« L’art de passer entre les gouttes. Plus de roueries politiques aussi. Histoir

« L’art de passer entre les gouttes. Plus de roueries politiques aussi. Histoire de préserver, à droite, son image de “celui qui réussit à faire adopter l’impos- sible réforme des retraites”, il a acquis l’art de se faire rare dans les situations politiques (L’Expansion, 25 septembre 2003). » La caractéristique majeure de François Fillon est d’être un pur apparatchik, un fruit du régime parle- mentaire depuis plus de trente ans. Il a effectué en effet toute sa carrière, nous disons bien « toute », au sein du RPR puis de l’UMP sans jamais s’être frotté à un seul vrai travail. De 1981 à 2007, il a été six fois ministre, député durant plus de 21 ans, maire pendant 20 ans, président du conseil général de la Sarthe pendant six ans, et président du conseil régional des Pays de la Loire pendant cinq ans. Ce qui lui a donné une expérience pratiquement sans égale dans la vie politique. Né le 4 mars 1954 au Mans (Sarthe), ce fils de notaire gaulliste et d’une universitaire en histoire (et de gauche) a d’abord milité à gauche (comme tant d’autres…). Ouest France (juin 2003) a été l’unique journal à dévoiler ses premiers engage- ments de jeunesse : « A 14 ans, en mai 68, il fait le mur avec quelques élèves de sa classe de quatrième et revient au collège encadré par les gendarmes en chantant L’Internationale. Une autre fois, les jésuites de Sainte-Croix au Mans le renvoient trois jours pour cause de manifestation organisée contre l’incompétence d’un prof d’anglais. » Libération (26 juin 2002) précise : « François prend fait et cause pour sa mère quand la discussion devient ora- geuse, surtout au retour des traditionnelles vacances en Espagne encore franquiste. Le père, homme d’ordre, disait “au moins ça marche”, la mère et le fils tempêtaient contre le dictateur, “je quittais la table avant la fin du repas”. » Titulaire d’un bac A (mention passable), d’une maîtrise de droit public et diplômé d’études appro- fondies de droit public et de sciences politiques (il signera une étude sur la politique de défense de Valéry Giscard d’Estaing sous la direction d’Alfred Grosser), il abandonne ses études (il envisageait de devenir journaliste, s’étant ménagé quelques entrées à l’Agence France Presse) pour devenir, en 1976, assistant parlementaire de Joël Le Theule, célibataire endurci, ancien professeur d’histoire au Prytanée militaire de La Flèche, influent député RPR de la Sarthe et surtout plu- sieurs fois ministre. Fillon doit véritablement toute sa carrière avec Joël Le Theule avec lequel cet ancien appelé dans l’ar- mée de l’air (deuxième classe au Bourget) entrete- nait des liens très étroits (Le Theule était un vieil ami de ses parents). Ce « jeune loup » fut donc son chargé de mission lorsque ce dernier devint en 1978 ministre des Transports, puis comme ministre de la Défense durant trois mois en 1980 (où Le Theule soutient Raymond Barre et s’oppose vive- ment à Jacques Chirac). Devenu conseiller munici- pal en 1977 et adjoint au maire en janvier 1981 de Sable-sur-Sarthe, Fillon deviendra maire en 1983, ne laissant son fauteuil qu’en 2001 pour présider la communauté de communes en raison de la loi sur le cumul des mandats et se fait élire simple conseiller municipal de Solesmes, la commune où il réside. François Fillon lui succède donc sans encombre, comme député RPR de la 4e circonscription de la Sarthe (devenant le plus jeune député de France) à la suite du décès prématuré de Joël Le Theule, décédé à 50 ans d’un infarctus du myocarde le 14 décembre 1980 alors qu’il était ministre des Armées. Il devient également conseiller général (avec 78%) la même année. « Sans Joël Le Theule, avoue-t-il, il n’aurait sans doute jamais rien connu des ors des palais ministériels […] En fait, c’est l’histoire - presque banale - d’un jeune baron se taillant un fief (Libération, 20 août 1995). » Le 31 mai 1980, il a épousé Penelope Clarke, une Galloise britannique connue à l’université du Maine (où elle était assistante d’anglais) dont il a eu cinq enfants (dont deux ont été scolarisés en éta- blissement privé catholique à Paris). N° 236 8 € 15 au 31 mai 2007 ➤PORTRAIT : François Fillon (p.1-2-7) ➤POLITIQUE : (p.3-4-6-9) ➤LOBBIES : (p.5) ➤ETRANGER : (p.8) ➤KIOSQUE : (p. 10-11) ➤POLITIQUEMENT INCORRECT : (p.12) SOMMAIRE PORTRAIT FRANÇOIS FILLON & FAITS DOCUMENTS Lettre d’informations confidentielles d’Emmanuel Ratier Pur apparatchik chiraquien puis sarközyste, François Fillon, non- énarque comme Nicolas Sarközy, devrait probablement être le prochain Premier ministre. Retraçant ici son itinéraire mais aussi le bilan des mul- tiples ministères qu’il a dirigés, on s’interrogera sur les possibillités de réforme de celui qui fut souvent surnommé « Courage, Fillon » ou « Faux fuyons » dès qu’il rencontrait des difficultés… INDEX Allègre C...............p.3 Alliot Marie M......p.2 Bachelot R.............p.2 Bacon F...............p.12 