BERNARD HALDA LIBRARY MAR 9-1967 TEINT iJNfVftflTY Merleau-Ponty ou la philosop

BERNARD HALDA LIBRARY MAR 9-1967 TEINT iJNfVftflTY Merleau-Ponty ou la philosophie de l'ambiguïté ARCHIVES des lettres modernes LES ARCHIVES DES LETTRES MODERNES sont publiées par les éditions LETTRES MODERNES, sous la direction de M. J. MINARD. Cet insi pendants périodiqu des classi tantôt un études ori ou des co critique d tions ou enfin des Les opit Dans to Aronnemen' de plu; NUNC COCNOSCO EX PARTE TRENT UNIVERSITY LIBRARY scicules indé- ;es livraisons rV£S permet y trouvera: etc.) ou des ries critiques me recension t des traduc- ibles; tantôt rs auteurs. 2 réponse. ans d’un ou Souscription sélective : Domaine français et littérature générale ; Domaine anglo-saxon et littérature générale France : 27 F - Etranger : 29 F Spécimen au prix marqué seulement Catalogue et Nouveautés sur demande 1957, n°* 1 à 7: 15 F 1960, n°‘ 29 à 34 : 21 F 1958, n0’ 8 à 18: : 19 F 1961, n°* 35 à 40: : 22,50 1959, n°* 19 à 28 : 24 F 1962, n°* 41 à 46 : : 28,50 1963, n0' 47 à 51 : 19,50 1964, n°‘ 52 à 57: 25,50 * * * adresser les abonnements à: LETTRES MODERNES 73. rue du Cardinal-Lemoine, Paris (5') C.C.P. paris 10671.19 Tous droits réservés pour tous pays — Printed in France. ARCHIVES DES LETTRES MODERNES 1966 (9) (iv) n° 72 211'21* Bernard HALDA MERLEAU-PONTY ou la philosophie de l'ambiguïté 9, ' \ iO 3 "à Wb ABREVIATIONS AD Les Aventures de la Dialectique (Gallimard) 1955. EP Eloge de la philosophie (Gallimard) 1953. Œ L'Œil et l’esprit (Gallimard) 1964. PP Phénoménologie de la perception (Gallimard) 1957. S Signes (Gallimard) 1960. SC La Structure du comportement (P.U.F.) 1960. SNS Sens et non-sens (Nagel) 1963. VI Le Visible et l'invisible (Gallimard) 1964. I ETRE En interrompant une œuvre dont on attendait encore beaucoup, la mort de Maurice Merleau-Ponty a mis en relief les deux traits caractéristiques de sa philosophie. D’une part, elle n’est liée à aucune doctrine, à aucun système même purement dialectique bien que la pensée de Husserl, envers qui il a reconnu sa dette, Tait informée ; mais il ne l’a pas subie et s’est servi d’elle sans la servir ou la desservir avec ce respect un peu distant qu’il a toujours gardé à 1 égard du domaine d’autrui, comme, pareillement, il a emprunté pendant un temps, sans en rester prisonnier, certains iti¬ néraires tracés par Jean-Paul Sartre. D autre part sa phi¬ losophie ne s’est point définie elle-même si elle confesse toujours, avec un soin non dépourvu de subtilités parfois déconcertantes, les principes de sa recherche où l’on voit les goûts et les inclinations de l’auteur. Si les philosophies sont des coquilles que les philosophes ont habitées, il est moins vrai qu’elles laissent à peine deviner la vie cachée de l’animal. Ses empreintes y demeurent. Il les faut déchiffrer et ce n’est pas toujours commode. Mais cela se peut. Il n est pas de théorie, assurait Paul Valéry, « qui ne soit un fragment, soigneusement préparé de quelque autobiographie » h Et celui qui se trompe en interprétant n’est jamais la victime ou la dupe que de lui-même. 71474 4 B. HALDA : MERLEAU-PONTY D’abord Merleau-Ponty, grâce à un retour au concret, part de la vie saisie dans sa réalité contingente. Il manifeste en per¬ manence le souci de rester présent au monde, d'où son inté¬ rêt non seulement pour les formes idéologiques de la poli¬ tique, mais pour ses implications pratiques. C’est par cela même qu'on a pu le plus justement le tenir pour existentia¬ liste. Mais de quel existentialisme s’agit-il ? Il devait rompre avec l'existentialisme athée et marxiste de Sartre sans se rapprocher ni de Kierkegaard ni des formes les plus récentes de l'existentialisme dénommé chrétien — ce qui ne laisse pas d’entretenir quelque équivoque. Au fond il apparaît seulement qu'on puisse qualifier sa pensée d’existentielle. Si la vérité est accessible, c’est par là que l'esprit peut l'atteindre. Tout ce qui relève de l’humain a un sens. Dans l’avant-propos de son œuvre majeure, Phénoméno¬ logie de la perception, à laquelle il faut toujours revenir pour enrayer, comme a dit M. Paul Ricoeur, « la dérive de cette œuvre foudroyée »2, il pose les données du problème. Dans chaque civilisation, il s’agit de retrouver l’Idée au sens hégélien, c’est-à-dire non pas une loi du type physico-mathéma¬ tique, accessible à la pensée objective, mais la formule d’un unique comportement à l’égard d’autrui, de la Nature, du temps et de la mort, une certaine manière de mettre en forme le monde que l’historien doit être capable de reprendre et d’assumer. (PP, xm) Cette