Bibliothèque de l'école des chartes Alain Girardot. Le droit et la terre : le V

Bibliothèque de l'école des chartes Alain Girardot. Le droit et la terre : le Verdunois à la fin du Moyen Age. Préface de Jean Schneider. Nancy : Presses universitaires de Nancy, 1992. In-8°, 2 vol., XXXVI-976 pages, cartes, ill., couv. ill. en coul. (Archéologie et histoire médiévales.) Citer ce document / Cite this document : Alain Girardot. Le droit et la terre : le Verdunois à la fin du Moyen Age. Préface de Jean Schneider. Nancy : Presses universitaires de Nancy, 1992. In-8°, 2 vol., XXXVI-976 pages, cartes, ill., couv. ill. en coul. (Archéologie et histoire médiévales.). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1994, tome 152, livraison 1. pp. 261-265; https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1994_num_152_1_450730_t1_0261_0000_002 Fichier pdf généré le 17/04/2018 HISTOIRE GÉNÉRALE 261 une commission pour les achats et les commandes d'un montant supérieur à 6000 F, une autre commission pour l'achat d'œuvres d'art d'un montant inférieur à 6000 F, le comité central d'art appliqué, le conseil supérieur d'enseignement des beaux-arts et le conseil supérieur d'enseignement des arts décoratifs. Au total, une évolution inéluctable, qui me paraît déterminée par la structure même de ce mode de consultation administrative qu'est la commission. J'ai insisté sur ce point, car, à mon avis, seule une analyse de ce type permet d'entrer plus avant dans la lecture de l'ouvrage. Reste la question de fond. La France fut le seul pays d'Europe où il existât une administration des beaux-arts, comme elle fut le seul avec les Etats communistes à posséder un ministère de la culture. Chacun, au XIXe siècle, trouvait normale cette présence de l'Etat dans la sphère des arts ; Renan l'estimait insusceptible de discussion : « Les sciences, les lettres et les arts sont une chose d'Etat ». Quant au député Charton, il notait superbement que les beaux-arts doivent être entendus « moins comme un service public que comme une ... mise en scène de la puissance souveraine ». L'évolution de la notion de service public, progressivement entendu comme des prestations à fournir plutôt que comme la mise en œuvre d'une réglementation, modifie le cadre. L'État ne se sert plus de l'art pour conforter sa majesté, il ne se contente plus d'effectuer une sorte de police esthétique à travers l'enseignement et la commande publique, mais se propose de traiter l'art en « chose publique ». C'est-à-dire, comme l'écrit clairement en 1936 le député communiste Joanny Berlioz, de « véritables services sociaux » en vue de la consommation culturelle. Jean-Michel LENIAUD. Histoire générale. Alain GlRARDOT. Le droit et la terre : le Verdunois à la fin du Moyen Age. Préface de Jean Schneider. Nancy : Presses universitaires de Nancy, 1992. In-8°, 2 vol., XXXVI-976 pages, cartes, ill., couv. ill. en coul. (Archéologie et histoire médiévales.) Sous son titre actuel, Le droit et la terre de l'historien de la Lorraine Alain Girardot l peut être considéré comme la réécriture d'un travail plus ancien, la thèse d'État de l'auteur soutenue devant l'Université de Dijon et intitulée Seigneurie et droit canon, augmenté encore de recherches récentes et approfondies. Deux volumes, de deux livres chacun, prennent pour cadre un espace-temps divisé, pour plus de commodité, en deux phases essentielles ; la première correspondant au t. 1, livres I et II, s'articule de 1250 à 1350 environ; la seconde correspondant au t. 2, livres III et IV, jusque vers 1450, mais des pointes d'analyse 1. A. Girardot a, par exemple, dirigé VHistoire de Verdun, Toulouse, 1982, et participé à l'élaboration de VHistoire de Metz, dir. F.-Y. Le Moigne, Toulouse, 1986. 262 BIBLIOGRAPHIE nous conduisent parfois jusqu'au tout début du XVIe siècle. Le livre I ainsi que le début du livre II donnent les clés d'examen du Verdunois pendant la première période : loin d'être un âge d'or pour la province, le XIIIe siècle marque son déclin dans le grand commerce international, mais la dégradation générale de la conjoncture économique y élargit le champ d'action des financiers juifs et lombards. Peu s'en faut toutefois que les capitaux verdunois trouvent aisément à se reconvertir dans le domaine foncier, car l'on assiste, à l'époque, à une « fermeture » de la seigneurie ecclésiastique : au XIIIe siècle, les évêques de Verdun non seulement maintiennent mais ravivent les antiques principes d'inaliénabilité, en un habile mixage du droit coutumier local qui influence et que précisent à leur tour les droits savants, des canons des conciles, des interventions conjuguées enfin d'un personnel de juristes qui se met en place et d'autorités souveraines comme celle de l'empereur. Le principe d'inaliénabilité se diffuse d'ailleurs d'autant plus aisément que le temporel ecclésiastique du Verdunois peut être qualifié, proportionnellement, de « plus important de Lorraine ». Si l'on ajoute à cette analyse la constatation selon laquelle les princes laïques, comtes de Bar et seigneurs d'Apremont principalement, font aussi leur la doctrine d'inaliénabilité développée par les églises verdunoises, l'on comprendra que les capitaux bourgeois n'aient également pas eu de prise sérieuse sur des fiefs que l'on peut presque déjà qualifier de « fiefs de danger », et que protègent encore les multiples chartes de franchise concédées pendant la période. Economique et démographique, la crise du XIIIe siècle touche aussi de plein fouet paysans et chevaliers : le surpeuplement est « une évidence documentaire » ; l'appauvrissement un phénomène généralisé. Si les princes en tirent toutefois profit, et arrondissent leur patrimoine, les paysans, quant à eux, font l'expérience d'un resserrement croissant des libertés : souvent inspirées de la loi de Beaumont, les chartes de franchise certes se multiplient, mais l'interprétation qui leur est donnée se fait de plus en plus dans le sens d'un alourdissement de la mainmorte et d'un servage durci. La décadence de la petite noblesse est d'autre part un fait acquis : l'endettement entraîne la dispersion, voire la disparition de certains lignages et, par la naissance d'une plèbe nobiliaire, favorise l'intégration de ses membres à la paysannerie. Les rassembleurs de terres sont une exception, et de façon générale, l'évolution de la condition nobiliaire se fait de plus en plus dans le sens d'une plus stricte dépendance à l'égar du prince protecteur. La crise s'aggrave encore au cours de la seconde période (vers 1350-vers 1450) : la peste, les guerres qui ravagent, dans la seconde moitié du XIVe siècle, le duché de Bar et l'évêché de Verdun 2, les méfaits des chevaliers brigands devenus 2. Notons, au passage, que lorsqu'il rappelle brièvement les « guerres des Pierrefort » en Barrois, l'auteur attribue, à tort pensons-nous, au mariage navarrais de Yolande de Flandre, alors régente du Barrois, la responsabilité du conflit avec l'évêque de Verdun et le frère de ce dernier, Henri de Bar : ces deux personnages auraient trouvé dans leur fidélité à la couronne un motif d'affrontement avec la régente, « complice » des Navarrais. En admettant qu'elle repose sur des bases sérieuses, cette affirmation a sans doute peu joué toutefois en regard des rivalités politiques locales quant à l'exercice du bail des enfants mineurs de Yolande. HISTOIRE GÉNÉRALE 263 routiers, l'affrontement enfin des Armagnacs et des Bourguignons au siècle suivant constituent autant de fléaux qui alimentent l'effondrement économique et démographique; le dépeuplement est manifeste dès 1350, mais, quand l'ensemble du royaume de France connaît un relèvement certain autour de 1450, le Verdunois quant à lui ne voit s'amorcer de véritable reprise qu'au tout début du XVIe siècle. Du point de vue économique, la chute de la production, le dépeuplement et la hausse des salaires désorganisent la rente foncière ; les revenus seigneuriaux connaissent alors une chute brutale, la réserve de graves atteintes. Chez la noblesse, l'ampleur de la crise se manifeste ainsi par la disparition des trois grands fiefs du Verdunois, Apremont, Billy et Pierrepont. En même temps, ces chutes marquent la croissance de l'État : la seigneurie de Pierrepont tombe par exemple dans l'escarcelle des ducs de Bar vers 1430, et les nobles se montrent de plus en plus assujettis au service du prince. Mais la crise n'est pas que défavorable : du côté princier, on veille plus que jamais à l'inaliénabilité du fief, jusqu'à l'apparition, vers 1424, du terme et de la notion de « fief de danger ». Plus que jamais hostiles à une mainmise bourgeoise sur les fiefs, les princes font de l'inaliénabilité ecclésiastique le point de départ d'une notion d'Etat. Dans ces conditions, les quelques et plutôt rares fortunes bourgeoises qui s'élaborent pendant cette seconde période se heurtent aux toujours mêmes barrières juridiques. Chez les seigneurs, l'affaiblissement de la rente provoque d'autre part une réaction qui se traduit par un durcissement de l'encadrement juridique de la propriété et par l'apparition de phénomènes compensatoires, dont le principal est sans doute le renforcement effectif d'une fiscalité de plus en plus lourde. On assiste enfin à une dégradation certaine de la condition juridique paysanne qui coïncide, paradoxe, avec la conservation de la terre aux ruraux, car le servage, renforcé par la réaction seigneuriale, leur permet de garder leurs terres et, en temps de crise, apparaît de plus en plus comme un refuge. Les chartes de franchise elles-mêmes, celles de la « seconde génération », vont confirmant cet état de uploads/Litterature/ alain-girardot-le-droit-et-la-terre-le-verdunois-a-la-fin-du-moyen-age 1 .pdf

  • 23
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager