1 CORRESPONDANCE DE RENE GUENON ET ANANDA COOMARASWAMY (1935-1947) 2 Présentati

1 CORRESPONDANCE DE RENE GUENON ET ANANDA COOMARASWAMY (1935-1947) 2 Présentation Ces lettres proviennent d’un lot de disquettes qui m’ont été communiquées par des correspondants français du fils d’Ananda Coomaraswamy, auteur d’un ouvrage remarqué sur la « nouvelle messe » paru aux Editions de L’Age d’Homme. C’est en faisant l’inventaire de ces disquettes que j’ai trouvé plus d’une centaine de lettres de Guénon à Ananda Coomaraswamy. J’ai pu confronter ce « trésor » à une autre collection détenue par notre ami C.G. qui n’en contenait que 87. Je ne saurais prétendre que la collection est complète mais s’il manque quelques lettres, elles seraient peu nombreuses. L’interruption a eut lieu entre le 7 juin 1940 et le 29 décembre 1943. A cette dernière date, Guénon écrit: « il y a longtemps que j’aurais dû vous écrire, mais il faut avouer que les délais si longs de la correspondances dans les circonstances actuelles ne sont pas bien encourageantes ». Ensuite il signale que le dernier numéro des « Etudes traditionnelles » a être parvenu au Caire est le numéro de mai 1940 et il ajoute: « depuis lors il n’y a plus d’autres nouvelles ». Ensuite le 14 novembre 1944, Guénon écrivait: « Voilà près d’un an que je vous ai écrit ». La lettre suivante date de 4 mois plus tard, puis les lettres sont un peu espacées et le rythme habituel reprend en 1946. Ceci laisse supposer qu’il n’y aurait que peu de manques mais on n’est sûr de rien. Cette collection a été soigneusement éditée à l’intention d’une dizaine de spécialistes et de chercheurs et elle n’est pas destinée à une publication commerciale. Du reste, toutes les précautions ont été prises pour qu’elle ne fassent pas l’objet d’une édition pirate Nous avons le projet de rassembler de la même manière d’autres séries de correspondance de Guénon et nous venons d’éditer également les 23 lettres de Guénon à Louis Cattiaux. Elles n’offrent pas un intérêt des plus grandioses mais jusqu’à présent elles ne circulaient guère que dans le milieu restreint d’une revue belge, « Le Fil d’Ariane » et nous ne voyons pas pourquoi ce milieu (qui n’est pas spécifiquement guénonien, loin s’en faut) serait le seul à bénéficier de ces inédits. 3 Il conviendrait également de rassembler les lettres déjà publiées et qui figurent dans les ouvrages ou chez les auteurs suivants: 1. Jean Tourniac 2. Jean-Pierre Laurant 3. Dossier H 4. Di Giorgio (in, « L’instant et l’Eternité », sur Julius Evola). S’il existe d’autres lettres dans d’autres recueils, on serait bien avisé de nous les signaler afin que nous les recensions. Le but étant de fournir un document où toutes ces lettres déjà publiées seraient rassemblées et ce à des fins pratiques. Nous avons qu’un projet de regroupement et d’édition des lettres de Guénon a été mis sur pied avant d’avorter l’amentablement pour de simples questions de personnes. Nous cherchons présentement à démêler cette histoire qui a abouti à un échec. Un échec dont un certain Maridort semble bien être responsable. D’après les renseignements dont nous disposons c’est Vâlsan qui avait été chargé, le premier, de gérer les droits de la succession de Guénon et il s’en était fort bien acquitté comme en témoigne le volume intitulé « Symboles Fondamentaux de la Science Sacrée » avant que n’intervienne quelques représentants d’une secte constituée autour le la « Rivista di studi tradizionale ». D’après ce qui nous a été précisé, un collègue de Maridort en poste chez un grand éditeur parisien avait été chargé de collecter et de rassembler ces lettres de Guénon. Il serait revenu du Caire avec deux énormes valises et c’est alors que Maridort aurait convaincu les héritiers de s’opposer à la publication de ces lettres, le véritable motif étant qu’il s’agissait en fait d’une querelle de personnes, l’émissaire préposé à la collection des documents ayant quitté la loge maridorienne... Maridort qui est à l’origine de l’édition d’ouvrages posthumes fort critiqués a fait preuve d’une rare incompétence. Il faudra bien un jour se résoudre à reconstituer l’histoire de ces lamentables tractations. En attendant, les manipulations exercées par les uns et les autres sur les descendants de René Guénon se sera avérée des plus négatives. 