Document généré le 2 août 2018 12:26 Laval théologique et philosophique Les pos
Document généré le 2 août 2018 12:26 Laval théologique et philosophique Les positions épistémologiques de Gilles-Gaston Granger en sciences de l'homme Jean-Dominique Robert Volume 31, numéro 3, 1975 URI : id.erudit.org/iderudit/1020493ar DOI : 10.7202/1020493ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Faculté de philosophie, Université Laval et Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval ISSN 0023-9054 (imprimé) 1703-8804 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Robert, J. (1975). Les positions épistémologiques de Gilles- Gaston Granger en sciences de l'homme. Laval théologique et philosophique, 31(3), 239–263. doi:10.7202/1020493ar Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique- dutilisation/] Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. www.erudit.org Tous droits réservés © Laval théologique et philosophique, Université Laval, 1975 LES POSITIONS fiPISTfiMOLOGIQUES DE GILLES-GASTON GRANGER EN SCIENCES DE L’HOMME Jean-Dominique Ro b er t L J HILOSOPHE, philosophe des sciences — et singulièrement des sciences de l’hom- X me —, G. G. Granger est, en France, l’un de ceux qui, depuis de nombreuses années, travaillent avec le plus de rigueur à cerner les délicats problèmes épistémologi- ques posés par la « scientificité » propre aux sciences de l’homme et par ceux de leurs rapports avec la philosophie1 . 1. En référence à notre compte rendu de son Essai d ’une philosophie du style (voir note précédente), nous pouvons, en première approximation, rappeler tout 1. Voici la liste de ses travaux : Jean Cavaillès, ou la montée vers Spinoza, in Les Éludes philosophiques de France et de I Etranger, 1947, 282-300. — La Linguistique moderne (Jakobson et Martinet), in Critique, 1954, 551-561. — Le symbole et la connaissance du réel, in Kriterion, 1951 (4), 248-268 ; 1952 (2), 57-99. Concept, Structure et Loi en science économique. Essai d'épistémologie comparative, Paris, PUF, 1955 (Bibliographie, 403-412). - Méthodologie économique, Paris, PUF, 1955. — L'ancienne et la nouvelle économique, in Esprit, 1956, n. 10, 509-524. — La mathématique sociale du Marquis de Condorcet, Paris, PUF, 1956. — Événement et structure dans les Sciences de I homme, in Cahiers de l'Institut de Science Économique appliquée, série M. n. I, 1957, 25-44.6 Logique, langage, communication, in Hommage à Gaston Bachelard, Paris, PUF, 1957, 31-58 — Evénement et structure dans les sciences de l’homme, in Cahiers de l'Institut de Science Économique appliquée, Série M, n. 6, 1959, 149-185. — Sur la connaissance philosophique, in RIP, 1959, n. 47, 96-111. — Pensée formelle et sciences de l’homme, Paris, Aubier-Montaigne, I960, 2' éd., 1967 (avec un nouvel Avant-propos : Au lecteur. Sur le Structuralisme, 1-6). — L ’histoire comme analyse des œuvres, in Médiations. Revue des expressions contemporaines, 1961, 127-142 — Le scepticisme passionné de Bertrand Russe!, in Critique, 1963, n. 199, 1068-1082. — La linguistique moderne, in Critique, 1964, n. 205, 551-561. — Information et connaissance de l'individuel, in Le concept d information dans la science contemporaine (Cahiers de Royaumont) (Information et cybernétique) Pans, Gauthier-Villars, éd. de Minuit, 1965, 389-401. - J e a n Piaget et la psychologie génétique, in Critique, 1965, n. 214, 249-261. — Objet, structures et signification, in R IP , 1965, nn. 93/94, 251-291. — Un problème d ’ axiomatisation en psychologie. Le « groupement ״de Jean Piaget, in Logique et analyse, 1965, 72-83. — Pour une sociologie de notre temps, in Critique, 1966, n. 228, 467-474. — Épistémologie économique, in Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard! 1967, 1019 5 ™(! ־fiMogrophie: 1054-1055). — Science, philosophie, idéologies, in Tijdschrift voor tilosope, 1967, 774-780. — Sur la conception du langage dans le Tractatus de Wittgenstein, in World, 1967, 1019-1053 (Bibliographie : 1054-1055). — Science, philosophie, idéologies, in Tijdschrift voor Congres Intern. de Philos., Vienne, Herder, 1968, t. II, 500-506. — Essai d ’une philosophie du style ( ־Philosophie pour l’âge de la science »), Paris, A. Colin, 1968. — Propositions pour un positivisme, in Man and World, 1969, n. 3. 386-411. — Wittgenstein, Paris, Seghers, 1969. — Dialogue sur le 239 J.-D. ROBERT d’abord quelques grandes prises de position générales fort nettes, d’un auteur, dont il nous plaît, encore, de souligner la probité2. 1.1. Dans le processus de la science, doit s’opérer une réduction des significa tions, qui, certes, les conserve, neutralisées ou « objectivées ». 1.2. Dans le domaine des sciences de l’homme, les significations qui sont données immédiatement risquent en effet de masquer les structures positives qui sont les seules déterminations possibles d’un objet de science. 