FRANÇOIS SIROIS 3 ^ U¿ LE RÊVE : FREUD ET ARISTOTE Thèse présentée à la Faculté

FRANÇOIS SIROIS 3 ^ U¿ LE RÊVE : FREUD ET ARISTOTE Thèse présentée à la Faculté des Études Supérieures de l’Université Laval pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (Ph.D.) FACULTÉ DE PHILOSOPHIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC Septembre 2000 © François Sirois, 2000 Résumé Cet essai examine, dans une première partie, l’argument de Freud sur le rêve, sur sa méthode d’interprétation et sur la construction du rêve. Une seconde partie élabore certaines questions philosophiques liées à l’argument freudien. D’abord, des questions générales sur la nature de l’objet onirique, sur la question de l’inconscient et sur celle de la finalité du rêve ; puis ensuite, est amorcée une comparaison des positions respectives de Freud et d’Aristote sur le rêve. L’objectif est de chercher, d’une part, le fondement de l’appui réclamé par Freud dans la définition que donne Aristote du rêve, et, d’autre part, d’élaborer ce qui peut en être de la vérité du rêve, vérité examinée par le biais d’une analogie avec la tragédie. François Sirois Thomas De Koninck Résumé Le but de cet essai est de contribuer à poser de nouveaux jalons dans le débat actuel sur la psychanalyse, surtout à propos de la nature de son objet propre, et de la méthode de démonstration utilisée par la psychanalyse. Ce travail tire sa pertinence d’une polarisation grandissante autour de la lecture de Freud, phénomène qui signe la nécessité d’élaborer des éléments fondamentaux de la question. La méthode d’examen de cette question passe par le choix du rêve comme élément paradigmatique du fait psychique étudié par la psychanalyse. Une investigation détaillée de l’approche freudienne du rêve servira de socle initial pour soulever ensuite certaines interrogations philosophiques sur la nature de l’objet onirique, sur sa causalité et sa finalité. Questions qui seront soulevées par le biais d’une grille aristotélicienne d’investigation ; elles vont nous amener à une comparaison des positions respectives d’Aristote et de Freud sur le rêve. Cette comparaison tire sa pertinence non seulement du fait que l’un et l’autre traitent du sujet, mais surtout parce que, d’une part, Freud se réclame de la définition qu’Aristote donne du rêve, et, d’autre part, de par une analogie de méthode entre Freud et Aristote dans la façon d’administrer la preuve dans ce registre de connaissance. Les résultats de cette recherche posent le rêve comme un objet de nature éthique, soumis au principe de démonstration de ce champ, essentiellement l’approche diaporématique et celle de la preuve suffisante, donc de nature dialectique. Certaines convergences entre les positions de ces deux penseurs sont répertoriées. Des divergences majeures sont élaborées puisqu’Aristote aborde le rêve par une psychologie de la perception et Freud par l’élaboration interne des représentations. Deux sont importantes : Aristote n’assigne pas de finalité au rêve, ni de place à la question du désir. Les conclusions dégagées peuvent être ainsi résumées : - la démonstration développée par Freud correspond à la nature de l’objet. Cette démonstration est dialectique et rhétorique et procède d’une « logique des signes » ; - malgré les divergences, Freud et Aristote s’appuient l’un et l’autre sur le caractère démonique du rêve, défini comme ce qui résiste de prime abord à l’entendement ; - la vérité du rêve, dans son acte comme fonction psychique pour le sujet rêvant, est élaborée à partir d’une analogie avec la vérité que la tragédie exerce sur le spectateur. François Sirois Thomas De Koninck TABLE DES MATIÈRES Pages Avant-Propos Introduction Polarisation de la lecture de Freud..............................................2 Ambiguïté des rapports entre philosophie et psychanalyse........6 Le choix du rêve............................................................................9 La comparaison avec Aristote.................................................... 11 L’aporie centrale.........................................................................12 Analytique L’argument de Freud sur le rêve....................................................................16 A. Présentation du texte princeps sur le rêve........................... 18 B. La méthode d’interprétation...................................................28 1. Les présupposés..........................................................28 2. La démarcation de la voie d’approche....................... 35 3. L’exemple du rêve de l’injection faite à Irma.................44 4. La démonstration faite dans les Leçons.......................55 5. Les objections faites à la méthode...............................65 i. l’arbitraire............................................................. 65 ii. le déterminisme concerne le rêveur.....................68 iii. l’incertitude du souvenir.......................................68 iv. la méthode s’applique toujours imparfaitement...69 V. polysémie du libellé du rêve................................70 vi. l’artificiel de !’interprétation..................................71 vii. les associations ont pour but de plaire................71 vii¡. l’objection de Ellis............................................... 72 ix. l’objection de Grünbaum.....................................73 6. Le statut des associations............................................74 7. Le statut de la démonstration...................................... 83 C. La nature du rêve.............................................................. 90 1. La réalisation de désir..................................................90 2. Le rêve comme réaction de désir................................. 93 3. La nature du désir........................................................ 96 4. La nature du rêve......................................................... 98 5. Deux difficultés : rêves pénibles et traumatiques........99 D. Le travail du rêve..............................................................105 1. Le fondement : la déformation....................................105 2. La construction du rêve.............................................. 111 i. la transformation : déplacement-condensation....116 Il ii. la figuration.......................................................... 120 iii. la composition................................................... 127 iv. la transposition.................................................. 130 E. La question du symbolisme....................................................... 