Science et métaphysique chez Kant I. Kant : la métaphysique et les Lumières A.
Science et métaphysique chez Kant I. Kant : la métaphysique et les Lumières A. Repères chronologiques et biographiques - Né en 1724 (en Prusse orientale) - Famille modeste (élevé par sa mère qui meurt en 1737) - La maman Kant était piétiste (forme particulièrement rigoureuse du protestantisme luthérien) - Il passe toute sa vie à Königsberg : il y étudie, il y enseigne (à l’université) et il y meurt - Thèse qu’on a coutume d’appeler « La dissertation de 1770 » - 1781 : première parution de la CRP (deuxième édition en 1787, modifications substantielles) - Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science (thème du cours) - 1785 : Fondements de la métaphysique des mœurs - 1788 : Critique de la faculté de juger Style d’écriture et de vie méticuleux et aride : surnommé par certains « l’horloge de Königsberg » (promenade toujours à la même heure) Tendance marquée à l’hypocondrie + est resté célibataire jusqu’à sa mort Thomas de Quincey, Les Derniers jours d’Emmanuel Kant (film inspiré de ce livre) traduit en français : Kant intime (si on veut s’amuser) Biographie de référence : celle de GARLYGA Portrait ironique de Kant : De l’Allemagne, Heinrich HERNE (le plus français des poètes allemands : vit en exil et meurt à Paris) ouvrage visant à expliquer l’Allemagne aux Français (et qui est une réponse aux deux ouvrages de Madame de Staël du même titre) le présente comme « le Robespierre de la philosophie » (critique de la théologie rationnelle, qui s’est employée à produire des preuves de l’existence de Dieu : « philosophie destructive », la CRP est comparée à « un glaive ») Dans la CRP, Kant ruine les intentions de la métaphysique à connaître Dieu, l’âme et le monde (les trois principaux objets de la métaphysique traditionnelle). Il va récuser toute prétention à s’élever au-delà de l’expérience et à connaître le suprasensible Herne le présente comme le fossoyeur, démolisseur de la métaphysique (image qu’il n’invente pas : Mendelssohn…) Il n’y aurait aucune autre connaissance que celle de la nature, non pas métaphysique, mais physique Aussi drôle que soit le texte de Herne, il demande à être nuancé : BENEKE fait remarquer que ce que Kant est censé avoir détruit a déjà été détruit à son époque (HUME : au feu tous les ouvrages de métaphysiques ! + sensualistes français, les encyclopédistes) Prolégomènes : « Tout art faux, toute science vaine n’ont qu’un temps… » : la métaphysique est déjà tombée Quelques lignes plus haut : Kant oppose la vulgaire métaphysique d’école et une autre métaphysique qui est désormais en son pouvoir n’en déplaise à Herne, Kant n’est pas celui qui démolit la métaphysique (qui était déjà mal en point à son époque) mais celui qui se propose de la refonder (comme le suggère le titre : Prolégomènes à toute métaphysique future) Puisque Kant n’introduit pas quelque chose de radicalement nouveau, situons… B. Le siècle des Lumières et le problème de la connaissance Ernst CASSIRER, La Philosophie des Lumières : l’un des traits caractéristiques de l’époque des Lumières c’est le lien entre le problème de la nature et le problème de la connaissance : « La pensée ne peut se diriger vers le monde des objets extérieurs sans se retourner du même coup vers elle-même, cherchant à s’assurer d’un seul et même acte, de la vérité de la nature et de sa propre vérité. » La question de la connaissance de la nature est intimement liée à la question de la connaissance de l’esprit LOCKE, Essais sur l’entendement humain : « L’entendement, semblable à l’œil, nous fait voir et comprendre. C’est pourquoi il faut de l’art et des soins… » CRP : la pensée qui fait retour sur elle-même Au siècle précédent, DESCARTES s’était proposé d’établir les limites de notre connaissance mais en reposant sur la thèse d’une parenté originelle entre les objets et les idées (c’est Dieu qui garantit le lien entre notre pensée et notre être) Son héritier, MALEBRANCHE : occasionnalisme (Dieu, seul, est la cause générale de tous les mouvements dans le monde, et les phénomènes qui apparaissent comme des causes ne sont que des occasions de l’action de Dieu) : « Dieu a voulu que mon bras soit remué dans l’instant même où je le voudrais moi-même. » D’une façon générale, on peut dire que les Lumières ont refusé la référence à la transcendance pour fonder le lien entre la connaissance et la réalité, entre le sujet et l’objet. Et KANT partage ce refus… Ainsi, la « révolution » kantienne n’est pas aussi