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Café Philo Sophia Menu Rechercher Chercher Page d'accueil > Sujets > « La philosophie fait-elle le bonheur ? » « La philosophie fait-elle le bonheur ? » Samedi 13 avril 2019 à 17h45 à la médiathèque de Cazouls les Béziers Le Sujet "La philosophie fait-elle le bonheur ?" Présentation du Sujet "La philosophie fait-elle le bonheur ?" ACCUEIL POUR LA PREMIERE FOIS DU CAFE PHILO A LA MEDIATHEQUE DE CAZOULS-LES-BEZIERS « La philosophie fait-elle le bonheur ? » Voilà une déclaration qui semble en phase avec la déferlante d’ouvrages de « philo- bonheur » qui envahissent aujourd’hui nos librairies et nos sites Internet. Certains dénoncent une « sous-philosophie », d’autres reprochent à ces philosophes d’avoir enfilé la toge antique pour nous faire croire que les Anciens possèdent toujours les clés du bonheur… Au- delà de ces « manuels de bonheur en 15 leçons », que devons-nous penser de la finalité ou de la vocation de la philosophie en matière de bonheur ? Pourquoi devons-nous être vigilants vis-à-vis de ceux qui nous font miroiter les voies du bonheur ou de la sagesse ? Mais faut-il pour cela « jeter le bébé avec l’eau du bain », et considérer que la philo est étrangère à leur recherche ? Dans un monde moderne où les voies du « bien vivre » semblent résolument pluralistes, que peut-elle nous apporter ? Ecrit philo « La philosophie fait-elle le bonheur ? » Voilà une déclaration qui semble en phase avec la déferlante d’ouvrages de « philo- bonheur » (Roger Pol Droit) qui envahissent aujourd’hui nos librairies et nos sites Internet. Certains dénoncent une « sous-philosophie », d’autres reprochent à ces philosophes d’avoir enfilé la toge antique pour nous faire croire que les Anciens possèdent toujours les clés du bonheur… Au-delà de ces « manuels de bonheur en 15 leçons », que devons-nous penser de la finalité ou de la vocation de la philosophie en matière de bonheur ? Pourquoi devons-nous être vigilants vis-à-vis de ceux qui nous font miroiter les voies du bonheur ou de la sagesse ? Mais faut-il pour cela « jeter le bébé avec l’eau du bain », et considérer que la philo est étrangère à leur recherche ?Dans un monde moderne où les voies du « bien vivre » semblent résolument pluralistes, que peut-elle nous apporter ? Nous avons repris ici le titre d’un livre de Roger Pol Droit (« La philosophie ne fait pas le bonheur ») à la forme interrogative. Ce dernier, face à ce qu’il appelle une « philo-bonheur » qui imprègne l’air du temps, part en guerre pour critiquer âprement cette vague d’ouvrages qui déferle sur nos rivages nous proposant des manuels sur « le bonheur en quinze leçons ». Au-delà de l’aspect très polémique de son livre, il apparaît en effet utile de s’interroger à notre tour sur la vocation et le réel pouvoir de la philosophie en matière de bonheur. Constatons d’abord avec Pascal Bruckner la réalité d’une telle pression : celle d’une injonction permanente au bonheur considérée par lui comme le credo idéologique de nos sociétés : elle enjoint chacun à devoir construire coûte que coûte son bonheur, et suggère plus ou moins subtilement qu’il sera jugé à l’aune de cette capacité. Injonction quelque peu paradoxale car le volontarisme de la performance, l’obsession du résultat, et surtout la tristesse de ne pas pouvoir y parvenir, ne sont peut-être pas vraiment compatibles avec la « zénitude » ou la sérénité classiquement associées à l’image du bonheur… Peut-être que vouloir obéir à l’injonction du bonheur est la meilleure façon de s’en éloigner… Roger Pol Droit a au moins raison sur un point : la littérature sur le bonheur est intarissable, mêlant de façon très « œcuménique » développement personnel, conseils de bien-être, psychologie positive, philosophie, spiritualité laïque ou religieuse…etc., pour nous délivrer les secrets du bonheur. Face à cette déferlante, certains philosophes dénoncent une « sous-philosophie » (François Jullien), et reprochent à leurs auteurs d’avoir vendu leur âme au profit des « marchands de bonheur ». En même temps, la philosophie, comme son étymologie l’indique, n’est-elle pas l’amie de la sagesse et du bonheur depuis l’Antiquité ? Se présentant comme un retour aux sources, cette philosophie du bonheur contemporaine revendique souvent de ne plus s’encombrer de discours trop théoriques et indigestes coupés de toute pratique, au profit d’une « philosophie comme manière de vivre » (l’expression est de Pierre Hadot, le grand spécialiste de la philosophie antique), préoccupée des maux de l’âme et se fixant comme tâche d’y remédier (la philosophie comme pharmacopée) Cette expression « La philosophie fait le bonheur », malgré sa simplicité quasi-biblique, repose sur un certain nombre de présupposés : 1) Nous aspirons tous, en tant qu’êtres humains, au bonheur 2) Nous savons de quoi nous parlons à propos de ce que nous appelons bonheur : c’est la question de sa définition qui est ici posée. 