Balladur E..............p.2 Baroin F.................p.7 Barre R ..................p.1 Barrosso M............p.3 Bayrou F................p.6 Besson E................p.3 Blair T ...................p.8 Bolloré V...............p.4 Bush G...................p.8 Chirac J..................p.2 Clarke P.................p.1 Cochet Y ...............p.3 Cresson E ..............p.6 Cruise T...............p.11 Cuq H..................p.10 Debré JL................p.6 Delanoë B..............p.3 Delors J..................p.6 Dilain C.................p.4 Fabius L.................p.3 Fillon F..................p.1 Freud S................p.12 Hollande F.............p.2 Jospin L.................p.3 Juppé A..................p.2 Lang J....................p.6 Lepage C...............p.6 Le Pen JM.............p.3 Mamère N .............p.3 Martin J .................p.4 Mégret B................p.9 Merkel A ...............p.4 Mitterrand F ..........p.2 Monod J.................p.2 Nihous F................p.9 Pasqua C................p.1 Raffarin JP.............p.7 Rocard M...............p.9 Royal S..................p.3 Sarközy N..............p.1 Seguin P.................p.2 Sharon A ...............p.5 Starck P .................p.2 Strauss-Kahn D.....p.3 Villiers de P...........p.3 Voynet D................p.3 ➤ (Suite page 2) & FAITS DOCUMENTS Page 2 15 au 31 mai 2007 Proche de Charles Pasqua (après avoir été un adepte de Raymond Barre après 1981), il sera réélu sans problème en 1986 et en 1988 (51,9%). Dans la lignée de son mentor, il devient un spécialiste des questions de défense, étant notamment secrétaire national du RPR à ce secteur (1984-1988) et présidera la commis- sion de la défense de l’Assemblée nationale (1986-1988) alors qu’il n’a que 32 ans. A partir de 1991, il présidera le Centre d’analyse sur la sécurité européenne (Case), avec Pierre-André Wiltzer, Jean-Yves Le Drian, Christian Bourdelle et Raoul Girardet. Avec Michel Barnier et Philippe Séguin, dont il deviendra le premier lieutenant (« Philippe Séguin m’a formaté idéologiquement », Challenges, 25 sep- tembre 2003), il lancera le club Le Cercle, regroupant à parité de jeunes élus UDF et RPR (dont Philippe Séguin et Michel Barnier). En 1989, il fera partie du « groupe des douze », des rénovateurs UDF et RPR de l’opposition qui réclament une plus grande union et contestent les méthodes des caciques de la droite (Chirac et Giscard d’Estaing). En mars 1992, il entre au conseil régional et devient président du conseil général de la Sarthe (jusqu’en 1998), succédant à l’UDF Michel d’Aillières malgré l’UDF Roland du Luart. En 1993, il est réélu dès le premier tour dans la 4e circonscription de la Sarthe avec 58,58%. En 1997, il gagne avec 52,73% face au socialiste Gérard Saudubray (député de 1986 à 1988, conseiller général, maire adjoint de La Suze-sur- Sarthe); et enfin, en juin 2002, il est réélu dès le premier tour avec 55,21%, battant notamment le socialiste Stéphane Le Foll, directeur de cabi- net de François Hollande (il sera remplacé au Palais-Bourbon par le premier adjoint au maire de Sablé, le jeune Marc Joulaud). En 1993, il devient ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, renonçant rapidement à toute réforme des IUT (l’excellent « rapport Laurent » passe aux oubliettes) à la suite de grèves étu- diantes orchestrées par l’Unef et l’Uned-ID, jus- tifiant sa reculade par l’« impérieuse nécessité de la concertation », ayant été nettement désa- voué par le Premier ministre : « Comme Edouard Balladur n’a jamais goûté les incen- dies, François Fillon a largement manié l’extinc- teur après chaque velléité de changement. Dans le domaine de la recherche, réputé plus calme, il s’est heurté à une communauté scientifique inquiète pour son avenir (Les Echos, juin 1995, voir aussi, François Fillon detirer les textes contestés sur la réforme des IUT, Le Monde, 16 février 1995). » Quant à sa réforme autorisant les universités à déroger à la loi Savary en 1993, elle sera censurée par le Conseil constitutionnel. Opposé à la ratification du traité de Maastricht (comme Charles Pasqua et Philippe Séguin), il fera campagne contre une bonne partie de l’appareil RPR (Un « non » de conviction, Le Figaro, 3 septembre 1992, où il se prononce pour une « Europe à géométrie variable »), puis prendra position en 1995 pour Edouard Balladur, puis pour Jacques Chirac au second tour. A l’époque, il déclare (Libération, 22 juin 1995) : « Le FN progresse parce que les partis politiques ne jouent pas assez leur rôle de contre-pouvoir dans un système où les pouvoirs du Parlement sont déjà modérément importants. Il y a urgence. le RPR doit refaire de la poli- tique, avoir un discours autonome par rapport au gouvernement, sans être tenté de s’effacer devant lui. S’il ne se remet pas à l’écoute des gens, n’affirme pas haut et fort ses valeurs uploads/Politique/ faits-et-documents-236.pdf

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