1 République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’enseignement s

1 République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Université Mohamed Saddik Ben Yahia, Jijel Faculté des lettres et des langues Département de français Objet et méthodes de la linguistique Dr Sissaoui Abdelaziz 2 Table des matières Introduction 1- Ferdinand de Saussure : l’objet de la linguistique……………………5 2-La phonologie…………………………………………………………9 3- La grammaire structurale de Lucien Tesnière………………………..14 4-La psychomécanique de Gustave Guillaume………………………….22 5-Le distributionnalisme…………………………………………………25 5- La grammaire générative de Noam Chomsky………………………...28 7-L’énonciation…………………………………………………………..39 8-Le corrigé………………………………………………………………45 9-Liste des références bibliographiques………………………………….58 3 Objet et méthodes la linguistique Introduction Le cours« Objet et méthodes de la linguistique » destiné aux étudiants inscrits en master Sciences du langage, se veut à la fois un coursthéorique et pratique.Ayant déjà été initiés à la linguistique générale lors du cursus universitaire licence LMD, les étudiants trouveront dans ce document les notions de base de la linguistique, des explications détaillées et des exercices d’application accompagnés d’un corrigé type. Ce document pédagogique est loin d’être exhaustif, car il n’est pas possible dans un cours consacré à la linguistiquede s’atteler à une analyse détaillée des fondements d’une scienceappartenant à un champ disciplinaire assez vaste et hétéroclite englobant autant de théories et de méthodes.En effet, depuis la publication des cours de F. de Saussure par ses élèves, la linguistique a considérablement évolué et a donné naissance à plusieurs écoles, à des approches et à des méthodes d’analyse riches et diverses. Le cours que nous proposons constituedonc un outil de travail solide et significatif .Il devrait répondre aux besoins des étudiants et des personnes affriolées par l’approfondissement des connaissances en linguistique. Il leur permettrade découvrir des théories importantes non abordées pendant le cursus universitaire à savoir la psychomécanique de Gustave Guillaume, la linguistique structurale de Lucien Tesnière , la théorie x- barre de Chomsky et de l’énonciation. Nous avons tenté de présenter le plus fidèlement possible les grandes écoles linguistiques enseignées dans les universités algériennes et étrangèresà travers une vision cohérente de l’objet et de la méthode adoptée par chaque école linguistique. Nous avons jugé utile de reprendre avec plus de clarté les principes généraux du cours de la la linguistique générale de Ferdinand de Saussure qui constitue,à notre avis ,une base théorique fort importante pour toute recherche scientifique.et qui continue de faire partie du petit bréviaire du linguiste et du chercheur. Dans un souci de clarté, nous avons subdivise le cours en deux parties essentielles : une partie consacrée aux différentes théories d’obédience structuralistes et non structuralistes. Nous avons mis l’accent sur l’objet et la méthode de chaque écoleen étayant l’analyse par une série 4 d’exercices appropriés au contenu et à l’objet d’étude. Quant à la deuxième partie du cours, elle est consacrée au corrigé type. 5 1-Ferdinand de Saussure : l’objet de la linguistique « Saussure montre que l’homme n’est pas maitre de sa langue. En questionnant les évidences grammaticales et la façon dont elles fonctionnent pour le sujet parlant, Saussure a contribué à arracher la réflexion sur le langage aux évidences empiriques ; en étudiant la langue comme un objet abstrait, un système dont les ressorts sont extérieurs à la fois à l’individu et à la réalité physique, la théorie saussurienne a produit un effet de déconstruction du sujet psychologique libre et conscient qui régnait dans la réflexion de la philosophie et des sciences humaines naissantes, à la fin du XIX siècle. »Gadet cité par Elia Sarfati et Paveau ,A (2003 : 60) C’est à travers cette remarque que Gadet résume l’énorme projet de F .de Saussure, fondateur de la linguistique générale. Publiés en 1916, l’œuvre posthume de ce linguistedonne naissance à une réflexion à la fois riche et féconde sur les langues et le langage. Le travail de ce linguiste constitue une rupture épistémologique avec la linguistique comparatiste et fonde une approche descriptive des faits de langue. Sa méthode consiste à sélectionner parmi les faits de langagel’objet de la linguistique(la langue).La tâche du linguiste doit se focaliser uniquement sur la langue :« se placer de prime abord sur le terrain de la langue et la prendre pour norme de toutes les autres manifestations du langage »Saussure (1990 :25). 