EL1- Rabelais, Gargantua, 1534, version modernisée d’E Naya Prologue de l’auteu

EL1- Rabelais, Gargantua, 1534, version modernisée d’E Naya Prologue de l’auteur INTRODUCTION : Après les avoir interpellés dans un « avis aux lecteurs »où il déclarait entre autre que « rire est le propre de l’homme », Rabelais, sous le pseudonyme d’Alcofribas Nasier qui est l’anagramme de son nom, s’adresse à nouveau à ses lecteurs dans ce prologue dont nous allons étudier le premier paragraphe, Tous les livres de Rabelais s’ouvrent sur un prologue dans lequel il s’explique sur son ouvrage et dévoile son mode de fonctionnement ; celui-ci n’échappe pas à la règle, Nous nous demanderons en quoi cet extrait, qui s’inscrit parfaitement dans les aspirations humanistes de la Renaissance, donne le ton de l’ouvrage Gragantu a, Cette lecture linéaire s’appuiera sur 3 mouvements : De la ligne 1 à 4 : L’interpellation des lecteurs De la ligne 4 à 10 : La description des silènes De la ligne 10 à 20 : La description de Socrate Je vais désormais procéder à la lecture de l’extrait….. EXPLICATION LINÉAIRE I/-L’extrait s’ouvre sur une apostrophe par laquelle l’auteur s’adresse aux lecteurs. Il s’agit d’un procédé courant qui vise à retenir l’attention du lecteur lors de son entrée dans l’œuvre. - Il fait l’éloge de ses lecteurs en utilisant des adjectifs mélioratifs renforcés par l’adverbe « très » : « très illustres... très précieux ». (l.1) -Avec ce premiers mots, Rabelais annonce une œuvre placée sous le signe du comique puisque les expressions prêtent à sourire. Il annonce également une œuvre irrévérencieuse : la « vérole » annonce les éléments du roman en lien avec le bas- corporel et, plus particulièrement, avec la sexualité. - créer un lien avec le lecteur, complicité comique. - oxymore entre buveurs et illustre ainsi que entre vérolés et précieux - les parenthèses montre l’insistance de Rabelais, il veut distinguer son lecteurs Il s’adresse à ceux qui aiment les plaisirs, légèreté et sérieux - Une parenthèse suit. L’auteur interpelle ses lecteurs à la deuxième personne (« vous ») et instaure une relation singulière à eux : le registre est celui de la connivence et Rabelais les singularise en leur donnant le sentiment d’être des interlocuteurs privilégiés, particuliers, qu’il aurait choisis. - sa manière de s’adresser à ses lecteurs est surprenante car il s’adresse à ses lecteurs de manière qui renvoie à l’aspect comique. - Sans transition, une référence au monde antique suit l’apostrophe : il est question du Banquet de Platon et de deux de ses « personnages » : Alcibiade et Socrate → Cette référence indique l’érudition de l’auteur et semble supposer que la suite du prologue sera plus sérieuse que son entrée en matière. - Chute : philosophes semblables aux Silènes - comparaison surprenante → grand philosophe/ boites = il veut intéresser les lecteurs et donc ainsi inciter la lecture. - Le philosophe Socrate est traité avec révérence : il est « le prince des Philosophes ». Par cette périphrase (= figure consistant à désigner un être ou une chose par sa définition), Rabelais dit l’admiration qu’il a pour lui. - Rejetée en fin de phrase, la dernière proposition (« qu’il est semblable aux silènes ») provoque la surprise du lecteur. Ainsi, la dernière partie de cette entrée en matière relance l’intérêt du lecteur. II/ - Le deuxième mouvement s’emploie à présenter les « silènes » mentionnés plus haut. Rabelais suscite de nouveau la curiosité du lecteur en appliquant le nom du satyre Silène à un objet disparu (une « boîte ») : l’adverbe « jadis » indique un temps ancien. L’auteur se fait maître et le prologue se fait « leçon de choses ». Afin de permettre au lecteur d’imaginer l’objet, l’auteur emploie une comparaison (introduite par « comme » et mettant en scène des objets usuels, connus). - Il utilise l’imparfait ce qui accentue la description. - De longues énumérations qui permettent selon lui d’éclairer son explication. - Fait appel aux compliments circonstancielles de temps (« Jadis » ; « à présent ») - Opposition entre apparence quelconque ( légèreté, comique) et intérieur ( sérieux) - La référence aux « apothicaires » (c’est-à-dire aux vendeurs de plantes médicinales, ancêtres des pharmaciens) introduit une métaphore médicale qui se poursuit plus loin dans le prologue et qui laisse entendre que l’objet en question joue un rôle dans le soin que l’on peut apporter à un homme malade. -La fin de la phrase (à partir de « peintes au-dessus ») est descriptive. Rabelais peint l’aspect extérieur des boîtes. Les illustrations qui les ornent sont tout d’abord caractérisées de façon peu précises, uniquement par leur caractère grotesque : ce sont des « figures comiques et frivoles ». Le ton est toujours didactique et le rire est ici présent en tant qu’objet du discours, objet dont on parle. Il y a donc un glissement par rapport aux premières lignes : l’auteur, après avoir employé le comique, s’intéresse au comique en tant qu’objet d’étude. -• « Tel fut Silène, maître du bon Bacchus. » - Une courte phrase apparaît ensuite, qui rompt avec l’ampleur des phrases qui précèdent. - On peut remarquer aussi la mention qui est faite du rôle de « maître » que tient Silène : satyre personnifiant l’ivresse, il est aussi celui qui se charge de l’enseignement. - • « Mais au-dedans on rangeait les drogues fines comme le baume, l’ambre gris, la cardamome le musc, la civette, les pierreries en poudre, et autres choses précieuses. » - La dernière phrase du mouvement s’ouvre sur la conjonction « mais » qui indique un retournement du discours. - On remarque la présence de « au-dedans » qui répond à « au-dessus » employé plus haut. Rabelais met en scène une opposition « intérieur – extérieur » qui invite le lecteur à faire l’effort de la découverte, à ne pas se fier aux apparences. C’est donc un auteur exigeant vis- à-vis de son lecture qui se donne ici à voir. Le deuxième mouvement est ainsi une présentation des silènes, derrière laquelle on peut entendre une présentation de l’œuvre, que son auteur invite à considérer dans toutes ses dimensions : grotesque et comique à première vue, riche en enseignement si l’on fait l’effort de regarder vraiment à l’intérieur. Il invite donc le lecteur à considérer l’œuvre comme une énigme à déchiffrer. III/ - La première phrase de ce dernier mouvement s’ouvre sur le pronom personnel de la troisième personne, désignant Alicibiade : la présentation des silènes achevée, Rabelais en revient à ce qui a suscité cette présentation, c’est-à-dire la ressemblance affirmée par Alcibiade de Socrate avec le satyre. - regard d’un taureau : métaphore qui montre qu’il est borné, comparé à un anima. - « pauvre fortune.. » ABBA = chiasme ( s’amuse avec les morts) - énumération longue qui a annonce du positif, sa valeur inestimable. - Une description extérieur Socrate : - « rustique dans ses vêtements » = montre qu’il ne se préoccupe pas des regards des autres. => tout d’abord de tous les éléments qui forment l’aspect extérieur d’un homme (« corps, maintien, nez, regard, visage, vêtements ») et, à chacun, est associé une épithète ou un complément du nom péjoratifs : « laid, risible, pointu, d’un taureau, d’un fou... ». Le corps de Socrate qui prête à rire. => De la même façon, l’allure générale du philosophe invite au rire :la description se poursuit par la mention de ses mœurs (« simple de mœurs »), financière (« pauvre de fortune »), amoureuse (« infortuné en femmes ») et sociale/professionnelle (« inapte à tous les offices de L’état »). On remarquera les préfixes négatifs par lesquels commencent les deux derniers adjectifs cités, qui renforcent l’impression négative produite par l’aspect de Socrate. - Une description plus intérieur de Socrate : => Une description plus positive prend ensuite place, qui accumule quatre groupes introduits par l’adverbe « toujours » qui souligne la constance : « toujours riant, toujours buvant à la santé d’un chacun, toujours plaisantant, toujours dissimulant son divin savoir ». - Une référence religieuse (l’adjectif « divin ») fait de Socrate un être au-dessus du commun des mortels par son savoir. La description s’achève donc sur une valorisation du « savoir » de Socrate. - Enfin, on peut remarquer que deux verbes de cet éloge final sont en lien avec le comique et le rire : « riant » et « plaisantant ». Rabelais tisse donc habilement un lien entre rire et savoir : c’est parce qu’il sait rire que Socrate peut non seulement savoir mais aussi enseigner, et c’est sans doute parce qu’il sait qu’il peut rire et ne pas se prendre au sérieux. CONCLUSION : Ce prologue fonctionne comme un avertissement au lecteur, l’enjoignant à ne pas en rester à une première lecture naïve qui ferait de l’œuvre une pure fantaisie : Rabelais invite au contraire à trouver le sérieux et le profond sous le comique et la fiction. uploads/Litterature/ el-1 1 .pdf

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