141 Dinh Hong Van Département de Langue et de Civilisation françaises Universit
141 Dinh Hong Van Département de Langue et de Civilisation françaises Université de Langues et d’Etudes Internationales de Hanoi En effet, pour Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer, auteurs de cette théorie, la traduction consiste à déverbaliser, après avoir compris, puis de reformuler ou ré- exprimer un message. Pour ce faire, le traducteur doit disposer d’un certain nombre d’outils: une bonne connaissance de la langue du texte, la compréhension du sujet, la bonne maîtrise de la langue de rédaction, mais aussi une méthode judicieuse, des réflexes adéquats, qui vont lui permettre de saisir pleinement le message de l’écrivain véhiculé par le texte, ce qui aboutira une bonne traduction par la recherche d’équivalences, sans se laisser enfermer dans les simples correspondances. Mots-clés : Théorie du sens, signification, compréhension, déverbalisation, réexpression, effet de synecdoque, intraduisibilité, fidélité. Summery: At present, the need for introducing Vietnamese Literature to foreign readers requires tremendous effort from translation professionals. However, a piece of literary works, which is condensed with a nation’s cultural identity, is not at all times attractive to the translators. The translators then often have to question themselves about how to transfer the richness of cultural features shown in literary works. Based on a fundamental principle which stresses that translation is not merely done at word level, but at the message level as well, the translation theory, therefore, has partly responded to the above-mentioned question. Synergies Pays riverains du Mékong n° 1 - 2010 pp. 141-171 La théorie du sens et la traduction des facteurs culturels “La même page française ne se traduira pas de même en anglais et en bantou. La distance existant entre deux cultures laisse une empreinte inévitable sur la façon de traduire, bien plus que les rapports purement linguistiques.” (E. Cary) Résumé : Les besoins de présenter la littérature vietnamienne au lectorat international nécessitent plus que jamais un gros travail de traduction. Un vrai miroir de la culture, les œuvres littéraires n’encouragent pas toujours les traducteurs. Ces derniers sont souvent confrontés à une question comment transférer les facteurs culturels abondants de ces chefs-d’œuvre ? Reposant sur un principe essentiel : la traduction n’est pas un simple travail sur les mots, mais c’est plutôt un travail sur le message, sur le sens, la Théorie interprétative, ou Théorie du sens pourra fournir des éléments de réponse à cette question. 142 According to Danica Seleskovitch and de Marianne Lederer, the co-authors of the given theory, translation is the phi lời hóa process which interprets the content of the original message through comprehending it without being in form of words (comprehending- interpreting in no-word form-reexpressing). Accordingly, the translator is expected to equip himself with some basic tools namely mastering the works’language, understanding the topic properly, being able to choose the most appropriate language, methods of translation and reactions in the translation process so as to comprehend correctly the message that the writer wishes to send to the readers via his works. As such, the translated version would be more accreditable since the translator has based himself on the discourse equivalents, not merely the linguistic equivalents/correspondents. Keyword: Theory of meaning, meaning, understanding, deverbalisation, re-expression, the effect of synecdoche, translatability, fidelity Introduction Au Vietnam, depuis l’ouverture du pays sur le reste du monde, les besoins de la traduction ne cessent de s’accroître au fur et à mesure de l’intensification des échanges internationaux. Or peu de théoriciens vietnamiens ont abordé les questions théoriques de la traduction alors que les études en traductologie se multiplient de par le monde. Dans les écoles, ce sont pour la plupart du temps les linguistes qui dispensent des cours de traduction basés en général sur des théories plutôt linguistiques. Par conséquent, de nombreux lecteurs vietnamiens se plaignent de la qualité médiocre des traductions. On déplore que le nombre de mauvaises traductions augmente au fil du temps tout en étant conscient qu’une mauvaise traduction risque d’appauvrir la langue d’arrivée au lieu de l’enrichir. Cette qualité mauvaise de traduction s’explique par diverses raisons, l’une d’elles résultant des difficultés posées par la distance entre la culture dans laquelle le texte original a été rédigé et celle dans laquelle il est traduit. Toutefois, c’est souvent la seule compétence linguistique du traducteur qui a été prise en compte. En effet, dans la plupart des ouvrages portant sur la traduction, ce sont les problèmes linguistiques qui l’emportent tandis que l’aspect culturel en est presque absent. Au cours de ces derniers