AXE : APPRENTISSAGE ET SCIENCES COGNITIVES Les biais cognitifs L’ambition forte

AXE : APPRENTISSAGE ET SCIENCES COGNITIVES Les biais cognitifs L’ambition forte du système scolaire est de participer autant qu’il lui est possible à la préparation des élèves comme adultes de demain. Elargir les objectifs d’acquisition de savoirs et développement de compétences au travail sur les fonctions cognitives et les postures favorables pour l’équilibre personnel, la pertinence de comportements et les enjeux sociétaux. Pour atteindre cet objectif, les biais cognitifs figurent en pole position ! Pourquoi ? - Les pièges spontanés de la pensée conduisent à maintes dérives préjudiciables à tous : d’où la sensibilisation à leur existence et la formation à leur contrôle. - Notre monde actuel fourmille de messages débridés qui peuvent entraîner vers des positionnements fâcheux, pour lesquels les jeunes sont vulnérables : fakenews, déficience de l’esprit critique, repli dans des bulles fermées de pensée (réseaux sociaux), etc. - La formation au self-contrôle de la pensée fait partie des armes de la vie. Au système scolaire d’apporter sa contribution. Le présent article est destiné à la présentation de biais les plus répandus, directement en lien avec notre vie d’acteur de l’éducation, et celle des élèves. MÉCONCEPTION Nous sommes plus armés que les autres pour nous prévenir des pièges de la pensée que sont les biais. MESSAGE CLÉ Les biais cognitifs nous piègent incessamment, en nous fourvoyant par rapport à nous-même et les autres. Sachons reconnaître nos biais afin de mieux les prévenir. Et aidons les élèves à s’éduquer à la gestion de leurs biais. COMPOSITION DE LA FICHE ➢ Test de positionnement initial à faire avant de commencer la lecture, ➢ Les points clés théoriques ➢ La correction du test de positionnement initial ➢ La liste des fiches et ressources associées ➢ Références bibliographiques Questions auxquelles va répondre la fiche 1. Quelle est la nature des biais cognitifs ? 2. Connaissez-vous les biais les plus fréquents et redoutables ? 3. A quels biais l’enseignant doit-il sensibiliser tout particulièrement ses élèves ? 4. L’enseignant lui-même peut-il se faire piéger par des biais ? Si oui, lesquels ? 5. Comment réagir et lutter contre certains biais ? SOMMAIRE 1. Que sont les biais cognitifs Origine des biais Enjeux 2. Description de quelques biais classiques en éducation Biais de Dunning-Kruger Biais de statu quo Le biais de confirmation Le biais de notoriété Le biais de non-validation Le biais de dissonance cognitive Le biais de perception sélective Le biais de négativité Le biais de maîtrise du savoir Locus interne – locus externe Autres biais 3. Lutter contre les biais TEST DE POSITIONNEMENT Avant de consulter la fiche, sauriez-vous répondre précisément aux questions suivantes : Q1. Vous arrive-t-il ? □ D’affirmer un argument sans être vraiment certain qu’il est validé □ De lire un magazine d’information opposé à vos convictions politiques □ De faire confiance de façon assez inconditionnelle à une haute autorité morale ou intellectuelle, sans vous douter qu’il peut s’agir d’une erreur Q2. Le biais de Dunning-Kruger est □ La sur-confiance que l’on se fait lorsqu’on ne connait pas bien un sujet et qu’on s’autorise à en parler □ Le fait de se sentir supérieur aux autres □ Le fait de raconter un peu tout et n’importe quoi sans avoir vérifié la solidité des propos Q3. Pourriez-vous citer des exemples de situations où vous avez accepté de changer d’avis à la suite d’informations que vous avez acquises ? □ □ □ Q4. Que savez-vous du biais de confirmation et vous est-il arrivé de le vivre ? Q5. Comment préparez-vous vos élèves à combattre des biais cognitifs ? □ □ Q6. Locus interne, locus externe, cela vous dit quelque chose ? 1. QUE SONT LES BIAIS COGNITIFS ? Parce que nos savoirs sur toute chose sont systématiquement partiels et peu rigoureux, sauf expertise pointue, ce qui est rare. Nous possédons très souvent une connaissance parcellaire et pas toujours juste des choses. Parce nos heuristiques (automatismes de la pensée) nous poussent à être hâtifs dans l’expression de nos croyances. Nous vivons dans un monde où tout va vite, où les sujets sont variés à l’infini et nous nous en emparons le plus souvent avec superficialité. Avec un besoin de se positionner vis-à-vis des autres, quitte à enfreindre quelques précautions de justesse de nos arguments. Y compris au moment-même où nous nous laissons emporter par ces automatismes. Parce que notre mémoire sémantique est parfois défaillante, nous sommes peu exigeants sur la vérification des propos avancés. Parce que des mécanismes psycho-sociaux nous entraînent dans des pièges de la pensée. Telle est la nature humaine, dotée de mécanismes inappropriés qui nous entraînent dedans à