3) La finalité ou la vocation de la philosophie est la recherche du bonheur 4) Elle a cette capacité à modeler nos vies en fonction de cette fin ultime… Nous allons donc mettre à la question ces quatre présupposés, tester leurs limites éventuelles. Dans un deuxième temps, tenant compte de cet examen critique, nous nous demanderons ce que pourrait être une vie plus « philosophique », sinon « une vie heureuse »… Et enfin en conclusion, nous reviendrons sur les raisons de cette nouvelle demande sociale en faveur de la philosophie, pour dégager à la fois les dérives à laquelle elle peut donner lieu, mais aussi le sens profond et légitime auquel la philosophie doit répondre. Première partie Une aspiration universelle au bonheur ? Avant de se demander s’il est vrai que tout le monde désire être heureux, il faut rappeler qu’initialement, conformément d’ailleurs à l’étymologie gréco-latine du mot dans beaucoup de langues, comme le mot français notamment – bon heur : bonne chance, heureux hasard – le bonheur était associé au hasard de la vie ou au destin, avant d’être l’objet d’une visée quelconque. Le bonheur, comme le malheur, survient, advient surgit, sans que nous en soyons jamais la cause, « ils nous tombent dessus ». Il ne dépend pas de nous. Il ne faut jamais oublier cette vision archaïque d’un bonheur livré au hasard pour comprendre comment, dans un second temps, les doctrines antiques ont voulu établir que le bonheur était à notre portée et que nous pouvions conquérir une forme de maîtrise malgré les aléas de la vie, les fluctuations et catastrophes imprévisibles du cours de notre existence. Mais les Grecs pensaient au départ que la vie heureuse ou malheureuse des mortels dépendait de la seule volonté des dieux, de leurs décisions opaques. Les tragédies comme celles d’Euripide ou de Sophocle en sont une illustration frappante. Nous verrons que cette dimension du destin ou du hasard (qui n’est au fond que la version définalisée et séculière du premier[1]), que l’on a voulu neutraliser en tentant de « reprendre la main » sur les évènements de la vie, fera retour comme une donnée irréductible… Nietzsche en particulier, et son « amor fati », renouera avec cette conception du bonheur (cf. plus loin). Quoiqu’il en soit, cette aspiration à être heureux semble en effet une évidence pour de très nombreux philosophes antiques ou modernes. Nous pourrions faire l’inventaire de telles déclarations chez Socrate, Platon, Aristote, Sénèque, Epicure, mais aussi Augustin, Pascal, Diderot, Hume… qui affirment la centralité de la question du bonheur dans l’existence humaine. Nul mieux qu’Aristote n’a défini le bonheur comme la finalité dernière de l’existence humaine « Fin parfaite, dit Aristote, en ceci que le bonheur est « toujours désirable en soi-même et ne l’est jamais en vue d’une autre chose. ». Rien ne sert qui ne serve, directement au bonheur ; mais lui, ne sert à rien. Il n’est ni instrument ni moyen…mais fin, uniquement fin, et, par-là, fin absolue : « Tout ce que nous choisissons est choisi en vue d’une autre chose, à l’exception du bonheur, qui est une fin en soi. » Mais nous ne devons pas oublier non plus ceux pour qui une telle affirmation relève d’une mystification et d’un mensonge ; Cioran, pour qui « l’inconvénient principal est d’être né », Schopenhauer qui refuse ce qu’il appelle un mirage et qui assigne comme tâche à la philosophie de combattre cette maladie de l’esprit, en dissipant l’illusion d’un bonheur désirable.Avant lui, La Rochefoucauld, Vauvenargues qui soulignent la vanité et l’inanité du bonheur.Ils constituent par conséquent des exceptions notables à la règle précédente… L’argument le plus usité par ceux qui affirme cette aspiration au bonheur est que nous cherchons toujours le bien et le mieux même s’il arrive souvent que nous nous trompions : « Nul n’est méchant volontairement » disait Socrate. Comme le rappelle Roger Pol Droit, c’est en ce sens que Pascal affirme que celui qui se suicide cherche encore le bonheur : en fonction de l’idée du bonheur qui l’habite, dont il constate que le monde ne permet pas la réalisation, il met fin à ses uploads/Philosophie/ le-bonheur-philosophie-docx 1 .pdf

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