1 INTRODUCTION Les noms de Palestine mandataire, ou Palestine sous mandat brita
1 INTRODUCTION Les noms de Palestine mandataire, ou Palestine sous mandat britannique, désignent le statut politique proposé par la Société des Nations en 1920, mandat établi à partir de 1923, pour le territoire de la Palestine antérieurement partie de l’Empire ottoman. Le 25 avril 1920, la conférence de San Remo, après avoir décidé que les territoires arabophones de l'Empire ottoman, partie des Empires centraux défaits au cours de la Première Guerre mondiale, ne seraient pas restitués à la Turquie, adopte une résolution attribuant au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine4. Il ne s'agit que d'un mandat provisoire, appelé à être confirmé par la Société des Nations, qui précise qu'à l'est du Jourdain certaines de ses dispositions pourraient ne pas être applicables sous réserve de l'approbation de la Société des Nations, mais que les Britanniques décident de mettre en œuvre dès 1er juillet. Le 8 décembre 1920, les Britanniques déposent leur projet de mandat définitif5. Le Conseil de la Société des Nations l'approuve le 24 juillet 1922. C’est dans cette optique que s’inscrit le sujet suivant : « Le mandat Britannique en Palestine et le plan de partage de l’ONU ». Comment ont-ils évolués le mandat britannique en Palestine et le plan de partage de l’ONU ? Dans notre analyse nous montrerons d’une part les raisons et les causes. 2 I. QU’EST QUI PROVOQUE LE MANDAT La période 1920-1948 est extrêmement foisonnante et il faudrait des heures pour en approfondir l’étude. Pour tenter de présenter une brève synthèse, j’ai choisi un plan chronologique en dégageant quelques éléments importants. Trois points sont à retenir. D’abord les conditions historiques qui ont conduit à ce mandat britannique en Palestine. Ensuite, les vingt ou vingt-cinq ans de mandat. Enfin, naturellement, les conditions de l’achèvement du mandat qui conduiront au partage de 1947. Les conditions historiques qui ont conduit au mandat Il faut distinguer deux temps. D’abord les tractations des Alliés pendant la Première Guerre mondiale : les Français et les Britanniques pensaient que l’Empire ottoman allait se disloquer avec la défaite. Puis, deuxième temps, la conférence de la paix en 1919 à Paris. On ne dira jamais assez à quel point cette conférence a préparé les guerres futures en Europe et au Proche-Orient. 1. Premier temps : les tractations pendant la guerre contre l’Empire ottoman Les Français et les Britanniques ont tenté de se placer pour l’avenir. Si l’on évoquait le Liban et la Syrie, la France serait en cause. S’agissant de la Palestine, ce sont les Britanniques qui prennent les décisions et qui portent des responsabilités écrasantes. Ils ont discuté avec les Arabes et ont passé un accord avec eux ; ils ont discuté aussi avec les Français et le mouvement sioniste. Ils ont donc négocié avec tous les acteurs et ont fait des promesses aux uns et aux autres, tout à fait contradictoires. En 1915, la Grande-Bretagne a mené une négociation avec le leader arabe de La Mecque, Hussein : c’est la correspondance Mac Mahon-Hussein qui conduit les Britanniques à promettre, malgré certaines ambiguïtés, la création d’un État arabe au lendemain de la guerre. Les Britanniques veulent en effet que les Arabes se révoltent contre l’Empire ottoman et deviennent ainsi leurs alliés. 3 Or les territoires revendiqués par le chérif Hussein représentaient finalement l’ensemble du monde arabe, excepté l’Égypte, de la Turquie à Aden, sur le Golfe Persique et à la Mer rouge ; donc l’ensemble de la péninsule avec les pays devenus aujourd’hui l’Irak, le Liban, la Syrie, la Transjordanie, la Palestine et l’Arabie Saoudite. Mais quelques jours après la fin de la correspondance Hussein-Mac Mahon, les Britanniques vont discuter avec la France du partage des influences au Proche-Orient. Voyez la carte des accords Sykes-Picot qui sont tout à fait essentiels. Ces négociations ont commencé en 1915 avec l’idée d’un partage de la région. Sur la carte, on voit bien que le Nord est sous l’influence ou le contrôle de la France tandis que le Sud est sous l’influence ou le contrôle britannique. Avec les accords Sykes-Picot, on s’aperçoit que la préoccupation fondamentale des Britanniques était de pouvoir passer du Golfe arabo-persique à la Méditerranée. Sur la carte, apparaît la profondeur stratégique de la zone britannique qui permettait de contrôler la région mais surtout, et c’est vraiment essentiel, la route des Indes. Au Sud, le port de Bassorah avait une importance stratégique. Dans ce partage, la France obtenait ce qu’on appellera plus tard la Syrie et le Liban ainsi que Mossoul, c’est-à-dire la zone qui est aujourd’hui le