1 DICTIONNAIRE MYTHO-HERMETIQUE DOM ANTOINE-JOSEPH PERNETY DANS LEQUEL ON TROUV

1 DICTIONNAIRE MYTHO-HERMETIQUE DOM ANTOINE-JOSEPH PERNETY DANS LEQUEL ON TROUVE LES ALLEGORIE FABULEUSE DES POETE LES METAPHORES, LES ENIGMES ET LES TERMES BARBARES DES PHILOSOPHES HERMETIQUES EXPLIQUES. 1787 PREFACE. Jamais Science n'eut plus besoin de Dictionnaire que la Philosophie Hermétique. Ceux dans les mains de qui tombent les Livres faits sur cette matière, ne sauraient en soutenir la lecture une demi-heure seulement; les noms barbares qu'on y trouve, semblent vides de sens, et les termes équivoques qui sont placés à dessein presque dans toutes les phrases, ne présentent aucun sens déterminé. Les Auteurs avertissent eux- mêmes qu'on ne doit pas les entendre à la lettre; qu'ils ont donné mille noms à une même chose; que leurs Ouvrages ne sont qu'un tissu d'énigmes, de métaphores, d'allégories, présentées même sous le voile de termes ambigus, et qu'il faut se défier des endroits qui paraissent faciles à entendre à la première lecture. Ils font mystère de tout, et semblent n'avoir écrit que pour n'être pas entendus. Ils protestent cependant qu'ils n'écrivent que pour instruire, et pour instruire d'une Science qu'ils appellent la clef de toutes les autres. L'amour de Dieu, du prochain, de la vérité, leur met la plume à la main: la reconnaissance d'une faveur si signalée que celle d'avoir reçu du Créateur l'intelligence d'un mystère si relevé, ne leur permet pas de se taire. Mais ils l'ont reçue, ajoutent-ils, dans l'ombre du mystère; ce serait même un crime digne d'anathème que de lever le voile qui le cacha aux yeux du vulgaire. Pouvaient-ils se dispenser d'écrire mystérieusement? Si l'on exposait au grand jour cette Science dans sa simplicité, les femmes, les enfants même voudraient en faire l'épreuve: le Paysan le plus stupide quitterait sa charrue pour labourer le champ de Mars comme Jason: il cultiverait la terre philosophique, dont le travail ne serait pour lui qu'un amusement, et dont les moissons abondantes lui procureraient d'immenses richesses, avec une vie très longue, et une santé inaltérable pour en jouir. Il fallait donc tenir cette Science dans l'obscurité, n'en parler que par hiéroglyphes, par fictions, à l'imitation des anciens Prêtres de l'Egypte, des Brahmanes des Indes, des premiers Philosophes de la Grèce et de tous les pays, dès qu'on sentait la nécessité de ne pas bouleverser tout l'ordre et l'harmonie établis dans la société civile. Ils suivaient en cela le conseil du Sage. Mal à propos traite-t-on de fous les Philosophes Hermétiques: n'est-ce pas se donner un vrai ridicule, que de décider hardiment que l'objet de leur Science est une chimère, parce qu'on ne peut pas le pénétrer, ou qu'on l'ignore absolument? C'est en juger comme un aveugle des couleurs. Quel cas les gens sensés doivent-ils donc faire des jugements critiques de quelques Censeurs sur cette matière, puisque tout le mérite de ces jugements consiste dans le froid assaisonnement de quelques bons mots à l'ombre desquels ils cachent leur ignorance, et qu'ils sèment faute de bon grain, pour faire illusion à des Lecteurs imbéciles, toujours disposés à les applaudir? Méritent- ils qu'on fasse les frais d'une réponse? Non: on peut se contenter de les envoyer à l'école du Sage (2). Moins dédaigneux et moins méprisant que ces Censeurs bouffis d'orgueil et d'ignorance, et aveuglés par le préjugé, Salomon regardait les hiéroglyphes, les proverbes, les énigmes et les paraboles des Philosophes comme un objet qui méritait toute l'attention et toute l'étude d'un homme sage et prudent. Je voudrais qu'avant que d'étaler leur mépris pour la Philosophie Hermétique, ils prissent la peine de s'en instruire. Sans cette précaution ils s'attireront à bon droit le reproche, que les insensés méprisent la Science et ta Sagesse, et qu'ils ne se repaissent que d'ignorance; et je leur dirai avec Horace: Odi prophanum. vulgus, et arceo. C'est en effet au sujet de ces mêmes mystères que les anciens Prêtres disaient: Procul ô procul este prophani! Mon Traité des Fables Egyptiennes et Grecques développe une partie de ces mystères. De l'obligation dans laquelle j'étais de parler le langage des Philosophes, il en est résulté une obscurité qu'on ne peut dissiper que par une explication particulière des termes qu'ils emploient, et des métaphores qui leur sont si familières. La forme de Dictionnaire m'a paru la meilleure, avec d'autant plus de raison qu'il peut servir de Table raisonnée, par les renvois que j'ai eu soin d'insérer, quand il a été question d'éclaircir des fables déjà expliquées. Beaucoup de gens regardent la Médecine Paracelsique comme une branche de la Science