thématique, ent à l'homme (6, p. 413 sq.) par la constitution de l'â 3. Ici comme par la suite, dans la traduction de L This content downloaded from 193.54.110.56 on Mon, 23 Apr 2018 13:52:33 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms L ' AME ET LA MOELLE 491 l'animation des astres et des vivants mortels (41d7- riau immortel, issu d'un mélange altéré, que les die tard, quand ils disposeront l'âme « triple » dans le 72d). Timée évoque donc par deux fois l'âme hu textes correspondent à la double nature de l'âme, à immortelle (ce qui signifie aussi, dès ce premier te maine est mentionnée [42al], que cette dernière ser et que l'âme lui donnera accès aussi bien au sensi qui sont les ingrédients du mélange dont elle est co donc considérer que l'âme immortelle de l'homm l'âme du monde (41d5). Mais, il faut pourtant distin de Timée, la fonction et 1'« incarnation » de l'âme de l'homme. En 34b sq., après avoir décrit la consti monde, Timée demande que l'on ne se méprenne réelle de l'âme ; contrairement à ce qu'a pu suggére bien été constituée avant le corps, et « c'est premiè et selon l'excellence (yevéaei Kai ápexfl) que le d afin qu'elle commande et soit maîtresse du corps en domination » (34c4-7). Avec plus ou moins de suc trise psychique du corps que les dieux devront r ajouteront les espèces mortelles de l'âme et fabriqu main5. Or, et la différence est remarquable, si l'esp l'âme humaine existe bien avant la fabrication du c pèces mortelles de l'âme, on ne peut, justement du f l'âme humaine, la tenir tout entière pour anté contraire de l'âme du monde, l'âme de V homme n' corps. La primauté dans l'ordre de l'excellence (àpex maintenue, mais, dans le cours chronologique du réc la naissance (yevéaei) n'existe plus. 4. Deuxième ou troisième, dans l'ordre de la pureté. La disti sceptique (n. 1, p. 458 de sa traduction, Gallimard, 1950), et F. c'est la supériorité de l'homme sur la femme, dans l'ordre des ré laquelle il est fait allusion {Plato's Cosmology, Kegan, Londres cette tripartition me paraît aller de soi et ne présenter aucun compte de ce que Timée présente bien ici trois êtres animés, et l fection décroissante du mélange dont est constituée leur âme : le astres (mélange de second ordre), et les hommes (de troisième or que décrit la suite de ce texte, quand le démiurge sème les âm puis anime les hommes de cette âme immortelle (en laissant à son labeur). 5. La description des troubles et distorsions de l'âme lors de avec les corps est donnée dès 44a-b. This content downloaded from 193.54.110.56 on Mon, 23 Apr 2018 13:52:33 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 492 J. -F. PRADEAU La description de la constitution tri une description de la constitution du co sont d'emblée associées dans une expl temps. En premier lieu, les aides du démiurge disposent, afin de créer l'es- pèce humaine, de l'âme immortelle. A cette âme immortelle, imitant le démiurge, ils confèrent un corps de forme sphérique, la tête. Au cours de cette première fabrication (44d sq.), le travail des aides est en tous points semblable à celui du premier artisan : les deux révolutions de l'âme (des cercles du même et de l'autre) sont enchaînées dans un corps sphérique qu'elles animent. Si l'on néglige la perfection moindre des deux créations, on peut tenir la tête et l'âme immortelle de l'homme pour l'exacte réplique du corps et de l'âme du monde. C'est parce que notre tête a presque la figure du monde qu'elle est presque ronde. En second lieu, et la contrainte est cette fois inédite, les dieux don- nent à cette tête un véhicule : le reste du corps (44e2). Ici, l'analogie est rompue, non pas encore entre l'âme du monde et l'âme humaine, mais entre leurs corps. Dans les deux cas, l'âme reste animée de deux mouve- ments circulaires, et sa double fonction motrice et cognitive est conser- vée. En revanche, là où le corps du monde, en-dehors duquel rien n'existe6, est une réalité autarcique (34d2), la tête, mais nous devrions dire les têtes , sont façonnées au sein d'un monde empli de corps7, de corps différents d'elles (car les aides auraient pu à leur tour forger un système de têtes placées comme les astres sur des orbites circulaires ; mais ils avaient d'autres instructions : engendrer des vivants de moindre perfection). L'ajout d'un corps entier à la tête correspond dans le Timé e uploads/Philosophie/ la-moelle-et-l-x27-ame-timee.pdf

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