La rue, le soldat et le pouvoir : la garnison de Rome de César à Pertinax Autho

La rue, le soldat et le pouvoir : la garnison de Rome de César à Pertinax Author(s): Robert Sablayrolles Source: Pallas , 2001, No. 55, LA VILLE DE ROME SOUR LE HAUT-EMPIRE : NOUVELLES CONNAISSANCES NOUVELLES RÉFLEXIONS (2001), pp. 127-153 Published by: Presses Universitaires du Midi Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43608452 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Pallas This content downloaded from 130.251.200.3 on Thu, 27 Oct 2022 10:20:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms PALLAS, 55, 2001, pp. 127-153. La rue, le soldat et le pouvoir : la garnison de Rome de César à Pertinax Robert Sablayrolles Université de Toulouse II-Le Mirail La garnison de Rome : sous cette appellation générique, l'index de X Année Épigraphique regroupe les différents corps qui, à des titres divers, étaient stationnés dans 1' Urbs ou dans ses parages immédiats. Le titre unique laisse supposer une unité de fonction, généralement identifiée comme celle de police urbaine et/ou de support militaire du pouvoir politique, l'image de cette garnison de la capitale étant dominée par la figure du prétorien qui, sédi- tieux ou fidèle, passe pour défaire et faire les empereurs. Cette structuration simplificatrice doit beaucoup au fait que les travaux pionniers de M. Durry et A. Passerini, consacrés aux prétoriens (Durry, 1938 ; Passerini, 1939), ne furent suivis que bien plus tard d'études de synthèse sur les autres corps militaires de Y Urbs (Freis, 1965 et 1967 ; Bellen, 1981 ; Speidel, 1965, 1984 et 1994 ; Sablayrolles, 1996). À examiner la situation de façon plus détaillée, il apparaît désormais que des distinctions essentielles doivent être opérées entre les différentes composantes de la garnison urbaine, qui ne constitua jamais une structure par- faitement homogène, même si, avec le temps et la cohabitation, s'instaurèrent des habitudes collectives, sans doute plus sensibles dans les périodes de crise. Facteurs essentiels de la lente évolution qui, au jour le jour, donna peu à peu consistance à la réalité d'une garnison de Rome, le temps et, plus encore, la durée constituent des paramètres que ne doit pas perdre de vue l'historien des soldats de la ville, malgré l'éternelle tentation de découper l'histoire en tranches significatives, marquées par des événements charnières. On aurait tort, ainsi, de prêter à Auguste tout à la fois la conception théorique et la réalisation pratique d'une œuvre totalement structurée ou d'imaginer que la révolution sévérienne qui secoua, dès 193, l'en- semble de la garnison urbaine, se produisit en totale rupture avec un état de fait qui n'aurait pas changé pendant deux siècles. C'est donc à nuancer et à ancrer dans la durée un phéno- mène original de l'histoire de la ville qu'il faut s'attacher en priorité, chacune des compo- santes principales de la garnison disposant désormais de monographies de référence1. 1 Aux monographies déjà citées sur les prétoriens, les cohortes urbaines, les cohortes de vigiles et les cavaliers de la garde, il faut ajouter quelques articles ou études de synthèse (Nippel, 1984, 1988 et 1995, Echols, 1967 ; Robinson, 1992), des compléments récents (Kennedy, 1979 ; Bérard, This content downloaded from 130.251.200.3 on Thu, 27 Oct 2022 10:20:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 128 Robert Sablayrolles Violence urbaine et politique face au ta L'origine de l'installation de corps militaire bien d'autres aspects de l'histoire de Rome, le chiffre de population que l'on adopte (e montré qu'il pouvait varier en fonction de à réaliser sur l'idée que la Rome antique é empire méditerranéen dont les plus grand 30 % de la taille de 1' Urbs , suivant le mode naires, qui ne dépassaient guère 13 000 hab population. Comme dans toute concentrat problèmes d'ordre et de sécurité, compliqué tral étaient réunis au même endroit, dans ne permettaient guère d'intervention rapide religieux du pomerium , qui interdisait la vi concept élaboré de police urbaine, au sens Violence urbaine et politique : de P. Clodi L'existence d'une masse urbaine aux réac incontrôlable conduit à suggérer un rappr nages à la charnière de la république et de l Pulcher et le princeps , sanglant vainqueur Auguste. Ce n'est bien sûr ni dans les pro mise en œuvre ou tentative de mise en œu ou les réseaux de relations qui les entourai dans une analyse analogue de l'espace urbai Si l'on veut bien admettre l'autonomie de suggéré de façon convaincante nombre de t l'homme lige de César, de Pompée, de Cra divers historiens de la république finissant que la démarche politique de Clodius s'appu uiciy les quartiers de Rome. Sans reprendr rigoureuses de J.