La théorie saussurienne Ferdinand de Saussure (1855-1913) est considéré comme l
La théorie saussurienne Ferdinand de Saussure (1855-1913) est considéré comme le fondateur de la linguistique moderne dite linguistique structurale. Il est le premier à avoir considéré la langue comme une structure, un système. Son œuvre intitulée « Cours de linguistique générale » a été publiée en 1916, à titre posthume (après sa mort). C’est un texte qui a été élaboré par deux de ses disciples Bally et Sechehaye à partir de notes prises aux trois cours de linguistique générale dispensés par Saussure. I. Les grandes orientations du « cours de linguistique générale » Saussure était profondément enraciné dans les recherches linguistiques de son temps. Affilié à l’école comparatiste, il a été spécialiste des langues indo-européennes plus spécialement du sanskrit. L’élaboration du cours a été influencée par les travaux de trois linguistes. Le premier est le sanskritiste américain D. Whitney (1827-1894) qui a fait apparaître les notions de lois, de système, de structure, qui font de lui le créateur d’une linguistique statique, descriptive et qui vont amener Saussure à parler de linguistique synchronique. Réfutant les thèses organicistes de la langue, il insiste au contraire sur l’aspect social des faits linguistiques et élabore une théorie de la langue comme institution, deux éléments qui vont être développés par Saussure. Avec le linguiste polonais spécialiste de phonologie, Baudouin de Courtenay (1845/1929), D. Whitney a constamment insisté sur la nécessité d’analyser la langue selon un point de vue théorique. Baudouin de Courtenay a par ailleurs étudié les phénomènes phoniques en rapport avec leur fonction distinctive, éléments primordiaux pour la définition des unités linguistiques et la conception saussurienne de la langue comme « système de différences ». Chez le philosophe et logicien américain Ch.S. Peirce (1839-1914), nous retiendrons l’amorce d’une science générale des signes qui amènera Saussure à définir la sémiologie comme la science des signes. I.1. La linguistique est une science descriptive La grammaire traditionnelle était normative. L’intérêt portait uniquement sur la langue écrite. Pour des raisons sociales et non linguistiques, il s’agissait de protéger la règle du bien écrire et du bien parler. Par contre la linguistique va s’attacher à décrire la langue et rien que la langue sans porter de jugement de valeur. Elle va se contenter de constater, de décrire et de comprendre le fonctionnement des faits linguistiques. Elle considère les langues comme des systèmes de communication qui répondent aux besoins de la communauté linguistique. La langue évolue donc et s’adapte aux besoins du moment. La langue va recourir à l’emprunt ou aux néologismes (mots nouveaux) et inversement certains éléments de la langue vont tomber en désuétude et même disparaître. I.2. La linguistique moderne va s’intéresser à toutes les langues L’objet d’étude ne se limite pas aux langues classiques mais à toutes les langues sans distinction, écrites ou orales. « La matière de la linguistique est constituée d’abord par toutes les manifestations du langage humain qu’il s’agisse des peuples sauvages ou des nations civilisées, des époques archaïques, classiques ou de décadence, en tenant compte dans chaque période, non seulement du langage correct et « du beau langage » mais de toutes les formes d’expression. » (CLG, 20) I.3. La linguistique affirme la primauté de l’oral La philologie comparée étudiait les textes écrits et occultait la langue parlée. La linguistique moderne va donner la primauté à l’oral sur l’écrit en se basant sur deux arguments : -La parole est plus ancienne et plus répandue que l’écriture. -Les systèmes d’écritures sont basés sur les unités linguistiques de la langue parlée (les systèmes alphabétiques ne sont que la représentation des sons d’une langue, le système syllabique est basé sur les syllabes et le système idéographique sur les mots). I.4. La sémiologie La langue est un système de signes comparable au système d’écriture, aux rites symboliques, aux formes de politesses, aux signaux maritimes…mais la langue reste le système le plus complet et le plus important. Saussure pense qu’on devrait concevoir « une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale » (CLG, 33). Ce serait une science qui étudierait tous les moyens d’expression et de communication. Cette science s’appellera la sémiologie du grec semion « signe » et expliquera en quopi consiste les lois qui régissent ces signes. La linguistique serait, selon Saussure, une branche de la sémiologie. A son tour, la sémiologie ferait partie de la psychologie sociale. Paradoxalement, c’est la sémiologie qui fait partie de la linguistique. Un des buts de la sémiologie, selon