VERS INÉDITS ii DU MÊME AUTEUR : JOURNAL ET VOYAGES 15 exemplaires sur Japon bl
VERS INÉDITS ii DU MÊME AUTEUR : JOURNAL ET VOYAGES 15 exemplaires sur Japon blanc nacré, avec un portrait tiré sur Chine et monté sur Japon, marqués de A à O. 35 exemplaires sur Hollande Van Gelder, avec le portrait tiré sur Arches, numérotés 1 à XXXV. 100 exemplaires sur Vélin d'Arches, avec le portrait tiré sur pur fil Lafuma, numérotés de 1 à 100 (épuisé). iii P. –J. TOULET _____________________ VERS INÉDITS PARIS LE DIVAN 37, rue Bonaparte, 37 1936 iv Cet ouvrage, illustré d'un portrait inédit tiré en héliogravure dans les ateliers d'A. Porcabeuf et Cie, a été tiré à 9 exemplaires sur Japon blanc nacré, avec le portrait tiré sur Chine et monté sur Japon, marqués de A à I. 15 exemplaires sur Hollande Van Ge1der, avec le portrait tiré sur Van Gelder numérotés de I à XV. 200 exemplaires sur Vélin d'Arches, avec le portrait tiré sur Hollande Van Gelder, numérotés de I à 200 v AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR _____________________________ On a tenté de réunir ici tous ceux des vers de Paul-Jean Toulet qui ne figurent pas dans les Contrerimes . Dans leur nombre, il y en a certainement que l'auteur n'aimait pas; d'autres qu'il eût voulu reprendre et améliorer avant de les publier; d'autres encore dont il avait égaré la copie et qu'il avait oubliés. Le lecteur trouvera en outre dans ce recueil presque tous les vers que le poète écrivit après avoir établi pour l'imprimeur le manuscrit des Contrerimes qu'il me remit, à la veille de la guerre, en 1914. Ce manuscrit, il se contenta, durant six ans, de le remanier dans le détail et de le corriger jusque sur les premières épreuves, les seules qu'il put voir avant de mourir. A peine avais-je eu permission d'y glisser quelques rares pièces nouvelles dont ces admirables strophes intitulées Nocturne : O Mer, toi que je sens frémir A travers la nuit creuse... J'aurais alors voulu sauver un plus grand nombre de pièces anciennes ou récentes. Toulet ne me le permit pas. Il craignait de gonfler outre mesure son ouvrage. De même, il ne consentit jamais à sacrifier sur ma demande quelques vers purement humoristiques dont le ton ne me semblait pas convenir à l'ensemble des poèmes qu'il rassemblait. Cette disparate lui plaisait au contraire. Elle rompait à son gré la monotonie qu'eût présentée, disait-il, un volume continûment élégiaque. « Aussi bien, ajoutait-il avec son exquise pudeur, il ne faut jamais paraître se prendre soi-même trop au sérieux. » Je me suis donc fait un devoir, Toulet disparu, de signer le bon à tirer de vi ses Contrerimes sans plus rien modifier d'un ensemble qu'il lui avait été donné d'approuver. Mais aujourd'hui la publication que j’entreprends pose un tout autre problème. Bien des vers qu'on y lira sont dignes du maître des Contrerimes et peuvent être comptés au nombre de ses plus heureuses réussites. Il en est d'autres qu'il eût délibérément sacrifiés. Un assez grand nombre de ces derniers ont cependant paru dans des revues où l'auteur n'avait fait aucune difficulté de les donner autrefois. Aussi les fanatiques de Toulet - il en a, - en ont-ils gardé un souvenir précis. Quelques-uns d'entre eux vont même jusqu'à les réciter de mémoire en toute occasion et à tout venant. A la suite de quoi l'on m'a souvent demandé de les éditer. Ne puis-je, quinze ans après la mort de Toulet, en user envers lui comme les historiens de la littérature envers Baudelaire ou Rimbaud ? Les vers de jeunesse qui figurent ici montrent comment peut éclore en tâtonnant un indéniable génie poétique et de quelles influences il lui faut peu à peu savoir se dégager. Les brouillons qu'on verra à leur suite peuvent de même être considérés comme un exemple de ces sortes de plates-formes qui sont indispensables à l'élan du poète pour qu'il arrive par étapes successives aux pièces parfaites ou presque parfaites qui figurent à leur côté. Les vers humoristiques enfin doivent donner simplement une idée des distractions plaisantes où se délassait l'esprit caustique de leur auteur. vii * * * La première pièce de ce recueil me fut révélée par les cousines de Toulet. Elles l'avaient précieusement conservée du temps où sous le toit noir de la Rafette elles n'avaient pas encore l'âge d'être des dames, comme le poète l'a dit depuis dans une de ses plus célèbres contrerimes. Le futur historien de M. du Paur n'aurait alors pas eu plus de treize à quatorze ans. Mais, sur un ancien carnet de Toulet, j'ai trouvé sur ses premiers essais un supplément d'éclaircissement qui mérite d'être transcrit: C'est de 1884 que je me rappelle mes premiers vers en partie l J'étais enrhumé (à la boite Courdurié, à Bayonne, philosophie à la rentrée) et Jean Berge m'ayant accusé d'être malade de sucreries, ou que, si c'était une femme, disait-il, qui te rend malheureux, console- toi, pour cent sous tu pourras l'avoir. Je répondis, à propos d'une vieille bouquiniste juive, près de la cathédrale: .................................................... Les femmes je les donne au diable, Les bonbons gâtent la santé. Mais tu sais bien de quel côté, Pas très loin de la Faculté, S’offre maint bouquin délectable. Dame Alvarez niche par là, Et ce fut, le diable m'emporte! La cause de mon coryza, Le vent qui pleurait sur sa porte. 1 Toulet était né en 1867. viii Après ces premières gammes d'un collégien, nous n'avons que quelques rares strophes écrites par Toulet à l'île Maurice ; puis celles plus nombreuses que, durant son séjour d'un an en Alger, il eut toute facilité de publier dans les petites revues et journaux littéraires où il collaborait. A son retour en Béarn ses carnets intimes contiennent de petits poèmes de circonstance qui reflètent ses impressions fugitives. Il semble qu'ensuite et jusqu'à son départ pour Paris, en 1898, Toulet se soit à peu près détaché de la littérature. C'est pourtant de ces premières années de Béarn que date un mince cahier où il a copié le texte grec de plusieurs pièces de l'anthologie. Il s'est ensuite essayé entre les lignes à une traduction qui calque mot à mot l'original. Puis, en dessous, il a repris, et souvent plusieurs fois, sa traduction. Ainsi cette épigramme: Avec Philippe aux paupières bleu-noir jouant aux quilles, - de tout son cœur doucement rire je la fis : - « Douze, je t'en ai abattues, et demain j'en abattrai d'autres - ou plus, ou encore douze, étant habile. » - Ensuite, commandée elle vint, et riant à elle: - « Que ne t'ai- je invitée aussi à venir la nuit. » Devint: Je jouais aux quilles avec Philippe aux sombres paupières Et je la fis rire de tout son cœur (disant) : « J'en ai abattu douze, demain j'en abattrai d'autres, Davantage, ou au moins douze, y étant habile ». Elle vint au rendez-vous, et moi de rire : « Que ne t'ai-je invitée de nuit » ix Plus loin un quatrain est inscrit sous cinq formes successives. Voici la première et la dernière: Baignés, Prodiké, que nous soyons couronnés, et le vin pur - aspirons, les calices plus grands prenant. - Courte des jouissants est la vie, puis le restant - la vieillesse empêchera; et la fin la mort. Lavés et fleuris, tâtons, ô Faustine, le vin; Dans les verres profonds le vin pur. Car nos joies sont courtes, Faustine, et l'âge survient Déjà, et la mort : la clôture. Il semble ainsi que Toulet s'exerçait aux pièces brèves et contractées, d'une construction patiemment chantournée, des Contrerimes et des Vers inédits. Au point que nous eussions pu, presque sans subterfuge, joindre la piécette suivante au texte du présent volume: Faustine, par moi suppliée de paroles ardentes, J'embrassais ses minces genoux sous la robe joints. Sauve un homme qui meurt de désir, disais-je. Et, versant quelques pleurs à m'entendre, bientôt séchés, Elle m'écarta doucement de ses mains caressantes. * * * Paul-Jean Toulet ne parlait guère de ses vers et ne les surfaisait pas. Il avait un goût très sûr et savait fort bien quand il avait pu amener un poème à son point de perfection et lui avait donné toutes les chances de survivre. Pour le reste il s'en amusait. C'était un simple jeu. On trouvera dans maint fragment de sa correspondance son sentiment exact sur ce sujet. x Je me souviens qu'un jour je n'avais témoigné qu'insuffisamment d'admiration pour quelque poème dont il venait de me réciter une version nouvelle. Il m'affirma aussitôt que c'était m'offrir des perles ... Mais son sourire de coin semblait se railler soi-même autant que se moquer de moi. Il travaillait énormément ses vers, les refaisant un nombre incalculable de fois sur le papier et dans sa tête, principalement durant ses nuits d'insomnie. Il était d'ordinaire toujours insatisfait de ce qu'il avait écrit. Si nous possédions tous ses brouillons, les variantes que nous pourrions y relever seraient infinies. Jamais une strophe n'était définitive à ses yeux. J’en sais quelques-unes qu'il refit périodiquement et par à-coups pendant quinze ans. Il m'affirma qu'il avait uploads/Litterature/ toulet-uersus 1 .pdf
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- Publié le Mar 17, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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