notre insu et contre lesquels nous devons nous prémunir. Parce que nous sommes résistants à modifier nos modèles mentaux et nos actes. Dans l’apprentissage au sens large du terme, il y a l’acquisition de notions et compétences nouvelles qui viennent s’agréger à des acquis antérieurs. Mais il y a aussi l’ajustement, le travail sur les erreurs, les inversions de routines, le retour sur nos croyances. Et ce n’est pas le moindre travail que les repérer et les transformer. Des stratégies sont possibles, par vigilance et repérage, tant chez soi que chez les autres, et une solide discipline de la pensée. Infos clés : ➢ Personne n’est épargné par les pièges des biais cognitifs, contre lesquels nous devons être vigilants afin de les combattre, pour notre bénéfice personnel, mais aussi pour celui des autres. ➢ La préparation aux biais apparaît de plus en plus comme un objectif du système scolaire. Aux enseignants de s’en emparer. ➢ La première étape consiste en une identification de ces biais et les conséquences qu’ils impliquent. ► Origine des biais La rapidité de parole et d’action - Pour des raisons de rythmes de vie, d’hyper-sollicitations, nous sommes souvent trop rapides dans l’expression d’un avis, d’une opinion, d’une réaction face à un interlocuteur. Nous sommes grands consommateurs de notre système 1 de la pensée, qui nous pousse automatiquement (inconsciemment) à émettre un avis sans davantage de réflexion (contrairement au système 2, dit algorithmique, qui décompose le raisonnement et dont l’esprit se rapproche de celui du scientifique. On peut penser et agir en scientifique à tout âge de la vie, la science n’est pas l’apanage des sciences exactes, mais concerne tout objet de l’existence. Le manque de connaissance rigoureuse - C’est inévitable, nous ne pouvons pas connaître tout sur tout. Mais nous sommes souvent un peu paresseux sur les savoirs à acquérir pour s’exprimer le plus justement possible. Il y a des seuils minimaux de savoirs à posséder avant toute expression raisonnable. Insuffisance d’analyse - D’une façon générale, nous sommes insuffisants sur l’analyse des choses, nous contentant d’une connaissance superficielle. Conséquence : nous sommes bloqués sur ce que nous pensons (rigidité mentale versus flexibilité mentale qui est l’une des fonctions exécutives majeure). Tout cela, et bien d’autres arguments encore, nous poussent à des erreurs de jugement, à des comportements et prises de positions inappropriées. ► Enjeux Illustrations : . Au cours d’une réunion de famille ou professionnelle, nous nous sommes allés à affirmer un argument sur un thème, qui s’est révélé rapidement faux. Cette position a eu des conséquences par la suite, car nous avons été catalogués. Ou nous avons diffusé une fausse information, par exemple au cours d’une formation, lors d’un cours ou d’une réunion. Parfois, nous l’avons écrite sur un support qui ne disparaîtra pas de sitôt. . Les biais psycho-sociaux sont clivants en catégorisant trop rapidement les personnes et les jugements (je n’accepterai pas cette personne comme locataire car son nom est de consonance moyen-orientale). Ils sont souvent à l’origine de tensions familiales ou entre amis. Tout serait tellement plus simple avec un peu de vigilance sur nos biais. . La marée des réseaux sociaux entraîne nombre de jeunes (et autres) à céder aux fakenews dont les ravages sont immenses. Il est même des présidents américains qui en ont usé et abusé. Une prise de conscience d’une formation s’opère à bon escient. Portée : 1. Penser et agir avec une idée plus objective des notions 2. Assouplir nos positions dans nos rapports aux autres 3. Être plus indulgent dans nos représentations des autres 4. Être plus ouverts et moins crispés sur nos propres positions 5. Acquérir un esprit scientifique dans nos manières d’aborder toute thématique 6. Accroître notre curiosité à comprendre notre fonctionnement mental 2. DESCRIPTION DE QUELQUES BIAIS CLASSIQUES EN EDUCATION ► Biais de Dunning-Kruger Tendance à surévaluer notre confiance dans un domaine que nous ne connaissons pas bien. L'inverse est vrai, ceux qui maîtrisent bien un sujet émettent souvent des doutes sur l'ampleur de leur connaissance du sujet Exemples : . Qui n’a pas été tenté de donner des arguments sur le chômage, la politique économique ou les dérèglements climatiques, avec une connaissance indigente des problèmes, surtout ceux qui relèvent d’une complexité sans limite. . L’élève est persuadé d’avoir fait le tour d’une question suite à l’étude d’un cours (ou quelques cours …). On connait même cette jeune étudiante en première année de médecine convaincue de pouvoir fournir un diagnostic médical à une amie. La uploads/Philosophie/ afsc-fiches-theoriques-les-biais-cognitifs.pdf

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