Une philosophie de Fêtre est-elle encore possible ? par M. - D. PHILIPPE Profes

Une philosophie de Fêtre est-elle encore possible ? par M. - D. PHILIPPE Professeur de Philosophie à l'Université de Fribourg (Suisse) I SIGNIFICATION D E LA MÉTAPHYSIQUE Éditions P. TÉQUI 7 Une philosophie de l'être est-elle encore possible ? I Une philosophie de Têtre est-elle encore possible ? par M. - D. PHILIPPE Professeur de Philosophie à l'Université de Fribourg (Suisse) I SIGNIFICATION D E LA MÉTAPHYSIQUE Éditions P. TÉQUI I S B N 2-85244-015-6 AVERTISSEMENT Cette étude, d'abord conçue pour paraître en un seul volume, devra, pour des raisons pratiques, paraître en cinq fascicules. Aussi, pour bien maintenir son unité organique, nous a-t-il semblé indispen- sable d'indiquer brièvement ici son plan d'ensemble. Le fascicule I, après avoir, dans un Avant-Propos, exposé l'inten- tion générale de la recherche, présente une réflexion historique et cri- tique sur les significations diverses de la métaphysique. Le fascicule II cherche, dans une analyse historique et critique, à montrer les grandes étapes de la philosophie relativement à l'être : - les découvertes de l'être dans la philosophie grecque (Parménide, Platon, Aristote, Plotin); - les diverses manières dont l'être a été assumé et explicité par les grands théologiens (Avicenne, Albert le Grand, Thomas d'Aquin, Hen- ri de Gand, Duns Scot, Ockham, Suarez); - les «voilements» de l'être par l'idée d'être, en raison d'une atti- tude réflexive et critique, d'un intuitionnisme naïf ou d'un idéalisme (Descartes, Malebranche, Kant, Hegel, Gentile, Husserl...). - les essais de redécouverte de l'être au delà de l'idée et du rationa- lisme, identifiant l'être : à la Liberté (le dernier Schelling), à la Vie (Nietzsche), à l'au-delà de l'existence, la Transcendance (Jaspers), à la Vérité et à l'au-delà de la Vérité (Heidegger). Ces diverses philosophies de l'être nous montrent à quel point l'être fascine l'intelligence humaine et quelle grande réceptivité il exige d'elle pour être découvert; elles nous montrent aussi combien l'intelligence humaine a de peine à entrer dans cette passivité, et com- 8 SIGNIFICATION DE LA MÉTAPHYSIQUE ment elle préfère demeurer dans son «avoir» propre, dans ses propres concepts. Ces diverses philosophies nous montrent ainsi la nécessité de redécouvrir par nous-mêmes ce qu'est l'être, de le «penser»; car cette découverte tout à fait première ne peut se transmettre dans toute son originalité : elle exige toujours une découverte personnelle. Il n'y a pas, au sens propre, de tradition métaphysique. S'il y a pour le croyant une Parole divine, il n'y a pas de «parole» métaphysique pour l'intelligence humaine; mais évidemment, il faut aider celle-ci dans cette recherche où elle est toujours solitaire. C'est ce que l'on se propose de faire dans la seconde partie de ce fascicule I I . Quant aux fascicules III et IV, ils présentent des analyses plus particulières concernant le problème de l'être : chez les deux grands théologiens des traditions arabe et latine, Avicenne et Thomas d'Aquin (fascicule III); chez Heidegger et Merleau-Ponty (fascIV), en raison de leur souci dominant de découvrir l'être. Enfin le fascicule expose les conceptions de l'être de quelques thomistes contemporains (M.-D. Roland-Gosselin, J. Maritain, C . Fabro, P. Rousselot, J. Maréchal, A. Marc, St. Breton). Nous avons joint à ce dernier fascicule la bibliographie générale de l'ouvrage, pour éviter les répétitions qu'auraient entraînées des biblio- graphies propres à chaque fascicule. Nous regrettons qu'à la suite d'une série d'imprévus, cet ouvrage, dont les premières épreuves datent déjà de 1971, ne paraisse qu'au début de 1975. L'essentiel de ces recherches demeure inchangé ; mais évidemment, certaines éditions critiques ou études particulières plus récentes auraient pu être utilisées. PLAN DE L'OUVRAGE FASCICULE I : Réflexion historique et critique sur la signification de la métaphysique FASCICULE I I : Significations de l'être Réflexion historique et critique sur l'être En vue d'une métaphysique de l'être FASCICULE I I I : Appendices I et 2. Le problème de /'ens et de /'esse Le concept d'être chez Avicenne L'être chez S. Thomas FASCICULE IV : Appendices 3 et 4 : Néant et être Quelques grands aspects de la pensée de Heidegger La dteouverte de la nouvelle ontologie dans les derniers écrits de Merleau-Ponty FASCICULE V : Appendice 5 : Le problème de l'être chez certains thomistes contemporains. Bibliographie < AVANT-PROPOS Dans une vision très pénétrante et très personnelle de l'histoire de la philosophie occidentale, Heidegger ne cesse de nous avertir que la métaphysique a oublié l'être. C'est bien le reproche le plus terrible qu'il puisse lui adresser — «tu es maître en Israël et tu ignore