La culture à l’épreuve de la (non)contradiction Une nanographie trialectique de

La culture à l’épreuve de la (non)contradiction Une nanographie trialectique de la condition humaine Victor UNTILĂ Université Libre Internationale de Moldova Résumé Définissant la culture comme une condition humaine, la philosophie (post)moderne impose l’idée que l’homme produit des „mondesˮculturels différents. Expression inhérente du spirituel, imprégné par le politique et le social, le culturel profile le développement épigénétique des entités humaines par ses instances de totalité, intégrité, unité, mais aussi par celles de délimitation, différence, unicité. Maintes approches philosophiques et/ou anthropologiques actuelles et auteurs : Edgar Morin, Raimon Panikkar, Raul-Fornet Betancourt, Jacques Demorgon etc. insistent, chacun à sa façon, sur une revanche de la culturalité, sur le dia-logos des cultures dans l’intention de (re)trouver une dialectique ratiocisante de la triade phénoménale : homme-culture-civilisation pour pouvoir profiler une complémentarité polytrope de l’interface dynamique réel- rationnel-relationnel basée sur trois axes solidaires : espace-temps-société. Or, dans une Société-monde, le paradigme dualiste, de l’opposition - fragmentaire, réductioniste, disjonctif – s’avère périmé et doit être substitué par un paradigme complexe, ouvert et conjonctif. Suivant lesdites intentions et auteurs nous (re)découvrons la philosophie visionaire de Stéphane Lupasco, qui, selon nous, a anticipé les projets actuels, profilant bien avant une nanographie trialectique de la nature humaine et de sa condition (inter)culturelle qui se retrouve d’une manière ou d’autre dans les approches récentes sur l’identification d’un nouveau modus vivendi et d’un monde meilleur. Mots-clés : condition humaine, développement épigénétique, totalité, intégrité, unité, délimitation, différence, unicité, la triade phénoménale homme-culture-civilisation, interface dynamique réel-rationnel-relationnel, complémentarité polytrope, paradigme de la (non)contradiction, paradigme complexe, nanographie trialectique. Abstract Defining the culture as a human condition, the (post) modern philosophy imposes the idea that man produces "different cultural worlds”. As an inherent expression of the spiritual imbued with the political and the social, the cultural profiles the epigenetic development of human entities by all of its instances of integrity, unity, but also by those of delimitation, difference and uniqueness. Many philosophical and / or current anthropological approaches and authors: Edgar Morin, Raimon Panikkar, Raul Fornet-Betancourt, Jacques Demorgon etc. insist, in their own way, on the culturality revision, on the dia-logos of cultures with the intention of (re)finding a ratiocinate dialectic of phenomenal triad: man-culture-civilization in order to profile a polytrophic complementarity of the dynamic real-rational-relational interface based on three main elements: space-time-society. But in a globalizing world, the dualistic paradigm of the fragmentary, reductionism and disjunctive opposition is outdated and should be substituted by a complex, open and connective paradigm. Further to the above mentioned ideas (and authors), we (re) discover the visionary philosophy of Stéphane Lupasco, who, in our view, has anticipated the current projects, profiling before a trialectic nanography of human nature and its (inter) cultural condition, finding themselves, in one way or another, in recent approaches to the identification of a new modus vivendi and a better world. Key-words: human condition, epigenetic development, integrity, unity, delimitation, difference, uniqueness, the phenomenal triad man-culture-civilization, dynamic real-rational-relational interface, polytrophic complementarity, the paradigm of (non) contradiction, complex paradigm, trialectic nanographie. L'art de raisonner consiste à comparer ensemble deux choses par le moyen d'une troisième /Jean le Rond d’Alembert/ 1. Universalisme et limites de la contradiction. La plus grande partie des concepts dont se sert le mental fonctionnent dans la dualité. Il n’existe pas d’ordre d’expérience humaine dans lequel la représentation n’est pas pensée en termes de concepts duels. Une fois devenu espèce sapiens l’homme suit toute sa vie des situations de conflits intérieurs, qui supposent nécessairement un choix, mais c’est un choix très particulier qui alimente la pensée duelle. Un choix qui exclut son contraire. C'est donc au travers de la loi du tiers exclus que l'être apprend à s'individualiser, en s'identifiant à son corps et petit à petit aux pensées de son environnement. Il va apprendre à nommer et à différencier. C'est l'apprentissage d'être séparé, coupé, divisé en plusieurs parties, qui donnera cette impression qu'il n'y a plus de lien entre les choses. Ainsi, le conflit intérieur induit par l'opposition entre le corps et l'âme s'est traduit à l'extérieur par des rapports de force, et un détournement et un gaspillage des énergies des individus dans des conflits tous azimuts, l'affrontement ayant pour conséquence l'annihilation des forces respectives. La dualité est-elle dans la nature des choses ou est-elle seulement dans la représentation de la nature des choses ? La science voudrait débarrasser le monde des tensions, des contradictions mais le monde trouve son unité dans la discordance. Le principe de L’Opposition Universelle et de ses incarnations multicolores aux divers étages de la Réalité (voir Tarde) soulignent la portée véritable de la contradiction, qui s’élève au rang des principes créateurs de l’Univers. Depuis les Grecs tout le système scientifique se construit sur les faits de l’opposition toto genere (dualisme, dichotomie, polarité, antinomie, antagonisme, contradiction, dialectique, etc.). Tout part de la contradiction, qui n’est pas simplement un sujet de la culture occidentale, mais „l’essence de notre penséeˮ (C. Noica), le „mode héroïque d’être de la penséeˮ, „trait décisif de l’histoire mentale de l’espèce humaineˮ (H. Jonas). Il n’y avait pas un philosophe marquant qui ne voulait pas avoir sa dialectique des oppositions - de Héraclite à Kant, Hegel, Marx, Aron, Sartre, Berdiaef, Ricœur, Bachelard, Gonseth, Piaget, Weizsacker, Lupasco, pour n’en citer que quelques uns, même si des autres, en opposition, associaient toute dialectique à la „mythologie animiste” (J. Monod, prix Nobel biologie), à une „horreur”(L. Althusser), à une „logique d’imposture”(L. Sève). À l’époque de la mondialisation la contradiction disjonctive et exclusive, celle de la logique formelle, est à remplacer par une contradiction dialectique dans laquelle les contraires se complètent, s’interpénètrent, se changent l’un dans l’autre et fondent ensemble une unité en mouvement, sans cesse changeante et pleine de potentialités. Cela provient du fait que ces pôles fondent des interactions dynamiques au travers desquelles de nouvelles lois de conservation, des structures émergentes apparaissent. Cette philosophie dialectique est issue des découvertes scientifiques elles-mêmes et non d’un quelconque a priori. La civilisation humaine n’a pas connu des processus démocratiques de la rencontre des cultures, ils se sont déroulés le plus souvent suivant la logique disjonctive et forcée – conquêtes, invasions, traite d’esclaves, persécutions (politiques, religieuses), guerres, colonisation etc. Ainsi, cette logique profilait les modalités des relations interculturelles suivantes: 1) isolement et ignorance où chaque culture vivait dans son cadre bien délimité et le problème de l’interculturalité ne se posait pas ; 2) indifférence et dédain quand le contact devenait inévitable et on considérait la culture de l’autre comme une rivale inoffensive ; 3) condamnation et conquête quand les relations deviennent plus stables et durables et l’autre culture devient une menace contre laquelle il faut réagir. Comme suite la rencontre des cultures était considérée plutôt une problématique rhétorique et/ou idéologique, une démocratie à venir (Derrida) qui ne se retrouvait pas dans les préoccupations des sciences humaines. Aujourd’hui la culture est passée au premier plan comme condition même de la survie de l’humanité. C’est la raison pour laquelle la démocratie, c’est-à-dire la quête de la liberté et de l’égalité, de même que la poursuite de la justice sociale, du bien-être, bref, la construction d’un nouveau modus vivendi, d’un monde meilleur apparait aujourd’hui comme culturellement déterminé. C’est pourquoi d’autres modalités de relations entre les cultures se profilent : coexistence et communication où la victoire, la suprématie n’est jamais totale et les cultures découvrent qu’elles doivent se tolérer ; convergence et dialogue – conscientisation de la rencontre et la découverte comme possible influence et coexistence réciproque. Ainsi, suivant le mouvement dialectique de la pensée qui inclut l’alter l’autre culture devient un autre pôle et, peut être, un complément de la nôtre, parce que le monde commun n’est pas donné, il est toujours, d’une certaine manière, à construire ensemble dans la complexité, la diversité et le conflit. 2. Nanographie contradictorielle de la condition culturelle Les innombrables différences, de l’âge le plus jeune, s’accumulent chez l’être humain d’une manière progressive et contribuent à provoquer un réflexe identitaire de protection. Repli sur la famille, repli sur le clan, repli sur la communauté religieuse, repli sur l’identité nationale etc. Repli par lequel se constitue immédiatement une réification de la différence dans le soin de se distinguer des autres, voire de s’y opposer, afin de protéger son identité et de veiller à ses intérêts. Une fois la différence érigée en séparation et la séparation en étrangeté, alors se pose le problème de la cohabitation des cultures. La nature contradictorielle de la condition culturelle de l’homme a été radiographiée par plusieurs chercheurs. Ainsi, la dualité (la contradiction), le dynamisme actionnel et symbolique de la genèse de la culture sont postulés dans l’œuvre de Fernand Dumont, qui affirmait que la difficulté de construire l'unanimité quant au monde que nous habitons, réside dans une ontologie de la culture, celle de son dédoublement. Selon lui, la culture première c'est d'abord un milieu (bio-physique) pour l'être humain ; il lui offre un ensemble de repères qui font que le monde a d'emblée une signification. Mais comme l'être humain a besoin de se fabriquer une représentation de lui-même, il crée une distance. C'est la fonction de uploads/Societe et culture/ articol-f7.pdf

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