1 Séminaire 2016-2017. Fig. (Figure, Image, Grammaire) XVI. Séminaire : critiqu

1 Séminaire 2016-2017. Fig. (Figure, Image, Grammaire) XVI. Séminaire : critique de la métrique. « Wo aber Gefahr ist, wächst Das Rettende auch. » Friedrich Hölderlin, Patmos, 1807 « Le parlé à l’état pur est Poème » Martin Heidegger, Acheminement vers la parole « Tout art (après Duchamp) est conceptuel (par sa nature), parce que l’art n’existe que conceptuellement » Joseph Kosuth, «Art after philosophy», 1969 IV . Que signifie la réalisation d’une philosophie critique de la métrique ? À la fois d’établir une archéologie critique du concept de « mètre » mais aussi d’en penser les conséquences pour la technicisation générale et systématique des gestes de l’œuvre. Il s’agit donc de penser que la critique de la teknè que doit penser le contemporain, nécessite une interprétation de ce qui a contraint l’épreuve de l’œuvre. Or l’épreuve de la modernité va consister à se défaire peu à peu de ces contraintes et à éprouver une phase profondément critique (Vallos 2016). Si nous parvenons à penser après Agamben (2002) ce que signifie une philosophie critique de la métrique, alors nous serons en mesure de penser ce que 2. Giorgio Agamben in La fin du poème, Circé, 2002 :« Chacun de ces essais tente de définir un problème général de poétique en le resserrant dans un cas exemplaire. L’enquête sur les motifs du titre de la Comédie dantesque permet d’éclairer l’opposition tragédie/comédie au moment inaugural de la poésie romane, une lecture de l’Hypnerotomachia Poliphili et de Pascoli pose en réalité le problème de la relation entre langue vivante et langue morte comme tension interne inaliénable de la poétique de la modernité ; l’introduction à la mince œuvre poétique d’un grand narrateur italien contemporain, Antonio Delfini, offre l’occasion de reformuler le vieux problème du rapport entre vie et œuvre, et de définir le canon de la narration dans l’aire romane comme invention du vécu à partir du poétisé ; enfin, une analyse de la poésie de l’un des plus grands poètes du XXe siècle, Giorgio Caproni, définit style et manière comme les deux pôles dans la tension dialectique desquels s’effectue le geste de l’écriture. Dans les deux essais qui ferment chronologiquement le recueil (« Corn » et « La fin du poème »), le problème devient celui de la structure spécifique de la poésie. Ils sont donc à entendre comme une première contribution à une philosophie – ou une critique – de la métrique, qui n’existent pas encore. Le premier développe sous forme de chiasme, à travers la lecture du sirventes obscène d’Arnaut Daniel, le problème jakobsien du rapport entre son et sens dans la poésie ; le second, qui donne son titre à l’ouvrage, étudie la fin du poème à la fois comme point de crise et comme structure fondamentale, dans tous les sens du terme, de la poésie. » 1. Le processus est lié à quatre données : logos (dont l’inversion est le muthos), rhuthmos (dont l’inversion arhuthmétikos et le pendant arithméticos), harmonia (dont l’inversion est khaos) et enfin métron (dont l’inversion est hybris). Il faut ajouter encore l’opposition psilos logos (langage nu) au métron (le language rythmé) autrement dit accompagné ou non accompagné. Voir : http://www.fabula. org/compagnon/genre4.php Sur le lien de kharis avec ruthmos et metron, cf. Rép. 411 e 2, 486 d 7 ; Tim. 47 d 7. Voir le texte https://www. cairn.info/revue-les-etudes- philosophiques-2003-4- page-541.htm#no38 3. Voir à ce propos Chrématistique et poièsis, II, 10 et suivants. 4. La thèse soulevée par Agamben est que le dernier élément de reconnaissance devait s’entendre dans la césure et l’enjambement. Pour ma part je soutiens qu’il faut désigner une grammaire zéro du poème pour pouvoir identifier une tension logique du poème à la prose. C’est cette tension vers la prose qui caractérise la puissance du langage à être poétique, et donc, dans ce cas, ce n’est plus le « mètre ». 5. La racine Me indique la mesure et le mètre (du substantif grec métron au verbe latin metrior). La racine Ar beaucoup plus complexe a été largement étudiée (voir Benveniste I, p. 110 et Vallos Chrématistique II, 10). signifie, et l’œuvre contemporaine, et pourquoi il y a une relation possible entre ce que nous nommons le texte et ce qui est nommé image. Il nous faut parvenir à penser ce que signifie la mesure dans la construction de l’œuvre et dans la détermination des processus de création.Pour cela il nous faut faire une rappel de ce que nous nommerions une philosophie critique de la métrique. Le concept est ancien puisqu’il introduit dès la pensée platonicienne comme une des composantes fondamentales du processus de l’œuvre (1). C’est cela qui doit intégrer la question d’une philosophie critique de la métrique telle qu’elle a été proposée en 2002 par le philosophie Giorgio Agamben (2) et telle qu’elle a été proposée en 2016 dans le cadre de ce séminaire. (3). Que signifie précisément le concept de mètre ? Il faut d’abord l’entendre comme unité de mesure puis comme mesure du vers (donc comme indicateur fondamentale du poétique (4)). Il provient du grec metron : mesure et instrument de mesure. Ce qui signifie que le sens du poétique est toujours étriqué entre deux racines Me et Ar qui signifient ajustement et resserrement (5). C’est cela le sens d’une théorie critique de la mesure : le sens d’une critique de l’ajustement et du ressèrement du continuum de la langue. Or nous avons à ce jour pensé le lieu technique de l’ajustement de la langue comme mètre. Il nous reste alors à penser maintenant un autre ajustement, plus tant technique, mais symbolique. Ce 7. 8. On remarquera que la teneur même du symbole comme sumballein est l’exact inverse du processus amphibologique comme amphiballein : tandis que le premier consiste à ajuster les éléments le second consiste à les éparpiller. Il faut alors penser deux ensemble, celui de la symbologie et celui de l’amphibologie. 9. Voir à ce propos Walter Benjamin, « J. J. Bachofen » (1935), Écrits Français, Gallimard, coll. « Folio Essais », 2003, p. 123-146 et aussi J. J. Bachofen, Versuch über die Gräbersymbolik der Alten. Basel 1859 ( https://archive.org/details/ versuchberdiegr00bachgoog ) et enfin le texte de Furio Jesi sur le silence des symboles : http://laboratoirefig.fr/wp-content/uploads/2016/04/JESI-SYMBOLE-SILENCE.pdf 6. Il faut entendre le concept de plurivocité de plusieurs manières. D’abord comme polysémie parce que les éléments du langage fonctionnent en accumulant des valeurs d’usages contextuels. Il y a ensuite le sens d’une plurivocité étymologique (accumulation historique du sens et des usages). Nous pouvons le nommer comme processus philologique. Ensuite il faut l’entendre comme amphibologie qui consiste à avoir recours à la grammaire pour démultiplier les sens des éléments de la langue (Georges Molinié et Michèle Aquien, Dictionnaire de rhétorique et de poétique, LGF , 1996). Enfin nous renvoyons à une lecture du texte de Roland Barthes «De l’œuvre au texte» in Le Bruissement de la langue,(1971), Seuil 1984, p. 69-77. travail doit être entrepris au cœur d’une philosophie critique de la mesure, celle de la puissance des signes. Or nous savons que le principe même de tout signe est la plurivocité (6). Elle est complexe et appartient pour partie à la teknè (plus précisément à ce que nous nommons la philologie). Elle est essentielle à la construction du sens et de la puissance de variabilité de la langue et de l’usage de la langue. Elle constitue pour partie ce que nous nommons la construction du symbole, c’est-à-dire « le fonctionnement par correspondance analogique ». Le terme sumbolè (7) signifie en grec ajustement (jonction et rapprochement de plusieurs parties). Le verbe sumballein signifie mettre ensemble (8), réunir et donc par extension interpréter. Dans ce cas si métron signifie l’ajustement des éléments matériels des langues alors sumbolè signifie ajustement des éléments conceptuels de celles-ci. Ceci constitue la structure de base de toute philosophie critique de la métrique. Mais pour cela il faut supposer que nous soyons en possession de l’ensemble des éléments à ajuster. En cela nous sommes alors en mesure de produire un sens pluriel. Or notre hypothèse est qu’il a été énoncé que nous pouvions produire cet ajustement à partir d’éléments vides et silencieux. Notre hypothèse est que ce que nous nommons modernité (première modernité à partir de la seconde moitié du XV° siècle) est fondamentalement l’exercice de ce que le mythologue allemand Johan Jakob Bachofen nommait un « symbole reposant en lui-même » (9). Le symbole reposant en lui-même signifie deux choses possibles : 1. que nous avons perdu involontairement le sens 4 des éléments contenus dans le symbole 2. que nous avons perdu volontairement le sens des éléments contenu dans le symbole Dans le premier cas cela signifie que nous avons perdu par manque d’usage ou de conservation la valeur d’un signe, ou plus exactement les valeurs de ce signes et les relations entre les valeurs de ce signe. Dès lors nous nous retrouvons devant un mutisme que seule l’image du signe comble ou bien devant un exercice complexe d’archéologie et de philologie qui consiste à tenter de recomposer le sens du signe. Ce qui nous uploads/Philosophie/ s016-seminaire-vallos 1 .pdf

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