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REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 5 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 135 LES RELATIONS ENTRE L’ARABE ET LE FRANÇAIS DANS LE SYSTEME EDUCATIF AU BURKINA FASO1 Mamadou Lamine SANOGO INSS-CNRST (Ouagadougou) Résumé La politique du “tout en français” a montré ses limites et ses conséquences déplorables surtout dans le domaine éducatif. Au Burkina Faso comme dans nombre de pays d’Afrique sud saharien, l’arabe tente de prendre sa revanche. Si le nombre d’écoles franco-arabes accroît, cela a très peu de conséquence sur la dynamique de la langue arabe. La conjonction entre le besoin de préserver la foi musulmane et l’insertion dans un monde francophone sont entre autres les facteurs qui déterminent le profil sociolinguistique des nouveaux arabisants. Mots-clés : arabisants, écoles franco-arabes, médersa, arabe, français, Burkina Faso Abstract The « frensh ou nothing » policy has show its limits and drawbacks mainly in the field of school. In Burkina Faso as many other Sub-saharian African states, the Arabic language is taking a new start. The increase in the number of Arabic school does not affect the place the language occupies in the society. The necessity to preserve the Islamic faith and the attempt to be inserted in the francophone word are some of the factors with determine the sociolinguistic profile of the new Arabic learners. Keywords : Arabic learners, franco-arabe school, medersa, arabic language, french, Burkina Faso 1 Le présent article est inspiré des recherches sur l’enseignement arabe qui ont été menées par Habuhadra M., Associat professor à l’Université Al-Fatha, Tripoli, Libye et Mamadou Lamine Sanogo. Nous assumons tout seul, les opinions exprimées ici. REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 5 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 136 I – INTRODUCTION Ancienne colonie française d’Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso est un pays francophone d’environ 12 millions d’habitants. Situé dans la savane subsaharienne, sa situation géographique fait de ses parties Ouest et Nord des espaces historiques de l’influence culturelle du monde arabe. Malgré une islamisation tardive du plateau central, le pays se caractérise par un fort taux de population musulmane soit près de 60 %. Avec ses nombreuses langues dont le nombre fait encore l’objet de discussions, le français est la langue officielle, la principale langue d’enseignement et la langue de travail aussi bien au niveau de l’administration, de la législation, de la justice... Cependant, l’arabe qui a une longue tradition d’implantation tente de refaire surface notamment à travers deux facteurs principaux que sont les écoles d’enseignement arabe et la religion musulmane. Ainsi, longtemps traqué et interdit sous la période coloniale, “l’enseignement musulman”, d’après l’expression d’Otayek R. (1993) refait surface. Le tournant des années 1980 avec la crise économique reste le plus déterminant dans la dynamique des écoles médersa. Le nombre de ces écoles ne cesse d’augmenter malgré tout le prestige accordé au français. Scolarisant plus de la moitié des enfants du primaire privé du Burkina Faso, le nombre de médersa est passé de 48,8% en 1993 à 54,42% en 2003. Les écoles d’enseignement arabe se reforment et s’adaptent malgré les problèmes de débouchés qui ne sont pas encore résolus. Les écoles d’enseignement arabe prospèrent malgré la pauvreté matérielle et humaine qui les frappe. Cette situation n’est pas sans incidence sur l’enseignement de la langue arabe qui reste la principale langue d’enseignement dans ces écoles. Quand on connaît l’état de dénuement total de nombre d’enseignants et fondateurs de ces écoles, quand on connaît le problème de débouché pour les arabisants et quand on tient compte de la situation de délaissement qui les caractérise, on en vient à formuler quelques interrogations : • Qu’est-ce qui pousse les parents et les élèves vers ces écoles d’enseignement arabe ? REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 5 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 137 • Pourquoi veulent-ils apprendre cette langue qui n’a que très peu de fonction dans ce pays francophone qu’est le Burkina Faso ? Le présent article est inspiré de travaux de recherches menées durant trois années, entre 2001 et 2003. Ces recherches ont été conduites à travers quatre provinces qui comptent parmi les plus islamisées du pays. Il s’agit de la province du Kadiogo, du Houet, du Soum et du Yatenga. L’objectif est d’étudier les relations entre le français et l’arabe à travers le système éducatif du Burkina Faso. Nous essaierons de montrer, d’une manière plus précise, les forces et les faiblesses, les atouts et les contraintes de ces deux langues à travers le système éducatif. Nous comptons attirer l’attention sur la dynamique des fonctions ainsi que les représentations des différentes langues en présence dans le système éducatif. Si l’enseignement arabe connaît une certaine dynamique compte tenu des difficultés que connaît « l’école en français », le français ne cesse de gagner du terrain dans les écoles arabes. Nous inscrivant dans le cadre de la compétition entre les langues en présence dans une situation diglossique, au sens de Fishman (1971), nous allons étudier la question de la gestion du français et de l’arabe dans le système éducatif du Burkina. Deux hypothèses viendront soutenir les arguments que nous exposerons dans les lignes qui vont suivre. Nous pensons dans un premier temps qu’en dépit de l’engagement francophone du Burkina Faso, l’arabe garde au sein de la population musulmane une certaine estime notamment par son caractère religieux ou de langue sacrée. Même si les conditions d’usage de la langue arabe ne sont pas courantes, les fonctions qu’elle assure lui réservent une place non moins importante notamment chez les musulmans. Ensuite, nous pensons que l’explosion du système scolaire arabophone a très peu d’influence sur les dynamiques sociales et politiques de la langue arabe au Burkina Faso. Malgré une augmentation constatée du nombre d’élèves et d’écoles d’enseignement arabe, la connaissance de cette langue ne confère aucun avantage social en dehors de la notoriété religieuse. REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 5 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 138 L’intérêt d’un tel travail nous semble important pour le système éducatif et l’enseignement de l’arabe à plus d’un titre. Il vient en quelque sorte contribuer à combler le manque de travaux de recherche (Ils sont très rares) sur la langue arabe en Afrique au Sud du Sahara. La littérature sur ce sujet est généralement orientée vers la recherche historique notamment en ce qui concerne, soit les processus d’islamisation, soit la montée des courants radicaux. Au moment où les difficultés de scolarisation se multiplient, les écoles franco-arabes offre une opportunité car elles accueillent une grande partie des enfants scolarisables. Cependant, ces écoles sont le plus souvent démunies et échappant au contrôle des Etats ; elles deviennent alors des proies faciles pour les courants religieux en conflit permanent. Le temps est venu de proposer des analyses objectives à propos de ces écoles et ce, pour deux raisons. Premièrement, elles participent à la résolution de l’épineuse question de l’offre scolaire à laquelle l’Etat n’a pas les moyens de faire face. Ensuite, puisqu’elles sont les plus abordables du point de vue du coût, il faut faire en sorte qu’elles n’échappent pas à leur fonction première, qui est d’assurer l’éducation aux jeunes burkinabè. Le présent article comportera trois parties essentielles. Dans une première partie, nous allons exposer nos méthodes de collectes des données. Ensuite, nous allons retracer l’histoire du conflit entre l’arabe et le français au Burkina Faso. Enfin, nous terminerons par la présentation de la situation actuelle en mettant en exergue le profil des élèves et enseignants ainsi que les pratiques langagières dans les écoles d’enseignement arabe au Burkina Faso. II. LES METHODES DE COLLECTE DES DONNEES Pour mener cette étude, nous avons utilisé de nombreuses stratégies de recherches complémentaires compte tenu de la complexité du sujet. Rappelons que les travaux ont été menés dans le cadre d’un programme de recherche intitulé “Recherches sur l’enseignement de la langue arabe au Burkina Faso”. Ce programme a pour objectif d’étudier le rôle et la place de la langue REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 5 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 139 arabe dans la politique linguistique du Burkina Faso. En plus des enquêtes de terrain à l’aide de guides d’entretien, nous avons fait des recherches documentaires. Nous avons bénéficié des activités d’animation scientifique (colloques, séminaires...) au cours desquelles nous avons eu des échanges fructueux. De même, le travail avec des étudiants et stagiaires ayant des thèmes de recherche similaires nous a été très profitable. Ces derniers ont assuré surtout le rôle d’enquêteur. Les enquêtes de terrain ont lieu en deux phases successives compte tenu de l’organisation de nos recherches. Les premières ont lieu entre mars et avril 2002. Elles avaient pour objectif de baliser le terrain et de procéder à une étude préliminaire afin de consolider notre problématique, nos hypothèses ainsi que uploads/Science et Technologie/108.pdf
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- Publié le Jui 12, 2022
- Catégorie Science & technolo...
- Langue French
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