4 A l’heure où nous écrivons, Béatrice, l’épouse du fils Guénon aujourd’hui décédé, qui avait indirectement partie liée avec la femme de Maridort, aurait été mise sur la touche par les autres héritiers qui ont confié à deux manadataires, la gestion des droits. M. Fréron, un provencal, alias « Delarocque-Colombière » (et autres pseudonymes) s’occuperait des oeuvres en français tandis qu’un italien qui signait du pseudonyme de Mostagh Firou aurait en charge la gestion des traductions avec l’aide d’un cabinet d’avocats internationaux. Il existaerait à l’heure actuelle 300 traductions plus ou moins fautives dont certaines constitent des éditions pirates... Il faut ajouter a cela que si tout s’était passé normalement, l’oeuvre de Guénon devrait tomber dans le domaine public vers 2002. Il aurait alors été possible de préparer une édition entièrement nouvelle susceptible de faire table rase des erreurs commises par ceux qui ont pris la succesion de Vâlsan. Ne serait-ce que sous la forme d’un CD. Malheureusement et à cause de l’emprise exercée par la caste des marchands de papier noirci sur les pontes européens de Bruxelles, la durée de protection des oeuvres de l’esprit s’est trouvée prolongée d’une vingtaine d’années. On espère que les actuels mandataires accepteront de modifier et de compléter les éditions actuelles dans le sens préconisés par Bruno Hapel et nous-mêmes. Les éditions confidentielles auxquelles nous travaillons sont donc à la disposition des hériters sous certaines conditions. Pour toute correspondance, écrire à cret@worldnet.fr... Dominique Devie 5 Le Caire, 24 juin 1935 Cher Monsieur, Merci de votre lettre et de votre envoi, qui me sont parvenus en même temps. Il y a dans «The Darker Side of the Dawn» des indications forts intéressantes, et qui peuvent suggérer beaucoup de rapprochements avec ce qu’on trouve aussi dans d’autres traditions; il serait bien à souhaiter que vous ayez l’occasion de développer davantage ces considérations par la suite. - Quant à votre étude sur l’esthétique médiévale, les idées que vous exprimez coïncident tout à fait avec ce que je pense moi-même. Je suis heureux de voir que nous sommes aussi tout à fait d’accord sur le sens à donner aux mots «âryen» et «non-âryen», que je n’ai jamais pu considérer comme désignant des races. Quand aux traditions «pré-hindoues» dans l’Inde, je me suis sans doute insuffisamment expliqué. Il est bien entendu que tous les peuples sont ou ont été en possession de traditions qui dérivent d’une source unique, mais de façon plus ou moins distincte. Les traditions summériennes, dravidiennes, etc., paraissent procéder de formes se rattachant plus spécialement à certains centres secondaires, tandis que la tradition «hindoue», venue du Nord, est celle qui provient le plus directement de la Tradition primordiale (pour notre Manvantara), indiqué partout comme «polaire» à l’origine. Ceci a naturellement un lien direct avec la question du «Paradis Terrestre» à laquelle vous faîtes allusion, et dont j’ai déjà parlé dans mon livre «Le Roi du Monde», ce qui n’empêche que j’y reviendrai peut-être encore quelque jour comme vous le me suggérez. - Pour ce qui est de l’analogie des événements historiques avec les principes, d’où leur valeur symbolique (qui n’exclue aucunement leur réalité de fait), j’y ai insisté souvent; c’est là une chose que les occidentaux semblent avoir beaucoup de peine à comprendre en général. Je m’excuse de vous répondre aussi brièvement pour aujourd’hui mais j’espère bien que maintenant notre correspondance ne s’en tiendra pas là. Je vous remercie de ce que vous voulez bien me dire de mes ouvrages et de que vous faîtes pour les faire connaître autour de vous. Veuillez croire, cher Monsieur, à mes sentiments les meilleurs. René Guénon 6 Le Caire, 5 septembre 1935. Cher Monsieur, J’ai reçu hier votre aimable lettre, et je vous remercie bien vivement de l’envoi de l’article qui y était joint, et qui, je pense, conviendra très bien en effet pour le «Voile d’Isis»; il va naturellement falloir le traduire, mais ce n’est pas là un travail bien long ni bien difficile. Je ne suis pas étonné que vous n’ayez pas pu trouver d’exemplaire de l’«Esotérisme de Dante» et du «Roi du Monde», car ces deux volumes sont épuisés depuis assez longtemps déjà, il paraît qu’on n’en rencontre plus que rarement. Il est arrivé heureusement que, ces jours derniers, j’ai retrouvé dans des paquets de livres un exemplaire de chacun, alors que je croyais bien n’avoir plus que les miens; c’est donc avec grand plaisir que je vais vous les envoyer dès demain. Je vous remercie de vos remarques très intéressantes, et je prends bonne note de vos suggestions. Pour la question de la «moralité», nous sommes, bien entendu, tout à fait d’accord en principe, mais je crois qu’il faudrait pouvoir trouver un autre mot, afin d’éviter les confusions que peuvent faire naître l’acception la plus commune de celui-là. Ce qui me rend un peu difficile de uploads/Societe et culture/ correspondancecoomaraswamy-guenon.pdf

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