ces choses !». Le philosophe, s'il ne saisit pas l'Etre, s'il oublie l'Etre, n'est plus bon à rien; et la philosophie est vaine si elle oublie ce pour quoi elle existait. Que le savant oublie l'Etre, c'est normal - il est fait pour «l'étant» et ne peut regarder que «l'étant»' - mais que le philosophe, le métaphysicien, oublie l'Etre et ne regarde que «l'étant», c'est là, ou du moins ce serait si c'était volontaire, une trahison; et si c'est involontaire, c'est une ter- rible cécité. Certes, Heidegger reconnaît que le philosophe n'est pas totalement responsable de cet oubli; car l'oubli «fait partie de l'essence même de l'Etre, par lui voilée»^, et «l'Etre aime son propre retrait»'. Ce qui se manifeste n'est pas l'Etre. L'Etre est au delà des phénomènes, il est plus radical qu'eux et les phénomènes, tout en le manifestant, le cachent. Mais s'il demeure caché, le rôle du vrai philosophe, gardien de l'Etre'', est de le penser; car s'il ne le pense pas, qui le pensera ? Le voijç de l'homme risque alors de sombrer. L'Etre oublié, les hommes conti- ' Cf. Qu'est-ce que la métaphysique ? (trad. R. Munier), p. 63 a; Contribution à la question de l'être, in Questions I , p. 242. - Tous les ouvrages ou articles cités en note fi- giu-ent dans la bibliographie jointe au fascicule V. ^ La parole d'Anaximandre, in Chemins qui ne mènent nulle part, p. 297. ' Ce qu'est et comment se détermine la 9001;, in Questions I I , p. 275. " Cf. fasc. IV, appendice 3, p. 78. 12 SIGNIFICATION DE LA MÉTAPHYSIQUE nueront de raisonner et de faire de la logique, mais ils ne penseront plus profondément; ils demeureront dans un domaine périphérique, ce- lui de l'ontique, et l'essence même de l'homme sera mise en péril. Ce cri d'alarme de Heidegger n'est-il pas semblable à celui de Kierkegaard concernant la destinée de l'homme ? Et n'est-il pas plus radical encore ? En effet, si le voOç de l'homme disparaît et sombre dans le raisonnement et la logique, l'homme peut-il encore avoir une desti- née personnelle ? Kierkegaard se trouvait en présence de la puissance tyrannique de la dialectique hégélienne, qui réduisait l'homme à l'idée, à la conscience. Heidegger, lui, voit le danger de la philosophie de Nietzsche, où tous les efforts métaphysiques antérieurs sont considérés comme mensongers et fallacieux, le seul être réel et vrai étant celui de notre désir de puissance, de la volonté de puissance. Dans la philoso- phie occidentale, c'est bien l'ultime moment de l'oubli de l'Etre; mais cela peut être aussi le point de départ d'une nouvelle reprise, «le témoi- gnage non encore reconnu d'une nouvelle nécessité»'. Si Heidegger se fait le héraut de l'Etre, il faut reconnaître que nombreux sont ceux qui n'entendent pas son appel et qui s'enferment dans la philosophie analytique, la philosophie du langage où la logique mathématique, pratiquement, remplace l'ontologie (comme, au moment du nominalisme, la logique remplaçait la métaphysique). Soumise par les néo-positivistes au «principe de vérification», la métaphysique est déclarée «dépourvue de sens», puisque ses assertions ne sont ni des tautologies,ni des propositions empiriques On sait comment un Carnap ou un Ayer jugent le discours heideggérien sur l'Etre - et non seule- ment le discours heid^gérien, mais celui de toute métaphysique. Parler de l'être est un discours qui n'a pas de signification propre'. Far ailleurs, soumise par Karl Popper au «critère de falsificabilité», la métaphysique se voit, non plus exclue absolument, mais rayée du do- maine «scientifique». Quant à la philosophie d'Oxford et aux partisans de l'analyse linguistique qui «récupèrent» la métaphysique d'un f)oint de vue de «pragmatisation épistémologique», ils n'en célèbrent pas moins le crépuscule de la métaphysique comme telle*. ' HEIDEGGER, Introduction à la métaphysique, p. 48 (cf. fasc. IV, p. 61 ). * Cf. ci-dessous, p. 116 et note 42. ' Cf. fasc. II, pp.188 189, note 503. ' Cf. ci-dessous, p. 118 .La position adoptée par la philosophie du langage est d'autant plus importante qu'elle a déjà eu une très grande influence sur les théologiens. Voir à ce propos D. ANTISERI, Foi sans métaphysique ni théologie. AVANT PROPOS 13 Accepter l'une ou l'autre de ces attitudes qui se veulent philoso- phiques, c'est évidemment accepter le suicide du voùç, et ne plus recon- naître que la raison dans sa fonction de raisonnement. Telles sont bien, actuellement, les deux attitudes extrêmes, qui sont irréductibles; nous disons bien «extrêmes», car il y a aujourd'hui, entre elles, toute une série d'autres attitudes philosophiques intermédiaires, notamment la position de l'existentialisme, celle de la phénoménolo- gie... Mais pour le uploads/Philosophie/ md-philippe-philosophie-de-l-x27-etre.pdf

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