ISLAM SPIRITUEL \ WLLA SADRA SH4RAZI LE LIVRE DES PENETRATIONS METAPHYSIQUES pa

ISLAM SPIRITUEL \ WLLA SADRA SH4RAZI LE LIVRE DES PENETRATIONS METAPHYSIQUES par Henry Corbin VERDIER Collection « Islam spirituel » dirigée par Christian Jambet LE RÉVÉLATEUR DES MYSTÈRES, traité de soufismi — Nûruddîn Isfarayînî. Traduction et étude préliminaire par Herman. Landolt. Édition bilingue. LE LIVRE DE LA SAGESSE ORIENTALE - Sohravardi Commentaires de qotboddîn shîrâzî et mollâ sadr shîrâzî. Traduction et notes par Henry Corbin, établies et intro duites par Christian Jambet. À PARAÎTRE : LE LIVRE DE LA GENÈSE ET DU RETOUR - Avicenne. Trc duction critique, introduction et index par Jean R. Micbot. LE JASMIN DES FIDÈLES D'AMOUR - Ruzbehân. Traduit a persan par Henry Corbin. Présenté par Yann Richard. ŒUVRES CHOISIES DE PHILOSOPHIE SHÎ'ITE - Qâzî Sa'î Qommî. (La Clef du paradis et autres textes). Traduit et introduit pt Christian jambet. En couverture : « Lumière sur lumière » (Coran XXIV, 3 j) MOLLÂ SADRÂ SHÎRÂZÎ LE LIVRE DES PÉNÉTRATIONS MÉTAPHYSIQUES (Kitâb al- Mashâ'ir) Traduit de l'arabe, annoté et introduit par Henry Corbin Collection « Islam spirituel » VERDIER OUVRAGE PUBLIÉ AVEC LE CONCOURS DU CENTRE NATIONAL DES LETTRES Nous remercions The Institute of Ismaili Studies qui nous facilité la réalisation de cet ouvrage. © EDITIONS VERDIER, 1988 ISBN : 2-86432-070-3 AVERTISSEMENT Le Livre des Pénétrations métaphysiques est paru, pour la première fois, en 1964, dans la « Bibliothèque Iranienne » dont il constituait le dixième volume, h'ouvrage se composait d'une partie arabe, reproduisant le texte original de Mollâ Sadrâ ; d'une partie persane, la version commentée de Badî'ol-Molk Mir^a, et d'une partie française, h'ensemble a été reproduit par un procédé anastatique il y a quelques années en Iran. Leprésent volume est la réédition de la partie française, comprenant l'introduction générale d'Henry Corbin, la traduction du texte de Mollâ Sadrâ, les notes et commentaires et l'index. Depuis longtemps difficilement accessible, introuvable en librairie, ce livre capital pour la compréhension de la pensée de Mollâ Sadrâ, et, au-delà, du shî'isme métaphysique de l'école d'Ispahan, était hors déportée des philosophes à qui Henry Corbin l'avait expressément destiné. A l'occasion de cette réédition de menues corrections ont été effectuées, sur la base de l'exemplaire personnel d'Henry Corbin, et en fonction du rajeunissement de son vocabulaire technique, tel qu'il l'avait lui-même opéré (v.g. « intrasubstantiel » pour « transsubstantiel >>) ; dans l'appareil des notes, les références ont été mises à jour. Trois pages de l'introduction (j/ à 60), ayant trait aux seuls problèmes d'établissement des textes arabe et persan, ont été supprimées. Nous avons dû renoncer aux caractères munis de signes diacritiques. Le hamza et le 'ayn sont représentés par la simple apostrophe. Dans la traduction, les expressions entre crochets droits sont d'Henry Corbin, celles entre crochets obliques sont des gloses du commentateur persan nommé ci-dessus. La numérotation des versets qorâniques est celle de l'édition Flûgel. INTRODUCTION I. ESQUISSE BIOGRAPHIQUE Sadroddîn Mohammad ibn Ibrahim Shîrâzî, plus communément désigné sous son surnom honorifique de MoUâ Sadrâ, ou de Sadr ai-Mot a'allihîn (le chef de file des théosophes), est une des très grandes figures qui honorent la pensée islamique en général, plus particulièrement la pensée de l'Islam shî'ite, et plus particulièrement encore la pensée et la spiritualité de l'Islam iranien. Il est malheureusement resté à peu près complètement inconnu des histoires générales de la philosophie en Occident, tant que l'on conserva l'habitude de n'y considérer la culture et les choses de l'Islam qu'en fonction de leur influence sur le Moyen Age latin. Cette influence cessant environ avec le viie/xiiie siècle, la philosophie islamique devait s'arrêter, elle aussi, avec Averroës. C'est une opinion qui a été fréquemment exprimée avec une solennité définitive. Le plus grave, en outre, est l'ignorance où l'on a été longtemps maintenu de tout ce qui concerne la pensée proprement shî'ite. Or, si l'on peut considérer que quelque chose a pris fin, dans le monde sunnite, avec Averroës, il reste que MoUâ Sadrâ, les maîtres qui l'ont précédé et ceux qui l'ont suivi, sont par excellence des témoins qui nous invitent à nous rendre enfin présente à nous-mêmes la conscience islamique telle qu'elle se présente à elle-même sous sa forme shî'ite. Un effort tout nouveau se dessine aujourd'hui. Il n'interdit pas de rendre hommage aux essais des précurseurs de bonne volonté, à ceux d'un Gobineau, par exemple, qui eut le mérite de IO LE LIVRE DES PENETRATIONS METAPHYSIQUES nommer pour la première fois dans un ouvrage occidental quelques-uns des philosophes iraniens dont il sera question ici plus loin, mais que l'on peut malheureusement