264 FR. DE HOVRE Chapitre lïl. — Paul Natorp 211 1. Sa vie ; ses œuvres ; orien

264 FR. DE HOVRE Chapitre lïl. — Paul Natorp 211 1. Sa vie ; ses œuvres ; orientation générale de ses idées . . 211 2. Son idéalisme ; sa théorie du monisme social 213 3. Le sens que Xatorp attache à la pédagogie sociale. — Pédagogie évolutioniste et critique 219 4. Parallélisme de la vie individuelle et sociale. — Natorp et Platon. — Les buts de la pédagogie sociale 221 5. Moyens d'éducation sociale, préconisés par Natorp . . . 223 6. Paul Bergemann 229 7. Critique de Natorp 232 Chapitre IV. — Fr. Wilhelm Foerster 236 1. Sa vie et ses œuvres. — L'orientation morale et religieuse de sa vie 236 2. Le problème critique de la morale 240 3. Critique de la morale sociologique 245 4. La réforme de soi-même comme base de la vie sociale . . 249 5. L'ascétisme chrétien et l'éducation sociale 252 6. Méthode d'éducation sociale ; ses principales applications. 256 Chapitre V. — Conclusions 261 Pédagogie sociale et pédagogie systématique ; Pédagogie et philosophie 261 IV AUGUSTE DIES LA TRANSPOSITION PLATONICIENNE LA TRANSPOSITION PLATONICIENNE^*) PAR AUGUSTE DIÈS Professeur aux Facultés catholiques d'Angers M »»< I. La notion de transposition. Je ne viens point révéler un platonisme nouveau et le terrain que je prétends explorer est le terrain battu et rebattu : (oos lé^ço), oùoèv y.a'.vôv,... îiijl-. -dcÀiv £-' èxîTva là 7:oX'j9-p-jÀr,Tx (1). Mais un terrain que tant de gens sillonnent en tant de sens divers devient vite aussi indistinct qu'une forêt vierge, car les sentiers naturels s'y effacent dans la mêlée des chemins de traverse et des chemins perdus. Alors il peut être utile de chercher, non plus à l'intérieur, mais sur les bordures, une série de points de vue, d'où le regard s'oriente et s'essaie à retrouver les convergences naturelles. La notion de trans- position fournit, pour l'interprétation du platonisme, une telle série de points de vue convergents. Peut-être y a-t-il eu des génies à s'ima- giner inventer à vide et dans le vide, créer de rien leur œuvre et ne dépendre en rien de leur milieu. Pour Platon, création a toujours voulu dire mélange savant de violence et de séduction sur d'aveugles et fatales préexistences : ainsi se crée le monde et se crée la cité, ainsi O Conférence faite le 18 novembre 1912 à l'Institut supérieur de Philosophie. {\)Phédon, 100b. 268 A. DIÈS se fonde une philosophie, 5i 'àvàyxr^ç fjTTtoiilvr,; O-o -cu^oO; è'iicppovoç (1). L'artiste en lui devait se plaire à ce jeu de parler au public la langue du public ou la langue de ses favoris, tout en donnant aux mots de cette langue une résonnance et une signification plus profondes. Le réformateur, sous peine de paraître vouloir tout submerger sous « la grande vague » de son rêve, devait hausser petit à petit ce public à la hauteur de ce rêve et donc procéder par plans superposés, par trans- positions successives. L'éducateur surtout, le fondateur qui osait ouvrir, au lendemain de la mort de Socrate, dans une ville remplie de rhéteurs et de sophistes^, la première école de philosophie scientifique, avait à gagner une jeunesse engouée de modes littéraires, philo- sophiques, religieuses et ne pouvait ignorer ces modes ; il fallait se montrer capable de remplir l'idéal du jour avant de lui pouvoir substituer l'idéal éternel. Le penseur enfin devait rêver d'unir, en un système vivant, aussi bien la Nécessité mythique des temps lointains que l'orgueilleux et clair Intellect du temps présent. Ainsi l'art et la conviction se mélangent dans la transposition platonicienne. Je voudrais vous le faire voir aujourd'hui en étudiant, d'une façon au moins sommaire, la transposition de la Rhétorique, la transposition de l'Erotisme, la transposition du Mysticisme et de l'Orphisme. Limiter ainsi notre sujet sera nous permettre de demeurer, pendant toute cette étude, sinon à l'intérieur, du moins dans l'horizon d'un même dia- logue : le Phèdre. IL La transposition de la rhétorique. 1. « Tu plaisantes toujours les rhéteurs, dit Ménexène à Socrate ;> (2). Parmi les gens que Socrate a poursuivis de sa mordante ironie, sophistes et rhéteurs tiennent, en effet, la première place ; mais il faut (0 Timée, 48a. Comparer Republique, Vil, 519e : ff'jvapij.oTTojv to'j; TroXÎTa; reiOo'; tc y.oti àviy/.T,. (2) Ménexène, 235c. 