- 101 - PREAMBULE AUX FUÛ AL-IKAM vant de présenter notre « Introduction gén

- 101 - PREAMBULE AUX FUÛ AL-IKAM vant de présenter notre « Introduction générale à l’étude des Fuû al-ikam », nous reproduisons un texte resté inédit, écrit en novembre 1955, qui répondait à une critique portant sur la traduction partielle des Fuû de Titus Burckardt. Les circonstances de l’époque ayant empêché sa publication pourtant prête, nous restituons aujourd’hui cet article de Michel Vâlsan 1. Montrant une fois de plus de quelle compétence il faut faire preuve et de quelle intention il faut procéder pour aborder ce genre de travaux, il éclaire d’un jour nouveau l’ouvrage d’Ibn ‘Arabî qui est cependant mieux connu depuis de récentes études : celle d’un “bien-nommé” Miftâh ‘Abd al-Bâqî, akbarien engagé dans la voie spirituelle comme la dédicace à son cheikh en fait foi, parue en langue arabe et intitulée Mafâtî Fuû al-ikam, « Clefs des Fuû al- ikam » 2, est en effet fort digne d’intérêt, et les diverses traductions de ces dernières années, parfois commentées comme celle de M. Gilis, ont permis une compréhension plus large du texte du Cheikh al-Akbar. Toutefois, le sujet étant loin d’être circonscrit, c’est à partir des considéra- tions de Michel Vâlsan que nous souhaitons nous engager dans une approche inédite. MUHAMMAD VÂLSAN A 1. Cet article, devant paraître dans l’une des rubriques d’une revue, n’avait pas de titre. Celui que nous avons retenu se réfère au passage sui- vant : « Cela suffit pour montrer que la traduction du titre Fuû al-ikam ne peut être la “Sagesse des Prophètes”. » D’autre part, les faits n’étant pas d’actualité et la vérité seule important, nous ne jugeons plus utile de citer nommément le person- nage mis en cause dans l’affaire, atténuant ainsi le caractère polémique qui n’a plus lieu d’être. 2. Marrakech, 1997. Nous évitons de traduire ce titre avec l’article défini “les Clefs” car “des Clefs” nous paraît être plus approprié.  - 102 - Dernières lignes des Fuû. Manuscrit (Evkaf Musesi, 1933) écrit par Qûnâwî, suivi d’un samâ‘ autographe daté de 630 (=1233). - 103 - FUÛ AL-IKAM : « LA SAGESSE DES PROPHÈTES » ? e compte rendu que M.H. a fait de la traduction des Fuû al-ikam par M. Burckhardt 3 a étonné certains lecteurs au courant des études islamiques et spécialement de Soufisme, soit par ses affirmations particulières soit par ses considérations générales. Comme par ailleurs on nous a demandé ce que nous pensions de cet article, il nous a semblé utile de rendre publiques quelques remarques qui peuvent intéresser un cercle plus large de lecteurs, car elles mettent en cause la signification même de l’œuvre du Cheikh al-Akbar Ibn ‘Arabî. M.H. introduit sa critique par ces paroles : « C’est... avec reconnaissance que nous accueillons par avance la traduction par M. T. Burckhardt de l’une des œuvres maîtresses d’Ibn ‘Arabî, mais nous considérons aussi que rendre hommage à son initiative autrement qu’ armés des plus sévères exigences serait trahir du même coup la mémoire du Cheikh al-Akbar et le respect que nous devons à tous ceux qui tenterons de connaître sa pensée ». Il sera équitable de nous réclamer nous-même des mêmes devoirs en examinant l’article de M.H. Tout d’abord nous examinerons les critiques formulées contre le travail de M. Burckhardt, dans leur ordre de succession et quelle que soit leur importance réelle. Pour commencer, M.H. signale « quelques erreurs dont la rectification s’impose ». M. Burckhardt aurait prétendu que de toutes les œuvres d’ Ibn ‘Arabî deux L 3. [Cette traduction partielle a été publiée en juin 1955 aux Ed. Albin Michel, dans la collection “Spiritualités vivantes”, série “Islam”, et préfacée par Jean Herbert. Elle est régulièrement rééditée dans la même collection, en format “poche” (no 19), et traduite en anglais : The Wisdom of the Prophets (par Angela Culme-Seymour, Beshara Publications, 1975). Sous ce même titre, il existe une autre traduction partielle et paraphrasée en langue anglaise par Khaja Khan (Madras, 1929). Titus Burckhardt a préfacé la première traduction intégrale anglaise de R. W. J. Austin, The Bezels of Wisdom (Paulist Press, 1980, Etats-Unis ; SPCK, Londres, 1980). Une autre traduction en anglais est due à ‘Aïsha al-Tarjumâna, The Seals of Wisdom (Norwich, 1980). M. Gilis a traduit en entier, annoté et commenté les Fuû : Le Livre des Chatons des Sagesses (Beyrouth, 1997-1998. Les index annoncés par l’éditeur n’ont pas été publiés).] SCIENCE SACRÉE - 104 - seulement ont été conservées : les Futûât et les Fuû. En réalité le traducteur a écrit dans son Introduction exactement ceci : « Les livres et les traités du maître furent très nombreux ; la plupart d’entre eux semblent définitivement perdus ; parmi ceux qui subsistent, les Futûât al-Makkiyyah (“Les Révélations Mecquoises”) et les Fuû al-ikam (“La Sagesse des Prophètes”) sont les plus célèbres ». Du reste, dans le même texte, M. Burckhardt mentionne lui-même plusieurs autres petits écrits d’ Ibn ‘Arabî traduits ou publiés en Occident 4. Cette “rectification” de M.H. ne témoigne donc pas de sa part de beaucoup d’attention dans les références 4. Signalons, puisque l’occasion se présente, que toutefois, d’après nos constatations, la Risâlah al- Aadiyyah traduite en français par Abdul-Hâdî est en réalité du Cheikh Abdallâh al-Baliyânî (mort en 686 de l’Hégire), et M. Burckhardt n’a pas tort d’user de quelque circonspection en disant seulement que cet écrit est « attribué à Muhyi-d- Dîn Ibn Arabî » ; plus exactement, telle est l’attri- bution de certains manuscrits, mais un assez grand nombre d’autres manuscrits l’attribuent au Cheikh al-Baliyânî, ce que corroborent d’autres données que nous ne pouvons pas rapporter ici. [Michel Vâlsan a traduit cet « important texte doctrinal de l’ésotérisme islamique, connu sous des titres variés, et attribué par les manuscrits à diffé- rents auteurs » (Introduction à sa traduction inédi- te). A propos des traductions de ce traité, il indi- quait qu’ « il faut signaler qu’un assez long frag- ment en a été traduit de façon accidentelle en 1873 par Stanislas Guyard dans le cadre des Fragments relatifs à la doctrine des Ismaëliens (Notices et Ex- traits de Manuscrits de la Bibl. Nat., Tome 22, 1ère partie), où il se trouve inclus (au n° 8) de la com- pilation appelée « Le Livre du Cheikh Ibrahim », en compagnie de textes très divers de doctrine ismaëlite. Il ne porte aucune mention d’auteur ou d’origine et se présente dans un état de forte altération (on y trouve même une interpolation qui cite le fameux Rashîd ad-Dîn Sinân). Le manuscrit étant lui-même plein de fautes, la traduction de Guyard nous présente une version très défectueu- se. Bien entendu, le traducteur a ignoré lui-même l’origine réelle du texte ». Michel Vâlsan avait consulté le recueil Maj- mu‘ al- Rasâ’îl al-Ilâhiyyah (Le Caire, 1907) ainsi qu’une quinzaine de manuscrits portant des titres variés et peu connus ; par exemple : - Hââ Kitâbu-l-Ajwibati wa yusamma aydan Kitâbu- l-Alif : « Ceci est le Livre des Réponses, qui s’appelle aussi le Livre de (la lettre) Alif  (Hunter 456/2, Glasgow) ; - Fî bayâni qawli-n-Nabî (‘alayhi-s-salâm) : Man ‘arafa nafsahu faqad ‘arafa Rabbahu :  En explication de la parole du Prophète (sur lui la Paix) : Celui qui se connaît soi-même, connaît son Seigneur  (Bibl. Nat. 4800, f. 27-30, Paris) ; - Hââ Kitâbu-l-‘ârifi bi-Llâhi-l-Balabânî fî Wadati-l-Wujûdi wa fî-l- ‘Arif :  Ce Livre est du connaisseur par Allâh al-Balabâni, et traite de l’Unicité de l’Existence et du Connaisseur » (British Museum, suppl. 245, X, Londres). La première traduction intégrale en français par Abdul-Hâdî a été publiée sous le titre L’Identité Suprême dans l’Esotérisme musul- man : Le Traité de l’Unité “Risâlatul-Aadiyah” (La Gnose, juin-juillet- août 1911). Elle a été reprise dans Le Voile d’Isis (janvier-février 1933), Etre (1977, n° 1, sans les notes), en livre (Ed. Orientales, Paris, 1977), et dans les Ecrits pour La Gnose (Archè, Milan, 1988). Toujours dans son Introduction, Michel Vâlsan écrivait : « La traduction d’Abdul-Hâdî est fine, intelligente et riche, mais bien inégale. Dans un texte relativement simple quant au lexique et à la syntaxe, mais aux articulations extrêmement libres (d’où le grand nombre de variantes dans les manuscrits), le traducteur n’a pas réussi à toujours trouver la ligne logique du développement discursif, et certaines contradictions ou incohérences en résultent qui jettent quelque discrédit sur la rigueur démonstrative de la dissertation. Certaines implications doctrinales importantes pour se rendre compte du développement de la pensée lui ont échappé. Ses annotations sont LA SAGESSE DES PROPHÈTES ? - 105 - textuelles 5. A l’occasion, il nous surprend encore par l’affirmation qu’on aurait conservé au moins 410 ouvrages de cet auteur. S’il en était ainsi, il faudrait comprendre qu’on a découvert tout dernièrement près de 200 écrits d’Ibn ‘Arabî que les catalogues des bibliothèques ou les constatations publiées par les chercheurs ne mention- naient pas jusqu’ici. Tant que M.H. n’aura pas apporté confirmation précise de cette découverte proprement sensationnelle, nous penserions plutôt qu’il confond tout simplement le nombre établi à ce jour des titres d’ouvrages écrits par cet auteur avec celui de ses ouvrages effectivement uploads/Litterature/ fusus 1 .pdf

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