L’Éthique QUATRIÈME PARTIE ARISTOTE Chapitre VII L’Éthique Aristote nous a lais
L’Éthique QUATRIÈME PARTIE ARISTOTE Chapitre VII L’Éthique Aristote nous a laissé trois traités d’éthique : a). Éthique à Eudème de Rhodes b). Éthique à Nicomaque, son fils, œuvre maîtresse divisée en dix livres ; c’est celle-ci qui retiendra notre attention. c). La Grande Morale, dont l’authenticité est mise en cause : une partie de la critique l’attribue à un aristotélicien postérieur. Ces trois traités contiennent avec celui de la Politique, ce qu’Aristote appelle science pratique ou science politique, un savoir universel qui a comme finalité d’orienter l’agir de l’homme en tant qu’homme et en tant que citoyen. L’éthique d’Aristote est aujourd’hui au centre de l’intérêt des études aristotéliciennes, qui ont récupéré ces dernières années un aspect qui avait été jusqu’à présent partiellement oublié : la méthodologie particulière utilisée par le Stagirite dans ces traités et, avec elle, la rationalité qu’il y met à contribution et théorise. En effet, la particularité du savoir pratique et sa difficulté résident dans leur intention de se constituer en savoir universel et par conséquent plus ou moins normatif, alors qu’il s’agit d’un type de réalité, l’agir humain, qui se configure à partir de la délibération et du choix de chaque homme et qui, par conséquent, offre une résistance particulière à sa formalisation par la science. Mais en plus de la particularité de son objet, la difficulté de l’éthique, telle qu’Aristote la conçoit, procède de sa finalité pratique ; il s’agit d’un savoir pour agir, un savoir L ’Éthique http://philosophieancienne.over-blog.com/page-5277523.html 1 of 12 14/04/2017 19:22 qui ne cherche pas à savoir ce que les hommes on fait ou font, mais ce que les hommes doivent faire. Ces caractéristiques de l’éthique exigent une méthode propre qui ne peut pas être la même que celle qu’Aristote théorise pour les sciences apodictiques ; une méthode qui, selon Aristote, doit prendre son départ de l’expérience de la vie (l’expérience propre et celle des autres) cristallisée dans l’opinion notable : endoxa. Le recours à l’opinion, la précision particulière qu’Aristote réclame à l’éthique, différente de celle de la science apodictique et, surtout, la façon même d’argumenter qu’Aristote utilise dans ses traités justifient que l’on puisse parler d’une méthode dialectique, qui ne nie pas la rigueur de ce savoir ni sa possibilité d’atteindre des conclusions nécessaires. L’éthique d’Aristote n’est pas un savoir déduit, un corollaire de sa métaphysique : c’est un savoir autonome dans une certaine mesure, de par son objet, sa finalité et sa méthode ; mais un savoir qui ne peut pas se passer d’un fondement ultérieur, métaphysique. 1. Le bien et la fin de l’homme Après avoir fait ces précisions sur la méthode de l’éthique, il convient de centrer l’attention sur la question qu’Aristote pose : quel est le but qui doit guider le comportement humain ? Cette question suppose déjà que l’agir des hommes doit atteindre un but. Une telle hypothèse semble être avalisée par l’expérience ; l’Éthique à Nicomaque commence en disant : Tout art et toute investigation et pareillement toute action et tout choix tendent vers quelque bien, à ce qu’il semble. Aussi a-t-on déclaré avec raison que le Bien est ce à quoi toutes choses tendent. Éthique à Nicomaque, I, 1, 1094 a En effet, l’homme n’agit s’il ne conçoit pas l’objet de son action comme un bien, une fin à atteindre. Aristote distingue encore les fins ou biens qui le sont par eux-mêmes, qui sont poursuivis pour eux, de ceux qui ne sont cherchés que pour l’utilité qu’ils rapportent, pour leur condition de moyens pour atteindre une fin ultérieure. Cela lui permet de formuler une nouvelle hypothèse : tout fait penser qu’il doit avoir une fin ultime de l’agir humain par rapport à laquelle toute autre fin est conçue comme telle. S’il n’y avait pas une telle fin, on ne pourrait pas concevoir la vie de l’homme de façon unitaire, il n’y aurait pas un comportement à proprement parler, il n’y aurait qu’un ensemble épisodique d’actions non connectées entre elles. L ’Éthique http://philosophieancienne.over-blog.com/page-5277523.html 2 of 12 14/04/2017 19:22 L’existence d’une fin étant supposée, Aristote précise les caractéristiques que celle-ci devra posséder pour pouvoir être vraiment la fin ultime. Elles sont au nombre de trois : l’unicité, c'est-à-dire, la fin ultime ne peut être qu’unique, de façon que tout le reste est voulu pour elle, tandis qu’elle est voulue par elle-même ; 1. l’autarchie, c'est-à-dire, la fin ultime doit être autosuffisante pour combler la vie humaine ; elle doit être atteinte avec le propre agir du sujet, incarné par lui et non, comme le prétendait Platon, une réalité externe et autonome ; 2. la stabilité : la fin ultime doit pouvoir être possédée de façon permanente. 