Olivier Pé, 2022 Durée et période : 30 heures, 1er quadrimestre. Lieu d’enseign
Olivier Pé, 2022 Durée et période : 30 heures, 1er quadrimestre. Lieu d’enseignement et horaire : Salle Wittert, mardi de 11h à 13h. Un portefeuille de lectures accompagnera les séances de cours : avant chaque leçon, un texte bref sera envoyé aux étudiants, et disponible sur la plate-forme en ligne. Les diaporamas du cours ainsi qu’un plan détaillé seront aussi accessibles. Étudiante-monitrice : Florine Bragagnolo (Florine.Bragagnolo@student.uliege.be) L’étudiante-monitrice est à disposition des étudiant·es pour toute question qui concernera le cours et/ou la méthode de travail. 3 séances de répétition seront organisées (1x par mois) auxquelles les étudiant·es sont chaleureusement invités : vendredi 7 octobre : 16h-18h Présentation des outils et supports de cours, aide à la prise de notes vendredi 4 novembre : 16h-18h Retour sur certains points du cours, explication des textes vendredi 9 décembre : 16h-18h Préparation à l’examen sur base d’un questionnaire Local : A2/5/11 Enseignant titulaire Maud Hagelstein, Maître de recherches F.R.S-FNRS Département de Philosophie 7, Place du 20 Août, 2è étage, 4000 Liège. Tél. : 04/366.55.64. E-mail : Maud.Hagelstein@uliege.be On posera dans le cours une question plus simple à formuler qu’à résoudre : Qu’est-ce qu’une image ? Définir l’image n’est pas une opération facile. On peut travailler sur les images sans se poser tout le temps et pour autant la question de ce qu’elles sont (on se pose plus souvent la question de ce qu’elles font). De très intéressants spécialistes des images ont tenu « secrètes » leurs définitions fondamentales. Un historien de l’art comme Aby Warburg par ex. ne formule jamais vraiment de définition philosophique (ou ontologique) de l’image : il pense l’œuvre d’art comme un « organisme énigmatique », une entité en tension, en mouvement, ce qui est suggestif sans être particulièrement évident. Qu’est-ce qu’une image finalement ? Selon ceux ou celles qui affrontent la question, plusieurs définitions possibles circulent - et la plupart de ces définitions décrivent « un certain rapport de présence et d'absence ». Un rapport plutôt inédit dans le paysage ontologique (l’ensemble des choses qui sont autour de nous) : l’image - entend-on souvent - est la présence d’une absence. Autrement dit : l’image s’échappe en restant là. Seuls les fantômes peuvent rivaliser avec ce type d’existence. La plupart du temps, on regarde des images de ce qui n’est pas là. Parfois cette absence invite à la reconstitution, la reconstitution d’une portion de réel ou d’une situation absente dont l’image porte les indices. C’est tout le travail de l’enquête sur les images (enquête iconographique), qui tend à retrouver (identifier, commenter, etc.) le réel que l’image manifeste. Les réflexions envisagées concerneront surtout les images artistiques, mais aussi dans certains cas des images « communes ». Le cours proposera une traversée de la théorie de l’image du XXe siècle, entrecroisant les apports de la philosophie avec des textes issus d’autres disciplines des sciences humaines (histoire de l’art, psychanalyse, anthropologie). Il sera chapitré par auteur - une proposition définitoire par auteur envisagé. Emanuele Coccia – L’image reflet Aby Warburg – L’image en mouvement Erwin Panofsky – L’image à décrypter Sigmund Freud – L’image surdéterminée Carlo Ginzburg – L’image indiciaire Roland Barthes – L’image et son punctum Gottfried Boehm (Bildwissenschaft) – L’image non-langagière Tom Mitchell (Visual Studies) – L’image critique Hans Belting (anthropologie du visuel) – L’image corps Georges Didi-Huberman – L’image symptôme Alain Roger – L’image paysage Jacques Rancière – L’image dispositif Les images nous paraissent extrêmement familières. La culture actuelle encourage leur production. Or même si on baigne dedans, on continue à mal les connaître. Pourtant les théoriciens qui s’y sont consacrés ont cherché à comprendre aussi précisément que possible comment elles sont construites, comment elles fonctionnent, et quels effets elles produisent. Le travail philosophique permettra ici d’interroger cette réalité « évidente » au sein de laquelle on évolue (la philosophie peut d’ailleurs être définie comme un exercice de mise à distance des évidences : mettre de relief et de la complexité – des détours, des plis – dans ce qui semble couler de source). On dit souvent en boutade à propos des philosophes : pourquoi faire aussi compliqué quand on peut faire simple. Et bien justement, prenons-le comme un compliment. Faire de la philosophie consiste à renoncer aux facilités et aux évidences. L’image offre un champ d’investigation/étude très riche pour cette raison. On vit en proximité avec elles, et en même temps on peine à très bien les saisir. On suivra chez les auteurs envisagés à la fois