soupçonner d'avoir pris pour un ouvrage de grand tourisme la grande encyclopédie, philosophique et théosophique, que Mollâ Sadrâ intitule : Les Quatre Voyages (Asfâr) de l'esprit. Un autre précurseur, Edward-G. Browne, se souvenant du mot hébreu sepher, trouvait plus sûr de traduire le titre par : Les Quatre Livres. Nul doute que l'opinion de ces pionniers eût été autre, s'ils avaient lu l'ouvrage. Mais l'on reconnaîtra volontiers que les exemplaires en étaient relativement rares, et que, pour le lire, il y a un seuil difficile à franchir, au fronton duquel une inscription invisible porte sans doute : « Que nul ne pénètre ici, s'il n'est philosophe1. » Nous savons maintenant que Sadroddîn Mohammad Shîrâzî est né à Shîrâz, aux confins des années 979-980 de l'hégire, c'est-à-dire 1571-1572, sous le règne de Shah Tahmasp (1524- 1576). Nos études sont redevables de cette précision à l'émi- nent Shaykh Mohammad Hosayn Tabâtabâ'î, professeur à l'Université théologique de Qomm, et initiateur de la nouvelle édition des Asfâr de Mollâ Sadrâ. En préparant cette édition, le shaykh retrouva en effet, dans un manuscrit des Asfâr copié en 1197/1703 d'après l'autographe aujourd'hui disparu, la transcription d'un certain nombre d'annotations marginales que Mollâ Sadrâ avait ajoutées à son propre texte. En marge du chapitre affirmant l'unification (ittihâd) du sujet qui intellige Câqil) avec la forme intelligée par lui (ma'qui) — l'on verra au cours du présent traité l'importance centrale de cette thèse — Mollâ Sadrâ avait noté : « Cette inspiration m'est venue au lever du soleil, le vendredi 7 jomadâ I de l'an 1037 de l'hégire (c'est-à-dire le 14 janvier 1628), alors que cinquante-huit ans de ma vie s'étaient déjà écoulés. » L'opération est simple ; comptons les années lunaires, cela donne pour date de sa naissance 979 ou 980 de l'hégire, c'est-à-dire 1571 ou 1572 A. D.2. Cette date et celle de son départ de ce monde (iojo/1640) sont les deux seules dates absolument sûres dont nous disposions pour sa biographie. De cette biographie nous connaissons les épisodes extérieurs principaux, mais elle est essentiellement constituée par la courbe de sa vie intérieure. Il reste que l'année 1380 de l'hégire lunaire (répartie sur nos années 1900-1961, et correspondant aux années i338-i339de INTRODUCTION II l'hégire solaire du calendrier actuellement en usage en Iran) marquait celle du quatrième centenaire de la naissance de notre philosophe, à Shîrâz. Ce quatrième centenaire fut solennellement célébré à Calcutta, à l'automne 1961 % par les soins de The Iran Society qui devança ainsi le projet qu'avait formé de son côté l'université de Téhéran, mais dont les vicissitudes du moment ont retardé la réalisation. Pourtant un certain nombre de publications ont été élaborées à cette occasion, sous l'égide de la Faculté de Théologie de l'Université de Téhéran, publications dans lesquelles on peut voir un indice, à côté d'autres, d'une renaissance des études de métaphysique traditionnelle4. A vrai dire, jamais l'étude ni l'enseignement de la philosophie de Mollâ Sadrâ ne se sont interrompus en Iran, depuis plus de trois siècles. Mais il est devenu urgent de penser et de présenter cette philosophie en fonction des questions qui se posent aux jeunes philosophes iraniens de nos jours. Il importe qu'elle prenne enfin toute sa signification aussi bien pour la pensée islamique de ce temps que pour l'histoire générale de la philosophie. Elle ne le pourra que si on la rattache au contexte dont elle est restée isolée. Et c'est à cet effort qu'il nous est permis de contribuer, chaque année, par un enseignement donné à la faculté des lettres de l'université de Téhéran, récapitulant les recherches poursuivies parallèlement, à Paris, à l'Ecole des Hautes Etudes5. C'est pourquoi le présent ouvrage voudrait être la contribution de la « Bibliothèque Iranienne » à la célébration du quatrième centenaire de la naissance du grand maître dont Shîrâz, comme pour Rûz- behân, pour Hâfez et pour tant d'autres philosophes et mystiques, fut la « patrie terrienne ». On peut distinguer nettement trois périodes dans l'ensemble de la vie de Mollâ Sadrâ. Son père, un notable, jouissait d'une aisance de fortune suffisante pour n'épargner aucun soin dans l'éducation de son fils ; aussi bien celui-ci s'y prêtait-il par sa précocité, ses dispositions intellectuelles et morales. A cette époque, Ispahan était non seulement la capitale politique de la monarchie safavide et de l'Etat iranien restauré, mais aussi le centre de la vie scientifique en Iran. Les plus grands maîtres, dont l'enseignement s'étendait à toutes les branches du savoir, se trouvaient réunis dans ces célèbres collèges dont nous pouvons encore visiter quelques-uns aujourd'hui. Aussi était-il normal que le jeune uploads/Philosophie/ le-livre-des-p-n-trations-m-tap-inconnue.pdf

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