III L'ABRÉGÉ DE L'HERMÉNEUTIQUE DE 1819 AVEC LES NOTES DE 1828 [1] HERMÉNEUTIQU

III L'ABRÉGÉ DE L'HERMÉNEUTIQUE DE 1819 AVEC LES NOTES DE 1828 [1] HERMÉNEUTIQUE (N.m. : Commencé Je 19 avril 1819 à raison de 4 heures par semaine) (N.m. : Introduction) 1. 1. L'herméneutique en tant qu'art .de comprendre n'existe pas encore sous forme générale, seules existent plusieurs herméneutiques spéciales •. Explication de Ast p. 172, Wolf p. 37 61 • 1. [Nous ne parlons) que de l'art de comprendre ; et non pas aussi de l'exposition de la compréhension. Cette dernière ne serait qu'une partie spéciale de l'art de discourir et d'écrire qui ne pourrait dépendre que des principes généraux [de l'herméneutique]. 2. Mais [il ne s'agit] pas non plus que [de l'art de comprendre] des passages difficiles dans une langue étrangère. On présuppose bien plu- tôt [, pour les comprendre,) une familiarité avec le sujet et la langue. Si elle est donnée, alors certains passages ne sont difficiles que parce qu'on n'a pas non plus compris ceux qui sont plus faciles. Seul l'acte de com- prendre conforme à l'art suit continûment le discours et l'écrit. •. 1828. 1. [Traiter] l'herméneutique: et la critique l'une après l'autre, car elles sont apparen- tées en ce sens que la pratique de l'une 5uppose celle de l'autre c:t réciproquement. Dans chacune, [traiter] du rapport à l'auteur selon un rapport général et scion un rapport multiple. Il est juste de placer l'herméneutique en premier lieu parce qu'elle es1 nécessaire même là où il n"y a presque pas de critique, [et) surtout parce que la pratique de la critique doit connaitre un terme, mais non celle de l'herméneutique. La tâche herméneutique revient toujours. Mais son état [actuel) est encore celui que je présente dans ma proposition 1 . 2. Une herméneutique spéciale selon son genre ou sa langue n'est jamais qu'un sim- ple agrégat d'observations et ne satisfait à aucune exigence scientifique. Pratiquer tout d'abord la compréhension sans réfléchir [aux règles} et ne faire a;>pcl à des règles que dans des cas singuliers est aussi un procédé irrégulier. Quand on ne peut abandonner aucun de ces deux points de vue, on doit les relier. On y est contraint par une double expérience : 1.) Même là où nous croyons pouvoir proc:~cr sans aucun art, des diffi· cuités inattendues surgissent souvent : ce qui doh permettre de les résoudre se trouve certainement dans ce qui [les) précède:. Nous sommes donc partou1 invités à (repérer et à] prendre soin de cc qui permettra de résoudre les difficultés. 2.) Même lorsque nous procédons partout avec art, nous finissons bien par en arriver à une applic:alion inconsciente des règles sans que nous ayons pour autant cessé de procéder avec art. 67. Schlcicrmacher fait .ici référence à Friederich AST, Grundlinien der Grammalik, Hermeneulik und Krilik, Landshut, 1808, et à Friedrich Augu.:;t WOl.F, "Darstellung der Altcrtumswissenschaft nach Begriff, Umfang, Zweck und Wert" in Museum der Aflertumswissenschaft, éd. F.A .. Wolf cr Ph. Butlmann, t. I, Berlin, 1807, p. Jss. 114 HERMÉNEUTIQUE 3. On a cru communément pouvoir se fier au bon sens pour œ qui est des principes universels. Mais on peut alors tout aussi bien se fier aux bonnes intuitions pour ce qui est des principes particuliers. 2. Il est très difficile d'assigner son lieu à l'herméneutique générale. 1. Certes, on l'avait traitée pendant un certain temps comme un appen- dice de la logique 68, mais iorsqu'on renonça dans la logique à tout ce qui relevait de son application, il fallut que cela cessât aussi. En soi le philosophe n'est pas enclin à établir cette théorie [herméneutique] parce qu'il veut rarement comprendre, mais croit par contre devoir être lui- même nécessairement compris. 2. La philologie elle aussi est devenue quelque chose de positif par notre histoire. C'est pourquoi sa façon de traiter l'herméneutique n'est aussi qu'un agrégat d'observations. 3. Puisque [, dans l'herméneutique,] l'art de discourir et l'art de comprendre·se font face, mais que discourir n'est rien d'autre que la race externe de la pensëe, l'herméneutique entretient un lien avec l'art de penser et [est] donc philosophique *. [2] l. De telle sorte cependant que l'art de l'interprétation dépende de la composition et la présuppose. Mais le parallélisme consiste en ceci que là où le discours est sans art, il n'est pas non plus besoin d'art pour comprendre. II. 4. Discourir est la médiation eri vue de la communauté du pen- ser, et c'est ce qui explique que la rhétorique et l'herméneutique ail- lent ensemble et qu'elles entretiennent un rapport commun à la dialectique. · 1. Discourir est évidemment aussi une médiation de la pensée pour l'individu. La pensée est élaborée par un discours intérieur et, dans cette mesure, le discours n'est que la pensée devenue [manifeste]. Mais là où le sujet pensant trouve nécessaire de fixer pour soi la pensée naît l'art du discours, la transformation de l'état premier [de la pensée) ; par con- séquent l'interprétation devient elle aussi nécessaire. 