l’exercice définitoire (décrire, délimiter, déplier, nuancer - trouver le concept) et l’exercice d’analyse (chercher les cas, rendre opérant le concept, problématiser). Le cours se distribuera – assez souplement, en passant des uns aux autres – entre des éléments théoriques (comment définir l’image ?) et des analyses de cas pratiques (comment se comporte l’image ?). Avant de tracer le périmètre des problèmes envisagés ici, on dira en ouverture le sens que garde à nos yeux le fait de travailler sur des images artistiques, de continuer à faire de l’esthétique, même dans un monde un peu foutu (sérieusement abimé), pris dans une actualité susceptible de nous faire penser que les images ne sont pas l’urgence. Au lieu de gloser sur leur frivolité ou sur leur narcissisme, ne devrait-on pas considérer les images dans leur capacité à traverser et travailler de l’intérieur la raison politique ? En se confrontant aux images, on se donnerait alors les moyens de repérer la façon dont des motifs sinon dominants peuvent être pris/mis en défaut, car les images, alors même qu’elles semblent réclamer de l’avis général une vigilance absolue (elles nous tentent, elles nous hantent, elles nous fascinent, elles nous rendent dépendants), sont parfois directement vectrices d’opérations critiques. Les images outillent notre pensée, et si on y fait un peu de tri, elles la rendent aussi plus complexe, plus efficace, mieux articulée au réel. Les images peuvent servir à faire obstacle à l’impression de trop grande lisibilité du monde, contribuer à se dégager des facilités, à introduire de la méfiance – et même à l’égard de soi-même, des positions que l’on aurait envie de tenir, qui sont parfois des poses autant que des positions. Comme théoricien·nes, on aurait pour cette raison avantage à continuer à travailler au contact des images, y compris et surtout des images artistiques (ce serait une façon comme une autre de ne pas abandonner la raison à ceux qui en font un usage totalitaire). Quelques considérations encore sur l’image pour vous montrer une première fois la complexité des problèmes qu’elle pose. L’image devient (ou : est de plus en plus) un langage. Nous avons des usages particuliers – qu’on aura l’occasion d’explorer ici – de l’image (des images), nous utilisons les images constamment (soyez attentifs vous-mêmes à ce que vous en faites), et notamment pour converser. On aura tout à l’heure l’occasion d’envisager ce point (avec un sociologue de l’image qui s’appelle André Gunthert), les images peuvent être aussi considérées comme des « embrayeurs conversationnels », elles sont une rampe de lancement pour les échanges, des outils de conversation qui peuvent lancer, susciter, alimenter des discussions. Dans les échanges infinis que nous avons avec les autres (sur nos téléphones essentiellement), l’image permet des raccourcis, des accélérations dans les échanges, elle peut résumer une situation en un cliché, nous faire gagner du temps. Tu es où ? Je balance une photo de mon sac à dos dans le train. Tu manges avec nous ? Hop, j’envoie une photo du sandwich que je viens d’aller chercher. Nous sommes pris dans des flux d’images. Les images ne sont-elles pas en excès ? Problèmes de civisme (par exemple dans les musées). Enjeux écologiques. Les photographes professionnels (qui ont souvent travaillé avec du matériel toxique) réfléchissent à ces questions, mais nous pouvons aussi nous les poser. (voir par ex. : https://www.blind-magazine.com/fr/stories/pour-sauver-la-planete-faut-il- arreter-de-prendre-des-photos/ ). Défaut d’attention. Problèmes de concentration. Auprès de quoi/qui sommes-nous ? EMANUELE COCCIA – L’IMAGE REFLET D1. Je pars d’une image. Elle est de mauvaise qualité, réalisée avec un petit appareil numérique en 2011 et re-photographiée au smartphone puis recadrée – donc une image sans prétention (en tout cas sans prétention technique – pour le reste, on verra), sur-manipulée. Elle se présente et s’assume comme une image autoproduite, c’est-à-dire que le sujet féminin ne cache pas qu’elle est en train de se photographier elle-même. Alors là, ça se complique déjà. Il y a une ambiguïté sur le sujet. Qui est le sujet de la photographie ? Une femme enceinte dont on ne voit pas le visage ? Tout le monde voit bien qu’elle aurait tout autant pu se présenter à découvert (baisser sa main pour qu’elle ne soit pas devant son visage). Un homme dans un lit, dont on ne voit pas non plus le visage ? Il s’aperçoit de l’opération de capture photographique, et entreprend de se retourner pour ne pas être vu. Un fœtus dans le ventre découvert de sa mère, dont on ne voit (forcément) pas le visage, à l’abri de cette intériorité, planqué (elle le montre, et en même temps il reste heureusement invisible) ? uploads/Philosophie/ the-orie-de-l-x27-image-cours-bac-1.pdf
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