Ateliers d'anthropologie 38 (2013) Pratiques religieuses (afro-)cubaines ......
Ateliers d'anthropologie 38 (2013) Pratiques religieuses (afro-)cubaines ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Emma Gobin et Géraldine Morel L ’ethnographie et l’anthropologie religieuses de Cuba : repères historiques et bibliographiques ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Emma Gobin et Géraldine Morel, « L’ethnographie et l’anthropologie religieuses de Cuba : repères historiques et bibliographiques », Ateliers d'anthropologie [En ligne], 38 | 2013, mis en ligne le 08 juillet 2013, consulté le 18 juillet 2014. URL : http://ateliers.revues.org/9348 ; DOI : 10.4000/ateliers.9348 Éditeur : LESC (Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative) http://ateliers.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://ateliers.revues.org/9348 Document généré automatiquement le 18 juillet 2014. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. T ous droits réservés L’ethnographie et l’anthropologie religieuses de Cuba : repères historiques et bibliograp (...) 2 Ateliers d'anthropologie, 38 | 2013 Emma Gobin et Géraldine Morel L’ethnographie et l’anthropologie religieuses de Cuba : repères historiques et bibliographiques 1 L’édition de ce dossier est issue d’un appel à contributions intitulé « Anthropologies émergentes de Cuba ». Initialement lancé par Valerio Simoni (université de Leeds) et Géraldine Morel (université de Neuchâtel), il a circulé au sein d’un réseau de « jeunes chercheurs » s’étant pour la plupart rencontrés à Cuba, durant des événements scientifiques ou sur le terrain. Sur une quinzaine de contributions reçues, près de la moitié portait sur la religion et provenait de chercheurs appartenant à des institutions européennes. Il semblait donc cohérent de les rassembler dans un numéro à part dont nous avons repris la coordination. Si le développement que connaissent aujourd’hui les études religieuses cubaines en Europe s’inscrit dans un renouveau plus général des études afro-américaines (Palmié, 2005 ; Capone, 2007), il se doit aussi à la conjonction de facteurs nationaux propres à Cuba. Ce n’est effectivement pas un hasard si les recherches ethnographiques sur ce pays, et sur le thème religieux en particulier, se sont singulièrement développées au cours des dernières années. Dans cet article introductif, nous reviendrons sur les conditions sociohistoriques spécifiques qui ont présidé à ce renouveau en les replaçant dans le contexte politique et idéologique cubain. Afin d’établir des jalons bibliographiques nécessaires au sein d’un domaine d’études devenu particulièrement dynamique, nous évoquerons aussi certaines tendances de la production scientifique relative aux religions cubaines en répertoriant et en commentant plusieurs études conduites récemment. Selon qu’elles proviennent des États-Unis, d’Europe ou de Cuba, ces dernières témoignent d’orientations diverses dont nous tenterons de dégager les lignes de force avant d’introduire les principales caractéristiques du champ religieux « afro-cubain » puis de présenter les thématiques qui émergent des articles réunis dans ce numéro 1. 1959 et 1991 : deux marqueurs historiques pour la recherche cubaine et étrangère 2 Deux dates sont essentielles pour comprendre l’histoire de Cuba dans tous les domaines, y compris celle du développement de la recherche nationale et étrangère sur ce pays ou, a fortiori, celle du statut variable des religions locales. La première est bien sûr l’année 1959, qui a vu le triomphe de la Révolution castriste avec tous ses espoirs et ses promesses. La seconde est l’année 1991 qui a quant à elle marqué le début de la tristement célèbre « Période spéciale en temps de paix » — état d’urgence et de pénuries consécutif au démantèlement du principal partenaire économique de l’île qu’était l’URSS et dont le pays se remet à peine. Durant la période définie par ces deux repères majeurs, les recherches en sciences humaines et sociales sur Cuba ont été largement monopolisées par les chercheurs cubains eux-mêmes. En Europe et en Amérique du Nord, elles se sont souvent limitées aux sciences économiques et politiques ou bien encore à des recherches de type historique 2, et pour cause. Quelques anthropologues étrangers intéressés par la question religieuse s’étaient ponctuellement rendus à Cuba avant 1959 — W. Bascom (1950, 1952, 1953) y avait mené des recherches dans les années 1940 ; A. Métraux et P. Verger (1994) avaient aussi visité l’île par curiosité comparative et sur l’invitation de leur collègue cubaine Lydia Cabrera. Après la Révolution cependant et dans le contexte de la guerre froide, la conduite d’enquêtes ethnographiques s’est rapidement révélée impossible pour des chercheurs occidentaux, à peu d’exceptions près (cf. par exemple Dumont, 1964 ou Lewis et al., 1977-1978 3). 