5 0 M M A 1 R 40 siècles d'identité française 6 Discours sur l'identité Opinion
5 0 M M A 1 R 40 siècles d'identité française 6 Discours sur l'identité Opinions des hommes politiques et des intellectuels PHILIPPE DARCY 9 Jeu-test : Qui l'a dit ? Propos inattendus en quête d'auteurs 10 Qu'est-ce qu'un Français? Réponses des historiens DOMINIQUE VENNER 18 Les emblèmes français La fleur de lis et le drapeau tricolore 20 Les racines de l'identité La France des peuples et des pays PIERRE MAUGUÉ 26 D'où vient la langue française? Une langue élaborée par dix siècles de gosiers populaires JEAN MARKALE 27 Les héros d'autrefois Ils ont fait la France 35 Nos ancêtres les Gaulois Des « barbares » très cultivés ... Y ANN BREKILIEN 47 Le Moyen Age, source de l'imaginaire national PIERRE VIAL "\'' .· '• . . . . ' . 55 Un texte de Jean Anouilh « Une certaine idée de J'esprit français >> 56 Littérature : Le génie de la clarté JEAN fRANÇOIS GAUTIER 60 Dans la cuisine mijote le patrimoine HENRI GAULT 63 Le paysage français LOUIS BERTRAND 64 L'almanach 1992 des fêtes et des coutumes JEAN-JACQUES MOURREAU 78 Livres, expositions Philippe Auguste, galerie des Rois, cathédrale de Reims. . ,.- Directeur de la rédaction: Dominique Venner. Directeur de la publication et gérant: Gérald Penciolelli. Directrice artistique: Céline Puybareau-Manaud ' · · La liste de collaborateurs se trouve en page 82. / ;., :Z· Enquête sur l'h1sto1re est éd1té par la soc1été EC2M, Sarl au cap1 tal de 50 000 F. RC en 1nstance. S 1 ège soc1al . 60 Bd Malesherbes 75008 Pans ··:·:\~. Tél. (1) 40 28 07 92. lmpnmene Berger·Levrault, Toul. N ' de commiSSIOn panta1re en cours Dépôt légal à parut1on . . E RIAL Demander à l ~histoiJ Dans le fracas des murs qu'on abat, la résurrection des drapeaux, des peuples et des nations que l'on avait ensevelis, 1 'histoire soudain s'est réveillée. L'histoire nous a rejoints. Elle se fait sous nos yeux. Cette histoire se nourrit elle-même de l'histoire, c'est-à-dire de la mémoire. C'est par leur mémoire retrouvée que les peuples européens de 1 'Est ont brisé leurs chaînes et marchent vers un autre avenir. L'histoire est souvent en action là ou on ne l'attend pas. Dans un livre récent (1), Michel Albert, ancien commissaire au Plan, montre derrière le miracle économique allemand ou japonais, mais aussi derrière une certaine décadence américaine, des causes avant tout culturelles, qui tiennent aux comportements collectifs, aux mentalités, à l'histoire et à 1 'identité. Demander à l'histoire d'éclairer le présent et peut -être l'avenir, telle est notre ambition en créant cette revue historique différente. Chaque numéro sera fait d'une enquête sur un seul grand sujet : question de société ou débat historique qui agite les passions. Cette enquête tiendra toujours compte du pour et du contre. Notre but est d'apporter une information renouvelée dégagée de tout préjugé d'école. Le sujet que nous avons choisi pour ce premier numéro annonce notre méthode. L'identité est, aujourd'hui, la question centrale du débat politique et la préoccupation profonde des Français. Nous avons choisi de 1 'aborder à notre façon, du point de vue de l'histoire, le seul qui peut apporter de vraies réponses. Celles-ci surprendront, choqueront peut-être. Tant mieux. C'est ainsi que l'on avance. Cette enquête révèle que toute une part de notre passé, donc de notre identité, a été occultée par une dérive de la pensée. Dans son livre consacré aux Gaulois, Régine Pernoud raconte un fait dont on pourrait trouver d'innombrables équivalences. En Bourgogne, dans l'admirable basilique Saint-Andoche de Saulieu, il y a un chapiteau qui révèle toute une mentalité. La nôtre, formée par la vision historique que nous avons reçue. C'est une pièce fort simple : la corbeille Il qui s'élargit de la base au sommet est entièrement décorée d'un feuillage styli Une carte postale est mise à la dispositi1 des visiteurs. Au verso, cette légende : «Feuilles et branches d'aulne. Arbre sa des Perses. Influences Perse-Sassanide. Au XIIe siècle, lorsque fut sculpté le décor de Saint-Andoche, commente ÉDITORIA d~éclairer le présent « Le Gaulois mourant », Rome, musée du Capitole. Régine Pemoud, il y avait plus d'un demi-millénaire qu'à l'autre extrémité du monde connu, la dynastie sassanide s'était éteinte. Au surplus, on imagine assez mal la vénération qu'aurait pu inspirer au petit tailleur de pierres de ce coin de Bourgogne l'arbre sacré des Perses. On est allé chercher bien loin les influences de 1 'art médiéval. On a le plus souvent abusé de l'Orient pour expliquer ce qui paraissait inexplicable dans la montée d'un art si radicalement différent du modèle classique. Bien des recherches auraient pu être simplifiées, ajoute Régine 1 Pemoud, si 1 'on avait tenu compte de ce qui existait sur notre sol avant l'arrivée des Romains. L'interprétation de ce qui inspira le tailleur de pierres de Saint-Andoche s'est répétée à des milliers d'exemplaires à propos de notre histoire et de notre art. Des générations d'excellents professeurs ont été abusées par une vision déformée du monde de nos origines, monde barbare, disait -on, tiré de son ancestrale sauvagerie par la lumière de Rome ou de 1 'Orient. En réalité, la rupture entre le monde celtique et le monde médiéval n'a été radicale que pour ses historiens. Aussitôt évanouie 1 'armature de 1 'occupation romaine, après le V' siècle, le pays s'est remis à vivre de sa vie normale, reprenant un rythme interrompu. Sans cesser d'évoluer, la Gaule franque se retrouve elle-même. C'est de l'intérieur que se modèle dorénavant son visage : la société médiévale, dans ses coutumes, dans son expression artistique continue la société celtique son ancêtre. Notre vision du passé détermine l'avenir. Il est impossible de penser le présent et le futur sans éprouver derrière nous 1 'épaisseur de notre passé, sans le sentiment de nos origines. Il n'y a pas de futur pour qui ne sait d'où il vient, pour qui n'a pas la mémoire du passé qui 1 'a fait ce qui est. Mais sentir le passé, c'est le rendre présent. Le passé n'est pas derrière nous comme ce qui a été autrefois. Il se tient devant nous, toujours neuf et Jeune. DOMINIQUE VENNER 1. Capitalisme contre capitalisme, Ed. du Seuil, 1991. ' " LES FRANÇAIS FACE A EUX-MEMES Le discours sur l'identité « Quel est le mot le plus employé en 1990? Je gagerais que c'est le mot identité» écrivait, au début de 1991, le directeur du Nouvel Observateur, Jean Daniel. Identité, identité française, identité nationale ... Variation autour d'un même thème : celui de la France. Qu'est-ce que la France pour les Français ? Quelle idée se font-ils d'elle ? Comment prennent-ils conscience de leur appartenance nationale ? Sous quelle forme leur identité se manifeste-t-elle ? Autant d'interrogations qu'ont formulées, notam- ment depuis le XIX' siècle, poètes, histo- riens, sociologues, journalistes ou hommes politiques. Mais c'est surtout au cours des dix dernières années qu'elles sont devenues véritablement prégnantes. Durant cette période, la question nationale et la préoccu- pation identitaire ont été, de fait, au cœur de tous les débats intellectuels et politiques. Livres, articles, leur ont été consacrés, tan- dis que les commémorations d'événements historiques fondateurs (millénaire capétien en 1987, bicentenaire de la Révolution en 1789 et triple anniversaire gaullien en 1990) les mettaient à la « une » de l'actualité (1). PAR PHILIPPE DARCY C omme l'a fait observer Jean Daniel, l'optimum semble avoir été atteint ces derniers mois, comme on pourra en juger par les exemples suivants (liste non exhaustive). En janvier 1990, Claude Imbert évoque « la crise d'identité d'une nation de mutants » (2). En mars, Alain Touraine publie un article intitulé « La question nationale et la politique française » (3). En mai, l'hebdoma- daire Valeurs actuelles organise un « Débat sur la France » entre Raoul Girardet et Régis Debray. Ce dernier déplore « le déboussole- ment d'une société qui n'est plus une nation ». En juillet, les Rencontres de Pétrarque, qui se déroulent chaque année à Montpellier, posent cette question : « L'idée de nation est- elle une idée neuve ? » Au cours de 1 'au lomne, le secrétariat au Plan fait paraître, sous la direction d'Emma- nuel Le Roy Ladurie, un document intitulé Entrer dans le XXI' siècle. Essai sur l'avenir de l'identité française (4). En octobre, Max Gallo présente une communication sur « La question nationale », à 1 'occasion d'un col- loque organisé par le mouvement de Jean-Pier- re Chevènement, République moderne. C'est également à cette époque que l'historien Mau- rice Agulhon, dans La République, 1880 à nos jours (5), parle du « fait national omni- présent » et affirme que « le sentiment natio- nal est entré dans une crise grave ». Début 1991, la revue Le Débat publie une série d'articles sur le thème « Retour de la nation ? » (6). Quelques mois plus tard, c'est au tour des hommes politiques de prendre position. Devant les militants du RPR, Jacques Chirac déclare : « Etre français c'est se sentir français, et se vouloir français. C'est adhérer 1 [ .. . ]à une civilisation, à uploads/Histoire/ 01-40-siecles-d-x27-identite-francaise.pdf
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- Publié le Mar 11, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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