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5 a Spagyrie tiendra au XXIème siècle la place qui lui revient de droit après plusieurs siècles de confidentialité. Pourquoi ce vocable de “Spagyrie” semble-t-il si nouveau et si étrange à nos contemporains, alors que, plus récente, l’homéopathie est désormais passée dans le langage courant, malgré les polémiques qui alimentent régulièrement les revues scientifiques? Cela semble vraiment pa- radoxal surtout si l’on sait que l’homéopathie a repris à son compte beaucoup de concepts issus de la spa- gyrie comme la “loi des semblables”. Il y a de nombreuses de raisons pour expliquer cette “discrétion” de la Spa- gyrie au niveau du grand public. La première raison est que la Spa- gyrie est un art réellement difficile et qu’il n’y aura donc jamais “d’indus- trie spagyrique” . Le travail spagyrique est un art rigoureux calqué sur les rythmes de la Nature. Une plante ne délivrera jamais son Élixir Spagy- rique au débotté, pour satisfaire une commande pressante… L’Élixir est l’œuvre d’un authentique mûrisse- ment sous la conduite experte d’un artisan spagyriste, maître du Feu… mais du Feu enclos dans la Matière ! La deuxième est le lien étroit qui unit Alchimie et Spagyrie. Ces deux “sciences” sont intimement liées et partagent une même vision de la Nature et de l’Univers. Au cours des siècles, la Spagyrie a donc dû subir les affres de nombreux obscuran- tismes : d’abord le “religieux”, puis le “scientifique”… ! Cela suffit à expli- quer son éternelle discrétion. Mais sa force a traversé les siècles intacte, véhiculée par des petits groupes de chercheurs ou des personnalités soli- taires mais efficaces. La littérature alchimique a été considérable à travers toutes les époques et elle a passionné les plus hauts esprits que le monde ait connu, y compris dans les siècles récents : Newton, Pascal, Descartes… plus récemment encore les Curie espé- raient trouver la Pierre Philosophale dans les “terres rares”… Le Spagyriste le plus connu est PARACELSE, médecin suisse de la Renaissance qui connut une vie tu- multueuse. Sa tentative pour rénover la médiocrité de la médecine de son époque lui valut de nombreux enne- mis, d’où une vie d’errance parsemée de guérisons spectaculaires dans les villes qui l’accueillaient – reçu par les princes, puis chassé par ses “con- frères” – jusqu’à sa mort mystérieuse en 1541. Ses écrits sont denses et difficiles, mais ils demeurent toujours brûlants d’actualité à l’heure où se ré- veillent de nombreuses médecines dites “énergétiques”. Paracelse était alchimiste, sans doute déjà initié très jeune par son père, lui même méde- cin. En lui s’incarne idéalement la “Médecine Hermétique”, médecine traditionnelle de l’Europe. L’alchimie n’a jamais été une re- cette pour faire de l’or. C’est surtout une recherche de la compréhension des lois de l’univers, de ce qui peut bien se trouver derrière la partie vi- sible, chimique et physique de la ma- tière ou de ce que l’on croit être la matière sous son apparence inerte. De là provient le langage difficile, toujours symbolique, employé par les Alchimistes au cours des siècles. L’Alchimie étudie la Vie, celle du minéral, de la plante ou de l’Homme ! Elle ne pouvait donc que s’intéresser à l’art médical, à la santé de l’Hom- me, reflet de son harmonie et de sa dynamique intérieure ! DÉCOMPOSER ET RECOMPOSER Séparer et réunir, telle est l’étymo- logie du mot Spagyrie. Autrement dit: décomposer la Vie, la débarrasser de ses impuretés, puis la recomposer à un niveau supérieur d’évolution… Vaste programme dont l’Archétype est le Phénix, cet oiseau mythique (symbo- lisant la Pierre Philosophale) qui meurt et renaît de ses cendres. Dans son laboratoire, le spagyriste va essayer de mettre en pratique un si noble et si difficile programme par des opérations mystérieuses mais très réelles et qui ont pour nom : putré- factions, fermentations, distillations, séparations, calcinations, cohoba- tions… Le Soufre Végétal Les trois Principes 6 VISION TRI-UNITAIRE DES ÊTRES VIVANTS Pour le spagyriste l’Univers est triple ; son unité se manifeste dans la triplicité. Chaque être vivant (un homme, une plante, un minéral au fond de sa mine) est composé de “trois Principes” : le Mercure, le Soufre, le Sel. Ces trois Principes sont indissolublement liés pendant la vie ; ils ne pourront être séparés que par une “mort”. Le Mercure est un principe de vo- latilité : il a tendance à s’échapper, surtout sous l’action de la chaleur. Au contraire, le Sel est un principe de fixité : il résistera à de très hautes températures. Le Soufre est repré- senté par des corps gras, odorifé- rants : l’huile