Saussure, serait de classer les signes selon leurs aspects plus ou moins arbitraires. Par exemple, la colombe qui symbolise la liberté est un signe arbitraire. La balance qui, quant à elle, représente la justice est un signe qui n’est pas tout à fait arbitraire. I.5 Les tâches de la linguistique La linguistique a pour objet l’étude de toutes les manifestations du langage humain, sans exclusion des langues mortes ni des formes d’expression qui échappent « au beau langage ». En d’autres termes, la linguistique aura pour tâche la description et l’histoire de toutes les langues et devra dégager des lois générales à partir de la diversité des langues. II. Les concepts fondamentaux du CLG de Saussure Les concepts saussuriens qui ont permis à la linguistique de se classer en tant que science sont : II.1. La langue est un système « La langue constitue un système » (Saussure, 107) et c’est « une grande illusion de considérer un terme simplement comme l’union d’un certain son avec un certain concept. Le définir ainsi ce serait l’isoler du système dont il fait partie, ce serait croire qu’on peut commencer par les termes et construire le système en en faisant la somme, alors qu’au contraire c’est du tout solidaire qu’il faut partir pour obtenir par analyse les éléments qu’il renferme. » (Saussure, 157) La langue est donc selon Saussure un système de signes combinés, un ensemble cohérent fait d’unités linguistiques combinables entre elles et dont chaque unité n’a de sens que par rapport à celle qui la précède et à celle qui la suit. II.2. Synchronie/diachronie Selon Saussure, il existe deux sortes de linguistique, la linguistique synchronique et la linguistique diachronique. Synchronie et diachronie sont deux termes construits sur le grec. Synchronie, de sun « avec » et chronos « temps » et diachronique est composé de dia « à travers ». La linguistique synchronique a pour but la description des rapports simultanés des états de langue. Ella va décrire le fonctionnement d’une langue à un moment donné. Pour ce faire, on se fonde sur un laps de temps assez court pour que l’on puisse considérer celui-ci comme un point de l’axe du temps. Ex : étude du français en Algérie sur un temps relativement court, entre 1970 et 1980 et description phonétique du [r] masculin La linguistique synchronique étudie le fonctionnement d’une langue avant de voir comment et pourquoi elle se modifie au fil du temps. Cependant un état de langue dont on aborde l’étude a de grandes chances d’être en cours d’évolution, mais ce changement ne peut être perceptible que sur un temps plus long. Ex : L’étude des voyelles [a] et [α] en France. Sur 66 Parisiens nés avant 1920, tous faisaient la différence entre ces deux « a » postérieur et antérieur. Sur quelques centaines de Parisiens nés après 1940, 60% seulement possèdent la même voyelle donc ne font pas la distinction entre les deux « a ». On peut donc avoir deux types de conclusion : -Une conclusion de type synchronique : l’opposition entre [a] et [α] est générale. -Une conclusion de type diachronique : l’opposition entre les deux [a] et [α] tend à disparaître. La linguistique diachronique étudie l’évolution ou le changement que subit la langue sur une durée plus longue. Elle a pour but de démontrer les modifications de cette langue au cours du temps (les éléments de la langue sont considérés dans leur successivité). A partir de Saussure, les structuralistes ont privilégié la synchronie au détriment de la diachronie, rompant ainsi avec la tradition historique et comparatiste. II.3. Langue/parole La langue est l’objet de la linguistique. Pour bien la cerner, Saussure a fait la distinction entre les deux concepts de langue/langage et langue/parole. « Mais qu’est-ce que la langue ? Pour nous, elle ne se confond pas avec le langage ; elle n’en est qu’une partie déterminée, essentielle ; c’est vrai. C’est à la fois un produit social de la faculté du langage et un ensemble de conventions nécessaires adoptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette faculté chez les individus. » Saussure, CLG, 25) Le langage est la faculté humaine de produire des sons articulés par opposition au cri inarticulé des animaux. La langue, elle, est un produit social. Elle est une convention ou un ensemble de règles adoptées par tous les membres de la communauté linguistique. La langue est un système grammatical et lexical qui est virtuellement dans chaque cerveau. « Elle est la somme de ce que les gens disent » disait Saussure. « Elle comprendra les combinaisons individuelles (les mots) dépendantes de la volonté uploads/Philosophie/ la-theorie-saussurienne.pdf
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- Publié le Aoû 23, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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