133 F. L’infantile dans le rêve.................................................145 G. Appuis et emprunts.................................................................... 153 Conclusion....................................................................................161 Problématique Questions philosophiques soulevées par la position de Freud.................. 165 A. La conception grecque du rêve...................................................169 B. Problèmes philosophiques posés parle rêve............................. 175 1. L’intelligibilité du rêve : son statut comme objet...............176 2. Continuité et discontinuité de l’expérience onirique.........186 3. L’unité et la diversité du rêve.................................... .......196 4. Le rêve et le rêveur...................... .................................... 207 i. le renforcement...........................................................213 ii. le conflit....................................................................... 215 iii. la notion d’inconscient................................................. 216 a. l’objection de Politzer............................................. 219 ß. l’inconscient, gradation de là conscience................224 y. l’objection de MacIntyre............................................228 δ. l’inconscient relève du pathologique........................ 230 ε. l’inconscient est l’organique............................. ........230 ζ. l’objection de Raikovic et de Sartre.......................... 232 η. l’objection du rêve infantile........................................237 5. La finalité du rêve........................................................... 239 C. Freud et Aristote sur le rêve......................................................... 250 1. L’approche générale de l’objet onirique......................... 251 i. l’aporie de l’objet.........................................................251 ii. la définition du rêve....................................................256 iii. le démonique du rêve................................................260 iv. la finalité du rêve.......................................................263 2. Observations particulières d’Aristote sur le rêve............268 i. le modèle biologique.................................................269 ii. le modèle hallucinatoire............................................271 iii. le modèle dualiste ou spiritualiste............................. 275 iv. le modèle psychique.................................................279 3. Divergences et convergences.......................................281 i. la question de !’imagination......................................282 ii. points de comparaison.............................................287 a. la rémanence de la sensation..............................287 β. le lien éveil ־sommeil...........................................288 y. le caractère hallucinatoire du rêve........................288 δ. le rêve pensée ou image......................................291 ε. l’activité onirique...................................291 ζ. la mémoire dans le rêve............... 292 η. le désir dans le rêve.............................297 iii. impasse ou dégagement..........................307 D. La vérité du rêve................................. 310 1. Le rêve comme représentation dramatique..314 2. Le rêve comme représentation de désir......329 Conclusion.................................................................................................339 Épilogue......................................................................................................347 Annexe : quelques rêves............................................................................350 Le rêve de l’injection faite à Irma Élise L. au théâtre La table d’hôte Rêve du marché On est prié de fermer les yeux 352 Références IV Avant-Propos La démarche ici proposée est surtout celle d’un psychanalyste cherchant le socle philosophique de sa méthode, et moins celle du philosophe interrogeant la psychanalyse. C’est une interrogation sur les assises plus qu’une critique philosophique de la psychanalyse. Certaines références de fond encadrent le mouvement de ce travail. La dette est parfois explicite, quelquefois plus diffuse. On aura reconnu l’influence de Ricoeur dans la façon de poser le plan et dans le mode de lecture ; une manière de pénétrer le texte avec bienveillance pour saisir ce qu’est la pensée de Freud plutôt que ce qu’elle devrait être. Le Blond nous a aussi guidé dans son approche de la pensée d’Aristote, surtout la saisie de l’écart entre la logique qui conduit la pensée et la méthode qui applique la pensée aux choses. Assoun nous a servi de balise dans certains domaines liés au rapport de Freud à la philosophie. Enfin, l’essai récent de Castel sur L’Interprétation du rêve, paru peu avant la mise en chantier de ce travail nous a été d’un apport important. Le texte de Freud suivi ne peut se passer de la référence centrale que représente la traduction anglaise de Strachey, celle de la Standard Edition. Les deux textes majeurs qui nous intéressent, L’Interprétation des rêves et les Leçons d’introduction à la psychanalyse n’ont pas encore paru dans l’édition des Oeuvres Complètes en français. Nous avons donc suivi les anciennes traductions de Meyerson-Berger pour L’interprétation et celle de Jankélévitch, parue chez Payot, pour L’Introduction à la Psychanalyse. L’appui sur le texte allemand de Freud fut posé à partir de l’édition Fischer Taschenbuch. Le texte d’Aristote suivi est celui de la collection Budé pour les Parva Naturalia, et celui récent, paru en cours de rédaction de ce travail, de Morel chez Garnier-Flammarion ; accessoirement, les textes de Lulofs et V de Gallop ont été consultés. Pour le reste de l’œuvre d’Aristote, les principales références consultées sont les traductions de Tricot, celles de la collection Budé et celles de la Loeb Classical Library. D’abondantes notes en bas de page assaisonnent le texte. Elles ont quatre fonctions particulières. La première est d’assurer des références précises faciles à consulter ; lorsqu’il est possible de le faire sans alourdir la lecture des codes concis insérés dans le texte les remplacent, notamment pour les références à L’Interprétation des rêves et aux Leçons d’introduction de Freud. La seconde est d’identifier certains problèmes de traduction entre l’original et les versions française et anglaise ; tout au moins de faire saisir la lettre du texte dans ses tournures ou ambiguïtés. La troisième fonction est de fournir uploads/Philosophie/francois-sirois-le-reve-freud-et-aristote.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager