Introduction : La question de l'euthanasie est sans doute l'une des plus comple
Introduction : La question de l'euthanasie est sans doute l'une des plus complexes qui soit, faisant intervenir le domaine du privé, ainsi que des problèmes à la fois éthiques et humains. En effet, jusqu'à aujourd'hui, aucune loi concrète sur celle-ci n'a été votée. Ce sujet nous amène à nous demander : "Dans quelles mesures l'euthanasie peut-elle être acceptée dans notre société ?" I - Qu'est-ce que l'euthanasie ? a ) H i s t o i r e e t d é fi n i t i o n Le mot "euthanasie" vient du grec "eu" (bonne) et "thanatos" (mort), qui signifie donc "bonne mort" ou "mort sans souffrance". Il désigne l'acte de provoquer le décès d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et/ou physiques devenues intolérables. Dans la Grèce antique, la conception dominante était qu'une mauvaise vie n'est pas digne d'être vécue, c'est pourquoi cette pratique pouvait, en général, ne pas choquer. Cependant certains, tel qu'Hippocrate, le père de la médecine, avaient une conception autre des choses. En effet, dans son célèbre Serment d'Hippocrate, il est interdit aux médecins toutes les formes d'aide au suicide. En France, ce serment a été réactualisé en 1996 par le professeur Bernard Hoerni pour tenir compte des évolutions techniques, notamment en ce qui concerne le concept d'acharnement thérapeutique : « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément. » Le terme "euthanasie" apparaît pour la première fois en 1605 lorsque Francis Bacon, philosophe anglais écrit : "l'office du médecin n'est pas seulement de rétablir la santé, mais aussi d'adoucir les douleurs et souffrances attachées aux maladies; et cela non pas seulement en tant que cet adoucissement de la douleur, mais afin de procurer au malade, lorsqu'il n'y a plus d'espérance, une mort douce et paisible, car ce n'est pas la moindre partie du bonheur que cette euthanasie...". Durant la seconde guerre mondiale, le terme d'euthanasie était utilisé pour désigner le programme "Aktion T4" établit par les nazis, qui consistait à éliminer toutes les personnes jugées "indignes vivre". Ils utilisèrent le gaz zyklon B, qui servit par la suite à l'extermination des juifs et des tsiganes. Le documentaire "La Vie est un combat" (Alles Leben ist Kampf, 1937) rappelle que "dans la nature, tout ce qui n'est pas apte à vivre est exterminé sans pitié". Jusqu'au XIXème siècle, ce mot recouvrait ce qu'on entend aujourd'hui par "soins palliatifs". Cependant, aujourd'hui, le sens du mot a changé. On distingue les soins palliatifs (qui consiste à soulager les douleurs physiques, mais aussi de prendre en compte la souffrance psychologique et sociale) de l'euthanasie (qui consiste à mettre fin à une vie). Aujourd'hui, le terme "euthanasie" est synonyme de "flou moral". On a donc cherché à le remplacer par l'expression "mourir dans la dignité". Mais qu'entend-t-on par cette expression ? Est-ce recevoir les soins de fin de vie nécessaires, un soutien psychologique, ou alors c'est choisir le moment de sa mort ? L'ambiguïté de cette expression sert aux partisans de l'euthanasie pour des sondages en vue d'une loi en faveur de celle-ci. L'euthanasie est revenue au centre du débat social depuis le XIXe siècle, à partir du moment où les progrès de la médecine et du prolongement de la vie ont évolués. Cela a poussé l'État, la profession médicale et les philosophes à débattre du sujet de la qualité de la vie. b ) D i ff é r e n t e s f o r me s d ' e u t h a n a s i e L'euthanasie peut être conduite de différentes manières, selon les moyens employés, et le type de consentement. • Passivement, elle consiste à laisser mourir sans soins majeurs un malade incurable. Le médecin décide, soit d'arrêter un traitement existant, soit de ne pas en commencer un nouveau. C'est une pratique courante dans beaucoup d'hôpitaux. L'expression "euthanasie passive" est parfois utilisée pour désigner les soins palliatifs. Contrairement à l'euthanasie active, on pourrait la qualifier de "mort naturelle". On distingue de l'euthanasie passive le sommeil provoqué (appelé aussi cédation) Il peut être ponctuel ou continu. Il est proposé dans les soins palliatifs par exemple, pour soulager une douleur aiguë. • Activement, l'euthanasie consiste à volontairement provoquer la mort de malades incurables pour faire cesser leurs souffrances, en lui injectant, par exemple, une quantité importante de morphine ou d'analgésiques jusqu'au seuil fatal. On distingue une autre forme particulière d'euthanasie : le "suicide assisté". La différence entre les deux actes consiste dans le fait