Hermétique; et Paracelse, son Auteur, ayant, comme les Disciples d'Hermès, fait usage de termes barbares, ou pris des autres langues, j'ai cru rendre service au Public d'en donner l'explication suivant le sens dans lequel ils ont été entendus par Martin Rulland, Johnson, Planiscampi, Becker, Blanchard et plusieurs autres. Si je n'ai pas toujours cité ces Auteurs, non plus que les Philosophes Hermétiques, je les ai rappelés assez souvent pour convaincre le Lecteur que je ne parle ordinairement que d'après eux. Ceux qui les ont lus avec attention, les y reconnaîtront aisément. Afin que le Lecteur puisse juger que mes explications des termes et des métaphores des Philosophes, ne sont pas arbitraires et de mon invention, je rapporterai ici quelques-uns de leurs textes avec lesquels il pourra les comparer. Il y verra d'ailleurs qu'ils sont tous d'accord entre eux, quoiqu'ils s'expriment différemment. Les Sages, dit Isaac Hollandais, ont donné beaucoup de noms différents à la pierre. Après qu'ils ont eu ouvert et spiritualisé la matière, ils l'ont appelée une Chose vile. Quand ils l'ont eu sublimé ils lui ont donné les noms de Serpent et de Bêtes venimeuses. L'ayant calcinée, ils l'ont nommée Sel ou quelqu'autre chose semblable. A-t-elle été dissoute, elle a prit le nom d'Eau, et ils ont dit qu'elle se trouvait partout. Lorsqu'elle a été réduite en huile, ils l'ont appelée une Chose visqueuse, et qui se vend partout. Après l'avoir congelée, ils l'ont nommée Terre, et on assuré qu'elle était commune aux pauvres et aux riches. Quand elle a eu acquis une couleur blanche, ils lui ont donné le nom de Lait virginal, et ceux de toute autre chose blanche que se puisse être. Lorsque de la couleur blanche elle a passé à la rouge, ils l'ont nommé Feu et de tous les noms des choses rouges. Ainsi dans les dénominations qu'ils ont données à la pierre, ils ont en égard aux différents états où elle se trouve jusqu'à la perfection. Liv. I. ch 126. les Œuvres sur les Minéraux. Ce mélange de trois choses s'appelle Pierre bénite, minérale, animale, végétale, parce qu'elle n'a point de nom propre. Minérale, parce qu'elle est composée de choses minérales; végétale, parce qu'elle vit, et végète; animale, parce qu'elle a un corps, une âme et un esprit, comme les animaux. De son ventre noir on l'appelle Noir fétide. On la nomme encore dans cet état, Chaos, Origine du Monde, Masse confuse, pour moi je l'appelle Terre. Notre eau prend les noms des feuilles de tous les arbres, des arbres mêmes, et de tout ce qui présente une couleur verte, afin de tromper les insensés. On l'appelle aussi Eau bénite, la tempérance des Sages, Vinaigre très aigre, Corps dissoluble, 2 Gomme des Philosophes, Chose vile, cher, précieuse, Corps dur et opaque, mou et transparent, Exaltation de l'eau, Angle de l'œuvre. Observer qu'on appelle le Soleil et la Lune le père et la mère de la pierre dans la composition de l'élixir, ce que dans l'opération de la même pierre, on appelle Terre ou Nourrice. Arnaud de Villeneuve, Comment. fur Hortulain, pag. 25 et 35. La pierre des Philosophes est une, mais on lui donne une infinité de noms, parce qu'elle est aqueuse, aérienne, terrestre, ignée, flegmatique, colérique; elle est soufre et argent-vif; les superfluités se changent en une véritable essence, avec l'aide de notre feu: et qui veut en ôter quelque chose, ne parviendra jamais à la perfection de l'œuvre. Les philosophes n'ont jamais dévoilé ce secret. Pontanus, Epître. Notre pierre se nomme d'une infinité de manières, car elle prend des noms de toutes les choses noires. Lorsqu'elle quitte la noirceur, les noms qu'on lui donne rappellent les choses dont la vue égaie et fait plaisir, comme les blanches et les rouges. Ce n'est cependant qu'une seule choses. Riplée, ch 3. du supplément. Si vous l'appelez eau, vous dites vrai; si vous dites qu'elle n'est pas eau, vous ne le niez pas à tort. Ibid. pag.139. Lorsqu'on cuit ces principes avec prudence et sagesse, on en fait une chose qui prend beaucoup de noms. Lorsqu'elle est rouge, on l'appelle Fleur d'or, Ferment de l'or, Colle d'or, Souffre rouge, Orpiment. Quand elle est encore crue, on la nomme Plomb d'airain, Verge et Lame de métal. Les Philosophes appellent l'airain Monnaie, Ecu; et la noirceur Plomb. Ibid. pag.142. Notre eau s'appelle Eau de vie, Eau nette, Eau permanente et perpétuelle, et d'une infinité d'autres noms. On la nomme Eau de vie, parce qu'elle donne la vie aux corps morts, et qu'elle purufie et illumine ce qui est corrompu et souillé. Arnaud de Villeneuve, Miroir d'ALchymie, pag.11 et uploads/Philosophie/ pernety-dictionnaire-mytho-hermetique-1787-trascr-pdf.pdf

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