LElTRE OUVERTE AU CITOYEN PRÉSIDENT-FONDATEUR DU MOUVEMENT POPULAIRE DE LA RÉVO
LElTRE OUVERTE AU CITOYEN PRÉSIDENT-FONDATEUR DU MOUVEMENT POPULAIRE DE LA RÉVOLUTION, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PAR UN GROUPE DE PARLEMENTAIRES Celui qui a la conscience d'avoir merit6 de son pays et surtout de lui être encore utile, celui que ne rassasie pas une vaine celebrite et qui dedaigne les succes d'un jour pour une veritable gloire, celui qui veut dire la verite, qui veut faire le bien public independamment des mobi- les mouvants de l'opinion populaire, cet homme porte en lui la recompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, la destinee de son nom que du temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous. M I RAB EAU Kinshasa, le ler novembre 1980 LETTRE OUVERTE AU CITOYEN MOBUTU SESE SEKO, P R ÉS I D ENT-FO N DAT EU R DU MO U VEM ENT POP U LAIR E DE LA RÉVOLUTION, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE Citoyen P rbsident- Fondateu r, Dans votre discours du premier juillet 1977 A la Cite du Parti A "SELE, apr&s avoir constate que la voix du peuple etait souvent btouffbe, et qu'elle risquait de se faire entendre trop tard, vous ajoutiez ceci : 94 LETTRE OUVERTE A MOBUTU (( LE MOUVEMENT POPULAIRE DE LA REVOLUTION EST UN PARTI DEMOCRATIQUE ET NON UN PARTI DICTATORIAL. LE PEUPLE ZAlROlS DOIT AUSSI AVOIR L'OCCASION D'EMETTRE DES CRITIQUES CONS- TRUCTIVES; CAR, A MON SENS, TOUTE CRITIQUE OBJECTIVE FAIT PARTIE DE L'EXERCICE DE LA DEMOCRATIE. UNE CRITIQUE NE NOISE ET DESTRUCTIVE (I). )) DEVIENT SUBVERSIVE QUE QUAND ELLE EST CLANDESTINE, SOUR- Pour la premiere fois, permettez-nous de faire usage de cette liberte democratique que Vous avez publiquement reconnue. Et permettez-nous d'en user en nous adressant directement B Vous- même. Les Problemes souleves ici ayant un caractere public, nous avons jug6 bon de donner B la presente la diffusion qu'elle merite. Citoyen President-Fondateur, Les reflexions qui suivent ne sont ni satire, ni proces. Elles sont tout simplement le resultat de nos preoccupations quotidiennes, des interrogations qui decoulent tout naturellement de la confronta- tion de notre realite d'aujourd'hui avec nos declarations publiques. A commencer par votre profession de foi du 24 novembre 1965 et votre discours-programme du 12 decembre 1965, en passant par le Manifeste de la "Sele et par toutes les declarations qui sont venues completer ces principes de base. Vu sous ce rapport, nous preferons opter pour un langage mili- tant, c'est-B-dire depouil16 de toute hypocrisie et de toute flatterie. Citoyen President-Fondateur, Le 24 novembre 1965, par un coup d'État, Vous preniez la grave decision d'assumer personnellement la magistrature suprême de notre pays. Les justifications fournies B cette occasion, dans la mesure oir elles n'ôtaient pas au peuple son rôle primordial nous ont convaincu de votre sens patriotique et de votre desir de con- duire notre jeune et grande Nation vers le bonheur et la prosperitd. Le 12 decembre 1965 notamment, devant la Nation representee au Stade du 20 mai, vous avez prononce un severe requisitoire, suivi d'une analyse critique de la situation politique, economique, financiere et sociale. Vos paroles n'ont pu qu'&mouvoir les cœurs sensibles et vous ont valu la confiance et l'enthousiasme d'un peu- ple fraîchement liber6 d'une longue domination coloniale. Une nou- velle page d'histoire etait tournee. De nouveaux espoirs legitimes naissaient. Depuis lors, quinze ans se sont 6coul6s. Tout au long de votre regne, Vous n'avez cesse de nous r6p6- ter que (( les problemes du ZaÏre, le sort du Zaïre doivent être regles entre nous, au ZaÏre, et non point B l'&ranger )). Nous sommes de ceux qui attachons de l'importance B la necessite de voir les problemes zai'rois resolus par les Zaïrois. C'est (1) Discours pr6sidentiel du 1"' juillet 1977, p. [manquel et IMK. 95 LETTRE OUVERlT A MOBUTU pourquoi nous avons choisi de rester dans le pays et, chaque fois que l‘occasion nous en a kt6 donnee, nous n’avons pas manque d’apporter notre franche et loyale contribution B son edification. Cette option n‘est pas synonyme de resignation. Elle trouve son fondement dans l’amour, dans le profond attachement B notre pays et dans I’adhesion au modele de societe que le Manifeste de la “Sele propose B notre peuple. Citoyen President-Fondateur, Si, au terme de ces quinze ans d’un pouvoir que Vous avez exerce sans partage, nous avons connu des periodes de prosperite (entre les annees 1967 et 19701, ce dont nous Vous felicitons, nous devons cependant reconnaître que, depuis lors, la situation du Zaïre est devenue de plus en plus preoccupante sur tous les plans. DejB en 1977, ne disiez-Vous pas Vous-même avec raison : (( L‘ETAT ACTUEL DE NOTRE SOCIETE EST DES PLUS PREOCCU- PANTE ET CHAQUE