que l'euthanasie est accomplie par une personne autre que le malade, généralement un médecin, tandis que le suicide assisté est un acte par lequel la personne malade se donne elle-même la mort, avec l'aide d'un tiers, qui met à disposition du malade une substance mortelle, que ce dernier s'administre lui-même. L'euthanasie peut être pratiquée avec le consentement du patient : c'est l'euthanasie volontaire, ou sans consentement. On parle alors d'euthanasie involontaire, ou clandestine (appelée péjorativement "mort volée"). La décision peut être prise par la famille qui ne supporte plus voir un être cher dans un tel état, ou elle peut être le fruit d'une décision individuelle d'un médecin, pour libérer un lit par exemple. Madame Wouters, infirmière dénonce ces pratiques clandestines. Elle a assisté à la mort de patients qui n'avaient rien demandé et qui au contraire lui avait exprimé leurs souhaits de vivre. II - Qu'en dit la loi ? a ) E n F r a n c e En France, l'euthanasie fait partie de ces sujets de société extrêmement sensibles sur lesquels il est difficile de trancher. Faut-il offrir un cadre juridique qui permette aux médecins de répondre à la demande de ceux qui veulent abréger leurs souffrances ou faut-il continuer à poser un interdit sur cette aide à donner la mort ? Selon le droit français, la mort donnée à un patient, est considérée comme un homicide, quels que soient son état et sa volonté. De même, ne pas traiter un patient est assimilé à un acte de non-assistance à personne en danger. Ce sont des crimes punissables d'une peine allant de 30 ans de prison, à la réclusion à perpétuité, ainsi que l'interdiction au médecin d'exercer sa profession. L'article 38 alinéa 2 du code de déontologie médical français interdit au médecin de provoquer délibérément la mort du malade : "le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers moments, assurer par des soins et mesures appropriés la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la vie du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort". Une évolution de la loi ? • En 2003, Jean Leonetti, médecin et député des Alpes-Maritimes, est chargé par le président Jacques Chirac d'une "mission parlementaire sur l'accompagnement de fin de vie". Le 12 avril 2005, le Sénat adopte son texte de proposition de loi. Cette loi, relative aux droits des malades et à la fin de vie, interdit principalement l'euthanasie active et l'acharnement thérapeutique (traitements lourds et difficiles à supporter alors que le patient n'a plus aucune chance de s'en sortir), prône le recours aux soins palliatifs et donne le droit au patient de refuser un traitement et pour les médecins de "laisser mourir". Cette décision doit être prise par plusieurs médecins, en concertation avec le patient ou sa famille. Cette loi contient aussi une nouveauté, qui permet à toute personne majeure de rédiger des directives sur les traitements qu'on lui feraient s'il en venait à être en état d'inconscience. • Discutée le 25 janvier 2011 en séance publique au Sénat, la proposition de loi visant à légaliser l'euthanasie en France a été rejetée. Faut-il légaliser l'euthanasie ? L'association "faut qu'on s'active", représentée par Marie Humbert, propose de faire voter une nouvelle loi. Elle demande la dépénalisation totale de l'euthanasie en France, comme c'est le cas dans d'autres pays comme les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Une pétition circule, elle a recueilli des centaines de milliers de signatures. De nombreux sondages ont été réalisés, souvent à la demande de l'ADMD (Association pour le droit de mourir dans la dignité), pour recueillir l'avis des Français sur l'euthanasie et sa légalisation. Leurs résultats sont sans appel, allant parfois jusqu'à plus de 80% d'opinions favorables. En réaction, les opposants à cette légalisation ont commandé leur propre étude : 60 % des Français préfèrent le développement des soins palliatifs à l'euthanasie. Alors que le Président, Nicolas Sarkozy s'est déclaré défavorable à l'ouverture d'un nouveau débat sur l'euthanasie, le Comité consultatif national d'éthique se déclarait, dans son avis de 2000, favorable à une discussion publique sereine sur le problème de l'accompagnement des fins de vie, comprenant notamment la question de l'euthanasie. b ) L e s P a y s - B a s : u n p a y s o ù l ' e u t h a n a s i e e s t l é g a l i s é uploads/Sante/ expose-euthanasie-express-ecjs-odt.pdf
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- Publié le Jul 03, 2021
- Catégorie Health / Santé
- Langue French
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