prise de position écarte d'emblée les objections soulevées contre l’histoire à cause de son caractère relatif. Merleau-Ponty n’ignore évidemment pas ce qui subsiste de subjectif dans les jugements que nous portons sur les êtres et sur les faits, d’où la fragilité des témoignages ; il sait qu'une partie de l'interrogation passe dans la réponse. Il le précisé dans Les Aventures de la dialectique : « On n’évitera pas l invasion de l historien dans l’histoire, mais on peut ARCHIVES N° 72 5 faire en sorte que, comme le sujet kantien, l'entendement historique construise selon certaines règles qui assurent à sa représentation du passé valeur uitersuhjective. » {AD, 16). Cela revient à dire que l’histoire entière étant encore action et toute action formant déjà histoire (car il n’est pas que les morts qui soient historiques) les oppositions et les disso¬ nances dans les jugements entrent elles-mêmes, avec valeur significative et par conséquent de possible enseignement, dans la somme des expériences où l’humanité cherche à s’accomplir. Plaçant son thème sur une sorte de plan ontologique — il conviendrait ici d’examiner dans quelle mesure il est possible d’établir une ontologie par la méthode phénoménologique, Merleau-Ponty s’avançant moins que Sartre sur ce terrain — il dit encore dans sa Phénoménologie de la perception : Par rapport aux dimensions de l’histoire, il n’y a pas une parole, pas un geste humain, même habituels ou distraits, qui n’aient une signification. Je croyais m’être tu par fatigue, tel ministre croyait n’avoir dit qu’une phrase de circonstance, et voilà que mon silence ou sa parole prennent un sens parce que ma fatigue ou le recours à une formule toute faite ne sont pas fortuits, expriment un certain désintérêt, et donc encore une cer¬ taine prise de position à l’égard de la situation. Dans un événe¬ ment considéré de près, au moment où il est vécu, tout paraît aller au hasard : l’ambition de celui-ci, telle rencontre favorable, telle circonstance locale semblent avoir été décisives. Mais les hasards se compensent et voilà que cette poussière de faits s’ag¬ glomèrent, dessinent une certaine manière de prendre position à l’égard de la situation humaine, un événement dont les contours sont définis et dont on peut parler. Faut-il comprendre l’histoire à partir de l’idéologie, ou bien à partir de la politique, ou bien à partir de la religion, ou bien à partir de 1 économie ? Faut-il comprendre une doctrine par son contenu manifeste ou bien par la psychologie de l’auteur et par les événements de sa vie ? Il faut comprendre de toutes les façons à la fois, tout a un sens, nous retrouvons sous tous les rapports la même structure d être. 6 B. HALDA : MERLEAU-PONTY Toutes ces vues sont vraies à condition qu’on ne les isole pas, qu’on aille jusqu’au fond de l’histoire et qu’on rejoigne l’unique noyau de signification existentielle qui s’explicite dans chaque perspective. (PP, xiii-xiv) Merleau-Ponty reviendra sur ces deux idées, notamment dans sa leçon inaugurale au Collège de France qu’il intitula Eloge de la philosophie, savoir : que la condition même de la connaissance réside dans l’acceptation de l’interdépendance et de l’interaction des phénomènes, qu’ils soient physiques ou intellectuels, et que ces noyaux de l'histoire, dont la philo¬ sophie est l'algèbre, sont intelligibles. Ne remarque-t-il pas que Bergson ne s’est pas suffisamment imprégné de l'his¬ toire ? On pourrait partir de là pour poser les principes non seulement d’une philosophie déterminée mais de toute cri¬ tique. Car l’histoire, comme les êtres eux-mêmes, comme la vie, ne figure pas un pur développement de l’idée. Elle fait corps avec le contingent jusqu'à risquer, comme il le dit dans Les Aventures de la dialectique, « de ne trouver dans le passé qu’un reflet des soucis et des problèmes du présent » (AD, 29). Mais ce fait même d’accepter tout ce qui est prive la recherche des limites, des frontières où elle se trouverait en quelque sorte protégée. D'où la mobilité de la pensée de Merleau-Ponty, alors qu’il est resté fidèle à sa méthode, celle de Husserl, comme, aussi bien, en aucune conjoncture, on ne le vit se dérober aux impératifs de sa conscience. La passion du vrai le mettait à l’abri des méfaits des passions idéologi¬ ques ou doctrinales. Il se voulait, il était philosophe, et comme il le dit à la fin de son Eloge de la philosophie : « Le philo¬ sophe est l’homme qui s’éveille et uploads/Philosophie/ merleau-ponty-ou-la-philosophie-de-lambigu-ite-halda-bernard.pdf

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