1.3. Il y a donc un hiatus entre la richesse du vécu comme totalité et les limitations inhérentes aux concepts scientifiques, toujours déterminés à un niveau spécifique. Il y a donc aussi un « quelque chose » qui a échappé au regard du scientifique, du fait même de son travail d’objectivation ; un « résidu », si l’on veut, qu’il ne se résigne cependant pas à abandonner totalement. Aussi bien, cherche-t-il à tourner la difficulté, afin de « récupérer » ce surplus. 1.4. Ceci posé, il n’en reste pas moins que la chose ne pourra se réaliser, encore une fois, qu’au moyen d’un certain type d’objectivation, car les significations sont, com m e telles, rebelles à 1 ’« assimilation directe à laquelle aspire inconsidérément une fausse conception de la science» (Essai d'une philosophie du style, op. cit., en note, p. 250). 1.5. En d’autres termes, c’est dire que la science ne peut vouloir jouer le rôle de la philosophie, qui consiste précisément, aux yeux de G.G., à interpréter des significa tions ; alors que la science doit construire des structures d’objet (autrement dit : des « modèles »). 1.5.1. En bref donc: en science, il y a dégagement de sens des éléments structuraux, alors qu’en philosophie il y a herméneutique des significations. 1.5.2. Exemple d’une herméneutique philosophique: le travail de Paul Ricœur dans son ouvrage Y Interprétation (1965, consacré à Freud). Exemple de construction de modèles structuraux, avec dégagement de sens : le travail de Claude Lévi-Strauss dans ses ouvrages sur les Mythologies, où il y a dégagement de sens, non point interprétation des significations. 1.5.3. On peut déjà noter ici que, aux yeux de G. G. Granger, il faut souligner la nouveauté suivante des « styles » marxiste et psychanalytique en science de l’homme : ils réagissent l’un et l’autre — certes différemment — « contre une réduction jugée trop brutale des significations dans l’objet d’une connaissance scientifique de l’homme » progrès, in Cahiers de l’Institut de Science Économique appliquée, Série M., n. 11-12 (1961), 3-49. — Tendances de la philosophie des sciences en France depuis 1950, in La philosophie contemporaine. Chroniques, II, Florence (éd. R. Klibansky), 1968, 161-163. — Langue et systèmes formels, in Langages, 1971, n. 21, 71-87. Renvoyons ici à deux comptes rendus importants, dont nous ferons d'ailleurs usage dans la présente section: J.-D. Robert, La philosophie du style de G.-G. Granger, in Revue Philosophique de Louvain, 1972, 282-293, et G. De Montpellier, Phénoménologie. Pensée formelle et Sciences de l’homme, in Revue Philosophique de Louvain, 1972, 325-336. 2. Peut-être pourrait-on sans flatter¡■; lui retourner le jugement qu’il portait sur Cavaillès, dont il admirait la « pensée vraiment savante et d'une irréprochable probité ■ . « C'est peut-être justement à cause de sa probité exigeante qu’il n’a jamais présenté autrement ses idées qu'à partir d'une plate forme historique, pensant ainsi se garantir des illusions de l’imagination et de l’amour-propre, qui forgent les pseudo-philosophes » (Jean Cavaillès ou ta montée vers Spinoza, in Les Études Philosophiques, 1947, n. 2, p. 273). 240 LES POSITIONS ÉPISTÊMOLOGIQUES DE G.-G. GRANGER (Essai d ’une philosophie..., p. 251). Ce faisant, d’ailleurs, et en paraissant régresser en réintroduisant les significations à l’intérieur de la science, elles ont ré-articulé les faits humains à une histoire et à une lutte, engageant ainsi la science dans « la voie de l’avenir» (p. 252). Certes, vu, d’une part, les difficultés épistémologiques qui sont énormes et, d’autre part, les contextes sociaux concrets de leur développement, les travaux d’inspiration marxiste ou psychanalytique n’ont encore produit que « bien peu d’œuvres proprement scientifiques» (op. cit. supra, p. 252; texte datant de 1968). 2. Pour mieux saisir ce qui précède, il importe de se référer à certains textes assez techniques de G. G. Ils doivent nous permettre de préciser certains concepts chez lui fort importants. 2.1. Et d’abord celui d’« expérience ». Celle-ci implique, à ses yeux, « trois aspects liés » : réception, communication, interaction. Elle suppose donc des sujets qui ne soient pas de simples miroirs. G. G. remplace parfois le mot expérience par celui de « pratique », dans le but précis d’éviter qu’on interprète indûment l’expérience comme une simple « réception ». Il lui arrive aussi de le remplacer par celui de « vécu » afin que, en l’occurrence, l’expérience ne puisse pas se conceptualiser comme un « élément uploads/Philosophie/ les-positions-epistemologiques-de-gilles-gaston.pdf
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- Publié le Mai 01, 2021
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