SECTEUR DE LA VIE NATIONALE SE TROUVE DANS UN ETAT CRITIQUE QU’IL SERAIT VAIN D‘IGNORER )) (2). Et vous posiez le diagnostic en precisant que le (( Mal Zaïrois n’est pas d’ordre economique ou administratif. II est essentielle- . ment d‘ordre politique et moral )) (3). En d’autres termes, il y a une crise profonde de confiance tant A I’interieur qu’A l’extérieur. A I’interieur, les populations boudent manifestement le Parti et parais- sent blasees par la multitude de slogans qui se contredisent et ne se traduisent jamais dans la realite quotidienne. Sur le plan interna- tional, et B en croire les Bchos qui nous parviennent, le Zaïre a perdu toute cr6dibilite et ses dirigeants sont consideres comme les plus mauvais gestionnaires qui soient. En rapport avec la gravite de la situation, Vous avez preconise des remedes, B caractere politique essentiellement entre autre : (( la mise en pratique effective de toutes les libertes : la liberte d’opi- nion, c‘est-&dire le droit pour le gouvernes d’emettre des critiques constructives B I’egard des gouvernants (4) D. II s’est est suivi des reformes politiques et 6conomiques qui se voulaient prudentes et progressives. Si les reformes politiques ont connu un delai d’execution avec l’organisation des elections legisla- tives de 1977, donnant naissance B un Conseil legislatif dont l’action a redore le blason du ZaÏre, il n’en va pas de même des reformes economiques. Alors que nous nous attendions h ce que ces reformes politi- ques soient suivies de reformes economiques, alors que la Nation souhaitait vivement de voir se poursuivre l’action du Conseil legisla- tif, et de voir renforcer ses pouvoirs, votre discours du 4 fevrier 1980, de même que les menaces proferees B maintes reprises B (2) Discours presidentiel du 25.11.1977, Ed. ¡MK, p. 11. (3) Discours prbsidentiel d,u 25.11.1977, Ed. IMK, p. 11. (4) Discours presidentiel du 25.11.1977, Ed. IMK, p. 14. DOCUMENT l'endroit des parlementaires, sont venus arrêter Velan et I'enthou- siasme des Commissaires du Peuple qui, plus que d'autres cadres du Parti, passent pour les plus crkdibles des masses et de l'opinion internationale. Nous avons parle des reformes economiques. Elles sont restees plutôt des vœux pieux. Pourtant, n'aviez-Vous pas, le Premier, reconnu que (( le Systeme economique ZaÏrois est trop centralise. Le pouvoir central se reserve souvent le droit exclusif d'opkrer cer- taines prestations financieres, commerciales ou administratives. C'est pourquoi, ajoutiez-Vous, nous allons operer une dkcentralisa- tion de notre economie : decentralisation au niveau de la territoriale (Region, Sous-Region, Zones et Collectivites locales) et decentrali- sation au niveau de la gestion )) (51. Plus tard, Vous declariez que (( les trois quarts de la masse monetaire du pays sont concentres Z I Kinshasa : l'essence, les pro- duits alimentaires, pharmaceutiques, et autres importes de I'ktran- ger, demeurent Kinshasa alors que les devises pour leur'importa- tion proviennent en quasi-totalite de la sueur des populations industrielles et agricoles de I'interieur du pays D. Et Vous concluiez avec raison : (( DBs lors, l'on peut compren- dre en partie I'echec de tous nos programmes de relance agricole et développement du pays )) (61. Et Vous ajoutiez encore ceci : (( Avec la nouvelle equipe minis- terielle issue desdites reformes, je tiens B sortir notre pays de la crise economique. Pour y parvenir, nous devons avant tout nous atteler au développement rural )) (71. Depuis lors, plusieurs equipes ministerielles se sont succedees au Conseil Executif et l'on attend toujours les premiers signes de la perspective de fin de crise. Le secret residait-il dans la reforme ou dans la permutation des hommes ? I'experience prouve aujourd'hui que le probleme est plutôt ailleurs. C'est dans le Systeme, c'est-&dire dans la conception des struc- tures politiques qu'il faut, croyons-nous, le rechercher. La crise est structurelle. II ne s'agit pas d'une crise d'hommes, de cadres comme Vous ne cessez de le repeter. Dans les structures du MPR, même les cadres les plus experimentes doivent être incompetents. A la Banque du Zaïre, M. Bloomenthal, expert de renommee inter- nationale, ne s'est-il pas r6vele incompetent ? Sans doute consid6riez-vous le Plan Mobutu comme fer de lance pour sous-tendre la relance economique et assainir les finan- ces publiques. Bien qu'il soit malaise de le clamer tout haut, I'opi- nion publique, alimentee par radio-trottoir, est actuellement con- vaincue que notre beau plan est un mort-ne. II n'est plus qu'un souvenir douloureux uploads/Politique/ lettre-des-treize-parlementaires 1 .pdf
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- Publié le Aoû 03, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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