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Tous droits réservés © Laval théologique et philosophique, Université Laval, 1970 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 29 oct. 2021 07:21 Laval théologique et philosophique Conditions de possiblité d'une anthropologie totalisatrice et intégrative des diverses sciences de l'homme (I) Jean-Dominique Robert Volume 26, numéro 1, 1970 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1020151ar DOI : https://doi.org/10.7202/1020151ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Laval théologique et philosophique, Université Laval ISSN 0023-9054 (imprimé) 1703-8804 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Robert, J.-D. (1970). Conditions de possiblité d'une anthropologie totalisatrice et intégrative des diverses sciences de l'homme (I). Laval théologique et philosophique, 26(1), 29–56. https://doi.org/10.7202/1020151ar CONDITIONS DE POSSIBILITÉ D’UNE ANTHROPOLOGIE TOTALISATRICE ET INTEGRATIVE DES DIVERSES SCIENCES DE L’HOMME Jean-Dominique R o b e r t, o.p . PLAN DE L’ARTICLE I. Le projet actuel d’une anthropologie totale de l'homme total. 1° Préliminaire : diversité de la terminologie relative aux disciplines de type anthropolo­ gique et ethnologique. 2° Enquête portant sur le vœu actuel d’une anthropologie générale, totalisante et intégra- tive, à l’égard des disciplines de l’homme. A. État de la question d’après le volume : «Ethnologie générale » (La Pléiade 1968). B. Sociologie et Psychologie d’après M. R. Duchac. C. Science de l’homme et phénomènes totaux chez M. Gurvitch. D. L’anthropologie totale chez M. P. Bourdieu. E. Vœu d’unité et anthropologie historique chez M. Morazé. 3° Quelques réflexions sur le problème épistémologique de l’intégration. A. Position de M. Granai. B. Réflexions de M. E. Lévy. C. Le problème à la lumière de l’épistémologie des sciences de l’homme de M. G. G. Granger. 4° Conclusions de l’enquête sur le projet actuel d’une science totale de l’homme total. II. Réflexions sur quelques cas concrets de collaboration entre sciences de l’homme. 1° Ethnologie-Sociologie. 2° Ethnologie-Linguistique. 3 * Ethnologie-Psychologie. 4° Ethnologie-Psychanalyse. III. L’anthropologie, science de l’homme total et la philosophie. 29 J.-D. ROBERT I. LE PROJET ACTUEL D’UNE ANTHROPOLOGIE TOTALE DE L׳HOMME TOTAL Qu’il existe aujourd’hui des vœux portant sur la constitution progressive d’une science de l’homme, unique, intégrative, totalisante, est un fait. Avant d’aborder les problèmes qu’il pose, il faut d’abord en prendre acte. 10 Préliminaires : diversité de la terminologie relative aux disciplines de type anthropologique et ethnologique. Si l’on ouvre l’encyclopédie la plus récente, toujours en cours de publication, d’ailleurs, au mot anthropologie, on peut croire — à première vue du moins — que tout est fort clair et bien mis en ordre 1. a) M. G. Durand, auteur de l’article, commence par souligner le retard, la répugnance même, avec lesquels nos sciences occidentales ont admis une « science de l’homme total », une « anthropologie générale ». b) Il précise, ensuite, qu’elle se divise en anthropologie biologique et anthro­ pologie mentale. Cette dernière se subdivise, à son tour, en anthropologie psycho­ logique et psychosociale et anthropologie sociale et culturelle. c) L ’anthropologie psychologique et psychosociale « compare les comporte­ ments psychiques des individus isolés ou en relation avec leur entourage ». d) L’anthropologie sociale et culturelle « compare les techniques d’adaptation de l’homme à son milieu (écologie), le comportement social de l’homme (éthologie) et les produits des différentes cultures et sociétés ». e) On ajoute que, en France, les deux sciences : écologie et éthologie, qui sont les subdivisions de Y anthropologie sociale et culturelle, sont fréquemment ap­ pelées du nom de : Ethnographie (pp. 50-51). f) Il n’est pas sans importance de souligner que, aux yeux de M. Durand, « toute anthropologie évolutionniste ou culturaliste débouche toujours, malgré toutes les prudences, sur une Herméneutique » ; que l’anthropologie fournit à la philoso­ phie des dimensions nouvelles, particulièrement de l’ordre du temps et de l’imagi­ naire ; enfin, qu’une « herméneutique anthropologique de l’imaginaire constitue bien une métaphysique ». Cette métaphysique est orientée par ce qui fait le propre de l’homme : la « liberté imaginaire », fondement de l’ordre constitué par 1 ’« Homo symbolicus » (p. 59). Sans avoir trop l’air d’y toucher, les ultimes réflexions de M. Durand posent, en fait, un problème dont l’importance est capitale : celui des rapports entre la phi­ losophie et 1 ’« anthropologie générale » — laquelle est évidemment une discipline scientifique ; celui de l’éventuelle fusion des deux registres, philosophique