temps, les traductologues s’intéressent de plus en plus aux problèmes dits “culturels”, ce qui a été bien souligné par M. Lederer: “Parmi les difficultés de la traduction les plus souvent mentionnées, on trouve les problèmes dits culturels. Les objets ou les notions appartenant exclusivement à une culture donnée ne possèdent pas de correspondances lexicales dans la civilisation d’accueil et si on arrive à les exprimer néanmoins, on ne peut compter sur le lecteur de la traduction pour connaître avec précision la nature de ces objets et de ces notions; les habitudes vestimentaires ou alimentaires, les coutumes religieuses et traditionnelles mentionnées par l’original ne sont pas évidentes pour le lecteur de la traduction. Il ne s’agit pas seulement de savoir quel mot placer dans la langue d’arrivée en correspondance à celui de la langue de départ, mais aussi et surtout de savoir comment faire passer au maximum le monde implicite que recouvre le langage de l’autre.” (Lederer , 1994 : 122) Les traducteurs sont de plus en plus conscients des difficultés d’ordre culturel. Mais Synergies Pays riverains du Mékong n° 1 - 2010 pp. 141-171 Dinh Hong Van 143 le résultat de beaucoup de traductions montre que des réponses satisfaisantes à la question “Comment traduire la culture?” se font toujours attendre. En effet, la part accordée à la traduction de la culture est très inégale dans les œuvres qui traitent de la théorie de la traduction. A notre connaissance, à l’exception de Traduction et culture de J.‑L. Cordonnier , dont la vraie visée se limite à retracer “l’origine moderne et classique de la pratique annexionniste” (Cordonnier , 1995 : 17), il y a peu d’ouvrages entièrement consacrés à la problématique. Les considérations sur les problèmes que pose la culture sont fréquentes, mais elles ont pour caractéristiques principales d’être ponctuelles et éclatées sous forme de références disséminées. Or, de même que l’écart linguistique, l’écart culturel est inhérent au processus de traduction: c’est à la fois la raison d’être de la traduction et la source des difficultés qu’elle comporte. Ceci dit, traduire la culture n’est pas facile mais cet exercice, est-il impossible? Si ce n’est pas le cas, que faudrait-il faire pour surmonter les difficultés d’ordre culturel dans la traduction? Des éléments de réponses à ces questions pourront se trouver dans la Théorie du sens qui s’attache à montrer que d’une part, tout énoncé mobilise aussi bien chez le locuteur que chez l’interlocuteur une double connaissance, linguistique et cognitive, et d’autre part, traduire, c’est restituer dans une autre langue le sens partiellement explicité dans le texte. Ces réponses seront étayées d’exemples tirés des deux traductions en vietnamien de “La Peau de chagrin” de Honoré de Balzac: la première a été faite en 1928, par NGUYEN Van Vinh; la deuxième en 1973, par TRONG Duc et rééditée en 1994 et 2000. 1. La Théorie du sens Théorie du sens ou la Théorie interprétative de la traduction, que l’on appelle aussi parfois Théorie de l’École de Paris, repose sur un principe essentiel: la traduction n’est pas un travail sur la langue, sur les mots, c’est un travail sur le message, sur le sens. L’opération traduisante compose toujours de deux étapes: COMPRENDRE et DIRE. Il s’agit de déverbaliser, c’est-à-dire de rechercher le sens, puis de ré-exprimer. Le grand mérite de Danica Seleskovitch et de Marianne Lederer, les deux auteurs de cette théorie, est d’avoir démontré l’importance et le caractère naturel de ce processus dans lequel, le traducteur doit disposer d’un certain savoir: la connaissance de la langue du texte, la compréhension du sujet, la maîtrise de la langue de rédaction, mais aussi une méthode, des réflexes bien éduqués, qui vont lui permettre d’adopter à l’égard du texte l’attitude qui aboutira au meilleur résultat par la recherche d’équivalences, sans se laisser enfermer dans les simples correspondances. Voyons maintenant comment la Théorie du sens permet d’éviter les écueils de la traduction. 2. Les notions de signification et de sens Aujourd’hui, tous les traducteurs sont d’accord pour dire que ce qui compte le plus dans la traduction c’est le sens. Mais beaucoup ne font pas de distinction entre sens et signification. Pour eux, il semble que tout est sens : sens des mots, sens des phrases, sens du texte. Dans son livre “Les problèmes théoriques de la traduction” La théorie du sens et la traduction des facteurs culturels 144 (1963), Georges Mounin a montré jusqu’à quel point les langues peuvent poser des obstacles à la traduction. Passant en revue les écrits de nombreux linguistes, il examine la notion de sens, sans pour autant établir de différence très nette entre d’une part le sens d’un message ou d’un acte uploads/Philosophie/ la-theorie-du-sens-et-la-traduction-des-facteurs-culturels.pdf
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- Publié le Fev 07, 2022
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