UNIVERSITÉ PARIS 8 - SAINT-DENIS ÉCOLE DOCTORALK PRATIQUES KT THÉORIES DU SENS
UNIVERSITÉ PARIS 8 - SAINT-DENIS ÉCOLE DOCTORALK PRATIQUES KT THÉORIES DU SENS RAPPORT SUR LA SOUTENANCE DE THÈSE DE DOCTORA T EN PHILOSOPHIE de Monsieur Roman Dominguez Jimenez RVAIMK, GESTE, MONTAGE : ESQUISSE POUR UNE TECHNOLOGICO-POLITIQUE PAR LE CINKMA Sous la direction de M. le Professeur Alain Brossât Soutenue le 9 mai 2012 à l'Institut des Amériques PDA), 175, rue de Chevaleret, 75013 Paris Com osition du 'u Alain Brossât, professeur en philosophie à l'Université Paris 8-Saint-Denis Christine Delory-Momberger, professeur en sciences de l'éducation à l'université de Paris 13/Nord Véronique Fabbri, professeur à l'Ecole Normale Supérieure d'Architecture de Paris La Villette Silvestra Mariniello, professeur au département d'Histoire de l'art et d'études cinématographiques de l'Université de Montréal, Québec René Schérer, professeur émérite en philosophie à l'Université Paris 8-Saint-Denis Clélia Zernik, professeur à l'Ecole Normale Supérieure des Beaux-Arts Le candidat retrace dans un exposé clair et structuré les grandes lignes de sa recherche et fait apparaître le travail accompli dans la mise en relation rigoureuse de sa recherche et de son terrain. Il montre ainsi le cheminement attentif de l'élaboration de ses hypothèses et la solidité scientifique de ses conclusions. La présidente donne ensuite la parole aux membres du jury. Alain Brossât, directeur de thèse de Monsieur Roman Dominguez Jimenez souligne la grande satisfaction qu'il ressent à voir ce travail arrivé à terme et bien présenté quant au fond et à la forme. Il dit qu'il ne peut que se réjouir du fait que cette recherche qui avait commencé comme une thèse sur Deleuze et le cinéma se soit finalement transformée en tout autre chose, très en rapport avec le déploiement d'une très grande énergie et s'attachant à reprendre à la racine la question de la relation du cinéma à la politique dans nos sociétés, comme question de l'époque et de la modernité et comme question philosophique, évidemment. Ambition démesurée, présomption déraisonnable dont Alain Brossât dit qu'il n'a sans doute pas mesuré toute la portée et le risque qu'à l'occasion de l'ultime lecture qu'il a faite lorsque lui est parvenue la version définitive de ce travail. Il dit qu'il en a eu le souffle assez coupé. Car ce n'est pas seulement que Roman Dominguez nous livre là une doctrine tout à fait originale, au sens rigoureux du mot - destinée à « faire origine » - concernant la relation entre cinéma et politique (démocratie) aux conditions de l'époque présente et aussi pour celle qui s'ouvre, à la douloureuse jointure de l'une et de l ' au t r e ; m ai s c ' e s t a u ss i que Roman Dominguez commence par nous exposer pourquoi cette thèse, placée sous le signe des mots puissants que sont le rythme, le geste et le montage, surtout le montage, ne saurait s'écrire et se présenter en style et langue anciens, en procédant par ordre et méthode comme au bon vieux temps de l'écriture des traités de philosophie, avec leur prédilection validée par la tradition pour l'argumentation, la discussion, la démonstration et l'enchaînement des déductions, mais sur un mode « d'époque », c'est-à dire résolument cinématographique, en intégrant le montage, l'image, le geste, le rythme à sa construction même. D'où cette forme déconstruite, animée d'un double mouvement centripète et centrifuge qui a tant dérouté quelques uns des premiers lecteurs de la thèse. C'est une thèse écrite en « nouveau style », se réclamant en tant que telle de l'autorité de Deleuze-Guattari, se revendiquant de nouveaux partages entre la philosophie, les arts et les technologies et reposant sur un nouveau dispositif d'écriture de la philosophie, explicitement appareillé par le cinéma. Dans ce mode d'exposition et de présentation se discerne ce qui paraît à Alain Brossât être un des motifs plus ou moins explicite de cette recherche — l'effort soutenu, concentré pour discerner envers et contre tout les contours de « ce qui vient » en termes d'époque, l'effort pour saisir, dans le cinéma, par le cinéma, les linéaments de ce qui est en train de « nous arriver » sans que nous ne sachions le nommer. D'où le caractère à tous égards expévimental de cette thèse de philosophie placée sous le digne d'un devenir deleuzien et qui nous convie périodiquement à quitter le texte pour nous tourner vers des images en mouvement, vers des agencements de signes et d'images — bref, du montage. Ce