1-1-Langue /parole Voilà comment résume Saussure la dichotomie langue/parole : « Récapitulons les caractères de la langue :1- Elle est un objet bien défini dans l’ensemble hétéroclite des faits de langage….Elle est la partie sociale du langage, extérieure à l’individu, qui a lui seul ne peut ni la créer ni la modifier ; elle n’existe qu’en vertu d’une sorte de contrat entre les membres de la communauté… 2-La langue, distincte de la parole, est un objet qu’on peut étudier séparément du langage, mais elle n’est possible que si ces autres éléments n’y sont pas mêlés. 3- Tandis que le langage est hétéroclite, la langue ainsi déterminée est de nature homogène : c’est un système de signes où il n’y a d’essentiel que l’union du sens et de l’image acoustique, et où les deux parties du signe sont également psychiques(ibid., p : 31) 6 Ainsi la langue est un produit social enregistrée passivement par l’individu ; la parole est un acte individuel de volonté et d’intelligence. Il est à préciser que la linguistique de la parole chez Saussure est secondaire, elle n’est pas l’objet de la linguistique. 1-2-Le signe linguistique L’un des concepts clés de la linguistique générale est le signe linguistique. Refusant l’idée selon laquelle le signe linguistique est le reflet du monde extérieur (Port –Royal), Saussure lui assigne une autre conception radicalement différente. Pour lui, il n’y a aucune correspondance entre les mots et la réalité du monde : « Pour certaines personnes la langue, ramenée à son principe essentiel, est une nomenclature, c’est-à-dire une liste de termes correspondant à autant de choses. Par exemple : Cette conception est critiquable à bien des égards. Elle suppose des idées toutes faites préexistant aux mots…Elle ne nous dit pas si le nom est de nature vocale ou psychique…. ; enfin elle laisse supposer que le lien qui unit un nom à une chose est une opération toute simple, ce qui est bien d’être vrai » Saussure (1990: 107) 1-2-1-La nature du signe Pour Saussure le signe linguistique est arbitraire. « Le lien unissant le signifié au signifiant est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l’association d’un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire. » Et il précise : « Ainsi l’idée de « sœur » n’est liée par aucun rapport intérieur avec la suite de sons s- ô-r qui lui sert de signifiant ; il pourrait être aussi bien représenté par n’importe quelle autre : à preuve les différences entre les langues et l’existence même de langues différentes : le signifié « bœuf » a pour signifiant b-ô-f d’un côté de la frontière, et o- k-s ».(Ibid :110) Le mot arbitraire ne signifie nullement que le sujet parlant est libre dans le choix du signe linguistique. Et pour éviter toute confusion, Saussure propose le mot immotivé « Le mot arbitraire appelle aussi une remarque, il ne doit pas donner l’idée que le signifiant dépend du 7 librechoix du sujet parlant…nous voulons dire qu’il est immotivé, c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié, avec lequel il n’a aucune attache naturelle dans la réalité ».(Ibid :112) 1-2-2-Immutabilité et mutabilité du signe Nous venons de voir qu’il n’est pas au pouvoir de l’individu de choisir ou de modifier le signe linguistique car il échappe à la volonté humaine,voire imposé. Saussure parle de l’immutabilité du signeet évoque les raisons suivantes : 1-le caractère arbitraire du signe …l’arbitraire même du signe met la langue à l’abri de toute tentative visant à la modifier. 2-la multitude des signes nécessaires pour constituer n’importe quelle langue. 3-le caractère trop complexe du système…Car ce système est un mécanisme complexe ; l’on ne peut le saisir que par la réflexion. 4-la résistance de l’inertie collective à toute innovation linguistique. La langue fait corps avec la masse sociale et celle-ci était naturellement inerte, apparait avant tout comme un facteur de conservation.(ibid :118) Cela veut dire que le signe linguistique est un héritage d’une époque précédenteet enregistré passivement dans la mémoire du sujet parlant. Toutefois, Saussure précise que le signe linguistique évolue en subissant dans son rapport une altération. Sachant que l’immutabilité et la mutabilité du signe sont solidaires parce que l’évolution du signe s’effectue à la base de la matière ancienne, elle est définie comme : « Un déplacement du rapport entre le signifié et le signifiant ».Il s’agit donc d’une évolution interne du signe dont voici un exemple « Le latin necâre signifiant « tuer » est devenu en français noyer, avec le sens que l’on connait.Image acoustique est concept ont changé tous les deux ; mais il est inutile de distinguer les deux parties du phénomène ; il suffit de constater in globo que le lien de l’idée et du signe s’est relâché et qu’il y a déplacement » (.Ibid : 121) 8 1-3-Rapports syntagmatiques et rapports associatifs L’objet de la linguistique défini, uploads/Philosophie/ objet-et-methode-linguistique.pdf

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