'Ael a'j Trpoj-aî^Jeiî, w XtoxpaTE:, •roj; sTÎxopxç. La Transposition Platonicienne 269 dire aussi que sophistes et rhéteurs lui ont rendu large mesure. A lui, probablement; mais plus encore, peut-être, à sa mémoire et aux dis- ciples qui la défendaient. Dès le lendemain de sa mort éclate un con- cert de ricanements que nous entendons encore à travers les dialogues de Platon : « Ce qui a beauté et valeur assurée, lui dit Hippias à la fin d'une discussion sur le beau, c'est de savoir parler devant le tribunal ou l'assemblée ou devant tout autre auditoire qui a puissance, et de s'en tirer avec la récompense la plus précieuse : le salut pour soi, pour ses biens et ses amis > (1). Et le Calliclès du Gorgias se paie, envers Socrate, le plaisir d'un avertissement généreux : « N'as-tu pas honte, Socrate, de rester dans l'impuissance où je te vois ? Vienne quelqu'un te traîner en prison, t'accusant faussement d'injustice, tu sais bien que tu n'aurais aucune ressource en toi-même, et tu ne pourrais que trembler et rester bouche bée ; devant le tribunal, l'accusateur fût-il nul et misé- rable, c'est la mort que tu trouverais, s'il lui plaisait de t'intenter un procès capital » (2). Polycrate, auquel il est convenu que répond le Gorgias, ne dut pas être le seul à prendre le procès de Socrate comme thème littéraire (3). On y trouvait trop belle occasion de faire du même coup le procès de la philosophie au sens où l'entendaient les écoles socratiques. Le cas de Socrate était la preuve typique : il était vraiment démontré que passer son temps à marmotter dans un coin avec quelques jeunes gens, discutant sur des pointes d'aiguille, c'était tourner le dos à la vie (4). Il n'y avait plus qu'une seule puissance en (1) Hipp. Maj., 304a-b. Je cite le texte, parce qu'il me paraît bien être une allusion au sort de Socrate et que cela devrait empêcher de reculer la date du dialogue aussi loin que le fait C. RiTTER {Platon, I, 1910, p. 271-3) : àXX' i/.zrjo /.où y.aXôv xal roXÀoj à;'.ov, oTov x' elvat vj xal /.aXw; Xù'vov xatajxrjTây.Evov Èv ôi-/.aG"c-r)pt'(;j tj èv po'jXî'jTT,p'!io t, i-\ àXXT, -wi àp/f,, rpà; V ô XÔyoî fi- iî£'-TavTa oV/SîOxt 'fspovTa où ta aar/po-axa àXXà ta ij.i'{i7za tôjv à'OXtov, CTioTTjpi'av ajxoO xî y.ol'i xôjv ajxoO /or,<j.'ixi<y/ xal 'Ji'Xwv. L'invitation qui suit : /at'pî'.v eâ7avxa xà; îij-ixpoXoYi'a; xaûxa;... est tout à fait dans le ton du Gorgias. (2) Gorgias, 486a- b. (3) Voir un essai de reconstitution du pamphlet de Polycrate dans H. Markowski, De Libanio Socratis defensore, Breslau 1910, p. 2-58. Cf. Revue de Philos., décembre 1911, pp. 688-89. (4) Gorgias, 485d... xaxaîîouxox' xôv Xo-.rôv [iîov |ii'.w-/!X'. ;j.ixà ij.î'.px/.;ojv èv ycovta xpiwv r\ xcTxâpajv V.'Jupuovxa... Cf. 484d : à vouloir prolonger la philosophie jusque dans l'âge viril (-o'ppoj XT,; r,X'.xia:, -Epaixï'pw xoj cÎEovxor), on devient ignorant de tout, xa"; y^? '^<^'' vo|j.a>v 270 A. DIÈS qui Ton pût chercher la aonripix xoù ,3wu : c'était la rhétorique (1). Et si quelques brillants esprits se détournaient^ par impuissance ou dégoût, des luttes judiciaires, c'était pour ouvrir ce que l'on ajustement appelé « une école de journalisme politique » (2) : à la jeunesse accourue de tous les points de la Grèce, ce qu'ils voulaient donner, sous le nom de philosophie, c'était une vague culture générale, les lieux communs de la sagesse morale ou politique et surtout l'art de mettre en beau langage ces lieux communs. Point d'étude minutieuse, point de science exacte, point de recherche personnelle et désintéressée de la vérité ; à la place de tout cela l'opinion, la vraisemblance, l'apparence, l'art de dire mieux que personne ce que tout le monde pense : le culte de la banalité distinguée (3). En ce triomphe de VbIy.ôç et de la 5d^a, le plato- àirsifoi ytYvovtai twv xaxà ttjV tto'J.iv, /.où twv Xo'yiov oT; Se" /_pa);x£vov ô|j.tX£"cv iv To'tc a'japo- Xatot: Toic; àvOpwro'.; xal lôi'a xa\ or^ixo'^iy., -/.où xcov TjôovtÔv te y.où £TTt6'j;j.twv xtov àvOptoTiEÎajv, v.xl auXXt; [35t,v tôîv rfiCJv TravraTrao-iv àrEipot yl-f/rr/xoi.i. On a depuis longtemps remarqué la parenté des idées de Calliclès avec celles d'Isocrate, et S. Sudhaus., Zur Zeitbestimmung des Euthydem, des Gorgias und der Republik, Rhein. Mus. f. Phil., XLIV, pp. 52-64, s'en autorisait pour identifier absolument Calliclès et Isocrate. Mais Isocrate lui-même a toujours traité comme un lieu commun cette opposition à une philosophie inutile pour la pratique. Qu'on aille, par exemple, du Contra Sophistas, que E. Drerup, Is. Opéra, I, p. cxxviii, place entre 391 et 390, à VAntidosis, anno 353, ib., p. clvi. Le premier parle de xwv ISiwtwv tive; [7] et le second de oVxî vofj-t^ovTs; ;xT|oèv -/pTiaijjLfjv zhan Tr/> TiatoEiav TaÛTTjv rpô; Tàç Trpâçf.; [263]). W. Nestlé, Spuren der Sophistik bei Isokrates, Philologus, uploads/Philosophie/dies-auguste-la-transposition-platonicienne.pdf

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