qui, de ce fait même, rend la discussion de cette recherche difficile, périlleuse, même, c'est que, celle-ci inclinant constamment du côté du film dans son déploiement même, les idées-forces que le philosophe universitaire est habitué à identifier dans un traité ou un essai philosophique s'y trouvent non pas énoncées noir sur blanc, mais plutôt portées par le f lux des a n al yses de s é quences de f i l ms, de s réf l ex i ons pa s s a nt es , d e s « di al o g ues » e n t r e l e chercheur et tel auteur — un peu comme dans un film, donc, où ce sont moins des « idées » qui n ous sont p r oposées en bonne et du e f o rme que des motif s q u i v i e n nent à n o t r e ren c ontr e e t n ous invest i s s e nt . C e qu i a p o u r e ff e t q u e c ' e st à cha cun de nous, p r e miers l ec t e ur s c o n viés à évaluer cette recherche, qu'il revient d'en recoder les propositions aux conditions de la discipline et de ses usages. Et, pour chacun, à ses risques et périls, évidemment. A mon sens, donc, le cceur de la thèse tient dans cette proposition assez stupéfiante, du moins pour un philosophe du politique : ce qui fait époque, pour nous, comme sigle ou insigne de modernité, ce n'est pas la démocratie en premier lieu, c'est le cinéma. Ceci pour la bonne raison que le déinocratie, dans ses formes contemporaines tout particulièrement, procède du cinéma, contrairement à ce qu'énonce une longue tradition critique qui réfère le champ-contrechamp, la scène du tribunal dans le cinéma américain, la formation d'un public cinématographique (etc.) au grand paradigme démocratique. Le montage est inscrit au cœ ur du dispositif cinématographique et revendique cette particularité comme constitutive de son autonomie dans le tableau des arts. La politique contemporaine, elle aussi, procède du montage, empruntant au cinéma cette technique ou technologie, mais c'est là son secret le mieux gardé. La démocratie contemporaine doit tout à ce titre au cinéma — mais le montage ne saurait être son principe avoué. Ici, les choses se compliquent : c ar , en accompagnant le développement par prolifération de la thèse, dans tous ses méandres et diverticules, incluant d'innombrables lignes de fuite, on en arrive à cette conclusion paradoxale : le fait que, comme l'énonce l'auteur dès la première page « la politique est devenue la continuation du montagepar d'autres moyens » constitue à la fois la clé de l'involution, du déclin, de la bassesse de la politique contemporaine et la puissance cachée ou, disons, la potentialité qui nous autorise à ne pas désespérer d'une « autre politique, celle qui n'existe pas encore », et qui, en termes subjectifs, conduit Roman Dominguez vers ces très belles dernières lignes, à la page 443 de la thèse : « II n'est jamais trop tard pour reprendre la lutte des hommes et des femmes. Il n'est jamais trop tard pour essayer de restituer le kratos au peuple. Notre aspiration est que notre étude puisse être vue comme une toute petite contribution à cette autre politique, voire à cette autre vie commune qui ne peut se faire que contre le temps, en faveur d'un impossible et pourtant là ». Double mouvement, donc, dont Roman Dominguez pourra nous dire s'il peut être qualifié de « dialectique » : d'une part, la politique contemporaine étant tombée sous l'emprise du montage, elle est entrée dans un processus de déperdition, car elle a perdu ses fondements traditionnels qui reposent sur l'archive et la souveraineté — elle est, littéralement, suspendue en l'air, en état d'apesanteur. Absente, lieu vide, dis-il. Elle emprunte le pire du cinéma — le défilement sans. fin des images, l'envahissement de l'espace par la voix, la narcose hallucinatoire, la transformation du public en foule, le règne du simulacre — l'homme politique, acteur se bas étage... Mais, d'un autre côté, Roman Dominguez nous dit : attention, n'oublions jamais que tout « ce qui vient » et qu'il nous est « interdit » (?) de reconnaître dans le moment de son irruption, nous arrive du côté de l'art (« c'est dans le domaine de l'art que s'inventent de nouveaux rapports » - Moholy Nagy, p 47) ; n'oublions pas que le cinéma est cet art/technique qui, le premier et le seul, a su s'émanciper des pouvoirs de l'ancienne archive (de uploads/Politique/ rapport-soutenance-these-rythme-geste-montage-ocr 1 .pdf
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- Publié le Mai 20, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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