LE DIEU CACHÉ, LE DIEU COSMIQUE. Publié le 6 Juin 2012 par Christocentrix Catég
LE DIEU CACHÉ, LE DIEU COSMIQUE. Publié le 6 Juin 2012 par Christocentrix Catégories : #Théologie les caricatures de dieu jonchent l'histoire, celle aussi du christianisme, comme autant d'idoles mentales qui ont conduit les hommes soit à la cruauté, soit à l'athéisme : comment, à l'époque moderne, avec l'essor de l'esprit critique et de la liberté, auraient-ils pu accepter un dieu qui leur semblait pire qu'eux-mêmes, du moins que la plus haute exigence de leur conscience secrètement fécondée par l'evangile ? les hommes ne cessent de projeter sur dieu, pour se l'approprier et l'utiliser, leurs propres obsessions, individuelles ou collectives. il leur faut comprendre qu'on ne peut saisir dieu de l'extérieur, comme un objet, car il n'y a pas d'en dehors par rapport à lui, le créateur ne se juxtapose pas à la créature. « c'est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être » (actes 17, 28) comme disait paul aux athéniens, mais, enfermés en nous-mêmes, enfermés aussi « dans sa main », nous ne pouvons le connaître que s'il établit librement avec nous une relation où la distance et la proximité se font le lieu d'une parole, de quelqu'un qui parle à quelqu'un. "la plupart des hommes, enfermés dans leur corps mortel comme l'escargot dans sa coquille, enroulés dans leurs obsessions à la manière des hérissons, modèlent sur eux- mêmes leur idée du dieu bienheureux." clément d'alexandrie, stromates, v, xi (pg 9, 103). "les graines qui se trouvent à l'intérieur de la grenade ne peuvent voir les objets extérieurs à l'écorce, puisqu'elles sont au-dedans. de même l'homme enfermé avec toute la création dans la main de dieu ne peut contempler dieu. (...) c'est par lui que tu parles, ami, c'est lui que tu respires, et tu ne le sais pas ! car ton esprit est aveugle, ton coeur endurci. mais, si tu veux, tu peux guérir. confie-toi au médecin, il ouvrira les yeux de ton âme et de ton coeur. qui est médecin? dieu, par sa parole et sa sagesse [...]". théophile d'antioche, premier livre à autolycus, 5 et 7 (sc n° 20, p. 66 et 72). dieu n'est pas davantage un objet de connaissance. les concepts, qui ne vont jamais sans une volonté secrète de classement, de possession, sont impuissants à saisir celui par lequel nous devons nous laisser « saisir ». aux deux sens du mot : d'ouverture à sa venue, à sa libre révélation, et de saisissement, d'émerveillement. "tout concept formé par l'entendement pour tenter d'atteindre et de cerner la nature divine ne parvient qu'à façonner une idole de dieu, non à le faire connaître". grégoire de nysse, vie de moise (pg 44, 377). "seul l'émerveillement peut entourer l'inentourable puissance". maxime le confesseur, sur les noms divins, 1(pg 4, 192). ainsi l’épouse du cantique des cantiques, dans le commentaire de grégoire de nysse, ne cesse de chercher l'epoux qui l'attire dans une distance toujours renouvelée. « j'ai cherché dans la nuit à savoir quelle est son essence. [...] mais je n'ai pu trouver. je l'ai appelé d'autant de noms qu'on en peut nommer, mais aucun nom n'a eu la force de l'atteindre. comment en effet pourrait-on atteindre par un nom celui qui est au-delà de tout nom? ». grégoire de nysse, homélies sur le cantique des cantiques, 6ème homélie (pg 44, 893). la véritable approche du mystère sera donc d'abord de célébration et de célébration cosmique. pour les pères, la chute a voilé mais non détruit la transparence des êtres à la lumière divine. certes, l'universel élan vers dieu est devenu « gémissement », « soupir de la création ». mais la prière constitue toujours l'être même des choses : « tout ce qui existe te prie ». le caractère inépuisable de la transcendance s'exprime dans la profusion des créatures. l'univers est la première bible. chaque être manifeste la parole créatrice qui la fonde et l'attire. chaque être exprime une idée dynamique, une volonté de dieu. a la limite chaque chose est un nom créé de celui qu'on ne peut nommer. o toi l'au-delà de tout, comment t'appeler d'un autre nom? quel hymne peut te chanter? aucun mot ne t'exprime. quel esprit peut te saisir? nulle intelligence ne te conçoit. seul, tu es ineffable; tout ce qui se dit est sorti de toi. seul, tu es inconnaissable ; tout ce qui se pense est sorti de toi. tous les êtres te célèbrent, ceux qui parlent et ceux qui sont muets. tous les êtres te rendent hommage, ceux qui pensent comme ceux qui ne pensent pas. l'universel désir, le gémissement