nord de l’Irak et une partie de la Turquie. Quant à la Palestine, la carte indique quelle doit être placée sous contrôle international. Les Britanniques qui ont déjà Bassorah ont aussi besoin d’un port sur la Méditerranée : ce sera Haïfa. C’est la seule concession qui leur est faite à ce moment en ce qui concerne la Palestine. Mais assez rapidement Londres cherche à remettre en question ce partage. En décembre 1918 se déroula une discussion entre Clemenceau et Lloyd George ; nous n’en avons aucun procès-verbal mais simplement des échos. Lors de cette discussion qui eut lieu à Londres, Lloyd George demanda à Clemenceau Mossoul et la Palestine. L’affaire se régla très vite : Mossoul passe sous mandat britannique et est intégré au mandat irakien et la Palestine qui devait être sous contrôle international passe sous contrôle britannique. Entre-temps, il y a eu l’autre promesse, à la fois fondamentale et 4 sans doute fondatrice des malheurs de cette région, la déclaration Balfour. Le 2 novembre 1917, Lord Balfour affirme au mouvement sioniste qui existe depuis une vingtaine d’années que le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif ; quelques lignes plus loin, il est dit qu’on ne portera atteinte ni aux droits civils ni aux droits religieux des collectivités non juives existant en Palestine. Le texte parle de droits civils et religieux mais n’évoque pas de droits politiques. Il y aura ensuite des négociations avec la France qui voulait que, dans le mandat, les droits politiques soient insérés. Un problème sémantique s’est posé puisque « civil rights » peut se traduire par droits politiques ; mais, en définitive, le terme droits politiques n’a jamais été repris. De ce premier point, retenons que les Britanniques ont fait des promesses contradictoires. Aux Arabes, ils promettent tout ; aux Français un partage de la région ; et au mouvement sioniste, un foyer national juif en Palestine alors qu’à ce moment, il y a 10 ou 12 % de Juifs en Palestine ; certains sont là depuis très longtemps mais la plupart se sont installés dans les premières colonies qui datent de 1882. 2. Deuxième temps : la conférence de Paris en 1919 À cette conférence, ce sont les Français avec Clemenceau et les Britanniques avec Llyod George qui ont le plus de poids. Les Italiens se retirent du jeu assez vite ; les Américains sont présents avec le président Wilson, ce qui va susciter beaucoup d’espérance parmi les peuples de la région, notamment chez les Arméniens, les Kurdes et les Arabes. La conférence de paix reçut de nombreuses délégations (arabe, sioniste, arménienne, kurde...) qui viennent exposer leurs revendications. Les Arabes réclament l’indépendance mais il y a des revendications plus spécifiques. Par exemple, les Libanais veulent un grand Liban. Le projet sioniste est présenté par Weizmann, l’homme qui a obtenu la déclaration Balfour. La carte précise la revendication sioniste : elle concerne toute une partie de la Palestine jusqu’à 5 la ligne de chemin de fer qui va vers le Hedjaz, c’est-à-dire vers l’Arabie et inclut au nord les sources aquifères et toutes les réserves d’eau de ce qui sera le Liban. Le contrôle des fleuves importants, en particulier du Litani, est une revendication majeure des sionistes. On voit bien se dessiner les problèmes qui se poseront plus tard, l’occupation du Sud-Liban et celle du Golan pour contrôler toute cette zone au nord de la Galilée. Ces revendications sont donc contradictoires et l’on tranche à San Remo, en avril 1920, en faveur des puissants. Le Proche-Orient sera lié aux intérêts des Britanniques et des Français. Pour l’essentiel, on appliquera les principes qui ont été arrêtés par les accords Sykes-Picot, avec les modifications que j’ai indiquées. La Société des Nations (SDN) va donner des mandats aux Français et aux Britanniques. La France obtient un mandat sur la Syrie et un autre sur le Liban. C’est elle qui décide de la frontière et bâtit un grand Liban. Par contre, au nord, la France est perdante parce que Mustapha Kemal Ataturk refoule l’armée française qui occupait la Cilicie. Les Français doivent se replier en Syrie et au Liban. Les Britanniques obtiennent un mandat sur la Mésopotamie qui va devenir l’Irak et un autre sur la Palestine puisque la France, en décembre 1918, l’a accepté. Il reste une zone entre la Palestine et l’Irak que les Britanniques érigent en territoire à part : ce sera la Transjordanie qui va du Jourdain jusqu’à la frontière de ce qui va devenir l’Irak. Si l’on met de uploads/Politique/ expose-sur-le-mandat-britannique.pdf
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- Publié le Jui 06, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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