et scien­ 1 Encyclopaedia Universalis, 1968, tome II. 30 ANTHROPOLOGIE DES DIVERSES SCIENCES DE L’HOMME tifique, en un seul, selon l’espoir de certains ; ou, tout simplement, celui de l’évic­ tion pure et simple de la philosophie, désormais inutile et avantageusement rem­ placée par l'anthropologie générale. De telles questions se reposeront plus loin en entendant parler un Lévi-Strauss ou un Gusdorf de ce qu’ils entendent par anthropologie, en tant qu’un rôle totalisa­ teur et intégratif lui est dévolu. Mais revenons à nos remarques terminologiques. Le Dictionnaire de Sociologie de E. Willems, dans sa traduction française 2, fait remarquer, au mot Anthropologie, qu’il signifie : « science de l’homme comme être animal et social ». Mais il ajoute aussitôt : « En fait, le sens du terme est plus restreint ; car toutes les sciences de l’homme ne font pas partie de l’anthro­ pologie. La division la plus commune admet deux branches : Y anthropologie culturelle et Yanthropologie physique. » Quant à Y anthropologie sociale, elle est plus restreinte que Y anthropologie culturelle, car le social est une partie du culturel. En tout cas, cette anthropologie sociale se rapproche toujours un peu plus de la sociologie. Il faut surtout souligner enfin que le terme ethnologie est généralement syno­ nyme d’« anthropologie culturelle ». Donc, pour le Dictionnaire de Sociologie, « l’anthropologie culturelle ou eth­ nologique a pour objet l’étude de la civilisation totale, matérielle et non matérielle, tandis que l’anthropologie sociale se limite à l’étude des structures sociales ». Le lecteur est à même de comparer les points communs et les divergences de terminologie de l’encyclopédie et du dictionnaire qui ont été jusqu’ici nos témoins. Les choses vont se compliquer si nous nous rapportons au volume de Y Encyclopé­ die de la Pléiade consacré à YEthnologie 3. Il nous servira à poser le problème d’une anthropologie générale, positive, totalisante et intégrative, en faisant le point sur l’état actuel de la question. Mais, dès à présent, faisons appel à son témoignage touchant la complexité et la diversité de la terminologie relative aux mots : an­ thropologie et ethnologie : « Une diversité persiste dans les terminologies » (p. 883) ; « La confusion des étiquettes reste grande » (p. 884). En gros, on peut dire : « L’Anthropologie — sans qualification — , en son sens originel préservé surtout par la tradition bri­ tannique et américaine, comprend deux grandes séries de sciences. » La première, c’est l’Anthropologie physique, devenue, en France, souvent : anthropologie, tout court. La seconde, plus malaisée à nommer, est parfois appelée : Anthropologie sociale et culturelle, ou l’une des deux seulement. Dans ce dernier cas, on « vise à souligner l’autonomie de disciplines comme la préhistoire ou la linguistique, sans 2 Paris, Ed. Rivier, 1961. 3 L’Ethnologie Générale, Paris, Gallimard, 1968. On peut voir également : J. S er v ie r, L’Ethnologie est-elle une science ?, in Panorama de la pensée scientifique, Paris, F.N.S.I.C., 1967, pp. 67-87 ; M. D u r f r e n n e , Entretiens avec M. Durfrenne, in Cahiers de Philoso­ phie, 1966, n° 1, pp. 5-16 ; A L er o i-G o u r b a n , La position scientifique de l’ethnologie, in RPFE, 1952, pp. 506-518. 31 J.-D. ROBERT pourtant minimiser leurs rapports avec l’anthropologie sociale et culturelle stricto sensu ». Il faut noter que : « Y anthropologie sociale et culturelle reçoit parfois le nom d'ethnologie — ce, « quand le terme anthropologie culturelle est pris dans l’accep­ tion la plus large, englobant préhistoire et linguistique. C’est l’usage théorique américain le plus fréquent. Dans la tradition française, le mot ethnologie oscille entre ce sens restreint et un sens plus compréhensif et plus flou en même temps. Une certaine tradition terminologique américaine considère l’anthropologie sociale — et non l’anthropologie culturelle — comme une partie de l’ethnologie, tandis que l’usage britannique le plus fréquent en fait une discipline voisine de celle-ci et différemment orientée » (pp. 883-884). 2° Enquête portant sur le vœu actuel d’une anthropologie générale, totalisante et intégrative, à l’égard des disciplines de l’homme. A. État de la question d’après le volume : « Ethnologie générale » (La Pléiade, 1968) a) La signification de l’ethnologie a beaucoup évolué. Seule discipline à essayer d’appréhender le phénomène humain dans toutes ses dimensions, elle est donc vraiment la science plénière de l’homme total. Ses dimensions sont à la fois, temporelle, spatiale, biologique, morale, génétique, uploads/Societe et culture/ conditions-de-possiblite-d-x27-une-anthropologie-totalisatrice-et-integrative-des-diverses-sciences-de-l-x27-homme-i.pdf

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