3. Une fin ultime ainsi conçue, Aristote l’appelle eudaimonia, le bonheur. La tâche suivante qu’Aristote entreprend est celle de déterminer son contenu. Pour cela il fait recours aussi à la propre expérience et à l’opinion notable. Sur cette base, et en tenant compte des caractéristiques formelles qui ont été signalées, il rejette que le bonheur puisse consister en les honneurs, les richesses ou les plaisirs. Les plaisirs, dans leur acception ordinaire, ne peuvent pas constituer le bonheur, la fin ultime de l’homme, car dans ce cas il ne serait pas différent de ce qui semble satisfaire aux animaux ; cela impliquerait de réduire l’homme à un être sensible, en ignorant sa caractéristique la plus propre, son intelligence. Les honneurs ne peuvent pas ils non plus constituer la fin ultime de l’homme, car l’expérience montre qu’ils dépendent moins de l’agir de l’homme que de la considération des autres ; c’est donc un bien externe. Les richesses, plus que les plaisirs et les honneurs, paraissent à Aristote être indignes d’occuper la place de la fin ultime, car leur caractère instrumental, de moyen, est évident. Aristote s’engage dans la tâche de définir le bonheur humain et pour cela il fait recours à ce que tous considèrent comme étant le plus caractéristique de l’homme : sa rationalité. La question de l’éthique n’est aucunement abstraite, il ne s’agit pas de savoir ce que c’est le bien, la fin, mais quelle est la fin, le bien de l’homme. Pour cela Aristote pense qu’il faut regarder la façon d’être qui est propre à l’homme, sans que cela ne contredise les indications méthodologiques qu’il a lui-même établies. Il ne s’agit pas de déduire à partir du concept théorique de « nature humaine » ce que l’homme devra faire s’il veut être heureux, mais de proposer et de défendre par voie dialectique ce qui L ’Éthique http://philosophieancienne.over-blog.com/page-5277523.html 3 of 12 14/04/2017 19:22 pourrait constituer la fin ultime de l’homme en partant de la considération communément admise et vécue de sa façon propre d’être. Ainsi, en s’attenant aux considérations qu’il a faites dans les Topiques, Aristote propose la définition du bonheur suivante : Le bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu et, au cas de pluralité de vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles. Éthique à Nicomaque, I, 7, 1098 a Au vu de cette définition, qu’Aristote justifie et précise tout au long de son traité, on peut déjà en signaler quelques caractéristiques : En premier lieu, qu’il y a pour lui une fin ultime objective et unique, l’activité de la vertu meilleure et plus parfaite. Telle activité, dira-t-il après s’être arrêté à étudier les vertus, est la contemplation, l’activité théorique, l’exercice de la vertu de la sophia. Et cependant cela ne veut pas dire qu’une telle activité soit la fin unique de la vie humaine, à l’exclusion de toute autre valeur. C’est la fin la plus élevée que l’homme peut atteindre ; mais à côté d’elle, beaucoup d’autres activités ont aussi un caractère eudaimonique, sont capables de proportionner le bonheur, bien qu’à un degré moindre ; ce sont les activités qui procèdent des vertus éthiques. Ces activités ont-elles aussi un caractère final dans une certaine mesure, ne doivent pas être considérées exclusivement comme des moyens pour atteindre la contemplation. Certainement, la contemplation exige l’exercice des vertus morales, mais les vertus morales ne sont pas envisagées ni cultivées comme des moyens pour parvenir à la contemplation. Ce ne sont donc pas deux possibilités contraposées ou disjonctives d’envisager le bonheur, mais complémentaires. Le bonheur, dans son sens plénier, sera la vie selon la vertu totale, c'est-à-dire, la vertu la plus parfaite qui inclura implicitement comme condition ce qui est moins parfait ; mais ce qui est moins parfait, parce qu’il est aussi parfait en lui-même, est aussi eudaimonique d’une certaine façon. C’est dans ce sens que l’on peut comprendre les affirmations du Stagirite : Mais une vie de ce genre sera trop élevée pour la condition humaine: car ce n’est pas en tant qu’homme qu’on vivra de cette façon, mais en tant que quelque élément divin est présent en nous. Et autant cet élément est supérieur au composé humain autant son activité est elle-même supérieure à celle de l’autre sorte de vertu Si donc l’intellect est quelque chose de divin par comparaison avec l’homme, la vie selon l’intellect uploads/Philosophie/l-ethique.pdf
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- Publié le Jui 30, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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