2. Le fait que [l'herméneutique et la rhétorique] aillent ensemble con- siste en ceci que tout acte de comprendre est l'inversion d'un acte de "'. De même que l'hermëneutique gën~ale va ensemble avec la critique, de même clic va ensemble avec la grammaire. Mais puisqu'il n'y a ni communication du savoir, ni fixation de celui-ci sans ces trois [arts,] et qu'en même temps tout acte de penser correct a en vue un acte de parler correct, ils sont également tous trois parfaitement liés à la dialectique. Le § 5 peut [suivre] à présent. 68. Cf. Chr. WOLFF, Vemiinftige Gedanken von den Krii/ften des mensch/ichen Ver- srimdes und ihrt!m richtigen Cebrauche in der Erkiintnis der Wahrheit, Halle, 1713, en particulier chap. X·Xll (dans l'édition latine Phi/osophia rationalis sive LOO/CA, methodo scientifica petracta et ad usum scienliarum a/que vitae aptata, Francfort et Leipzig, 1728, 2• partie, 3• section). Les choses se transformèrent dans le sens indiqué par Schleiermacher avec E. Kant et la fondation de la logique comme d'une partie de la philosophie transcendantale. L'ABRÉGÉ DE 1819 115 discours ; [et œ parce que] toute pensée qui[, à chaque fois,] est au fon- dement du discours doit parvenir à la con"science. 3. Pour ce qui est de la dépendance [de la rhétorique et de l'hermé- neutique par rapport à la dialectique], elle consiste dans le fait que tout devenir du savoir dépend des deux [,discourir et comprendreJ. 5. De même que tout discours entretient une double relation avec la totalité de la langue et avec la totalité de la pensée de son auteur, de même tout acte de comprendre comporte deux moments : comprendre le discours comme. un [élément] extrait de la langue et le comprendre comme une réalité produite dans le sujet pensant •. l. Tout discours présuppose une langue donnée. Certes, on peut éga- lement inverser cette proposition, et ce non seulement pour Je discours absolument premier, mais encore pour tout le développement [des dis- cours qui suivirent], parce que !a langue ne devient [langue! que par le fait de discourir : cependant, la communication présuppc>sc en tout cas la communauté de la langue, et par conséquent une certaine connais- sance de .cette langue. Lorsque quelque chose se glisse entre le discours immédiat et la communication et que l'art du discours commence, alors cela repose en partie sur la crainte qu'il y ait, dans notre usage de la langue, quelque chose d'étranger peur l'auditeur. 2. Tout discours repose sur une pensée antérieure. On peut également inverser cette proposition mais, en cc qui concerne la communication, cela reste vrai car l'art de comprendre ne commence qu'en présence d'une pensée élaborée. 3. Par conséquent tout homme est d'un côté un lieu dans lequel une [31 langue donnée prend une forme qui lui est partic_ulière, et son discours ne peut être compris qu'à partir de la totalité de la langue. Mais, [d'un autre côté,} il est aussi un esprit en développement constant, et son dis- cours n'est qu'une des réalités produites par cet esprit, en liaison a'Yec toutes les autres. 6. L'acte de comprendre n'existe que dans l'imbrication de ces deux moments. 1. Même en tant que réalité produite par l'esprit, le discours n'est pas compris s'il n'est pas compris dans son rapport à la langue, parce que le fait de tenir la langue de naissance modifie l'esprit. 2. Même en tant que modification de la langue, le discours n'est pas compris s'il n'est pas compris comme réalité produite par l'esprit. (Ajout ultérieur: parce que c'est dans l'esprit que se trouve le fondement de touteinfluence de l'individu sur la langue qui, de son côté, ne devient [langue] que par l'acte de discourir.) •J. Explicitation des § S et 6. La relation de l'interprétation grammauc:alc: et de l'interprétation psychologique: à la perspective: dialectique et à la perspective rhétorique. Elles s'utilisent l'une l'autre. [L'interprétation] grammaticale et [l'interi1rétationJ psychologique: restent la division principale. Il6 HERMÉNEUTIQUE Ill. 7. Les deux [moments] ont absolument le même statut. et c'est à tort qu'on qualifierait l'interprétation grammaticale d'inférieure et l'interprétation psychologique de supérieure •. 1. [L'interprétation] psychologique est supérieure lorsqu'on ne con- sidère la langue que comme le uploads/Philosophie/ schleiermacher-l-x27-abre-ge-de-1819.pdf

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