radicale que ce que l’on a pu penser : elle s’inscrit dans un mouvement plus général Lettre à Marcus Herz (21 février 1772) : « Platon eut une intuition… comme source originelle de ces concepts purs, Malebranche une intuition encore actuelle de cet être originaire. Pourtant ce deus ex machina est dans la détermination de l’origine est ce que l’on peut choisir de plus absurde. En plus du cercle vicieux dans l’ordre logique de nos connaissances… » Si le moi et l’être appartiennent à deux couches distinctes de la réalité, comment penser leur rapport ? Ne faut-il pas nécessairement que la réalité extérieure se communique à l’esprit ? La philosophie de la connaissance cesse d’être une métaphysique pour devenir une sorte de psychologie : le problème de la vérité se réduit à la genèse des idées de l’esprit Difficulté : notre connaissance, dans ces conditions, semble être marquée du sceau de la relativité (qui tient à la manière dont notre appareil cognitif est fait) Le problème de Molyneux (philosophe irlandais qui formule un problème et l’adresse à Locke, après avoir lu la première édition de l’Essai sur l’entendement humain : Locke lui répond dans la deuxième édition) : aveugle de naissance, cube et globe (les reconnaît au toucher), vue rétablie les reconnaîtra-t-il sans les toucher ? Question qui intéresse tout le XVIIIème : Locke, Berkeley, Voltaire, Diderot… Locke et Berkeley (Le nouveau problème de la vision) répondent non et l’histoire leur donne raison (histoire de la médecine : opération de la cataracte) (Au fond, cela correspond à la question suivante : est-ce que l’on apprend à voir ?) Si nous ne devons qu’à l’expérience la perception des structures spatiales, nous ne pouvons écarter la pensée selon laquelle une modification de notre appareil cognitif modifierait à son tour l’espace que nous percevons. Notre perception nous dit-elle quelque chose de la nature des choses ou ne nous dit-elle que des choses à propos de notre propre nature ? questions au centre de l’élaboration de la critique Si l’espace de la vue n’est pas l’espace du toucher (comme le suggère le problème de Molyneux), alors il y autant d’espaces que de domaines sensibles (chacun a sa structure) si chaque sens a son monde, alors qu’en est-il de l’objectivité du monde que nous percevons ? Ce thème de la relativité des grandeurs et de l’espace est un thème qui hante le XVIIIème siècle (Micromégas de Voltaire, Les Voyages de Gulliver de Swift, Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des mondes, 3ème soir) Influence énorme de Christian WOLFF (héritier de Leibniz) en Allemagne son point de départ : l’ontologie Lorsque KANT critique le dogmatisme de la théologie rationnelle, de la psychologie rationnelle…, c’est à Wolff essentiellement qu’il s’adresse confiance absolue dans le pouvoir de la raison qui fonde la prétention de la philosophie d’engendrer le réel à partir de ses concepts BXXXVI : Wolff est « le plus grand des philosophes dogmatiques » Quand on cite la CRP, on a pris l’habitude de désigner l’édition de 1781 par A et l’édition de 1787 par B + quand il s’agit des préfaces, ce sont des chiffres romains et quand il s’agit des textes, des chiffres arabes C. La période précritique La première période, ce sont les années de formation (Kant n’a pas encore rompu avec Wolff et Leibniz) La deuxième période correspond à la découverte de l’empirisme (et, plus particulièrement, de Hume qui l’a « réveillé de [son] sommeil dogmatique ») 1763 : année décisive avec trois textes (aller les regarder) Recherches sur l’évidence des principes de la théologie naturelle et de la morale + Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur négative + L’Unique fondement possible d’une démonstration de l’existence de Dieu n’a pas encore renoncé au projet mais déjà dans ces textes, la critique de la théologie rationnelle est déjà avancée L’Unique fondement : idée fondamentale chez KANT de la non-déductibilité de l’existence (on ne peut pas déduire l’existence à partir d’un concept) preuve de Saint-Anselme (dialogue avec l’insensé) (Figure de l’insensé qui ne comprend pas ce qu’il dit, il ne comprend pas le sens des mots qu’il utilise) Idée qu’on retrouve dans la CRP : A599 + B627 l’existence ne peut être un prédicat (quand on a un concept et qu’on fait la liste de ses prédicats, on ne peut pas introduire dans la liste le uploads/Philosophie/ kant 2 .pdf
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- Publié le Jui 02, 2022
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