-M. Flambard (Flamba 1988 ; Keppie, 1996) et les pages de M. Redd (Reddé, 1986, pp. 431-453). Seuls, les statores , et les occupants temporaires des castra peregrin troupes urbaines, n'ont pas fait l'objet de trava les castra peregrina , voir E. Lissi Caronna, d 2 E. Lo Caseio, 1997 ; F. Coarelli, 1997. 3 La question fut posée de façon particulièrement pertinente par E. Gruen dès 1966 (Gruen, 1966) et reprise sous divers aspects dans les travaux de F. Favory (1976), Z. Yavetz (1965 et 1983), A. Fraschetti (1994) et J.-M. Flambard (19 77, 1978). Voir également, plus récents, Benner, 1987 et Spielvogel, 1997. This content downloaded from 130.251.200.3 on Thu, 27 Oct 2022 10:20:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms LA RUE, LE POUVOIR ET LE SOLDAT 129 Clodius pour la restauration des Compitali a, ces fêtes de quartier str Compítales , - opération menée à bien en 58 -, et l'utilisation de ce place un véritable soulèvement populaire organisé. « Isdemque con seruorum dilectus habebatur pro tribunali Aurelio nomine collegiorum conscriberentur, decuriarentur. . . » s'indignait le consul de 63 ( Pro S Cicéron décrivait Sex. Cloelius/Clodius, l'homme de main du tribun de quartier en quartier le jour des Compitalia de 58 pour rameuter culer les mots d'ordre (Cicéron, In Pisonem , IV, 8). P. Clodius utilis cadre des uici, lieu de la uicinitas , c'est-à-dire de la promiscuité sans juridique ou sociale, pour enrôler, au sens militaire du term z{dilectus turer la force inorganisée d'une population où se mêlaient esclaves libres, étrangers et citoyens, unis par les problèmes de la vie quotidie cherchait ainsi à canaliser dans un cadre paramilitaire la violence dans la masse du petit peuple des tabernarii , habitants des insulae sorte. C'est une analyse semblable du danger potentiel représenté par cette foule disp nombreuse des uici qui présida au découpage urbain d'Auguste. « Spatium urbis uicosque diuisit instituitque ut illas annui maģistrātus sortito tuerentury hos maģ cuiusque uiciniae lecti » (Suétone, Aug., XXX, l)5. Les quartiers se trouvaient e des hommes issus de la uicinia, qui allaient être les relais du pouvoir dans la masse et diverse de la uicinitas. L'encadrement fut complété par l'association du cult Augusti à celui des Lares Compítales. Ainsi la seule structure qui liait et sacralisait devenait-elle indissociable d'une forme de culte impérial, les ludi Compitalicii étan honneur et célébrant à la fois les Génies du quartier et celui de l'empereur (Su XXXI, 5). Cette attention d'Auguste pour les uici se manifesta à maintes reprise un temps aux magistři uicorum la responsabilité, essentielle, de la prévention d (voir infra) et il se préoccupa même de faire donner des représentations théâtrale tiers, sur des scènes dressées pour la circonstance et avec des acteurs parlant d langues (Suétone, Aug., XLIII, 2), image concrète de son souci d'associer aux célé la munificence impériale la uicinitas et sa diversité spatiale comme sociologique Cet encadrement étroit des uici, issu d'une analyse, analogue à celle de P. Clod pace urbain, de sa sociologie, de ses potentialités et de ses dangers constitue le tif de la politique augustéenne en matière de contrôle de la foule de 1' Urbs. La m de corps militaires ou paramilitaires, destinés à assurer l'ordre, en constitue le tif, mais, en la matière, Auguste avait à surmonter le double obstacle du tabou du et de l'absence de réflexion théorique et d'expérimentation dans le domaine. 4 « Sous les yeux des mêmes consuls, au pied du tribunal Aurèlien, on pratiquait des lev sous couvert de création de corporation, en enrôlant les hommes quartier par quart organisant en décuries... » 5 « Il divisa 1 espace urbain en régions et en quartiers et il decida que les premières sera à la surveillance de magistrats tirés au sort annuellement, et les seconds à celle de magis sis dans la plèbe de chaque quartier ». This content downloaded from 130.251.200.3 on Thu, 27 Oct 2022 10:20:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 130 Robert Sablayrolles Le tabou du pomerium Ligne sacrée qui séparait l'intérieur et l'ext désordre, la paix et la guerre, le pomerium éta le soldat en armes. Celui-ci uploads/Politique/ r-sabayrolles-la-garnison-de-rome-de-cesar-a-pertinax.pdf

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