3 En matière de recherche et de recueil de données empiriques, l’État castriste entendait en effet orienter et encadrer la production scientifique dans l’objectif d’en faire l’un des artisans actifs de la construction révolutionnaire. Cette production fut ainsi dévolue à des chercheurs nationaux — folkloristes, ethnologues et musicologues, dans une moindre mesure, L’ethnographie et l’anthropologie religieuses de Cuba : repères historiques et bibliograp (...) 3 Ateliers d'anthropologie, 38 | 2013 historiens — qui intégrèrent différentes institutions scientifiques et/ou culturelles d’État créées dans ce but 4. Des tâches parfois paradoxales et répondant à des fins idéologiques explicites leur furent alors assignées. On attendit notamment d’eux qu’ils participent à la construction et à la promotion d’une identité nationale unifiée et unique, à la valorisation de cultures considérées jusqu’alors comme subalternes et revendiquées comme constitutives de l’identité non-européenne du pays ainsi qu’à l’identification et à l’étude de pratiques et de représentations considérées comme nuisibles à l’édification du socialisme et potentiellement destinées à être éradiquées. Selon cette triple optique et dans une continuité relative avec les écrits prérévolutionnaires de « pères-fondateurs » tels que F. Ortiz ([1906] 1995, [1951] 1981), R. Lachatañeré ([1943-1949] 1992) et L. Cabrera ([1954] 1996), l’une des premières thématiques abordées fut celle des religions « afro-cubaines », dites aussi « d’origine africaine ». Avant que de nouvelles priorités de recherche ne soient définies, de nombreux articles publiés dans des revues nationales défrichèrent le champ empirique en présence 5 (panthéons locaux, aspects morphologiques et mythologiques de certaines pratiques cultuelles, iconographie et vocabulaire vernaculaire, organisation sociale et hiérarchies sacerdotales, etc., cf. Actas del Folklore, 1961, n° 1 à 12 ; Etnología y Folklore, 1966-1969, n° 1 à 9). Quelques ouvrages, tels que ceux de J. Luciano Franco (1959, 1961) ou de S. T. Díaz Fabelo (1960), parfois négligés (à tort) par la postérité du fait de leur mauvaise diffusion, furent aussi publiés parallèlement 6. 4 Dans le courant des années 1970, le thème « afro-cubain » fut délaissé par les chercheurs cubains en raison d’une réorientation de la politique scientifique qui coïncida avec la mort du « père des sciences sociales cubaines », Fernando Ortiz (1881-1969), qui avait jusqu’alors occupé la présidence de l’Académie des sciences, créée en 1961 pour superviser la recherche nationale, et encouragé l’étude des pratiques religieuses locales. Comme en témoignent les parcours et les souvenirs de ceux qui étaient en activité à l’époque, cette réorientation se fit en faveur de l’étude extensive des cultures provinciales et « populaires » rurales (cultura popular tradicional). Elle se développa dans le cadre d’un ambitieux projet dit de l’« Atlas ethnographique de Cuba (Atlas etnográfico de Cuba) » qui mobilisa la communauté scientifique du pays pendant presque deux décennies pour aboutir à deux publications tardives (CIDCC/Centro de antropología, 1999a et b). L’étude des religions afro-cubaines ne tomba pourtant pas complètement en désuétude. Tout d’abord, quelques-uns continuèrent de publier ponctuellement sur la question 7, mais surtout, ironie du sort, c’est aux États-Unis, pays ennemi par excellence, que ce thème de recherche se maintint en pointillé. Plusieurs auteurs cubains exilés y écrivirent sur la question, telle L. Cabrera ([1974] 1980, 1975, [1977] 1986, 1979, 1980), figure du mouvement afro-cubaniste prérévolutionnaire déjà citée ci-dessus, ou encore J. Castellanos, qui publiera tardivement une anthologie sur les religions afro-cubaines (Castellanos et Castellanos, 1992). Progressivement, alors que les pratiques religieuses afro- cubaines se répandaient à travers la communauté exilée dans des métropoles telles que Miami ou New York et parmi certains milieux américains, et notamment « afro-américains (African American) », elles suscitèrent aussi sur place l’attention croissante d’universitaires américains et de leurs collègues étrangers résidant dans ce pays 8 (qu’ils soient d’origine cubaine ou non). Aux États-Unis, ces études commencèrent donc à s’institutionnaliser. Cependant, puisque l’île restait inaccessible, les pratiques religieuses cubaines y furent surtout évoquées à partir de données de seconde main (ou anciennes) et/ou de terrains états-uniens, ce qui est toujours le cas pour la plupart des textes rédigés dans ce pays. Si l’analyse de cette longue littérature dépasse en cela les limites de cette introduction, différents travaux initialement entamés dans ce contexte requièrent en uploads/Science et Technologie/ gobin-morel-2013-ethno-rel-cuba.pdf
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- Publié le Dec 21, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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