LA CROYANCE AUX ESPRITS – « LES BAKISHI CHEZ LES LUBA DU GRAND KATANGA » 1. BRE

LA CROYANCE AUX ESPRITS – « LES BAKISHI CHEZ LES LUBA DU GRAND KATANGA » 1. BREF APERÇU GENERAL SUR LE PEUPLE LUBA DU GRAND KATANGA 1.1. Aspect géographique Les Baluba occupent aujourd’hui à peu près tout le Nord ou plus de la moitié du Katanga ; soit les territoires de Kabongo, Kamina, Kaniama, Bukama, Malemba, Manono, Kabalo, Mitwaba, Pweto, et même au-delà. C’est une vaste et belle région qui s’étend sur le bassin supérieur du fleuve Congo et ses grands affluents, dont la Lubilanji, la Lomami, la Lovoi et la Lubudi. C'est une région au climat tropical avec deux saisons : la saison humide et la saison sèche. 1.1. Origine des Baluba Les livres d’histoire sur le Congo décrivent les temps des immigrations et de l’occupation successive de l’Afrique centrale par les Pygmées, les semis-bantous et Les Bantous. L’on dit que ces derniers viennent du nord… Les Baluba font partie des peuples bantous. Mais de par leur culture, l’on pourrait déduire qu’ils viennent du nord-est. Dans son livre « Les Baluba et les Balubaïsés », Les tentatives de Mr Verhulpen, n’ont pas abouti aux résultats convaincants sur les origines des Baluba. Il parle de l’origine de la dynastie de l’empire luba. Car l’ancêtre mâle de la famille impériale n’est pas originaire du peuple muluba. C’est un étranger venu d’un pays lointain (de l’est). D’où le terme « BALUBA » qui signifie les « perdus ». Ceux qu’on appelait « Baluba » ce sont des princes envahisseurs et leur suite qui conquirent les territoires et soumirent les tribus qui habitaient de part et d’autre du fleuve Congo et au-delà, à partir de la rivière Lubilanji jusqu’au lac Tanganyika. 1.2. Comment vivaient les Baluba ? Comme il est décrit précédemment, les Baluba vivaient par groupes claniques dans des villages qu’ils construisaient à proximité d’un cours d’eau et ilsvivaient des produits de la chasse, des champs, de la pêche et d’élevage. 1.3. Culture et art luba Les Baluba sont plus connus comme un peuple guerrier que comme artiste. Ils n’ont pas laissé beaucoup d’œuvres d’art. Cependant, bien que l’art ne fût pas leur fort, tout ce qu’ils fabriquaient l'était avec beaucoup de talent ; c’est qu’on y mettait du cœur, tels que les tamis (musalo), les nattes (kyata), les oreillers en bois (musao), les vases, etc ; toutes ces 1 choses étaient ornées avec goût. La ceinture à peau d’éléphant (makeka) était un vrai bijou et comptait parmi les objets de valeur. Malgré leur esprit guerrier, les Baluba avaient un esprit attaché à la vie familiale et sociale. Ils appréciaient la compagnie des autres et avoir une famille large. D’où leur enthousiasme dans l’accueil et la solidarité. Ils étaient ordonnés et tenaient beaucoup à l’organisation politique et administrative. 1.4. Religions et croyances chez les Baluba Les Baluba croyaient en seul Dieu qu’ils appelaient « Vidye » ce qui veut dire « Seigneur-Dieu ». On le glorifiait en le proclamant : 1.Comme Père Créateur : « Vidye-Shakapanga » ; on Lui attribue la création de la terre et de ce qui existe dans le firmament : Panga-panga, wapangile ngulu ne minonga » (Créateur qui créa monts et cours d’eau) ; « Kafula moba » (qui forgea les soleils, astres). 2. Comme Fils attendu par sa mère « Banze » : Vidye, Kungwa-anze (na Banze ou wa Banze) ; 3. Comme celui qui reçoit en partage (des dons) : « Vidye, Kalemba-ka-Maweji ». Dans beaucoup de circonstances, on Le louait en s’écriant : « Vidye- Kalombo », Kalombo kebalombwele, bashele kebeye » (c’est Lui qui a montré sa puissance, les autres (les hommes) ne font qu’imiter). On ne lui construisait pas des temples pour les cultes mais, il existait des lieux où l’esprit du Seigneur-Dieu s’est manifesté et installé. C’étaient des lieux sacrés où seuls les prêtres étaient permis de se rendre pour L’invoquer et consulter ou recevoir des oracles. On appelait ces lieux soit : - « Ku-Mukishi wa Vidye ». Le terme Mukishi désigne une « Force mystique » - « Ku-Butobo », du verbe « Kutoba » qui signifie prier le Seigneur en implorant sa grâce, tout en l’exaltant et solliciter l’oracle. Le prêtre s’appelait « Kitobo kya Vidye ». Outre cette croyance fondamentale en Dieu-Tout-Puissant, les Baluba croyaient en la vie de l’au-delà ; d’où la croyance à l'intervention des morts. Ils étaient sûrs qu’après la mort, l’homme continuait à vivre dans un lieu non loin de Dieu. Ce lieu s’appelait « Kalunga ». Les morts auxquels on ne reprochait aucun mal commis de leur vivant allaient dans le « Kalunga-Nyembo », et les malfaiteurs (notamment les sorciers) allaient dans le Kalunga-ka-Musono » ( musono qui signifie infection, panaris). Les Baluba croyaient que les parents et frères défunts étaient appelés auprès du Seigneur « Twailekutala dyuba, Kalunga-Nyembo tumanya mukenji), ces gens restaient en contact intime et permanent avec les vivants. C’est ainsi, croyant que « Vidye » était difficilement abordable, ils trouvaient facile de recourir aux morts, leurs frères et les invoquaient. 