essentielle des plantes correspond à ce principe Soufre. Pour l’extraire, il a fallu que la plante se meure et libère son huile essentiel- le sous l’action de la vapeur brûlante de l’alambic. Si on abandonne les ré- sidus de la plante dans un tonneau, dans des conditions favorables, une fermentation se produira. Le Mercu- re commencera à se “révéler” sous la forme d’un alcool très volatil qu’il faudra récupérer par une douce dis- tillation en “cornue”. Si on calcine les restes de la plante après l’avoir des- séchée, on obtiendra des cendres pré- cieuses, qui livreront par la suite un beau sel, blanc ou délicatement colo- ré, riche de l’ensemble des sels miné- raux assimilés et végétabilisés par la plante d’origine. Le Spagyriste a donc “séparé” ! Il lui reste, si on peut dire, à purifier ses trois Principes et à les recombiner entre eux, par une délicate cohoba- tion, au jour et à l’heure voulus en fonction des nécessités de la plante et des caractéristiques de sa “signature”. Si l’opération réussit, il obtiendra alors l’Élixir de la plante ou Quintes- sence végétale1. Cet Élixir possédera toutes les qualités de la plante d’ori- gine mais exaltées et dynamisées vers un autre “palier”, vers une autre des- tinée thérapeutique, par le travail au Feu du Laboratoire. LES TROIS PRINCIPES DANS L’HOMME Pour l’alchimiste, l’être humain est composé des trois Principes. Cette vi- sion ternaire a toujours existé dans l’histoire de l’humanité et se retrouve souvent dans différents systèmes mé- dicaux qui justement s’inspirent de la Tradition Hermétique. Cette Tradi- tion Hermétique représente tout sim- plement l’Alchimie, par référence à Hermès, “Dieu Alchimiste” auteur de la célèbre “Table d’Émeraude” qui nous dit en substance : « Ce qui est en Haut est comme ce qui est en Bas », variante du célèbre « Tout est en Tout ». Judicieuse remarque ! En effet, l’er- reur serait de se représenter ces Trois Principes d’une manière bien trop statique et rigide. De n’y voir, dans l’homme comme dans les métaux, qu’un amas de composés chimiques sur lesquels on aurait “collé” dessus une cosmogonie pour agrémenter le tout d’une vision poétique. Les anciens l’avaient bien compris puisque le nom même des Principes est une allusion à leurs qualités in- trinsèques. Par exemple dans le Ci- nabre (sulfure de mercure de couleur vermillon), très apprécié dans l’Al- chimie indienne, on pouvait extraire, par simple métallurgie, deux “prin- cipes” sous la forme des corps chi- miques connus : le soufre jaune et le mercure coulant qui ont ainsi laissé leurs noms aux principes (ou réci- proquement) ! Il semble, en fait, que ces Principes soient de nature “fractale”, c’est-à- dire qu’ils ne seront jamais réelle- ment décomposables. Un objet frac- tal est un objet dont une de ses structures se répète indéfiniment, presque à l’identique, quelle que soit l’échelle de lecture. Par exemple la côte bretonne qui est “dentelée”, qu’on l’observe depuis un satellite ou au cours d’une promenade. C’est aus- si le cas d’un hologramme : prenez une photo hologrammique d’un corps humain et coupez un petit mor- ceau du négatif, par exemple la “zone du pied”. Si l’on agrandit ce petit morceau, qu’y verra-t-on ? Le pied ? Non, le corps en entier ! Chaque par- tie d’un hologramme possède en lui la totalité des informations. « Tout est en Tout » ! Ainsi pour les Principes : on n’ac- cède qu’à une certaine image de leur “réalité”, qui sera plus ou moins gros- sière ou fine suivant l’échelle de lec- ture. On ne pourra donc jamais tota- lement les réduire à des corps 7 chimiques connus, à un moment donné, comme lorsqu’on a affirmé par simplification : “le soufre de la plante est son huile essentielle”. Au mieux, on pourra dire que le soufre s’exprime au travers de son huile es- sentielle qui “magnétiquement” a les caractéristiques du Soufre. Ces trois Principes sont-ils une cer- taine forme “d’énergie”, un certain type de “vibrations” ? Probablement, mais seulement si on s’en tient à une certaine vision rationnelle et donc quelque peu “simpliste” du monde. Je dis simpliste car l’approche pu- rement “physique et énergétique, voi- re électromagnétique” du monde, très utile au demeurant, ne permet pour- tant pas de répondre à des questions comme : « Quelle est la “composi- tion” ou la “nature” de la Pierre Phi- losophale ? ». Cette question est d’ailleurs absurde et devrait per- mettre, dans son absurdité même, de saisir la nature en partie “délocalisée” d’un tel “objet” uploads/Sante/ fleury-la-spagyrie-pdf.pdf
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- Publié le Aoû 25, 2021
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