de tous tend vers toi. tout ce qui existe te prie et vers toi, tout être qui sait lire ton univers, fait monter un hymne de silence. en toi seul tout demeure. en toi, d'un même élan, tout déferle. de tous les êtres tu es la fin. tu es unique. tu es chacun et tu n'es aucun. tu n'es pas un être, tu n'es pas l'ensemble : tu as tous les noms; comment t'appellerai-je, toi, le seul qu'on ne peut nommer? [...] o toi, l'au-delà de tout : comment t'appeler d'un autre nom? grégoire de nazianze, poèmes dogmatiques (pg 37, 507-508). de toute éternité, dieu vit et règne dans la gloire. chaque rayon de cette gloire est un nom divin et ces noms sont innombrables. denys l'aréopagite, qui a écrit un admirable traité des noms divins, en énumère quelques-uns qu'il trouve dans la bible et les evangiles. les pères désignent aussi ces noms comme les « puissances », les « énergies » qui jaillissent de l'inaccessible essence divine. a la création, c'est cette gloire, la kabôd biblique, qui remplit les choses, leur donne à la fois leur densité propre et leur transparence. les énergies deviennent alors autant de modes de la présence divine. la « parole », le logos, qui fonde chaque créature lui permet de participer à ces énergies ou l'appelle à cette participation s'il s'agit des hommes. ainsi toute créature nomme ou devrait nommer à sa manière propre les noms divins. malgré le péché qui signifie l'exil de la gloire, le monde reste cette immense théophanie que célèbrent les religions archaïques. "ainsi instruits, les théologiens louent tout ensemble la divine origine de n'avoir aucun nom et de les posséder tous. de n'avoir aucun nom, puisqu'ils rapportent que la déité elle-même dans une des visions mystiques où elle se manifeste symboliquement, reprit celui qui lui demandait : « quel est ton nom ? » (gen 32, 29) et, pour le détourner de toute connaissance capable de s'exprimer par un nom, lui dit : « pourquoi demander mon nom? il est admirable » (jug 13, 18). et n'est-il pas en effet admirable, ce nom qui dépasse tout nom, ce nom anonyme, « qui transcende tout ce qui porte un nom, non seulement dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir » (eph 1, 21)? d'avoir pluralité de noms, lorsqu'ils observent qu'elle dit d'elle-même « je suis celui qui suis » (ex 3, 14), ou encore vie, lumière, dieu, vérité ; et lorsque ceux qui connaissent dieu célèbrent par des noms multiples la cause universelle en s'inspirant de ses effets, comme bonté, beauté, sagesse. (...] chorège de vie, intelligence [...], ancien des jours, jeunesse éternelle, salut, justice, sanctification, libération, comme surpassant toute grandeur et se manifestant à l'homme dans une brise légère. ils affirment en outre que cette origine divine [...] est à la fois au sein de l'univers et au- delà du ciel, soleil, etoile, feu, eau, souffle, rosée, nuée, roc absolu, pierre, en un mot tout ce qui est et rien de ce qui est.ainsi cette cause de tout qui dépasse tout c'est à la fois l'anonymat qui lui convient et tous les noms de tous les êtres [...]. elle contient d'avance en soi tout être [...] en sorte qu'on peut la louer et la nommer à partir de tout être". denys l'aréopagite, noms divins, i, 1, 6 (pg 3, 596). cependant le monde masque le mystère autant qu'il l'exprime. une approche négative est alors indispensable. elle balaie les idoles mentales, les systèmes, les notions intelligibles autant que les images sensibles. en premier lieu on ne peut confondre le mystère de l'etre avec un être, serait-il au sommet de la hiérarchie des êtres. l'etre fait être, il n'est donc pas un être. cette idole philosophique, le « bon dieu » d'un certain christianisme ou l' « etre suprême » du spiritualisme, a provoqué simultanément la « mort de dieu » et la perte du mystère de l'etre. pourtant le vivant n'est pas davantage l'etre illimité, la théotès - divinité - des gnostiques qu'il n'est l'etre suprême du monothéisme clos. la vie du vivant qui s'exprime par la profusion des noms divins, des théophanies, s'enracine dans l'inépuisable de l'amour personnel. l'abîme n'est pas indifférencié, ni indifférent. de lui viennent à nous une liberté et un amour, amour crucifié et déifiant. c'est cette révélation ultime - celle du christ - qu'il faut sentir dans les expressions qui suggèrent une plénitude abyssale uploads/Philosophie/ le-dieu-cache-le-dieu-cosmique.pdf
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- Publié le Aoû 08, 2021
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