2 2. LA CROYANCE AUX ESPRITS – (LES BAKISHI) CHEZ LES LUBA DU GRAND KATANGA » 2.1. Qui sont les Bakishi Nos ancêtres croyaient en l’existence de l’Esprit ou des Esprits. Ils croyaient que Dieu est un esprit parce qu’il est invisible (« Vidye kamonwe meso »), et qu’il habitait très loin dans les cieux (« Vidye wa mulu »). En plus, ils croyaient que Dieu était partout, voire près de nous. Ils disaient : « Vidye udi podi, umwite ukwitaba, umulonde bukwidila ». Cela se traduit par : « le Seigneur est près de toi, si tu l’appelles, il te répond ; si tu le suis, la nuit tombera sans que tu l’aies rattrapé ». Dans cette conception où se traduisent les qualités d’immanence et de la transcendance du Divin, les hommes pensaient qu’il était difficile, voire impossible d’atteindre Dieu. Certains des dictons font allusion à cette conception (Vidye kaba bukidi…). D’où ils ne recouraient pas souvent à Lui. Ils croyaient qu’il existait d’autres esprits, soit avec Dieu, soit près de Dieu et en même temps près des hommes ; en d’autres termes, les Esprits qui vivaient en relation avec Dieu et avec les hommes. C’est cet ensemble des Esprits qu’on appelait « Bakishi ». Le mot « Bakishi » peut désigner : a) L’Esprit protecteur, ou l’Esprit miséricordieux de Dieu, ou tout simplement la Providence divine. b) Les Esprits qui habitaient avec ou près de Dieu : « Ba Mwikeulu » qui veut dire ceux qui descendent du ciel (les anges ?). Ceux-ci se montraient ou se présentaient aux hommes sous forme humaine afin de leur donner un message. L’on pourrait les comparer à ces étrangers venus auprès d’Abraham. En effet, les vieux racontaient qu’il arrivait dans des villages des personnages étrangers, des inconnus qui apportaient des messages, soit des crises qui adviendraient, telles des épidémies, invasion, etc., soit des messages de salut, de délivrance. Le message pouvait être un interdit (kijila) pour stopper tel ou tel autre mal qui sévissait dans la région. Comme personne ne savait d’où ils venaient, ni où ils allaient, (ils disparaissaient sans que personne ne les ait rencontrés), ils étaient qualifiés de « Mwikeulu», ceux qui descendent du ciel. c) Les Esprits des morts. Ce sont les parents qui avaient quitté ce monde. Les Aïeux croyaient en la vie dans l’au-delà. Et ceux qui habitaient l’au-delà restaient en contact avec les hommes. Ces esprits protégeaient les humains, les défendaient contre les ennemis ou les aidaient à trouver des solutions à leurs problèmes. Voici quelques idées et expressions des Baluba sur les Bakishi, expressions dont on ne pouvait comprendre les nuances que si l’on connaissait le contexte : -Udi ne Bakishi bandi : expression utilisée en parlant d’une personne qui a échappé à un grand danger ; c’est la Providence (l’ange gardien ?) qui est intervenue. -Bakishi bandi bamukwasha : les Esprits (en général) sont intervenus ou la providence est venue à son secours. 3 -Wiala, kodi Mwikeulu ? Tu prends de grands airs, tu frimes, es-tu devenu un ange ? -Tompwela Bakishi : Implore l’aide des Esprits (les morts) ou tes frères défunts 2.2. Culte aux Bakishi Nous pouvons dire que tout le malentendu sur la religion de nos ancêtres provient de ce prétendu « Culte aux Bakishi », autrement dit, du culte aux morts et de la confusion avec le « ba nkishi », (statuettes magiques). En fait, il n’existait, dans le vrai sens du terme, aucun culte en l’honneur des Bakishi. Les missionnaires ont dit des Africains : « Balemeka bakishi » (limitons-nous dans un premier temps à ce terme) : Ils (les noirs) adoraient les esprits ou les morts. Le mot kulemeka, en kiluba peut signifier adorer ou respecter. Kulemeka Bakishi, cela ne signifie pas adorer les esprits ou rendre un culte aux morts comme l’on voulait le faire croire. Cela peut simplement vouloir dire : respecter les morts comme cela est le cas partout dans le monde. Le respect leur est dû en tant que personnes uploads/Religion/ la-croyance-aux-esprits-les-bakishi-chez-les-luba-du-grand-katanga 1 .pdf

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  • Publié le Fev 10, 2021
  • Catégorie Religion
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